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EAN : 9782905964557
74 pages
Ombres (30/11/-1)
3.55/5   11 notes
Résumé :


Lorsqu'il écrit Le Cachet d'onyx, Barbey a 23 ans. Il vit à Caen où il suit des études de Droit et s'intéresse à la politique. Ces années sont aussi marquées par la relation avec Louise, épouse d'Alfred de Méril, ainsi devenue cousine par alliance de l'auteur, relation qui bouleverse sa vie entière. Il semblerait que Louise soit la Maria à qui le narrateur s'adresse.

Ce conte sonne ainsi comme une vengeance d'un jeune auteur déçu et b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une petite nouvelle très dense, intense en émotions! L'auteur crache les déchirures de son cœur de jeune homme, blessé en amour, qui ne pense que vengeance. Le ton est rude, les mots, les phrases pleuvent comme sous l'effet d'un enchantement. On croirait que le texte a été écrit sous l'impulsion d'un état extatique purement surnaturel. L'auteur semble porter le crime d'Othelo, ou vais-je dire sa vengeance, oui il veut venger Othelo avec ce texte, c'est une vibrante haine portée envers cette femme qu'on aime à la folie, qu'on rejette comme par un coup de tonnerre, et qu'on veut tenir comme une esclave, on lui marque d'un cachet d'Onyx à un endroit tenu secret...en tout cas, c'est une nouvelle qui ne se lit pas facilement tant l'auteur y fait bouillir ses émotions d'un jeune désespéré, assoiffé de vengeance!
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Il est toujours émouvant - mais aussi ô combien instructif et encourageant - de lire les premiers textes d'un écrivain, surtout s'il a la réputation que parvint à se forger, à force d'un travail constant sur ses tendances au Romantisme le plus échevelé, Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly.

De cette courte nouvelle qu'est "Le Cachet d'Onyx", on retient que la "patte" - ou plutôt la "griffe" - de Barbey est là, tout au fond, sous les excès d'un style ampoulé, alambiqué et pourtant survolté que le jeune auteur de vingt-trois ans a encore plus envie d'étaler que de maîtriser. Ce texte, Barbey y tient : c'est une sorte de revanche sur l'un des grands amours de sa vie, Louise du Méril, née Ango - la Maria de la nouvelle - et c'est, bien entendu, une histoire horrible - surtout pour l'époque - que l'écrivain ne se résoudra jamais à publier de son vivant. ;o)

Le thème est mondain, voire superficiel comme le seront encore "La Bague d'Annibal" et "L'Amour Impossible." Un jeune dandy, Auguste Dorsay, qui s'est peu à peu détaché de sa maîtresse, Hortense de ***, laquelle lui vouait pourtant un amour sincère, se laisse persuader par ses amis et compagnons de libertinage que la jeune femme a repris un amant. Et dans un contexte un peu abracadabrant - je n'ai pas encore compris comment il réussissait à s'introduire, de nuit, chez la malheureuse - soudain pris d'un accès de jalousie réellement perverse, Dorsay "marque" la jeune femme d'un cachet d'onyx passé au feu. Non sur l'épaule - on n'est pas dans le "Forfaiture" de Cecil B. de Mille Wink - mais en un endroit que Barbey ne nomme pas mais que tout lecteur connaissant un peu son Sade devine immédiatement.

En effet, plus que celle de Byron, l'influence du Divin Marquis est ici manifeste. le lecteur qui a déjà tâté du Barbey ne s'en étonnera guère tant son génie, qui mêle étroitement le sexe, la jalousie et la passion à un fantastique souvent glauque - relisez "Le Rideau Cramoisi" ou encore "Le Bonheur dans le Crime" - aime les situations exacerbées, à la limite extrême d'un sadisme le plus souvent, il est vrai, intellectuel que physique.

