Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Albin Michel dans la collection Terres d'Amérique pour la lecture de ces nouvelles de
Karl IAGNEMMA.
L'auteur de "
Les Expéditions " en 2009 revient avec un recueil de huit nouvelles, sous la forme d'un roman "
de la nature des interactions amoureuses " en cette rentrée littéraire 2018. Né en 1972 et originaire du Michigan,
Karl Iagnemma est un scientifique de haut niveau, chercheur au MIT de Boston.
Je croyais m'apprêter à lire un essai... or, il n'en fut rien ! Ce sont là huit nouvelles qui se suivent et dont le vecteur commun sont de piètres scientifiques, en quête de grandes découvertes !
Dans chacune des nouvelles, on a le ressenti d'un scientifique frustré de ne pas se sentir compris dans ses recherches. Même l'amour parfois ne suffit pas. le lecteur voyage à travers les époques et les conditions, appréciant le rôle de la science à des degrés divers et variés.
p. 90 : " Miklos Zoltàn Czogloz, venu de Budapest via Louisville. Ils s'étaient rencontrés pendant leur première année à l'Institut d'ingénierie du Michigan, deux théoriciens virulents qui se querellaient à propos de Marx et de la bière irlandaise, mais s'accordaient à considérer les mathématiques comme un jeu. "
Beaucoup de théories et d'équations pour un même constat : « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point.»
p. 52 : " Il avait élaboré une théorie sur l'amour, mais personne ne l'avait jamais aimé. "
Et le scientifique mal compris semble souvent mal aimé.
p. 114 : " le bonheur était un jeu à somme nulle : pour que quelqu'un y ait accès, il fallait qu'un autre en soit réduit au désespoir. Jusqu'à présent, Henderson s'était toujours trouvé du mauvais côté de l'équation. "
Des scientifiques inconnus ou presque, dont les travaux partiront parfois en fumée, ou resteront non élucidés....
p. 25 : " La thèse que je n'ai jamais finie s'intitulait Théorie des asservissements non linéaires appliquée aux modèles biomimétiques. le premier chapitre, que j'ai terminé, s'appelait "
De la nature des interactions amoureuses. "
S'alternent alors des contextes historiques plutôt grave, telle que la nouvelle "L'agent des Affaires indiennes" et les histoires nettement plus loufoques dans "L'approche confessionnelle". Dans cette dernière on retrouve un commercial démarché par une cliente - une fois n'est pas coutume - qui souhaite acheter ses mannequins en bois pour en faire des cibles dans son stand de tir.
p. 146 : " Imagine mon visage souriant sur tous nos mannequins. [...] Je veux que Kennison voie ma tronche quand elle va sur son champ de tire. Je veux qu'elle ait une cible à viser. "
Dans la nouvelle "La femme du mineur", celui-ci se lève chaque nuit, subrepticement, pour résoudre des équations géométriques dans le plus grand secret, avant de reprendre chaque matin le chemin de la mine.
p. 230 : " Telle était la notion qu'il se forgeait des mathématiques : une guerre d'usure opposant le problème à sa propre volonté, un long siège tranquille. "
L'auteur prend donc un malin plaisir à tourner en dérision certaines croyances et faits établis. S'il est parfois difficile de rentrer dans ces nouvelles, l'auteur y met fin de manière assez brutale parfois, frustrante souvent, dans le but probable de créer une ouverture ? C'est sans contexte une manière assez originale de tenter de vulgariser la recherche scientifique, quitte à caricaturer. Une lecture divertissante, sans plus.
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