AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : SIE85351_5596
Gallimard (30/11/-1)
4.38/5   4 notes
Résumé :
«Le lieu où s'interroge l'écrivain couvre l'absence du livre. Il est le lieu d'avant la vie et de la mort vécue. Il se situe entre l'ouvrage achevé et l'œuvre à écrire. Quoi d'étonnant, alors, que les personnages que l'on y retrouve nous apparaissent tels des fantômes ?
L'espace est traversé de vocables, pareils à des oiseaux blancs dans le jour. Ils ne se fixeront qu'à l'heure du lecteur et dans un ordre imprévisible.
Du suicide de Yukel au décès de S... >Voir plus
Que lire après Le livre des questions, tome 2 : Le Livre de YukelVoir plus
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
1. La bonne partie

Vous êtes riche. La parole vous est donnée.
REB ELAIM


( 'Qu'en penses-tu ?
- Dans la terre.
Mais tu es sur terre.
Je pense à la terre que je serai.
Nous sommes face à face et avons les pieds sur terre.
Pas plus que je ne sais Pierres du chemin qui mène,
disent- ils , à la terre.

Si l'arbre manquait d'intelligence, il s'effondrerait.
Si la mer manquait d'intelligence, elle serait dévorée. L'
eau obéit à l'eau
et nourrit les poissons. L'
air obéit à l'air
et entretient l'oiseau.
Si l'homme manquait l'intelligence, les ténèbres régneraient partout,
tu hurlerais le long des routes.
Vous maudiriez votre voisin.
Tu applaudirais le feu.
Vous trancheriez finement les seins de votre femme.
Vous arracheriez la tête des enfants.
Il n'y aurait plus de fleurs.
Tu porterais une couronne d'épines.
Vous seriez seul, seul, seul ;
Eh bien, pour être deux,
VOUS DEVEZ SAVOIR.)

Je t'ai laissé mourir, Yukel. J'étais à tes côtés quand tu as bu le poison. Je pouvais t'arrêter, mais ton regard ne tolérait pas que j'intervienne pour modifier ta décision. J'ai assisté à ton agonie, dans l'
ombre. Vous regardiez le mur. Tu n'as pas embrassé une seule fois l'image de Sara.
J'ai descendu les escaliers de ta maison en m'appuyant sur la balustrade. J'étais très fatigué. Il craignait le jour, la rue. J'ai marché
jusqu'à chez moi et, dans mon lit, j'ai dormi jusqu'à l'aube.
Une nouvelle vie a commencé pour moi ; une mort malheureuse. Était-ce peut-être mon destin de dénoncer la souffrance que tu t'es libérée en te supprimant ? Mais je n'ai ni oreilles ni bouche. Et plus rien n'attire mes yeux.
Tu étais mon souffle, et Sara le cri de ma vérité meurtrie. La vérité est semblable à une adolescente. Vous pouvez tout faire
avec, mais vous pouvez aussi faire beaucoup pour cela. Vous pouvez mourir ou vivre sous sa loi.
J'étais à tes côtés, Yukel, quand tes mains se sont accrochées au drap. Vos râles - à quel point étaient-ils faibles ? - n'ont dérangé personne
autour de nous. Vous êtes rapidement tombé dans le coma et êtes devenu
rigide quelques heures plus tard. Je n'ai pas attendu qu'ils viennent frapper à ta porte. Je me suis enfui.
Ton amant s'est flétri dans l'enfer des fleurs. La folie plus tard l'a soutenue. Il semble que leurs cris, aujourd'hui, soient plus désespérés. Elles jaillissent de sa souffrance, de ce corps sans défense que l'âme rend transparent comme la lumière.
Leurs os sont vus comme un paysage révélé par la chair. Les dents sont visibles à travers la joue.
Où vais-je, déplié ?

Un écrivain élude les mots et, parmi eux, certains, parfois un ou deux, le suivent jusqu'à la mort. Un mot est d'abord
une ruche, puis un nom. Deux noms se disputaient mon cœur et mon esprit. Je les ai trouvés au plus profond de moi
- même et leur existence était ce que j'avais vécu dans le noir. Comme toi, hier, je suis épuisé. Mon passé est alourdi par le pillage, la
persécution. Mon passé penche la tête vers un dossier illusoire, une épaule compatissante ou ma table.
Je n'ai plus d'ambition. Je suis le passage ouvert de la lumière où tu m'as jeté.
« Qu'est-ce qu'un écrivain ? a demandé un célèbre conteur Reb Hod. Un homme de lettres ? Non, bien sûr, mais une ombre portant
un homme."
Tu étais cet homme, Yukel, cet homme et ce martyr.
Je vais m'éclipser, sous peu.
Tu es revenu des camps de concentration coupables pour te consacrer à ta dernière heure et mes pages sentent les cendres de ta foi.
Le livre est un moment de blessure ou d'éternité.
Le monde se limite à nous.
Commenter  J’apprécie          10
9. Le mot profane

L'arbre est le symbole de l'unité de l'univers que
revendiquent l'ombre et la lumière. C'est le désir exacerbé
et comblé qui a gouverné ma vie et par lequel je suis
entré dans la mort.
REB ALOHAI
La voix de nos prophètes est si virile qu'elle se
mêle à la voix sombre de la foule.
CER AMLED


Première voix
Partout où le poème est porté en triomphe,
le peuple assemblé s'appuie sur les cris
comme le matelot dans la tempête
et la jeune fille à la hampe de son amour dans le vent.

