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3,78

sur 1029 notes
Lu dans le cadre du challenge Nobel

Oserai-je dire que je n'ai pas aimé ? que je me suis ennuyée ? que même sans être belle, j'ai néanmoins failli être endormie (et sans qu'il soit besoin d'une drogue quelconque) par les états d'âme du vieil Eguchi, ses dialogues trop subtils avec son hôtesse, la description millimétrique du moindre mouvement d'un bras ou d'une paupière ?

Les « belles endormies » sont de jeunes, très jeunes filles prostituées d'une façon particulièrement malsaine : droguées le soir par leur maquerelle, déshabillées et couchées nues dans un lit, inconscientes jusqu'au lendemain, elles servent au plaisir de clients âgés qui passent la nuit à leurs côtés. Ceux-ci peuvent regarder, toucher, mais pas violer. D'ailleurs, ils seraient bien en peine de commettre un tel exploit, puisqu'ils sont en principe de « vieux décrépits, plus tout à fait des hommes ».
Le vieil Eguchi qui, lui, n'est pas encore un « homme de tout repos » (à force de le répéter, on finit par le savoir…), se rend pour la première fois dans ce lieu étrange. Cette première nuit fait remonter à la surface des souvenirs enfouis de femmes, maîtresses, épouse, filles. Piqué par la curiosité, il y reviendra à plusieurs reprises, dormant chaque fois avec une fille différente.
Quelle raison pousse ces hommes âgés à s'allonger auprès d'une jeune fille inconsciente ? certitude de ne pas être ridicule ou moqué ? peur d'affronter la réalité de leur décrépitude avec une « vraie » femme, fantasme de vieillard libidineux, illusion d'être encore séduisant et viril, nostalgie d'un plaisir appartenant à un passé révolu, recherche d'un dernier réconfort avant la mort ? N'y a-t-il pas aussi un certain masochisme dans cet ersatz d'amour physique ?

Réflexion sur la vieillesse, la solitude et la mort, empreint de sensualité mais jamais vulgaire, ce récit trace le portrait d'un vieil homme centré sur lui-même, qui ne s'est jamais embarrassé de fidélité envers son épouse. Entre touchant et pathétique, ce livre renvoie une image de la femme qui ne m'est guère sympathique : celle d'un objet, d'un jouet dépourvu de conscience, qu'on présente comme consentante puisque prostituée, mais qui, droguée, n'aurait cependant aucun moyen de s'opposer aux attouchements qui la gêneraient.

Comme vous voyez, je n'ai sans doute rien compris à la poésie de ce chef-d'oeuvre de la littérature japonaise…

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Une bien curieuse histoire dans un très beau roman.

Eguchi, un homme de 67 ans découvre par l'intermédiaire d'un de ses amis une maison dans laquelle des hommes déjà vieux peuvent passer la nuit auprès de jeunes filles plongées dans un profond sommeil. Il reviendra plusieurs fois dans cet établissement où nuit après nuit lui reviendront les souvenirs des femmes qu'il a aimé, sa mère, ses filles, ses maîtresses …
Malgré la situation étrange dans laquelle il plonge ses personnages,

Kawabata parvient à garder une atmosphère poétique, pleine de pudeur et de tendresse. Son personnage qui s'interroge sur la vieillesse et sa propre mort sera confronté à ses souvenirs et directement à la mort, celle plus lointaine d'un autre vieillard, mais aussi celle plus troublante d'une des belles endormies.

On retrouve les thèmes favoris de l'auteur traités avec toute la délicatesse dont il est capable.

Lien : http://allectures.blogspot.f..
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Eguchi, 67 ans , se rend dans une maison de plaisirs un peu particulière. Il achète le droit de passer la nuit avec une jeune vierge , droguée et qui ne se réveillera pas. Il lui est tacitement interdit d'abuser d'elle.

