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EAN : 9782253073116
288 pages
Le Livre de Poche (31/01/2018)
3.3/5   94 notes
Résumé :
Lorsque la grand-mère de Minh donne un spectacle de marionnette vietnamienne pour la fête de fin d’année de l’école, personne ne soupçonne que Prenzlauer Berg va en être bouleversé. Et pourtant, dans le quartier situé au coeur de Berlin, la part d’Asie – cette richesse culturelle enfouie – ressurgit, insufflant un nouveau sens de la communauté. L’effet papillon dans toute sa puissance. Bientôt, tous les habitants sont coiffés de chapeaux de paille pointus, des légum... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,3

sur 94 notes
C'est un livre qui fait du bien, qui fait la part belle à l'optimisme. Oh bien sûr il est un brin utopique, mais comment engendrer l'harmonie, sans ce soupçon de co-création responsable.
C'est surtout un bouquin qui nous place face à nos dysfonctionnements : le rejet de l'autre, quel qu'il soit, aussi bien d'une origine différente, d'un pays différent, d'une couleur ou d'une religion à laquelle nous n'appartenons pas ou tout simplement d'un bord politique opposé. Nous avons tous cette part en nous puisqu'on nous nous croyons le centre de l'univers et que pour chacun il ne peut y avoir d'autre centre.
Tout bascule dans ce quartier de Berlin Est quand la maitresse demande à ses élèves d'apporter quelques choses de leur culture d'origine. Minh fait appel à sa grand-mère qui ressort une grande marionnette en bois. le quartier va se transformer, les habitants échanger s'entraider se sourire. Tout n'est pas tout rose mais c'est déjà un pied vers le bonheur.
Une écriture douce et légère qui met en avant le premier pas que l'on devrait toujours faire vers l'autre … qui en fait n'est qu'une part de nous-même.
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On est toujours bien accueilli dans la boutique de Sung, une petite épicerie vietnamienne située dans le quartier de Prenzlauer Berg dans l'ancien Berlin Est. C'est tout petit mais on trouve de tout, même le dimanche. Sung travaille sans relâche, comme ses parents arrivés en Allemagne dans les années 70. Mais aujourd'hui, son fils Minh doit rapporter un objet vietnamien à l'école, dans le cadre d'une semaine cosmopolite… Alors Hiên, sa grand-mère paternelle va exhumer de sa cachette une grande marionnette en bois, seul vestige de son passé et la présenter devant toute l'école médusée et attentive.
Un simple programme pédagogique politiquement correct va entrainer une multitude d'évènements dans la ville, c'est l'effet papillon, dont le premier battement d'ailes a débuté au sein d'une famille particulièrement discrète dont l'allemand est devenu la langue principale.
La Mélodie familière de la boutique de Sung est roman plein de délicatesse et d'humanisme, c'est un conte enchanteur qui porte un regard plein de tendresse et d'intelligence sur la communauté vietnamienne dans Berlin Est. Karin Kalisa n'élude pas les souffrances, les humiliations, les difficultés quotidiennes, les préjugés culturels, le repli sur soi, mais son roman empreint de douceur et d'optimisme ouvre les portes d'un métissage culturel heureux et dresse des ponts, au propre comme au figuré, entre les différentes communautés.
Et si changer de regard ne tenait qu'à un fil de marionnette ?
Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions Héloïse d'Ormesson pour la découverte de ce coup de coeur.
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Au départ, j'ai été fortement attirée par le titre, avec cette jolie sonorité, cette jolie poésie qui donnaient l'impression de beaucoup d'optimisme et la promesse d'un roman qui fait sourire. Je ne m'étais pas trompée. Tout dans ce roman respire l'optimisme et la sérénité, la positive attitude dirait-on aujourd'hui. Alors pourtant, ça n'est pas ce que j'appellerai un roman 'feel good' car on est assez loin des clichés que véhicule ce type de récit.

L'auteure Karin Kalisa est profondément attachée à la culture asiatique et surtout vietnamienne, et cela se voit. La tendresse pour cette culture sud asiatique transpire à chaque page. Et le choix du lieu pour parler de la communauté de Vietnamiens immigrés est intéressant.

