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EAN : 9781723929533
97 pages
Auto édition (03/10/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Kafka commence la rédaction de son Journal en 1910, elle se poursuivra jusqu’en 1922. Le Journal est une espèce de "laboratoire littéraire" où se mêlent des visions du quotidien à des morceaux de récit en cours. De nombreux passages peuvent être qualifiés de "flux d’écriture" : la ponctuation a disparu, la syntaxe est parfois libre, il s’agit pour Kafka d’exercices littéraires rapides au caractère brut. Cette dimension n’est pas rendue dans la traduction de Marthe R... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Retraduire Kafka : rendre son journal à son étrangeté, à son aspect d'un travail en cours, à son acheminement vers la description mais aussi le déshabiller des encombrantes lectures précédentes, lui rendre son corps hors la maladie et son inquiétude. En entreprenant une nouvelle traduction, Laurent Margantin offre une approche de Kafka tel qu'en lui-même : déstabilisant et plein, dès son premier carnet, d'éclats descriptifs et d'approches difficultueuses d'en esprit en tension.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
J’y réfléchis souvent et toujours je dois dire qu’à certains égards mon éducation m’a beaucoup nui. Ce reproche est lancé contre une foule de personnes, ils se tiennent là en vérité, savent pas quoi faire ensemble comme sur de vieilles photographies de groupes, ils ne pensent pas à baisser les yeux et pleins d’impatience ils n’osent pas sourire. Mes parents sont là, quelques membres de la famille quelques professeurs, une cuisinière bien précise, quelques jeunes filles du cours de danse, quelques personnes qui autrefois nous rendaient visite à la maison, quelques écrivains, un maître nageur, un guichetier, un inspecteur d’école, aussi quelques-uns que j’ai rencontrés juste une fois dans la rue et dont je peux me souvenir à cet instant et d’autres dont je ne me souviendrai jamais et d’autres enfin dont je n’ai absolument pas retenu le cours sans doute distrait alors, bref ils sont si nombreux que je dois faire attention de ne pas en nommer un deux fois. Et face à eux tous j’exprime mon reproche, de cette manière les fais entrer en contact les uns avec les autres, mais ne tolère aucune objection. Car j’en ai vraiment assez supporté des objections et comme j’ai été réfuté dans la plupart d’entre elles, je ne peux pas faire autrement que d’inclure ces réfutations dans mon reproche et dire qu’en dehors de mon éducation ces réfutations aussi m’ont à certains égards beaucoup nui.
S’attend-on peut-être à ce que j’aie été élevé dans un lieu à l’écart ? Non, j’ai été éduqué en pleine ville. Pas dans une ruine en montagne ou au bord de la mer, par exemple. Mes parents et leur suite étaient jusqu’à maintenant couverts par mon reproche et gris ; à présent ils l’écartent facilement et sourient parce que j’ai retiré les mains qui étaient tendues vers eux et les ai portées à mon front et pense : J’aurais dû être le petit habitant des ruines qui tend l’oreille vers les cris des choucas, dont les ombres passent sur lui, qui prend le frais sous la lune, brûlé par le soleil, qui, au milieu des décombres, aurait brillé sur moi de tous les côtés sur ma couche de lierre, même après avoir été un peu faible au début sous la pression de mes bonnes qualités qui auraient dû pousser en moi avec la puissance de la mauvaise herbe.
