Bien sûr j'avais vu plusieurs fois à la télé
L'été meurtrier et c'était toujours avec la même fascination. Aussi ai-je eu l'envie de découvrir l'auteur de cette histoire et de me plonger dans les mots à l'origine de ce chef-d'oeuvre.
Et ce fut la révélation pour moi d'un auteur qui m'était tout à fait étranger, et qui m'a étonnée tout au long du roman.
L'originalité repose non seulement sur l'histoire elle-même, mais sur la façon de la raconter. D'abord un titre pour chaque chapitre, où Pin-Pon, Eliane, la mère d'Eliane, Cognata la tante de Pin-pon exposent leur point de vue. de nouveau Eliane et Pin-Pon. C'est un procédé narratif qui permet au lecteur d'entrer dans la psychologie de chaque personnage tout en permettant de comprendre le récit pas à pas. Immédiatement nous voyons les scènes se dérouler, comme au cinéma, et une empathie s'établit pour chaque personnage, qui sont tous attachants par leurs qualités et leurs défauts, et surtout leur faiblesse. Non seulement nous savons, par le titre (sans avoir vu le film)et les chapitres (Le bourreau, La victime, etc) qu'il va se passer un drame, mais nous gardons toujours un peu d'espoir et réussissons à nous amuser en cours de route, malgré notre angoisse, grâce au style de l'auteur, qui sait mettre dans la bouche de ses personnages des expressions simples mais efficaces (dont feraient bien de s'inspirer certains "auteurs" contemporains...) pour faire naître chez nous des sentiments divers.
L'intérêt aussi réside dans la mystérieuse façon de présenter les événements dans la bouche de Pin-Pon, qui s'adresse au lecteur comme s'il était devant lui. Mais nous nous demandons si c'est bien à nous qu'il s'adresse. Nous le saurons en fait à la fin du roman.
Voilà des mois que je n'avais pas lu un roman aussi puissant, aussi riche, aussi émouvant aussi.
Japrisot hélas est mort en 2003, et à présent, tenant son petit roman dans mes mains, je demeure triste, mais heureuse de savoir qu'il aura laissé de lui une trace pour de longues années à venir.
Je vais acheter ses autres romans qu'il me tarde de découvrir, et qui ont tous été portés à l'écran. Je ne doute pas du plaisir que j'aurai à les lire.
Si vous ne savez "plus" quoi lire, cet été, alors jetez-vous sur
L'été meurtrier.
Vous y rirez sans doute, et peut-être même verserez-vous des larmes.
Petite touche personnelle : l'action se passe en Haute Provence, et l'évocation des villages d'Annot, de Puget-Théniers, de Digne et de Castellane, m'a rappelé bien des souvenirs et devrait sans doute plaire aux personnes du Midi de la France.
Japrisot, selon moi, était un génie, pour savoir écrire d'une manière aussi simple (en apparence), aussi naturelle, mais pénétrante, précise, touchant là où cela fait mal et fait du bien à la fois.
Un chef d'oeuvre.