Nous voici dans ce qui était anciennement l'Allemagne de l'Est (Berlin Est en fait...). Il faut se souvenir que le Mur à Berlin n'est pas tombé il y a des siècles, non : il est tombé il y a de cela 29 ans. C'est presque mon âge. Ça donne des frissons rien que d'y penser. Et donc, dans cette Allemagne anciennement de l'Est, on s'appelle encore "Camarades", on a encore des vieux réflexes rattachés aux habitudes et us et coutumes de l'Ex-URSS. On fait attention, on se rationne, on espionne un peu les autres, on se méfie, on soupçonne, on regarde l'étranger avec curiosité mais on ne s'en approche pas. Les immigrés Vietnamiens eux, ils fuient la guerre, la famine et la pauvreté, un temps de chien, pourtant le pays était assez prospère, il aurait pu devenir un petit pays tranquille, mais les grandes puissances et leurs idéologies politiques se sont déchirées sur leurs terres. Là-bas on ne voyait pas d'inconvénient à une politique plus sociale, un peu communiste. Alors vivre dans l'Allemagne de l'Est ne pose pas de problèmes : si ce n'est la barrière de la langue.

Et ce roman est fait de cela : de la peur de l'Autre, du regard sur l'étranger, sur ce qui ne parle pas la même langue, ne mange pas les mêmes choses.

Le jour où la vieille femme, la grand-mère de Minh, amène sa marionnette sur scène devant les écoliers, tous prennent conscience avec les professeurs, qu'il s'est passé d'horribles choses au Vietnam. Et le Mur qui est tombé leur laisse toujours dans un coin de leur tête une envie d'ouverture et de pacifisme malgré la méfiance naturelle de la population.

Oui parce que dans ce roman, comme l'explique si bien l'auteure, les clichés vont bon train : les Asiatiques sont des délinquants, ils vendent des cigarettes, recèlent, revendent, se font beaucoup d'argent sur le dos des Allemands. Et personne jusqu'à là n'avait osé franchir la frontière entre deux quartiers : le quartier allemand et le quartier des boutiques asiatiques. Il faut dire qu'elles sont nombreuses ses boutiques !

Le roman de Karin Kalisa respire la bonne humeur, la bienveillance, le calme mais pas la complaisance ni le regard condescendant.

A travers ce roman se dégage aussi une certaine nostalgie. Nostalgie de ce que pourrait être une communauté humaine qui s'entraide, partage, s'admire mutuellement et se grandit humainement.