Deuxième voix La
laideur a mis ses souliers de marche.

Première voix
Alors le temps passe, tunnel sans fin.
Ainsi passe le sang d'un homme à un autre,
d'un continent à un continent.

Deuxième voix
Nuit de fête où le mensonge change.

Première voix
Le feu d'artifice, avec leurs tablettes aux pieds,
danse dans le ciel, un instant d'éternité.

Deuxième voix La
mort extrait leurs dents des plantes.

Première voix
Le lendemain de l'orgie, les chiens évoqués aboient.
Les champs de bataille sont couverts de dentelle.

Deuxième voix
Combien de rêves, disons, continueront
à
hanter les vivants, les survivants émoussés ?

Première voix
Le naturel se moque.

Deuxième voix
A plein régime, l'été des mines,
l'acier des différents motifs.
À toute tache.

Première voix
Le mot à naître est une bulle.
Les contes de fées sont mangés par les vers de lumière

Deuxième voix
Tant de verre brisé, tant de larmes
ils ont élevé nos lampes.
Le soleil est de l'autre côté de l'eau
où vous vous trouvez,
les bras chargés de cadeaux.

Première voix
Nos destins sont des rayons d'errance.
Tant de nuits pulvérisées, tant d'absence de pluie
ont façonné nos verres ;
de l'autre côté du feu
où vous vous tenez
les jambes écartées.
Les années ont noué le foulard autour du cou.
Le dialogue des stations s'est tu avec le torrent.

Deuxième voix
Le mot est un olivier.

Première voix La
colère n'a jamais
été aussi juste.

Deuxième voix
Hope brouille les chemins que la misère ouvre.
L'ivresse gît sur la route dans son vomi,
autour des balles, des abeilles mortes loin des ruches.

Première voix
Les noms des rues ont cessé de veiller sur la ville.

Deuxième voix
Le mot est un sapin
surgi, jadis, des nuages.

Première voix
Au revoir étonne le matin.

Deuxième voix
Les forêts sont des pages d'histoire,
flanquées de couteaux,
de chapelets.

Première voix
Danse. La flamme nue de votre costume.
L'orchestre a connu d'autres sources faisant autorité.
L'exode dans le vif-argent de la terreur.
Fours de crémation aux slogans sévères.
L'air est sur toutes les lèvres, haleine parfumée.

Deuxième voix
Twilight from the peaks. L'aube n'a pas de malice.

Première voix
L'air est dans toutes les têtes, vautour fou d'
Or, dans chaque sac au fond des carrières.

Deuxième voix
La parole du tremble est brisée par les tambours.

Première voix
Poète d'une absence retardée, amené à voir, à se déverser comme
le ciel dans la mer. Ma couleur ne vient pas de moi.

Deuxième voix
La parole de l'hontanar est une prophétie de la rivière.

* * * * *
Commenter  J’apprécie          10
5. Le journal de Sara I

Ça fait mal et tu as mal pour moi.
Hurt, que puis-je offrir pour une partition.

7 mars
Je n'écrirai rien sur ce que j'ai vu. J'écris au fond de l'instant que j'esquive, traînant
une question grosse de questions.
La mer est ma maison.
Je n'écrirai rien sur la rue, le feuillage de l'arbre noyé.
Je n'écrirai rien sur la bestialité des hommes, le mot profané.
Innocent et coupable, aliéné dans le cœur et dans les yeux de mon père et de ma mère,
par une résurgence de la folie
dont les pas sont des pierres brûlées.
Seul, dans ma terreur de regarder par-dessus le mur.
Seul, dans ma tristesse têtue.

8 mars Le
ciel a été restauré au ciel, ce soir. Toutes les stars sont revenues prendre leur
place.
Je m'émerveille, malgré le fait que chacun, sortant indemne du feu, me désigne pour l'exil.

10 avril
Tombes de jour.
Ma douleur compte les pierres tombales et je suis le lézard dans les interstices.

11 avril J'ai
mis en vie la vérité de la vacuité.
Mes rives n'ont pas d'eau.

Nous ne luttons pas au fond de la rivière, mais à la surface.

17 avril
La mort est-elle le ver dans le fruit ou est-ce le soleil d'été ?
L'hiver de ma vie pend à mes cils, à mes lèvres.
Le printemps est notre saison intérieure, la seule.
Le ciel de l'âme est trois cent soixante-cinq fois la dimension du ciel.
Fin du printemps, printemps surpris par la foudre.
Là où je passe, il n'y a pas de centre commercial.

