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EAN : 9782253194514
168 pages
Le Livre de Poche (03/06/2015)
3.13/5   35 notes
Résumé :
Du premier Noël de l’enfance au dernier été passé sur une île dans le golfe de Finlande, toute la vie d’une femme est rassemblée dans ces quinze nouvelles publiées pour la première fois en France. Avec cette chronique d’une vie passée au plus proche de la nature et des saisons qui passent, dans un style pur où l’étrangeté perce souvent sous l’apparente simplicité, «
Tove Jansson fait presque disparaître la narration dans ce que Hegel appelait ʺla prose d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Tove Jansson était une écrivaine finlandaise,sudophone (1914-2001).
Elle grandit dans une famille d'artistes,pére sculpteur, mère illustratrice, passant les hivers dans le studio d'artistes de ses parents à Helsinki, et l'été ,dans une petite maison de pêcheur dans l'archipel de Pellinge.
A part la première et la dernière des quinze nouvelles de ce receuil, presque toutes racontent son enfance vécue sur cette île, dans une grande liberté,au sein de la nature, avec les sentiments et les sensations de l'enfant qu'elle était. La jupe de tulle de maman sous laquelle on fantasme/une sortie en radeau avec Albert, le petit copain/une tentative pour contaminer avec sa rubéole ,le singe de la maison...un regard paisible sur les choses,un langage doux et léger pour alléger la solitude de l'enfance.
Avec "L'écureuil" et "Prendre congé",l'auteur saute de l'enfance à la vieillesse, avec toujours comme cadre cette maison de l'archipel.
Seul le dernier récit, qui donne aussi son nom au receuil.met en scène un personnage masculin.Mais le thème est toujours le même,la solitude.
Mais ce n'est pas triste du tout, on partage des petits moments de la vie avec légèreté et quiétude,une très agréable lecture!
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Le problème de Tove Jansson avec les Moomins est celui de Conan Doyle avec Sherlock Holmes, de Hergé avec Tintin et de tous les artistes dont les créatures géniales se sont mises à vivre de leur vie propre en écrasant leur créateur... Quand le succès de son oeuvre fut assuré (les aventures des Moomins restent les livres finlandais les plus vendus au monde), à partir des années 70, elle la délaissa et se mit à l'écriture de récits (romans et nouvelles). Je ne sais pas si ce succès lui pesa, j'imagine plutôt qu'elle se pensait comme une artiste protéiforme, fille et soeur d'artistes, elle-même peintre, illustratrice, et qu'elle ne comptait pas se laisser figer comme cela.

Ce livre prouve-t-il qu'elle a réussi à s'extraire de la zone d'influence des Moomins ? Peut-il exister en soi et séduire les lecteurs qui ne les connaissent pas ? Il suffit de lire les deux dernières nouvelles pour s'en convaincre : dans "Prendre congé", l'auteure raconte comment elle et son amie, Tooti, se sentant devenir vieilles, quittent à jamais leur îlot de Klovaharum, où elles possédaient un cabanon rudimentaire dans lequel elles passaient tous les étés. Poignant.
L'autre nouvelle, au si beau titre éponyme, "L'art de voyager léger", traite du départ joyeux d'un voyageur, le narrateur, qui a décidé de ne plus s'intéresser aux autres pour rester insouciant. Bien sûr, il n'y parvient pas et prête une oreille attentive aux déboires d'un de ses compagnons de voyage... On comprend l'impossibilité de vivre en échappant aux problèmes des autres, qui relègue "l'art de voyager léger" à un idéal inaccessible et rend le titre intelligemment ironique. Mais plus largement, n'est-ce pas l'état d'artiste qu'elle interroge ? Celui, ou celle, qui aimerait se consacrer au silence mais que le charme d'une histoire, la force d'une douleur, ramènent dans le tumulte de la création...

Ce recueil d'histoires courtes, c'est Tove racontant des choses vécues, à sa manière voilée et intense, des éclats de vie brillant d'une lucidité un peu cruelle. Son enfance en Finlande, ses plaisirs, son rapport si fort à la mer. Sous les récits calmes, précis, on sent bien que quelque chose dérange, sans savoir exactement quoi, comme si le vrai sujet était si profondément enfoui qu'il ne pouvait être formulé, mais qu'il projetait son ombre sur tout : la guerre ? son homosexualité ? autre chose qu'elle n'a pas avoué ?
Ce qui est intéressant aussi pour qui a grandi avec la famille Moomin, Maman Momie, le Renaclérican, Sniff et la Demoiselle Snorque, c'est de chercher les sources d'inspiration de l'auteure et de déceler des correspondances entre les deux univers. Dans les Moomins aussi, on retrouve cette menace imprécise: l'inondation, la comète, les créatures étranges et imprévisibles. J'ai retrouvé surtout la même paix un peu triste, celle du long hiver qui oblige les Moomins à hiberner dans leur jolie maison ronde, celle de ce sommeil dont ils ont parfois du mal à se réveiller.

