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sur 1029 notes
Des vieillards sont placés dans la sphère d'influence au sein de laquelle les charmes du corps de la femme règnent sans partage. Étendus au contact de la nudité de jeunes filles vierges, endormies sous l'effet d'une drogue, ils peuvent jouir à souhait du fantasme absolu de tout homme : disposer du corps d'une jeune femme, offerte, privée de toute résistance.

Il s'agit de donner à des mâles déchus, à la veille de leur trépas, l'occasion de faire pénitence pour avoir tenu sous le joug celles qui ont été les partenaires de leur vie, pour les avoir asservies à leurs instincts primaires. Car à cette offrande sublime de la féminité se confronte désormais la disgrâce de leur force d'homme.

Tous les sens sont mis en éveil dans ces pages. La beauté provocante de jeunes corps nubiles, l'éclat et la douceur de la peau sous la caresse, le goût des lèvres pulpeuses, l'odeur de lait d'un corps juvénile, y compris le murmure de la respiration de la beauté endormie. Tous les sens pour susciter "l'insondable profondeur du désir", pour attiser une joie qui demeurera cependant sans aboutissement du fait de l'effroyable décrépitude de la vieillesse. Virginité offerte, tentation divine pour une impotence démoniaque, pour que le regret de ne pouvoir jouir devienne remords d'y avoir trop succombé.

L'invitation à la vie devient alors aspiration à mourir; avec pour unique réconfort la beauté divine du visage de la belle endormie. Visage de Bouddha. Quand eux, ces mâles, autrefois triomphants, que rien ne peut plus désormais guérir de leur triste apathie, ils prennent conscience d'avoir été leur vie durant précipité dans le monde des démons par le corps de la femme, d'avoir exercé sur lui la tyrannie de l'assouvissement.

Court roman, chaste, ô combien suggestif, troublant, culpabilisant, une forme d'expiation proposée à ceux qui ont imposé leur domination à la beauté. Supplice psychologique du repentir, avant que de passer.
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C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai parcouru ce livre, que j'ai eu la chance de découvrir dans une édition spéciale. Publiée par Albin Michel, elle consiste en un livre-coffret à la belle couverture noire et rouge, où chaque page est accompagnée d'une photo sépia d'une jeune femme japonaise endormie à chaque fois dans des postures différentes. le texte lui-même est parfois parsemé de détails relatifs au texte: pétales de fleurs, trace de rouge à lèvres, ou enfin de magnifiques peintures sur des étoffes épaisses.
Pour moi, cette lecture a donc été empreinte de sensualité et d'une certaine douceur.
Avec les Belles endormies, on pénètre dans un lieu clos et obscur, celui du sommeil. Eguchi, 67 ans, découvre par l'intermédiaire d'un autre "vieux" cette maison qui accueille des hommes âgés venus passer une nuit auprès de jeunes femmes artificiellement endormies. Il est officiellement interdit de leur faire quoi que ce soit, à part les contempler dans leur sommeil et s'endormir auprès d'elles. Commence ainsi une série de quatre nuits qu'Eguchi passe auprès de femmes à chaque fois différente dont il parcourt le corps, peu à peu pris dans le désir de les réveiller, voire de leur faire du mal pour les sortir de leur léthargie. Ces nuits sont aussi le vivier de réminiscences, les odeurs corporelles, les mouvements involontaires des endormies et leurs courbes éveillant des souvenirs d'autres femmes qu'Eguchi a connu au cours de sa vie. Au contraire de la maîtresse des lieux, jamais Eguchi ne considère ces femmes comme des objets, et désire au contraire les connaître, observe leurs réactions, les touche délicatement.
Je m'attendais à un roman ardu, ennuyant ou froid, et ça a été tout le contraire pour moi, mais je pense que les illustrations de Frédéric Clément ont contribué à mon approche réussie de cette oeuvre en embaumant son atmosphère de sa touche artistique.
Je n'avais pas encore lu Kawabata jusqu'ici et je suis intriguée par le reste de son oeuvre, à continuer donc.
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Eguchi a 67 ans et se condidère comme un vieillard au crépuscule de sa vie. Il découvre grâce à un ami un nouveau genre de maison dans laquelle on permet aux hommes âgés de dormir et uniquement dormir avec de belles jeunes filles. Lors de ses visites, Eguchi repense aux femmes de sa vie, à la mort, voire même réfléchit à ces jeunes filles et leur statut...