A lire. Avec, d'ailleurs, déjà, cette délectation indicible que l'amateur goûte en parcourant les textes majeurs de Barbey d'Aurevilly.
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Oeuvre de jeunesse de Barbey d'Aurevilly, le Cachet d'Onyx vaut d'abord par son emballage, qui laisse présager le futur auteur des Diaboliques. Beaucoup de circonvolutions nous amènent au drame final, violent, que dévoilent les trois ou quatre dernières pages.
Autres temps, autres moeurs. L'originalité de cet auteur de 23 ans, c'est qu'il est à la fois marqué par son époque (la nouvelle date de 1831) et par une liberté de ton assez rare.
Le cachet d'onyx n'est pas un chef d'oeuvre, mais une jolie introduction pour aborder son auteur.
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Certes, Othello a tué sa femme par jalousie, mais il l'aimait encore. Son crime se mêlait à ses larmes, explique le Narrateur de cette nouvelle. Ici, il présente un autre type de jaloux, pire selon lui, un jaloux qui n'aime plus. Cet Auguste n'est pas un don Juan, il n'est pas non plus un véritable libertin. Non, c'est un dandy sans grande passion, prêt à séduire femmes du monde et grisette our son plaisir personnel avant de se tourner vers une autre proie. Ni vraiment séducteur, ni vraiment cynique. Et c'est de cette absence de passion violente, décrite sur un ton froid, que naît le décalage glaçant avec son acte final. Pour une petite blessure d'amour-propre, une conversation de salon, il trouve le moyen de rompre de la façon la plus brutale possible, avec sa charmante maîtresse - qui, par contraste, est dépourvue d'originalité, un portrait typique de la femme du monde adultère.
Un petit texte, oui, mais violent - par sa fin, le reste n'étant pas d'une grande originalité.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[...] ... Un jour, dans une de ces soirées que Paris compte parmi les plus brillantes, Dorsay avait souffert plus que jamais des plaisanteries de ses amis. Ces plaisanteries qu'ils infligeaient à sa vanité de fat étaient d'un goût si parfait et d'un ton si mesuré dans les termes qu'il était impossible à un homme de bonne compagnie de montrer de l'humeur ou du courroux, mais l'intention en était si blessante, si triomphante surtout, qu'il fallait d'un autre côté une grande puissance sur soi-même ou une grande peur de l'inconvenable pour se contenir en les entendant. Dorsay les écoutait, les lèvres tremblantes, le front pâle et les traits frappés d'un vague sourire qui s'efforçait d'être insouciant et gai. Elles murmuraient, bruissaient, ricanaient, éclataient à ses oreilles dans cent bouches différentes, avec une foule d'accents divers. Il lui semblait que vingt mains de démons jouassent de la harpe avec son âme pour en tirer les vibrations les plus aiguës, et taquinassent avec une étrange volupté d'ironie jusqu'à ses plus subtiles, ses plus déliées fibrilles nerveuses. La jeune fille qui levait sur lui son grand oeil noir, plein de la rosée et du soleil matinal de la vie, ne pensait guère que cet homme vanté et charmant était tout à l'heure déchiré de supplice, dans ces délicieux moments d'un bal, et que cette main blanche et parfumée qu'il plongeait dans ses cheveux bouclés se trempait en passant sur son front de la sueur que l'humiliation y faisait couler. Heureuse jeune fille dont le sang, sous les belles veines rougissantes, ressemble à l'essence de rose tiédie, à travers le cristal qui la renferme, par la moiteur d'une gorge de femme. Heureuse jeune fille, poète de la plus vague, de la plus éthérée poésie, qui crée, à propos d'une expression sur un visage d'homme, tout un drame où il n'y a pas une douleur. Et avec quoi ? Avec les soupçons d'un coeur pubère et d'une imagination énamourée. ... [...]
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[...] ... Othello vous paraît donc bien horrible, douce Maria ? Hier votre front si blanc, si limpide, se crispait rien qu'à le voir, ce diable noir, comme l'appelle Emilia. Votre haleine traînait sur vos lèvres entr'ouvertes ; vos larmes, vos sanglots, votre pose, tout en vous disait : "Pitié !" à Othello, comme si vous aviez été la Vénitienne, la Desdemona, couchée sur le lit, comme si Othello avait pu vous entendre alors, comme si une prière d'ange agenouillé devant un homme, essuyant ses pieds de sa chevelure divine, ou, plus éloquent encore, une femme qui supplie, eût pu aller jusqu'à ce coeur possédé, affolé, enragé de jalousie et d'amour. Oh ! ne le maudissez cependant pas, cet Othello inflexible. N'ayez pas peur de cette belle création d'un poète ; n'ayez pas peur de cette admirable nature d'homme, si riche en tendresses jusque dans ses fureurs, et à qui Desdemona pardonne en mourant comme par reconnaissance de l'amour qu'il lui avait donné. Savez-vous que personne n'aima plus que cet homme qui faisait oublier un père chéri, à cheveux blancs, sur le bord de la fosse, à une une fille respectueuse et tendre ; qui l'avait prise intrépidement dans ses bras, elle défaillante sous le poids d'une malédiction terrible, et qui la rendit si heureuse que jamais le souvenir de cette malédiction ne troubla une heure de la vie de cette femme timide ? Ne le maudissez pas, Maria, mais plaignez-le plutôt ! plaignez-le plus que Desdemona, qui vous fait pleurer à chaudes larmes. Son infortune est plus grande que celle de Desdemona qui crie : Ne me tuez pas ce soir ! Vous me tuerez demain ! qui s'est sentie écrasée sous la calomnie, sous les injures d'Othello. Desdemona est l'heureuse dans ceci : l'infortuné, c'est Othello ! ... [...]
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Dorsay n'avait que deux partis à prendre. Etre franc avec cruauté ou hypocrite à force de pitié et de délicatesse. Il devait tromper sur l'amour qu'il ne sentait plus, ou dire à Hortense : "C'est fini, je ne vous aime plus! "
(...) Dorsay n'employa ni l'un ni l'autre des moyens que je dis. Il fit comme un mari qui a une jolie femme et des maîtresses, agissant ainsi autant par faiblesse de caractère que par vanité.
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Voulez-vous que je vous dise une réalité dont la poésie dramatique, cette poésie du réel, ne pourrait s’emparer, parce qu’elle ne saurait comment la prendre dans ses mains de reine sans les souiller ?
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Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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