Tove Jansson, c'est celle qui sculpte le silence en sachant que tout ce qu'elle dira sera très vite enseveli sous la neige ou dissipé par le vent. Et le plus fort, c'est que cet univers étrange séduit les enfants en leur apprenant la force inoubliable du bizarre. Ils comprennent qu'on leur parle d'une voix juste, sans chercher à esquiver le désarroi qui loge au milieu des aventures les plus palpitantes. Ils y apprennent l'art de la nuance et la métamorphose des émotions. Un trésor, en quelque sorte !
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le sous-titre inscrit en couverture présente l'ouvrage comme un recueil de nouvelles. Si l'on excepte la dernière histoire, l'ensemble donne plutôt l'impression d'épisodes de la vie d'une femme (l'auteure ?) : la première moitié évoquant son enfance, la seconde se rapportant à l'âge mûr. Pour toile de fond, et comme autre fil conducteur, les golfes finlandais, la nature rude et fascinante avec laquelle le personnage féminin entretient un lien intime et enchanté.
Les "nouvelles" de la première partie sont comme des souvenirs échappés de la mémoire d'une fillette, nimbés des brumes de l'imagination, simples et profonds à la fois, petites merveilles de poésie qui confèrent à ces instants arrachés au temps un caractère enchanteur.
Répondent à ces nouvelles celles de la seconde partie, qui disent quant à elles le départ, interrogent les manières de "Prendre congé" (titre de l'une des histoires) - avec légèreté toutefois, et un certain humour. Pour ma part, j'ai trouvé ces nouvelles moins intéressantes que les premières, il leur manquait la petite touche féerique et originale qui m'avait tant plu en début de lecture.
La dernière nouvelle, qui donne son titre au livre, occupe quant à elle une place à part. Elle est la seule dont le narrateur soit masculin. de par son ton, son sujet, elle est en décalage avec le reste du recueil, sur lequel elle invite, en quelque sorte, à porter un regard distancé et moqueur ; mais je n'ai pas aimé terminer la lecture sur cette histoire, que j'ai trouvé trop en rupture avec ce qui m'avait plu précédemment.
Quoi qu'il en soit, ce petit ouvrage mérite d'être découvert, savouré - tout comme "Le livre d'un été", de la même auteure, encore plus réussi à mon avis.

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Ce petit livre de poche est une pépite, pleine de poésie. Les nouvelles courtes qui se succèdent font émerger la vie d'une femme solitaire, à la très riche vie intérieure, en osmose avec la mer et la nature qui l'entourent. La sensibilité d'artiste peintre, sculptrice, dessinatrice de l'autrice, confère à son style la pureté de la poésie. Elle perçoit le sur - naturel dans cette nature d'une île du golfe de Finlande, qui ne fait qu'un avec elle, habituée de cette maison de vacances depuis sa prime enfance.
Plus que des histoires, ce livre nous révèle l'intensité des liens de l'homme avec son environnement naturel, quand il sait être modestement et respectueusement à son observation et à son écoute.
cette lecture a été pour moi un vrai bonheur et une découverte
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D'un Noël en famille au voyage d'un homme, en passant par des vies solitaires, Tove Jansson nous fait voyager. Chaque nouvelle est bien unique en son genre, le style d'écriture et de narration est doux, simple mais exprime un je ne sais quoi de déstabilisant au sens positif. Que ce soit à côté d'une petite fille fêtant Noël, en compagnie d'une femme solitaire scrutant un écureuil ou encore près d'un homme en quête d'un nouveau bonheur, je me suis sentie emportée par l'histoire et je me suis sentie proche de l'individu.

L'auteure nous emmène alors au coeur de la Finlande, avec ses paysages à nous couper le souffle, avec son hivers glacial et emprisonnant, avec son été festif.

Un recueil de nouvelles qui nous emporte loin de chez nous, des histoires dépaysantes et inédites !

Une réelle surprise littéraire pour moi !