Bien que succin , mon petit résumé reflète le contenu de ce court roman qui a suscité chez moi des réactions antagonistes.
Tout d'abord, esthétiquement, c'est de la belle ouvrage. L'écriture est fine, poétique , le corps de la femme est magnifié et l'osmose entre le talent de l'écrivain et ce que peut ressentir un homme sur le déclin pour une jeune beauté est magistrale
De même ,les réminiscences amoureuses ou familiales d'Eguchi sont fort à propos et nous plongent dans un Japon empli de pudeur et de retenu. Tout cela est très beau, très bien écrit. Mais voilà...
De quoi parle- t- on exactement, quel est le cadre qui sert de terrain de jeu à l'écrivain pour distiller son art , ô combien puissant ?
On parle de jeunes filles droguées qui permettent à de vieux pervers de coucher,au sens propre du terme , avec elles "à l'insu de leur plein gré ". La vie de ces filles ne vaut pas un gramme de Saké pendant que le vieux pervers se rappelle les bons souvenirs quand il trompait sa femme. Sorti en 1961 , ce roman n'a pas eu à subir les hydres du puritanisme latent qui l'aurait dézingué sur les réseaux sociaux.
Pourtant, je ne suis pas un perdreau de l'année et pas grand chose ne me choque . Mais , là, j'ai été dérangé de la première à la dernière page , le dégoût prenant parfois le pas sur la performance littéraire.
Après, l'évocation de la fin de vie, la décrépitude, la beauté des femmes , et de façon sous-jacente la question morale derrière de telles pratiques sont remarquablement traduites.
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« Il tendit l'oreille et il lui sembla que le vent d'hiver se traînait exténué à travers les montagnes qui dominaient la mer. »
Je me suis laissée bercer par la poésie de Yasunari Kawabata
J'ai rêvé avec « Les belles endormies » à la lisière de l'hiver
Des souvenirs de désirs, de femmes, me sont revenus
Au détour de la rondeur d'un sein ou de la finesse d'un doigt
J'ai revu, celles « qui, à mes caresses avaient répondu de toute leur sensibilité en s'oubliant elles-mêmes »
J'ai senti des odeurs douces et enivrantes pour ressentir à nouveau
Un pétale de camélia s'est posé sur des paupières, pas encore les miennes...
Une feuille d'érable racornie va bientôt tomber cet hiver
Encore un souffle et je revois ma mère, la première femme.
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Yanusari Kawabata a osé baser sa nouvelle sur un sujet scabreux.
Le jury du Nobel, avec la récompense, ont validé ce sujet scabreux en oeuvre littéraire.
Ce qui m'a interessé est le traitement que fait subir Yanusari Kawabata au vieux Egushi. Egushi sait que sa démarche est haïssable, qu'elle ne rime à rien car les prostitués sont endormies , mais il ne peut s'empêcher de revenir dans cette maison. Egushi se ment à lui même car il se dit plus homme que les autres clients , mais il ne fait rien à ses jeunes endormies et il suit l'organisation de la maison en prenant les deux somnifères.
Il me reste encore quelques réflexions à mener pour trouver la raison pour laquelle Egushi souhaite absorber le même somnifère que les filles .
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Ce court récit ne peut laisser indifférent.
Le personnage principal est Eguchi, un riche "vieillard" de soixante-sept ans, qui fréquente une maison close assez particulière. En effet, elle est spécialisée dans l'accueil de vieillards à qui l'on propose de passer la nuit aux côtés de jeunes filles plongées chimiquement dans un profond sommeil. Le client s'engageant à ne pas passer à l'acte. Nous suivons donc le vieil Eguchi cinq nuits durant. Les descriptions sensorielles et minutieuses du corps des jeunes filles alternent avec les rêves chargés de symboles, les souvenirs évanescents et les réflexions du vieillard. Le décès mystérieux d'une jeune endormie met fin au récit.
Le livre m'a émue et dérangée en même temps. Il m'a dérangée par son machisme et sa morbidité. Un vieillard encore bien viril tripote de très jeunes filles transformées en poupées . Et le désir qui le domine peu à peu est quand même assez effrayant ! Mais la mélancolie et la tristesse d'Eguchi m'ont beaucoup touchée. La mélancolie à l'évocation des femmes aimées, de l'innocence souillée de sa fille; la tristesse de tout avoir perdu, le dégoût de lui même, la tentation du sommeil éternel. Tout est fort et vous trouble longtemps.

