Du Romantisme des années 1830 au Surréalisme des années 1920, on peut affirmer que Montmartre et Montparnasse ont été à l'origine ou en tout cas impliqués dans la période créative des différents mouvements qui se sont succédés. Et surtout, de 1850 à 1925, se trouvaient réunis ici un ensemble de peintres et d'artistes, de poètes, d'écrivains et de musiciens sans équivalent dans l'histoire, qui ont révolutionné les arts et plus spécialement les arts plastiques. Ils ont vécu dans une ambiance artistique et un bouillonnement intellectuel qui n'existera sans doute jamais plus avec une telle intensité. Vivant le plus souvent dans une grande misère, qui ne les gênait point, ils étaient transportés par un feu intérieur qui leur tenait lieu de confort et de réconfort, certains au fond d'eux-mêmes de façonner un monde nouveau.
C'est en découvrant ce texte inédit de Hélène d'Huc Dressler que je me suis intéressé de très près à ce début de XXème siècle artistique, non par les grands noms de l'époque, mais ces hommes et femmes qui resteront d'illustres inconnus. On admire une toile, surtout si elle porte la signature d'un peintre connu, on ignore celle ou celui qui des heures durant a posé, là, immobile. On en ignore même la vie plus intime. Hélène d'Huc Dressler en est un exemple. On ne sait que très peu sur elle, sauf un ouvrage paru en 1935 intitulé « l'Âme prisonnière » et un prix littéraire des « Amis de la Revue des poètes ».
Pourtant, ce texte aurait eu, sans aucun doute, un succès bien mérité s'il avait eu la chance de séduire un éditeur.
Le récit est pur, le témoignage empreint de détails relatant ce siècle résolument artistique.
À la lecture de ces écrits, loin de toute sensibilité, ce sont des images claires et lumineuses qui défilent dans l'imaginaire de chacun, un vécu décrit avec finesse, dans la froideur des ateliers de ce Montparnasse des années 20. Amours, amitiés, joies diverses, malheur et misère aussi, le tableau esquisse tout ce siècle et met en lumière celles et ceux qui auront fait la fortune ou l'infortune de ceux qui les auront peints.
Beaucoup ont écrit sur le quartier Montparnasse de ces années-là. Contemporains, ils ne peuvent que relater, et comme moi imaginer, au mieux rechercher des documents de l'époque. J'ai appelé l'atelier encore existant « La Grande Chaumière » demandant quelqu'archive, tant de modèles, que des peintres de cette période. La réponse a été franche et très claire, il n'y a pas d'archive. L'atelier continue d'accueillir des artistes, des modèles, certains trouveront peut-être la lumière et la reconnaissance du public, de leur vivant ou pas, et demain, peut-être retrouverons nous un écrit d'un modèle relatant la vie de notre siècle et alors pourrons nous comparer, mais pour ce faire, il faut avoir conservé les écrits d'hier.
C'est avec force et conviction, plaisir et honneur, que je me dois de défendre aujourd'hui ce texte magnifiquement écrit, ce témoignage sincère du Montparnasse des années 20, cette toile du quartier des artistes.
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