Lien : http://voldelivre.canalblog...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Et puis, cet été-là, quelque chose d'impardonnable s'est produit : j'ai commencé à avoir peur de la mer. Les grosses vagues n'étaient plus synonymes d'aventure, mais uniquement d'angoisse et de responsabilité vis-à-vis du bateau, et en fait, de toutes les embarcations qui prennent la mer par gros temps. Ce n'était pas juste - même dans mes pires cauchemars, la mer avait toujours été une constante échappatoire : un danger menaçait, on sautait à bord du bateau, on mettait les voiles, on ne revenait jamais et on était à l'abri des ennuis. Cette peur me fit l'effet d'une trahison, la mienne.
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"En fin de matinée, papa s'énerve, car il prend Noël très au sérieux et a du mal à supporter tous les préparatifs. Il redresse chaque bougie et nous met en garde contre le risque d'incendie. Il se précipite dehors pour acheter du houx, une minuscule brindille qui est plus belle que des roses ou des orchidées et qu'il faut accrocher au plafond. Il ne cesse de demander si c'est absolument sûr que tout est prêt et trouve soudain que la disposition de Bethléem ne convient pas du tout. Puis il boit un coup pour se calmer. Maman écrit des vers et sort les restes de rubans dorés et de papiers cadeau de l'année précédente".
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Je traverse une forêt dessinée par John Bauer. Il savait dessiner les forêts et depuis qu'il s'est noyé, personne ne s'y est risqué. Et ceux qui osent, maman et moi les méprisons.
Pour dessiner une forêt qui soit assez grande, on ne met pas la cime des arbres et le ciel. Juste des troncs droits et très gros qui s'élèvent vers les nuages. Le sol est constitué de doux vallons, de plus en plus loin, de plus en plus petits, jusqu'à ce que la forêt soit infinie. Il y a des pierres, mais on ne les voit pas. La mousse pousse dessus depuis des milliers d'années et personne n'y a touché. Si on marche dans la mousse, cela fait un grand trou qui prend une semaine à se réparer. Si on marche dessus une deuxième fois, on a fait un trou pour l'éternité. Si on marche une troisième fois sur la mousse, cela la fait mourir.
Dans une forêt bien peinte, tout est plus ou moins de la même couleur, la mousse, les troncs et les branches des sapins. Tout est doux et grave, à mi-chemin entre le gris, le marron et le vert, mais avec très peu de vert. Si on veut, on peut y placer un être humain, une princesse, par exemple. Elle est toujours blanche, très petites avec de longs cheveux blonds. On la place au milieu ou dans la bordure dorée. Après la mort de John Bauer, les princesses sont devenues modernes et elles étaient de n'importe quelle couleur. Juste des enfants normaux déguisés.
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Puis l'atelier se transforme en forêt primitive où on peut s'enfoncer incroyablement loin sous le sapin pour s'y cacher. Sous les sapins, il faut se montrer plein d'amour. Il existe également des endroits pour éprouver du chagrin ou de la haine, par exemple, entre les portes où le courrier arrive. La porte du vestibule a des petits carreaux rouges et verts, elle est étroite et solennelle. Et puis, le vestibule est rempli de vêtements, de skis et de jambières, mais juste entre les portes, là où on a juste assez de place pour se glisser, il y a un espace encore plus petit pour éprouver de la haine. Si on le fait dans une grande pièce, on meurt sur-le-champ. mais si c'est confiné, la haine retourne à l'intérieur du corps et n'atteint jamais Dieu.
Avec les sapins, c'est très différent, en particulier lorsque les boules y sont accrochées. Ce sont des endroits qui renferment l'amour et c'est pour cela qu'il est terriblement dangereux de les faire tomber.
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P-S : J'ai lu quelque part que les textes écrits au feutre devenaient illisibles au bout d'une quarantaine d'années. Qu'en dis-tu ?
Séduisante perspective, en fait.
A moins que tu n'envisages d'écrire tes mémoires ...
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Videos de Tove Jansson (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tove Jansson
Fondées par Frédéric Cambourakis, un ancien libraire, les éditions Cambourakis voient le jour en mars 2006 et proposent depuis lors un catalogue généraliste de près de 700 titres constitué d'inédits et de rééditions, de voix nouvelles ou de redécouvertes et autant de clés d'entrée dans la littérature mondiale du XIXe siècle à nos jours. Chaque année, 80 nouveaux titres enrichissent leurs collections en bandes dessinées, littérature, albums jeunesse et essais. Lancé en 2012, le catalogue jeunesse veille à proposer autant de diversité que pour les grands. Entre traductions de talents reconnus venus d'ailleurs, réédition de trésors du patrimoine de la littérature enfantine à l'image des Moomins de la grande artiste finlandaise Tove Jansson, et créations exclusives, ces albums jeunesse sont une ouverture sur le monde. En offrant des représentations et des narrations émancipatrices, les éditions Cambourakis aspirent à nourrir les imaginaires, agrandir les horizons et former le regard des enfants. Mélissa Blanchard, responsable de la communication et du marketing des éditions Cambourakis, vous propose de retracer l'histoire de cette collection qui fête tout bientôt ses 10 ans. Au programme, un tour du monde reposant sur quelques titres emblématiques de la maison parmi les 150 albums illustrés ou cartonnés édités depuis 2012.
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