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Richard Jacquemond (Traducteur)
EAN : 9782742795246
76 pages
Actes Sud (02/02/2011)
3.36/5   7 notes
Résumé :
Inspiré de l'expérience de son auteur, qui passa plusieurs années dans un camp d'internement en Haute-Égypte, Cette odeur-là tente de rendre compte d'une douloureuse réconciliation avec la liberté Évocation sans concession de l'enfermement et de ses suites, le texte va bien au-delà du témoignage : il signe l'acte de naissance d'un écrivain qu'il a révélé en le sauvant du désastre.
Parce que ce bref récit empruntait les voies d'une nouvelle sensibilité arabe ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'espérai quelque chose d'étonnant au vu de critiques élogieuses. Je n'ai pas compris le pourquoi. Est-ce dans le fait qu'il ait été interdit parce que l'auteur décrit, qu'après avoir refusé un rapport avec une prostituée, revient le lendemain contempler les traces de sa semence par terre ? Un court récit de 76 pages où le narrateur qui sort de prison se lève, se lave, s'habille, s'essuie, est contrôlé deux fois par jour, s'allonge, s'en fume une, dort. Puis le lendemain se lève, se lave, etc… le tout avec les odeurs qui planent.
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Roman de Sonallah Ibrahim.

Héliopolis, en Égypte. Un homme sort de prison. On pressent que ce sont ses idées et son statut d'intellectuel qui l'ont conduit derrière les barreaux. Tous les soirs, il doit se présenter à l'appel d'un policier. de déambulations en visites, il doit réapprendre la liberté sous toutes ses formes. Prisonnier, il l'est encore à l'intérieur. Il ne peut pas écrire. Il ne sait plus aimer les femmes. Si des filles hantent ses pensées, il ne se remémore que la douleur et l'impuissance : "J'ai appris à découvrir d'autres choses en elle. Quand elle faisait la moue, qu'elle ne décrochait pas un mot quoi qu'il arrive, et que je me creusais la cervelle à essayer de comprendre pourquoi. Quand, parfois, elle semblait douce et tendre, et que je l'adorais. Quand je m'asseyais devant elle, les yeux sur son visage, ses mains, ses jambes, et que j'en pleurais presque de désir. Quand je regardais ses yeux brillants et ses joues tentantes, quand mes doigts couraient sur ses bras, que mes jambes s'approchaient des siennes, et qu'elle me refusait, j'ai appris la souffrance. La dernière fois, j'ai cru devenir fou. J'avais acquis la certitude qu'elle ne m'aimait pas. Elle m'a pris dans ses bras, et m'a laissé toucher sa poitrine et ses mains, embrasser ses joues et ses lèvres. Mais elle était froide." (p. 42) le narrateur, figure intime de l'auteur, livre un récit bref sur une liberté qui semble n'en avoir que le nom.

La brièveté du roman est stupéfiante, au premier sens du terme. Quelques cinquante pages et voilà la fin, à croire que l'auteur s'est levé et a oublié là le texte qu'il travaillait. Et pourtant, le récit fait sens, à condition de ne pas chercher de morale. La narration est fugace, à la mesure des sentiments du narrateur. Il vit par épisodes : se lever, se laver, sortir, manger, faire signer son cahier par le policier, dormir. Une banalité s'instaure dès les premières pages et continuera bien au-delà du récit. Plutôt que d'épuiser la machine en racontant une suite d'évènements routiniers, le narrateur laisse son récit en suspens.

La redécouverte du monde hors de la prison est ponctuée de plongées dans le passé. Les souvenirs sont exprimés en italique, comme si le temps d'avant basculait, comme s'il était impossible d'en maintenir l'équilibre. Peu à peu, les souvenirs ramènent le narrateur jusqu'à l'enfance, jusqu'à l'innocence originelle et jusqu'à la mère perdue. Cette odeur-là, c'est celle de la liberté, mais la liberté ne sent pas bon, elle n'est pas fleurie de jasmins. La liberté, pour le narrateur, c'est une honteuse odeur de pet, ce sont des égouts qui débordent et une cigarette qui se consume.

L'Égypte de Nasser est évoquée à mots couverts. La corruption et la violence sont partout. le récit, partiellement autobiographique, évoque des forces obscures opposées aux esprits libres. La préface de la première édition est située après le récit. Étrange localisation pour une préface mais qui clôt en fait l'histoire physique du roman, censuré à sa sortie en 1966 : "C'est ce qu'il advint du mien : à peine était-il sorti des presses qu'il fut interdit." (p. 66) En produisant ici la préface originale, l'auteur rend sa plénitude au roman.