C'est donc un roman humaniste. Cependant j'émets une petite réserve : j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire avec la confusion entre les personnages (pas du tout à cause des noms au contraire mais plutôt à cause d'une introduction un peu brouillonne). Malgré tout l'émotion est palpable et le récit est très touchant. La fin est belle, elle questionne les notions de racines, d'origines, ces notions qui me tracassent et quand j'en parle aux gens, ces derniers ne comprennent pas mon problème "Pourquoi tu ne retournes pas au Cambodge?", pour Minh, pour Sung, pour tous les enfants d'immigrés (ou dans mon cas, adoptés), le Pays d'origine est un pays étranger qui reste familier. Un lointain horizon qui se veut accessible mais ne l'est pas tant qu'on n'a pas fait la paix avec ses ancêtres comme dans ce roman où de simples marionnettes vont bouleverser toute une communauté où Allemands et Asiatiques se retrouveront dans un grand élan d'échanges et de d'amitié.
A lire !
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Incontestablement, l'auteur a foi en la nature humaine et, grâce à son talent de conteuse, arriverait presque à nous convaincre qu'il est possible de vivre en harmonie. Elle situe son utopie dans un quartier berlinois, Prenzlauer Berg, où l'organisation un peu contrainte par le Recteur d'une « semaine cosmopolite » censée valoriser la mixité, amène une vieille femme d'origine vietnamienne à sortir de son armoire la magnifique marionnette sculptée en son temps par son grand-père.
La représentation donnée avec Minh, son petit-fils, aura des répercussions incroyables sur le quartier et ses habitants. La triste histoire que raconte Hiên est celle de milliers de vietnamiens qui ont fui un pays ravagé par un conflit sanglant pour trouver refuge dans une RDA qui partage les mêmes idéaux communistes. Cette narration semble sonner le réveil de la conscience des adultes présents mais aussi leur créativité, elle redonne à chacun un souffle et l'envie de se réaliser, de s'accomplir. Progressivement, les allemands découvrent qu'ils côtoient au quotidien des commerçants, des fleuristes, des couturières qui viennent de l'Orient – que les tuniques de soie sont de vraies créations, que le chapeau pointu est à la fois chic et pratique, que la mangue au déjeuner est plus digeste que la saucisse ( !).
Les invisibles, les petites mains sortent de leurs boutiques, de leurs ateliers, changent les regards, les habitudes, des liens se créent, des combats communs émergent qui rapprochent – la relation, l'amitié, la solidarité remplacent l'indifférence qui régnait jusqu'alors.
Ode au multiculturalisme, à la mixité, à l'altérité, ce roman est aussi celui du déracinement et de la transmission. Résolument optimiste, rempli de poésie, très bien traduit, c'est une vraie réussite pour moi. Je remercie l'amie qui me l'a fait découvrir car, spontanément, je ne l'aurais pas lu et c'aurait été fort dommage !
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Pfff ! Comment ne pas être trop désagréable ? Essayons tout de même ! Voilà un gentil petit roman dont le but est d'informer le lecteur ignorant qu'il existe à Berlin, dans le quartier de Prenzlauer Berg, une population d'origine vietnamienne, gentille, modeste et travailleuse. On y apprend également que le Vietnam étant un pays très aquatique, on y construit des « ponts de singe » et on y joue des spectacles, fort prisés, de marionnettes d'eau. On y découvre que les premiers immigrants sont arrivés du Nord (Vietnam) comme travailleurs invités par le « pays frère » d'Allemagne de l'Est et que les débuts ont été très difficiles.Mais quand on est gentil, modeste et travailleur, tout finit par s'arranger, n'est-ce-pas ? Voilà c'est à peu près tout…Ah ! J'allais oublier: les autres habitants de Berlin Prenzlauer Berg (les Allemands, quoi) sont eux aussi très gentils, accueillants et ouverts aux autres cultures, à tel point que certains d'entre eux auraient fini par remplacer leur déplorable alimentation de rue à base de wurst,* par des fruits exotiques vendus dans les épiceries vietnamiennes du quartier.
Il semblerait que c'est ce qu'on appelle un « roman qui met le sourire aux lèvres* », le fond de ma pensée étant que ne souriront que ceux qui ont une envie permanente et béate de sourire; quant aux autres, dont je fais partie, qui s'intéressent et aiment le Vietnam, ils ont tant de grands et beaux livres à lire comme Terre des oublis, le Sympathisant, Ru, Riz noir ou Un Américain bien tranquille.
*saucisse
*avis de la revue Lire
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Avec ce grand-père, on n'allait pas au zoo ni chez le marchand de glaces, comme le faisaient les enfants en Allemagne. Avec ce grand-père, on allait travailler. Dinh le suivait pieds nus sur le sol humide jusque dans ses maigres champs. Quand l'eau était trop haute, ou qu'il n'y avait pas de chemin, ou alors que celui-ci avait été inondé pendant la nuit, on construisait en deux temps trois mouvements un pont fait de tiges de bambou et de cordes de chanvre. Le grand-père riait quand Dinh hésitait à poser le pied sur la frêle et chancelante corde, puis il faisait avancer Dinh juste devant lui, entre ses bras. Au bout de quelques jours, Dinh se réjouissait de construire chaque pont. Il aidait à les tendre et à les perfectionner et leur donnait des noms : le grand pont, le pont céleste, le pont aux fleurs, le pont aux roseaux, le pont au tigre, le pont aux serpents. Avant de retourner en Allemagne, il avait pris congé de chacun d'eux par un rapide aller-retour.
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Il était reconnaissant à la langue vietnamienne. Elle lui laissait le temps de trancher, car le lien fraternel n'y était pas seulement une question de sang, mais de communauté. Chi : appellation collective pour des individus de sexe féminin plus âgés que le locuteur. Leçon 2 du cours de Hiên. En vietnamien, on pouvait donc dire la vérité sans trahir de secret.Chi, "grande sœur" : on ne faisait pas plus innocent ni plus sincère.
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Il fallut un moment à l’officier d’état civil pour prendre conscience que l’écriture vietnamienne était intrinsèquement liée à la langue vietnamienne et que celle-ci était le moyen de communication d’individus en chair et en os de son entourage immédiat, notamment les marchands de fruits et de légumes chez lesquels il faisait ses courses.
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Une fois le gingembre et le citron vert incorporés aux fruits, elle passa la cuillère en bois à Sung, monta sur une chaise et attrapa une bouteille d'alcool de framboises sur la plus haute étagère de la cuisine. Elle en remplit la moitié d'un verre, prit une gorgée, laissa Sung en boire une à son tour et versa le reste dans la confiture en ébullition. Quand les pots furent bien vissés et posés à l'envers sur la table, Mia et Sung s'embrassèrent aussi naturellement que si ce baiser était la conséquence logique de la préparation de la confiture de framboises, inéluctable et indépendant de leur volonté ou de leur libre arbitre.
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Dans la boutique des Tran, l'ancien et le nouveau coexistaient en paix. Ça n'était pas un mauvais calcul économique, car il n'était pas rare que quelqu'un entre en disant :"avant, on trouvait ça.... Et ça...." alors on poussait quelques cartons de côté pour présenter au client ravi le dernier exemplaire de l'article convoité. C'est ainsi que bien des années après la réunification, des produits de l'Est pouvaient encore être dénichés dans certains recoins de la boutique-ce qui avait plus d'une fois dessiné un doux sourire sur les lèvres des anciens habitants.
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