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Le livre est très bien écrit, mais le sujet est très particulier, et le roman offre très peu d'actions, car tout se passe en huis clos dans une maison étrange, et aussi dans la mémoire du principal protagoniste Eguchi. L'auteur nous entraîne à la découverte d'une maison de plaisirs, créée pour des vieillards ou "clients de tout repos", qui viennent passer la nuit dans le lit d'une adolescente droguée, "Une belle endormie" sans attenter à leur virginité. La prostituée dormira simplement et profondément nue, à côté de son client, et lui, s'il n'arrive pas à trouver le sommeil aura recours à deux comprimés de somnifères... Eguchi va venir à plusieurs reprises dans ce lieu particulier, et rencontrera à chaque fois des filles différentes... Il songera alors à des femmes, partenaires et amantes, rencontrées tout au long de sa vie d'homme... Il pensera aussi à sa femme, à ses filles... au sens qu'il a donné à son existence et au court chemin qui lui reste à parcourir.
Ce n'est pas un coup de coeur, mais un roman singulier que j'ai apprécié. L'auteur a été récompensé du prix Nobel de littérature ne 1968.
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Eguchi est un vieil homme qui passe quelques nuits dans une demeure étrange. Il dort aux côtés de jeunes filles totalement nues et plongées dans un profond sommeil grâce à des substances narcotiques.
Intrigué, il se pose des questions, et des senteurs vont lui permettre de se remémorer le cours de sa vie amoureuse et parfois tumultueuse.

Ce livre aborde les thèmes de la vieillesse, la beauté, l'érotisme. Un roman qui laisse une étrange sensation après l'avoir lu, et ma curiosité va me pousser à emprunter d'autres livres de cet auteur pour découvrir un peu plus son style d'écriture.

Challenge Nobel 2013/2014
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"Les Belles Endormies" n'est pas une histoire de prostitution, comme j'ai pu si souvent l'entendre. Si Eguchi passe ses nuits dans une demeure bien étrange auprès de jeunes filles endormies, ce n'est pas pour profiter de leur corps. Il reste éveillé, à contempler une jeunesse perdue, à réfléchir sur ce que fut sa vie, ses échecs et ses derniers désirs.

La prose est, comme toujours chez Kawabata, fluide et évocatrice d'images poétiques. Nous finissons par nous fondre dans le personnage d'Eguchi et nous interroger sur ce rapport si complexe qui existe entre la mort et la beauté. L'auteur aime jouer avec ces frontières. Bien loin des images de débauche que l'on pourrait imaginer, le texte oscille entre les souvenirs d'Eguchi et une sensualité discrète et raffinée.

Et c'est bien là que l'on sent le génie d'un écrivain : même lorsque la lecture est achevée, le livre fermé, nous continuons encore à penser au texte et à cette vérité que l'auteur a voulu nous dire, à sa manière.
On ne peut ressortir indemne de cette lecture. Un chef-d'oeuvre.
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Kawabata est surtout connu en Europe pour son roman "Pays de neige", véritable chef-d'oeuvre de la sensibilité japonaise traditionnelle. Mais "Les Belles Endormies" semble marquer l'aboutissement des épreuves que l'écrivain s'était imposées, à travers sa quête esthétique. Selon certains critiques, avec ce court roman, l'auteur serait allé « délibérément jusqu'au fond de son propre enfer mental ».

