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EAN : 9782491560720
80 pages
Le Realgar (22/02/2024)
4.33/5   3 notes
Résumé :

Un excès de solitude peut exposer celui qui s'en repaît sans compter à d'inattendus retours de bâton. C'est ce qui arrive aux hommes et aux femmes qui traversent ces poèmes. À force de se couper des autres et de s'accoutumer à eux-mêmes, ils perdent leurs repères et se retrouvent, égarés, sur des chemins peu enviables. L'isolement, la peur, le ressassement et parfois même la folie s'emparent d'eux et fait chavirer leur pensée. L'auteur, qui connaît bien la c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jacques Josse, tel un arpenteur des solitudes, portraitiste des invisibles, nous propose dans son dernier ouvrage publié aux éditions le Realgar, une galerie de portraits à peine ébauchés et si justes à la fois, d'inconnus invisibles et d'écrivains, tous lézardés de multiples fêlures. Des corps tordus, maltraités, des pauvres carcasses aux souvenirs écorchés, à l'avenir ébréché et au ciel toujours trop bas. Célibataires endurcis, lit froid, vie rêche,

Des solitudes à parler avec son chien, à enlacer le tronc des pommiers, à attendre des réponses de quelques fantômes, à interroger les étoiles et insulter des tombes, à appeler le répondeur d'une amie décédée, à "longer une route aux fossés emplis des larmes des hommes".

Quelques portraits de présences fragiles dans des lieux improbables, les bars déserts, les zones, ZI ZUP, les parkings, les non-lieux plus ou moins désaffectés, les campagnes reculées, les bois sombres.

Tous ces humains si mal en point, en déséquilibre de mélancolie dans notre pays à peine en meilleure santé mentale, si invisibles que seuls les poètes comme Jacques Josse et les associations humanitaires continuent de voir. Quand le poétique rejoint le politique.



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Jacques Josse poursuit le tissage de son oeuvre. Après plus de 40 ans de publications et 40 livres, il a toujours bon pied bon oeil et ce nouveau recueil en est une preuve. Jacques Josse possède son monde propre, son atmosphère unique, il est reconnaissable entre tous. « Trop épris de solitude » est une nouvelle pierre à l'édifice.

Dès l'entame, on imagine le voyage houleux : « Je suis de retour, dit-il à l'homme qui l'invite à prendre place sur le divan. Je rentre après deux siècles d'errance ». Puis l'auteur déroule sa prose, sa poésie, avec ses mots, ses familiarités, ses habitudes, ses obsessions. Hommages aux trépassés, à ceux péris en mer, brefs retours sur des faits divers ruraux, d'un autre temps, d'un autre siècle. Des petits drames, des instants où la vie bascule à tout jamais, ce dont se souviennent les autochtones, par transmission de génération en génération, de petites histoires qui s'offrent comme des contes, des légendes.

Des personnages de l'oeuvre resurgissent subrepticement, tel ce veilleur de brume. Et ces instantanés du quotidien, que l'on a peut-être vécus ailleurs, mais en d'autres termes, sans doute sous d'autres cieux.

« Ceux qui sont dans mes livres

font un bout de route en sa compagnie »

tout comme ceux qui les lisent. Car l'oeuvre de Jacques Josse est abondante sur ses galeries de portraits, criantes de vérité. Des sans voix, sans grade, ces anonymes qui peuplent l'univers de Josse. Ceux de la Bretagne profonde, loin des villes, du tumulte, presque loin du présent, déjà dépassés par leur passé, ils sont pourtant une page du folklore local. Folklore que Josse s'emploie à ranimer par sa plume ardente, tendre et délicate, mais qui sait crocheter en cas de coup dur.

Josse n'oublie jamais « ses » revenants, les marins morts noyés qui réapparaissent dans le fond des mers. Visions, hallucinations. Et renaissance éclair d'un monde lui aussi englouti à tout jamais : « La zone où il pointait chaque jour avec dix mille autres a été rasée. Seule son histoire demeure, tapie au creux des friches. La sueur de ceux qui y ont travaillé est entrée dans la terre. Elle a coulé sous les gravats, le béton fissuré, la ferraille rouillée. Elle s'est mêlée à la sève et suinte souvent sous forme de rosée ou de brume ». Résurgence des grèves d'antan, des luttes sociales.

« Trop épris de solitude » est peut-être le recueil le plus désenchanté, en tout cas l'un des plus exposés à la mélancolie, à la faillite de notre histoire. Les éditions le Réalgar, coupable de ce très joli livre dans leur splendide collection l'orpiment, ont eu la très bonne idée d'intégrer en bonus les quelques pages du somptueux recueil « Au célibataire, retour des champs », originellement publié en 2015 aux éditions le Phare du Cousseix, brefs textes écrits entre fin 2013 et début 2014. Ils permettent de prolonger le plaisir.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je suis de retour, dit-il à l'homme qui l'invite à prendre place sur le divan. Je rentre après deux siècles d'errances. Mon périple est parsemé de fines poussières. J'ai longuement marché, une bougie à la main, de hameaux déserts en zones désaffectées, avançant entre les murs de suie et des troncs d'arbres calcinés. Tout autour, le chant des grillons peuplait la nuit. Au loin, l'enfant que je fus jadis pleurait apeuré dans le lit froid où ont dormi tant de morts.
Je suis sans âge, couvert de cendre, contraint de traverser les générations pour souffler sur les braises de la mémoire familiale.
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