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3,78

sur 1030 notes
En lisant vos belles critiques, je suis allée chercher loin dans ma mémoire les sensations qui avaient suivies la lecture de ce livre encore très présent dans mon souvenir.
Le premier mot qui me vient à l'esprit est le vieux terme de remembrance, qui signifie se remettre en mémoire, et trouve, dans ce livre, toute sa dimension.
Ce chant sur la vieillesse, avec ses répétitions comme des refrains, est une élégie dont la petite musique reviendra vous visiter un soir, au crépuscule.


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Dans une maison un peu particulière, le vieil Eguchi, 67 ans, découvre par le biais d'un ami, un service étrange : la possibilité de dormir avec une jeune femme, suffisamment droguées pour qu'elles ne puissent pas se réveiller.
Il viendra y passer 5 nuits au cours desquels Eguchi pourra réfléchir sur sa vie, les femmes qu'il a connu, sa mère, sa femme mais aussi d'autre amante. Cela sera aussi l'occasion de se questionner sur la vieillesse et la mort qui le guette.

Yasunari Kawabata offre une oeuvre très touchante partant d'une idée très dérangeant autour de ces "belles endormis" et de certains passages où l'on entrevoit les limites de l'humain, idée explicité d'Eguchi de profité d'une femme pour prouver qu'il n'est pas un vieillard. Mais l'auteur arrive à rester en dehors de tout cela et dépeint de manière singulière un questionnement sur la vie d'un homme mais aussi sur sa société et ses pressions.
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Ma première rencontre avec Yasunari Kawabata date de mon adolescence et le souvenir que j'ai de Tristesse et beauté pourrait se résumer en un mot : sinistre. J'ai quinze ans de plus et, en refermant Les belles endormies, le mot qui me vient à l'esprit serait : glauquissime.
Reprenons l'histoire. le vieil Eguchi, soixante-sept ans (nous sommes vraisemblablement dans la première moitié du XXème siècle et cela correspond donc à un âge avancé), découvre cette maison où l'a introduit un de ses amis. Les belles endormies diffère des maisons closes classiques : on n'y accueille que des "clients de tout repos", entendez par là présentant des troubles de l'érection, afin qu'ils passent la nuit dans une chambre tendue de velours cramoisi, aux côtés de (très) jeunes filles nues et soigneusement droguées et qui n'auront donc absolument aucune interaction avec leur client. Lesdits clients sont tour à tour désignés par les très flatteuses expressions "vieillard qui n'était plus un homme", "lamentables vieillards" tombés dans une "affreuse décrépitude" ou une "effroyable décrépitude", "décrépits" ou encore "vieillards incapables désormais de traiter une femme en femme". Voilà pour le décor. Or, Eguchi a une petite fierté : il n'est pas encore affecté par "la détresse, l'horreur ou la misère de la vieillesse". Alors que la gérante le pense semblable aux autres clients, il envisage de les venger tous en enfreignant les règles de la maison, lui qui n'est pas "de tout repos". Glauquissime, disais-je. Oui, mais...
Mais le style de Kawabata a un charme qui transcende le sujet du roman. A maintes reprises, je me suis laissée prendre par la poésie et la tendresse des descriptions. le personnage est touchant, à sa manière, tout comme les émotions que peuvent ressentir les hommes âgés qui fréquentent la maison. Ce n'est que lorsque l'on se force à faire un pas de côté, à se rappeler qu'on parle en fait de filles droguées pour dormir avec de vieux messieurs impuissants, que le dégoût nous rattrape. Il s'ensuit donc un vague sentiment de malaise tout au long de la lecture. Que l'on en garde un bon ou un mauvais souvenir, ce roman ne peut pas laisser insensible.

Challenge XXème siècle 2022
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Un court roman, bien qu'érotique mais il est étonnant, surprenant et touchant! Il révèle une pratique très alarmante, presqu'inhumaine dans une maison de prostitution où certaines activités sont réservées aux vieillards qui veulent assouvir leurs fantasmes mais de quelle manière... ... ... Oh pauvres filles ! C'est plutôt un sentiment de révolte qui m'amine en fermant ce roman. Comment imaginer un couple qui voudrait se donner du plaisir soit formé par un vieillard dont la carrière sexuelle est au point mort et une jeune adolescente dont la conscience et le raisonnement sont soumis à une totale 'ignorance par une puissante drogue.... Simplement Inadmissible!
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Quand je commence un livre, s'il y a un truc que je ne fais jamais, c'est bien lire des critiques dudit livre sur ce merveilleux-site-de-partage-et-d'information-totalement-bienveillant.

Mais là, par un hasard hasardeux, je suis tombée sur quelques critiques de ce bouquin.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater à quel point les avis divergeaient !

Les uns psalmodiant la poésie du texte, les autres le dézinguant bien comme il faut.

- Et pourquoi ? me demandes-tu.

Sous prétexte que Les Belles Endormies fait l'éloge de la pédophilie. Rien que ça.