"Les Belles Endormies" raconte l'histoire d'Eguchi, un sexagénaire, qui passe ses nuits dans une mystérieuse auberge, à contempler des adolescentes dévêtues, endormies sous l'effet de puissants narcotiques. Rien ne saurait les réveiller de leur sommeil artificiel. Ce sont les « belles endormies »... Eguchi admire les splendeurs offertes ; il peut toucher les jeunes filles, mais la loi de la maison est stricte, et lui interdit d'aller plus loin... le vieillard n'a d'ailleurs pas le temps d'aimer ces créatures, qu'il ne revoit plus après son réveil. Pour Eguchi, pénétrer dans cet étrange univers – où règne trouble et fascination – permet de faire surgir les fantômes du passé ; c'est l'occasion de se souvenir des femmes qu'il a aimées, et de se plonger dans de longues méditations sur la vieillesse et la mort.

La maladie d'Eguchi est la vieillesse. Il la refuse, car elle lui fait éprouver le sentiment de ne plus être digne de la beauté féminine. Eguchi va tenter de lutter contre son mal, en se remémorant sa jeunesse. Par un phénomène semblable à la madeleine de Proust, la présence des adolescentes endormies, permet de cristalliser le souvenir. de manière intermittente, les souvenirs envahissent la conscience du vieillard, qui se retrouve invariablement face à la triste vérité, face à une jeune fille nue endormie à ses côtés. Eguchi est alors animé de désirs contradictoires : celui de rompre le silence, celui de donner la mort, celui de revivifier sa passion pour l'amour...



"Les Belles Endormies" constitue l'évasion sensuelle d'un vieil homme, qui sent sa mort proche. le texte nous offre un espace miniature, riche d'images et de sensations. Chaque vision ouvre le héros à la conscience de lui-même et du monde. Nous retrouvons une fois de plus la grande constante de l'art japonais : l'homme déchiffre un ensemble de signes. Toute sensation, toute image, a sa signification, soit claire, soit suggérée. Roland Barthes parlait bien de l'Empire des signes

Sorte de quête spirituelle, "Les Belles Endormies" présente un univers quasi onirique, voilé et diaphane à la fois, où Kawabata a pu déployer tout son talent de la suggestion. Mais l'on ressent bien à la lecture, que l'essentiel est ce dont l'écrivain ne parle jamais. L'on est dans le domaine du secret, de l'indicible. Un halo de mystère enveloppe les êtres, les chairs dénudées, ainsi que le décor.
Une sorte de douceur vénéneuse infuse les âmes dans une mystérieuse immobilité.

L'on assiste à un discret et délicieux festival des sens, qui se prolonge indéfiniment dans l'âme du silence. Eguchi espère trouver auprès des « belles endormies » un cadre harmonieux et apaisant qui, au seuil de la mort, le mènerait à la sérénité totale, et peut-être au paradis perdu de l'enfance, ou à une sorte de rédemption. le corps de chaque adolescente devient une sorte de support à la méditation du vieil homme, comme si ce dernier voyait en filigrane, dans la chair féminine endormie, sa propre fragilité, sa propre mort, l'imminence de sa fin, mais aussi l'éphémère beauté du monde.

Les méditations d'Eguchi vont, par une étrange fatalité, être amenées à un point de rupture : le récit se termine de manière abrupte sur l'interruption du rêve, non par la mort logique du vieillard, mais par celle d'une des jeunes filles, suite à une surdose de narcotique.

Kawabata nous refait donc la démonstration qu'au Japon, la fugacité est l'essence même de la beauté ; il arrive à la cerner parfaitement dans cette oeuvre où vieillesse, amour, et érotisme sont en questionnement, fédérés dans une même méditation, et une même suspension du temps. La pureté et le dépouillement de la langue de l'écrivain, s'accordent merveilleusement à la sobriété du sujet traité ; ceci permet à Kawabata de réussir un texte très caractéristique de la sensibilité japonaise, dont l'énigme réside dans une esthétique située sur le fragile équilibre entre les sentiments et les sens.

Un magnifique roman, qui offre une excellente initiation à une culture fascinante.
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