Ce roman est brutal et ne laisse pas indifférent. Mais le malaise qu'il suscite est trop intime pour être tolérable. le récit est fortement marqué au niveau temporel. Il fait sens dans une époque et dans un contexte. Tiré de là, sans perdre de sa puissance, il devient sensiblement inintelligible et laisse place au seul malaise. J'ai un sentiment très mitigé à l'égard de ce roman : à la fois éblouie par les descriptions amoureuses et les souvenirs, je n'ai pas aimé les errances du personnage dans la ville. Voilà une escale en Égypte globalement déplaisante.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Je pense que tout d'abord, il faut se remettre dans le contexte de l'Égypte des années 1960. Même si je crois que cela reste d'actualité, la reconstruction après une remise en liberté suite à un emprisonnement.
J'ai bien aimé ce livre. Il est par moment dur, cru. Par contre je l'ai trouvé un peu trop court, il aurait mérité quelques descriptions de plus, selon moi. J'ai presque plus apprécié la préface qui est en annexe. On apprends beaucoup sur l'auteur et même comment il voit son oeuvre après une vingtaine d'années après la première édition.
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Je l'ai lu d'une traite. Un livre qui aborde un sujet dur et pourtant peu traité, l'après internement. On voit le narrateur reprendre pied peu à peu dans la réalité du quotidien mais il en est toujours extérieur.

Très intéressant.
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L'écriture est limpide, les sujets abordés sont engagés (contextuellement). Cette oeuvre est intéressante surtout parce qu'elle est controversée. On ne rentre pas suffisamment dans l'esprit du personnage principal selon moi. Néanmoins, l'intensité est suffisent pour donner à ce livre un intérêt particulier.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"J'ai appris à découvrir d'autres choses en elle. Quand elle faisait la moue, qu'elle ne décrochait pas un mot quoi qu'il arrive, et que je me creusais la cervelle à essayer de comprendre pourquoi. Quand, parfois, elle semblait douce et tendre, et que je l'adorais. Quand je m'asseyais devant elle, les yeux sur son visage, ses mains, ses jambes, et que j'en pleurais presque de désir. Quand je regardais ses yeux brillants et ses joues tentantes, quand mes doigts couraient sur ses bras, que mes jambes s'approchaient des siennes, et qu'elle me refusait, j'ai appris la souffrance. La dernière fois, j'ai cru devenir fou. J'avais acquis la certitude qu'elle ne m'aimait pas. Elle m'a pris dans ses bras, et m'a laissé toucher sa poitrine et ses mains, embrasser ses joues et ses lèvres. Mais elle était froide." (p. 42)
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A le regarder, on ne sait si c'est de la rancœur ou de la souffrance. D'ailleurs y a-t-il un être au monde qui ne haïsse ni ne souffre ? De désirer dominer, et d'être trop faible pour affronter le monde. De manquer d'amour, et d'être incapable d'aimer. De mépriser les autres, et d'avoir besoin d'eux. De se sentir écrasé, et d'écraser. De subir la souffrance, et de prendre plaisir à faire souffrir autrui. De la confiance totale, et du sentiment d'échec. De prêcher l'amour des autres, et d'avancer en leur marchant dessus. De croire que tout le monde vous aime et croit en vous, et de se voir abandonné de tous... Ce qui était grandeur d'âme, au début, est devenu malédiction. La source de la souffrance altruiste s'est tarie... Quand il s'est relevé, le sang dégoulinant le long de son dos, il est resté droit comme un i, il a savouré le plaisir de pouvoir tenir bon, mais aujourd'hui, les gens ne s'intéressent plus à ces choses. Les temps ont changé. Ce n'est pas un hasard si les mots qu'il utilise ont depuis longtemps changé de sens, quand ils n'ont pas perdu toute signification... Il jouait le jeu, comprenait et respectait ses règles. Mais quand ils les ont appliquées contre lui, il a pleuré, seul sur cette chaise à l'écart des autres. Il n'y a rien de pire que de commencer à se chercher trop tard...
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La première fois que mes lèvres avaient remonté le long de ses cuisses pour aller l'embrasser, là, elle m'avait regardé avec un mélange de plaisir, d'étonnement et de gêne, et avait dit : "Où as-tu appris ça ? "
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Dans la préface : "C'est ce qu'il advint du mien : à peine était-il sorti des presses qu'il fut interdit." (p. 66)
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Vidéo de Sonallah Ibrahim
L'écrivain Sonallah Ibrahim était invité de #MOE ce dimanche 15 février 2015. Il évoque le contexte historique dans lequel il a souhaité inscrire son livre "Le Gel", paru aux éditions Actes Sud.
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