Le 23 avril
je forme, les bras immergés, l'arche d'un pont de fortune.
Mais dans quel pays, sur quel continent ?

Bel arc-en-ciel captif,
où m'est-il le plus cher ?

Louez la cravate, ceinturez le signe.
Le monde n'est-il plus rond ?

3 mai
Donner la parole à l'attaquant.
Dangereusement debout, comme une quille.
Je tombe, à chaque pièce.

4 mai
Mon rêve léger, mon rêve de liège bouche ma vie.
Une bouteille à la mer.

6 mai
J'essaie de comprendre, d'unir nos forces.
J'ai été si féroce avec mon corps que j'ai enlevé la majeure partie du poids de mes épaules.
Aviez-vous faim avant de connaître la faim ?
Dans ma transparence, comme sous la tache d'encre, le folio aminci par la gomme.

15 mai
Un arbre au pied duquel je me coucherai pour associer, grâce à ses branches, le ciel et mon
insensibilité.
Être deux dans le meilleur du marbre partagé.

16 mai La
vraie mort se trouve dans un ciel fini et non dans une vallée de fausses apparences.
Je regarde, marre des veillées.
Tellement méchant,
tellement bas

11 juin
Douter peut être abolir les limites, tourner autour des dés.
Terre, terre où tout est simple.
Dieu est doute.

12 juin
Libre, trompé.
L'eau parfaite niée à la langue du phare.

Le 21 juin,
j'aurais voulu n'être qu'une chanson ; ma vie aurait pu durer ainsi.

Mais c'était dur. Là ça fait mal.
L'ivoire d'une dévotion.
Je suis plus coriace que la durée

du 18 juillet
La rada a la modestie d'une palette captivée par le bois plus que par les couleurs.
J'ai épuisé la mousse, les surcharges, les éclats.
Après avoir été fait de viande, il était naturel que le marbre essaie de redevenir marbre.

19 juillet
Rompre le pain des autres pour les autres. Le mien est du pain rassis.

22 juillet
Je regarde longtemps les êtres et les choses avant de les voir ; puis je m'habitue à leur présence
et ils disparaissent sans faire de bruit.

23 juillet
Pas le silence du bois mais le silence de la pierre. Non pas l'absence de la voix que la
mémoire peut trahir mais celle de la confession du ver à la bave sauvage.

27 juillet
Sous terre, comme des veneros.
Et rien, à l'horizon, sauf une source.

31 juillet
On imagine un visage dans le vide ; dans ce cas, le vide attire notre attention à cause de sa
ressemblance avec nous.
Est-ce moi que j'admire ?
L'ombre est dominée par l'ombre, comme la main par la main aînée.

* * * * *
Commenter  J’apprécie          00
Quelle est cette déchirure qui nous surprend et nous apprend à compter sur sa fidélité ?
Compter sur une blessure, c'est régler sa vie sur elle,
en fonction du tranchant de la douleur.
L'expérience nous enseigne que le mal consent, parfois,
à nous accorder quelque répit, ayant besoin aussi de
sommeil.
Ainsi, je ne souffre pas; mais je sais que demain déjà
je recommencerai de souffrir.
Commenter  J’apprécie          60
Et Yukel dit :

Qui saura boire dans mes paroles ?
Ai-je su comment faire ?
Dans mon livre, au sein de la solitude,
ta solitude m'est à jamais due.

* * * * *

3. A aucun moment je n'ai décrit votre visage

L'objet grossit l'objet.
REB SAFAB
Je danse -Dieu est mon idée.
REB KARAM

« Qu'est-ce qu'une idée ?
Un danseur.
Sur une musique de circonstance,
dansez.
Clap, clap, frères,
le spectacle.
Les idées aspirent à vous plaire.
Ballet de ma vie.
Ballet de ma mort.
Ne provoquez pas les danseurs. Ils peuvent
être cruels.
Donnez-leur votre amour, mes frères. .
Ils sont beaux."
Reb Elami

«Je porte en moi les déserts, le sable chaud du silence. La mer autour, la mer au loin c'est, sur mes épaules,
le châle frangé qui ondule la voix tremblante en prière."
Réb Sim


«Je dialogue, en moi, avec l'autre. Réflexion. Penser, c'est suivre une question. »
Reb Ivel
« Ne confondez pas l'idée avec la pensée, dansez avec le poignard.
-Précision du coup porté, réponses imprécises de la victime."
Reb Watch

« Une foulée sanglante. Vous frappez pour avancer. La pensée est un jeu d'enfant et c'est un couteau.
Reb Ladev

Y Yukel a dit :

À aucun moment je n'ai décrit votre visage ;
des amants non ivres, isolés dans les jours et les nuits de mes livres,
alors que les prétextes et les occasions ne manquaient pas.
Le visage de l'espoir est un pic.
Le visage de la douleur, un miroir.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Edmond Jabès (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edmond Jabès
Lecture de Jean Lancri : une création originale inspirée par Edmond Jabès.
Ce cycle est proposé par la Maison des écrivains et de la littérature (Mel) en partenariat avec la BIS. Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne" Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}