Là, en toute légitimité, on peut se demander :

- Mais à quel moment un livre peut-il être considéré comme poétique quand d'autres le condamnent pour des faits absolument scandaleux ?

Bonne question, je me remercie de l'avoir posée.

Avant d'y répondre, petit rappel de l'histoire :

Ça se passe à Kyoto. Les vieillards appartenant à la haute bourgeoisie paient des sommes pharamineuses pour pouvoir contempler le sommeil de jeunes filles nues et droguées, pendant qu'ils agonisent d'amour dans le même lit.
Ah, bien sûr, ils se heurtent à des règles. Ils n'ont pas le droit de les éveiller, ou simplement de le tenter, et, évidemment, ils ne peuvent pas leur faire l'amour. Déjà parce qu'elles dorment, et qu'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un qui dort, ça s'appelle un viol et c'est pas tellement génial, et surtout parce que l'essence même du plaisir de ces vieux caducs vient de la contemplation d'une jeune beauté et de leurs phantasmes sur un passé révolu, peuplé d'amours d'antan et de regrets, et de plein d'autres trucs qui font qu'à la fin, quand tu meurs, on dit que tu as eu une vie « bien remplie ».

Le truc qui divise les lecteurs – tu ne me verras jamais écrire « lecteur.rice.s, t'es bien gentil, mais ton orthographe inclusive tu te la fous où j'pense –, le truc qui divise les lecteurs, dis-je, c'est justement ce principe de vieillards qui couchent avec des jeunes filles.

Moi, autant mettre les choses à plat, s'il y a bien un truc dont je m'en flagelle allègrement les amygdales, c'est bien la différence d'âge.

Arrête de sauter sur ta chaise. Je m'explique.

Quand je vois un vieux monsieur embrasser une jeune femme, ou une vieille dame embrasser un jeune homme, contrairement à certains qui s'insurgent et crient au détournement de mineur – ou de majeur, va comprendre... –, moi, je m'en fous.

Elle n'accepte ses caresses que parce qu'il a de l'argent ? Il est naïf parce qu'il la croit amoureuse ?

Hé ! Considérons qu'à partir d'un certain âge, les gens sont assez grandinets pour faire ce qu'ils veulent de leurs fesses. Si Bonhomme est heureux avec une femme vénale, c'est son problème. S'il est assez con pour croire qu'elle est moins dans ses bras pour sa thune que pour ses vieilles moustaches toutes blanches, c'est son problème aussi.

Je t'avouerai cependant que ce livre m'a mise mal à l'aise. D'où cette note pas folichonne.

Car oui. Même si je m'en fous des différences d'âge – libre à toi de trouver ton plaisir où tu le veux, tant que tu ne fais de mal à personne, merde – mais j'ai quand même des limites.

Avec des mineures, par exemple, c'est non.

- Elles sont consentantes, puisqu'elles acceptent d'être payées pour dormir avec des vieux, me dis-tu.

J'entends, j'entends. Mais ça me chiffonne quand même.

Autant, j'aime beaucoup lire les descriptions élogieuses sur la beauté d'une femme, ses cheveux, ses yeux, ses hanches, tu m'as compris tu m'as. Autant, lire des descriptions tout aussi élogieuses sur une beauté juvénile, en insistant bien sur le fait que l'essence de sa beauté se trouve dans ses petits seins à peine sortis de l'adolescence, eh bien, je sais pas, mais un truc me déplaît.

- C'est parce ta morale puritaine est heurtée dans ses principes, petite Galette. C'est marrant, toi qui, il y a encore trois jours, gueulait contre les vieux barbons qui avaient condamné Hardellet... Ah, tu changes bien vite...

Que nenni ! Absolument pas. Je ne suis ni puritaine, ni morale, d'abord. Alors, rien à heurter.

En fait, cette note pas géniale s'explique par le fait que, contrairement à d'autres lecteurs dont je tairai le nom, je ne note pas à la tête de l'auteur, et aussi parce que je n'ai tout simplement pas compris la morale de l'histoire.

Arrivée à la dernière ligne du livre, je me suis demandée s'il ne manquait pas des pages, tant je n'étais pas éclairée sur la conclusion.

Bah oui, que dire, finalement ?

La décrépitude, c'est un concept pas ouf ?
Les femmes, plus elles sont jeunes, mieux c'est ?
Faire l'amour, c'est surfait, le plus rigolo c'est regarder l'autre dormir ?

Je suis mitigée. Je ne sais que dire. D'où cette critique absolument pas construite et qui n'enrichit absolument pas le débat.

Je sais, je t'ai habitué à mieux.

- Bon, alors, est-ce que ça vaut le coup de lire Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata ?

Bonne question, Camarade. Bonne question. J'ai envie de te répondre oui, car, comme ça, avec un peu de chance, tu écriras une jolie critique qui pourra ainsi m'éclairer sur la visée morale de ce texte.

