Nul besoin de connaitre l'histoire de la Norvège au Moyen-Age pour apprécier à sa juste valeur ce drame historique ; d'ailleurs, l'excellente introduction du regretté
Régis Boyer donne les quelques éléments de contexte nécessaires. de quoi est-il question ? de deux hommes qui s'affrontent pour le pouvoir ? Ou au-delà, de deux hommes radicalement différents, l'un Håkon porté par sa "vocation", son ambition légitime, sûr de lui et de son bon droit, et l'autre Skule, constamment sur le fil du rasoir entre hésitation et action ? C'est bien ces deux portraits, plus que le simple argument historique, qui donne à la pièce toute sa puissance. Skule y est terriblement humain, incapable de jouir de quelque chose qu'il pourrait avoir usurpé, et incapable de commettre le pire pour atteindre un objectif qui aurait un goût amer. Et on a envie de prendre fait et cause pour lui, malgré sa veulerie et les coups bas qu'il projette. Cette pièce qui n'est pas la plus connue du répertoire de
Henrik Ibsen, peut-être à cause de son contexte trop norvégien, mérite d'être relue, car ses personnages sont tiraillés par les mêmes forces et faiblesses que nous.