Corée du sud, aujourd'hui.
Eungyo travaille dans une boutique qui répare du matériel électronique. Celle-ci, installée dans un bâtiment immense menacé de démolition, est fréquentée par des habitués.
Mujae bosse aussi dans le bâtiment mais à un autre étage.
Ils se rencontrent, mangent ensemble, se promènent, partagent leur crainte de voir leur ombre se lever, menace qui pèse sur tous, dont ils ne comprennent pas l'origine mais mesurent bien la menace.
Etrange histoire faite de rencontres épisodiques entre deux solitudes qui se soutiennent l'une l'autre, se rapprochent avec pudeur, s'épaulent dans une ambiance réaliste mâtinée d'insolite.
C'est singulier et séduisant, doux et déconcertant.
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Dans ce court roman, Hwang Jungeun nous parle d'Eungyo et Mujae, deux personnes employées dans un marché d'électronique, possiblement à Séoul, sur lequel plane une rumeur de démolition. A cette rumeur mettant à mal l'emploi de nombreux habitants vient s'ajouter la peur de voir son ombre se lever…
Il semblerait que celles et ceux ayant vu leur ombre se lever et l'ayant suivi sont de plus en plus nombreux. Malgré les recommandations de ne surtout pas suivre son ombre, c'est parfois compliqué et même impossible d'aller contre ce phénomène. Que deviennent alors ces personnes, victimes de leur ombre…
A travers cette anomalie fantastique, l'autrice nous parle avec grande délicatesse du désespoir et de l'extrême solitude vécue par une multitudes de personnes. Il y a Eungyo et Mujae, bien sûr qui ont chacun été témoins de la disparition de leurs proches dont les ombres se sont levées, mais pas seulement. Dans le marché d'électronique où ils travaillent sont présents d'autres connaissances dont on comprend l'isolement et l'abandon grandissant face aux rumeurs de démolition du marché, leur lieu de travail, d'échange et de vie. Ce marché et les expériences de ceux qui y évoluent peuvent être pris plus largement à ce que vivent nombreux Coréens qui habitent en ville : une vie morcelée, évoluant trop rapidement, chacun dans sa bulle empêchant les liens humains de se créer.
Heureusement, malgré tous les obstacles et la mélancolie grandissante, Eungyo et Mujae se soutiennent chacun leur tour d'une manière un peu timide, un peu bancale. le regard plein de tendresse de Hwang Jungeun pour ses personnages et plus largement les personnes vivant des expériences similaires se ressent à travers une écriture délicate, comme habillée d'un voile.
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Quand je me retrouve devant ce genre de paysages, je finis toujours par me dire que les êtres humains sont vraiment des créatures étranges.
Comment ça ?
Ils font tellement de bruit pour rien, s'agitent dans tous les sens et sont tellement violents, de tellement de manières différentes.
Tout ça m'évoque plutôt la vie en ville;
En ville ? Après avoir réfléchi un moment, Mujae s'est mis à rire. En tout cas, ce qu'il y a d’apaisant avec des paysages comme celui-là, c'est qu'ils sont à l'écart des humains.