Jean Rohou est né à Plougourvest en 1934. C'est donc par le biais de ses propres souvenirs d'enfance qu'il décrit la vie rurale en Bretagne profonde, dans les années 30 puis pendant l'Occupation.
Merveilleusement raconté par
Jean Rohou, merveilleusement illustré par
Clara Vialletelle, en saynètes pleines de vie, entrecoupées d'interventions de l'auteur aujourd'hui, avec sa belle moustache et son regard si bienveillant.
On y voit les familles nombreuses, le travail agricole, les tâches incessantes, dans des conditions rudimentaires même pour l'époque : pas d'eau courante, pas d'électricité, les crêpes cuites sur le bilig, à genoux sur la terre battue, devant l'âtre.
(Et pas de sarrasin ; c'était une nourriture pour les pauvres… !)
Là-dessus, l'énorme poids de la parole du curé, "an Aotrou person", sur la morale et les consciences.
Et puis l'école, grâce à laquelle on peut découvrir qu'il existe tout un monde au-delà du bourg. Aller à Morlaix, c'était aller à la grande ville :
Jean Rohou sera le premier enfant de Plougourvest à se rendre au collège - public de surcroît.
Et c'est là que je place cette anecdote révélatrice, qui m'a été rapportée par l'instituteur de mes enfants : jeune maître d'école, il fut nommé à Plourin-les-Morlaix. Premier jour, il entre dans la boucherie de la place. le dévisageant, la bouchère tend le bras vers la porte avec cette phrase admirable : "La boucherie pour les laïcs, c'est celle du bas du bourg !"
Challenge Bande dessinée 2023