Allez, je dois y aller, je vais observer mon hamster pendant qu'il pionce.
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Quelque part, à portée d'oreille du ressac de la mer, se dresse une singulière demeure. Elle diffère d'une vulgaire maison de rendez-vous, en ce qu'elle n'accueille que des vieux hommes, de "tout repos". le vieil Eguchi, âgé de soixante-sept ans, qui se considère pourtant comme un homme jouissant encore de sa virilité, s'y rend sur les conseils d'un ami, habitué du lieu. Après le traditionnel cérémonial du thé, servi par la tenancière, il est introduit dans une pièce, où se trouve une très jeune femme, profondément endormie, sous l'effet, à l'évidence, d'un puissant narcotique. La gisante est livrée nue au regard de l'homme, celui-ci se love dans l'odeur sui generis, la touche quelque fois, sans trop pousser ses investigations, et quand la tentation le tenaille d'enfreindre les règles implicites, il constate avec perplexité qu'elle a su garder sa fleur, alors il prend les deux comprimés de somnifères mis à sa disposition et s'endort. Ses visites se reproduisent, il est mis en présence à chaque fois d'une nouvelle dormeuse. Ces curieuses "rencontres" éveillent chez l'homme des réminiscences sur des épisodes de sa vie.

Les belles endormies est un court roman particulièrement sensuel et résolument nippon dans son étrangeté. le commerce d'un homme âgé avec ses corps juvéniles sans défenses, offertes par une veille femme et vouées à tout ignorer du vieillard avec qui elles vont passer une nuit - bien que relativement chaste, a quelque chose de troublant. Eros et thanatos faisant le pas de deux.
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Eguchi est un vieux monsieur qui passe la nuit chez "les belles endormies". La propriétaire de ce lieu étrange ne veut que "des clients de tout repos". Eguchi n'est pas encore un client de tout repos, mais il n'enfreint pas les règles de la maison. Les petites adolescentes ne seront pas abusées pendant leur sommeil.
Pourtant, à leur côté, Eguchi a parfois des envies de sexe, de mort. Quelle perversion le pousse à dormir près de ces jeunes vierges, ces esclaves endormies ?
Il les observe, les respire, les frôle, les touche. Alors, surgissent des souvenirs plus ou moins lointains, plus ou moins agréables, mais toujours évocateurs des femmes qu'il a connues.

Roman troublant sur la vieillesse et sa sexualité
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Eguchi, 67 ans, se rend pour la première fois dans une maison étrange : là, il va pouvoir passer la nuit auprès d'une jeune fille profondément endormie, sous l'effet d'une drogue puissante.
Comme le précise la mère maquerelle, cette maison n'accueille que des hommes calmes, c'est à dire respectueux de la virginité des demoiselles.
Après une première nuit où il se sent un peu mal à l'aise, il y prend goût et recommence plusieurs fois l'expérience. A chaque fois, ces jeunes filles lui permettent de retourner dans le passé et c'est avec surprise qu'Eguchi se met à se souvenir de certains moments de sa vie, des femmes qu'il a connu.
C'est un roman très dérangeant et je suis restée quelque peu hermétique à la narration qui nous partage l'expérience du point de vue des cinq sens. Je n'en garde qu'une impression malaisante d'abus sur ces jeunes filles inconscientes.
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Ce récit magnifiquement écrit me met très mal à l'aise. Sous couvert d'une réflexion sur la vieillesse, ce récit est avant tout l'expression d'une curieuse vision de la femme : dormir auprès de jeunes filles nues, droguées, endormies, qui ignorent sa présence. Quelle forme de prostitution étrange ! Quel bizarre fantasme ! Et en même temps c'est vrai que Kawabata en fait un récit plein de tendresse, et qu'il a le mérite d'oser aborder dans ce récit bon nombre de tabous : sexualité, vieillesse, mort, et que traiter tous ces thèmes à la fois avec tant de délicatesse est un beau tour de force... le texte est étonnant, dérangeant, mystérieux. Chaque sensation minutieusement évoquée, décrite, analysée est propice à quelque souvenir ou à une méditation. le récit se clôt d'une manière inattendue, macabre pirouette.
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Qu'est-ce qui peut pousser des hommes riches et âgés à passer une nuit aux côtés de jeunes femmes nues et droguées ? Ils pourraient tout aussi bien se payer de très belles geishas et ils le firent sûrement. Mais le regard de l'autre est un miroir dans lequel, un fugace instant, et malgré tout l'art de la dissimulation, on prend le risque de percevoir le dégout et la peur.
Femmes objets, corps tièdes et alanguis, mais surtout sans âmes apparentes, sans jugement.
Démarche abjecte que le vice persistant et la détresse morale ne parviennent même pas à justifier.
Bouquets d'odeurs et de chairs tendres jetés à la lubricité et dans lesquels un vieil homme va tenter de retrouver toutes celles qu'il a connues, confrontation à bras le corps avec sa mort prochaine qui rode autour de ces corps inconscients. Illusions de possession et de retour à la jeunesse, stupides et cruelles confrontations en vérité.
Eros et thanatos.
Thanatos, ce dieu grec de la mort, né de la nuit et frère d'hypnos et de Moros -Sommeil et fatalité.
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