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Une femme attend déjà (en haut au second étage de l’hôtel Victoria dans la Jungmannsstrasse) mais me prie avec insistance de rentrer avant elle. Nous attendons. La secrétaire arrive et nous fait patienter. Je le vois par une ouverture sur le corridor. Tout de suite après, il vient vers nous les bras à moitié écartés. La femme explique que j’étais là le premier. Je le suis donc tandis qu’il me conduit dans son bureau. Sa redingote noire comme cirée les soirs de conférence (pas cirée, mais brillante de son noir pur) est maintenant à la lumière du jour (3 h de l’après-midi) poussiéreuse même tachée, surtout dans le dos et aux aisselles. Une fois dans sa chambre, je cherche à montrer mon humilité – que je ne ressens pas – en choisissant une place ridicule pour mon chapeau ; je le pose sur un petit meuble en bois où on lace ses chaussures. Table au milieu, je suis assis face à la fenêtre, lui sur le côté gauche de la table. Sur la table des papiers avec quelques dessins qui rappellent ceux des conférences sur la physiologie occulte. Une brochure Annales de la Philosophie de la nature recouvre un petit tas de livres qui paraissent traîner là tous les jours. Le problème, c’est qu’on ne peut pas regarder autour de soi, vu qu’il essaye constamment de vous tenir avec son regard. Et quand il ne le fait pas, il faut faire attention au retour du regard. Il commence par des phrases sans lien les unes avec les autres : Vous êtes bien le Dr. Kafka ? Cela fait longtemps que vous vous intéressez à la théosophie ? Mais moi je me dépêche de lui réciter le discours que j’ai préparé : Je sens combien une grande partie de mon être aspire à la théosophie, mais en même temps j’éprouve face à elle une peur extrême. Je crains d’elle en effet une nouvelle confusion, ce qui serait très mauvais pour moi, puisque mon malheur présent n’est justement que confusion. Cette confusion consiste en ceci : mon bonheur, mes compétences et toutes mes possibilités de servir à quelque chose résident depuis toujours dans la littérature. Et c’est là en effet que j’ai vécu des états (pas beaucoup) qui selon moi sont très proches des états de voyance que vous décrivez, et pendant lesquels j’étais totalement et absolument dans chaque idée, mais tout en accomplissant chacune d’entre elles, états pendant lesquels je sentais que je n’étais pas seulement parvenu à mes propres limites, mais aux limites de l’humain en général. A ces états il manquait seulement la paix de l’enthousiasme qui est probablement propre au voyant, même si elle n’était pas totalement absente. Je conclus cela du fait que je n’ai pas écrit le meilleur de mes travaux dans ces états. – Or je ne peux pas me donner entièrement à la littérature, comme il le faudrait, et ce pour diverses raisons. Sans même considérer ma situation familiale, je ne pourrais pas vivre de la littérature en raison de la lenteur avec laquelle j’avance dans mes travaux et de leur caractère particulier ; en outre, ma santé et mon caractère m’empêchent également de me livrer à une vie qui serait incertaine dans le meilleur des cas. C’est pour cette raison que je suis devenu fonctionnaire dans une compagnie d’assurances sociales. Or ces deux métiers seront toujours inconciliables et ne permettront jamais un bonheur qui les réunirait. Le plus petit bonheur dans l’un devient un grand malheur dans le second. Ai-je écrit un soir quelque chose de bon, le lendemain au bureau je brûle d’impatience et je n’arrive à rien faire. Ce va-et-vient devient toujours plus intolérable. Au bureau je satisfais extérieurement à mes devoirs, mais pas à mes devoirs intérieurs et chaque devoir intérieur non accompli devient un malheur qui reste obstinément en moi. Et à ces deux aspirations qui ne s’accommoderont jamais je devrais maintenant ajouter une troisième, la théosophie ? Ne va-t-elle pas incommoder les deux autres et être elle-même incommodée par les deux autres ? Vais-je pouvoir, moi, un homme déjà si malheureux, mener les 3 à une fin ? Je suis venu Dr. Steiner vous poser cette question, car je pressens que, si vous m’en jugiez capable, je pourrais réellement assumer cette tâche.
Il m’a écouté avec la plus grande attention, sans jamais avoir l’air de m’observer, entièrement concentré sur ce que je disais. Il a hoché la tête de temps en temps, ce qu’il semble considérer comme un moyen permettant de développer une forte concentration. Au début un rhume silencieux l’a gêné, son nez coulait et il le travaillait sans cesse avec un mouchoir qu’il y enfonçait profondément, un doigt dans chaque narine.
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Leslie Kaplan - L'Assassin du dimanche - éditions P.O.L - où Leslie Kaplan tente de dire de quoi et comment est composé "L'Assassin du dimanche" et où il est question notamment de femmes qui s'organisent et de collectif, de littérature et de hasard, de Franz Kafka et de Samuel Beckett, d'une usine de biscottes et du jardin du Luxembourg, à l'occasion de la parution aux éditions P.O.L de "L'Assassin du dimanche", à Paris le 21 mars 2024
"Une série de féminicides, un tueur, « l'assassin du dimanche ». Des femmes s'organisent, créent un collectif, avec Aurélie, une jeune qui travaille en usine, Jacqueline, une ancienne braqueuse, Anaïs, professeure de philosophie, Stella, mannequin, Louise, une femme de théâtre…"
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