Kawabata, prix Nobel de littérature, ok. Ecriture minimaliste mais hyper descriptive et charmante, ok. Mais derrière ce roman archi connu se cache le récit d'un homme obsédé par sa virilité, qui a connu beaucoup de femmes dans sa vie autres que la sienne, réfléchit à violer ces jeunes filles qui ne se doutent de rien puisqu'elles ont été droguées, quand il ne pense pas à les tuer pour voir si elles se réveilleraient ou non, plus ou moins satisfait d'avoir engrossé des femmes hors mariage, considère la femme comme l'objet de l'homme, le tout dans une maison qui, même avec des règles soit-disant strictes, utilise les jeunes filles comme objets de réconfort, lesquelles, sous prétexte de descriptions du corps, dorment totalement nues et se font toucher, tâter, caresser, embrasser par ces vieux hommes dans la plus pure ignorance du sommeil.
Y a que moi que ça dérange ??
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Les Belles endormies (眠れる美女 - Nemureru Bijo) de Kawabata Yasunari est un roman qui paraît au Japon en 1961.
L'argument de cet ouvrage est quelque peu étrange : dans une maison en bordure de mer, des hommes âgés sont accueillis le temps d'une nuit pour partager chacun le sommeil d'une belle endormie, une jeune femme parée et nue, qui dort à leur côté sous l'emprise d'un puissant narcotique. Eguchi est l'un de ces visiteurs nocturnes qui vient admirer le sommeil d'une jeune fille.

Les Belles endormies est un roman qui s'éprouve plus qu'il ne se lit. Dans les quelques nuits que vient passer Eguchi auprès d'une jeune femme endormie, Kawabata Yasunari, dans une remarquable et saisissante écriture, rend très sensible la part indicible des sentiments, les nuances de l'âme d'un homme qui éprouve tout le désarroi et l'humiliation de vivre la vieillesse, d'être devenu "un vieillard qui avait cessé d'être un homme". Impressions fugaces et souvenirs nombreux traversent l'esprit d'Eguchi, points d'arrimage d'une conscience au temps passé et à un présent, plus douloureux. Face à lui, comme un reflet d'un temps tout en devenir, un peu plus inaccessible, toute la beauté, la pureté, la jeunesse et l'innocence d'une belle endormie.

Les belles endormies me font penser à un autre roman de Kawabata Yasunari: Tristesse et beauté. Ce titre semble résumer à lui seul toute la contemplation, la vénération d'Eguchi pour le corps de la jeune femme allongée à ses côtés. Entre érotisme, beauté et gravité, Kawabata décrit avec retenue et sensualité la texture, l'odeur de la peau, la rondeur d'une oreille, la douceur d'une épaule, le reflet de la nuque, les mouvements du corps dans le sommeil, le rythme lent de la respiration... Ce roman instille le trouble, joue sur l'ambiguïté, mais se révèle peu à peu comme un hymne à la beauté féminine, d'une magnifique esthétique, à l'atmosphère irrésistiblement envoûtante.

Les Belles endormies a suscité et suscite encore l'incompréhension et la controverse. Il est dommage que beaucoup de lecteurs aient vu dans ce roman l'expression d'une perversité, d'une déviance (pédophilie) chez Kawabata lui-même. Notre époque est malheureusement prompte à juger, à faire la leçon à celles qui l'ont précédée (aux hommes et aux femmes qui les ont vécues), à la seule aune de ses critères moraux et esthétiques. La lecture des Belles endormies oblige le lecteur à ne pas négliger dans ce roman le contenu et l'apport de la culture japonaise (religieuse, philosophique, morale, esthétique), à la comprendre sans la mettre à l'épreuve de ses préjugés, de ses opinions personnelles.

Ce très beau roman de Kawabata Yasunari, touche à des thèmes sensibles comme la vieillesse, le temps qui passe, la mort, la beauté, à tout ce qu'il nous reste de désirs et d'espoir à vivre dans ce monde. Un livre essentiel de Kawabata, un incontournable de la littérature japonaise.
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Un coût roman japonais, sulfureux et poétique et qui aborde beaucoup de thèmes, entre la vieillesse, le désir, la mort et la difficulté de comprendre la jeunesse.
Un homme vient s'allonger auprès d'adolescentes endormies et repense à son passé et aux désirs qu'il ne peut plus assouvir. C'est l'occasion de se rappeler sa vie et de faire un bilan. L'histoire a l'air facile et à la limite de l'acceptable mais l'ensemble est tout à fait sérieux, sans aucune vulgarité et avec une écriture poétique et sensuelle propre aux écrivains japonais.
Certes, il ne se passe pas grand chose et on peut vite se lasser mais c'est un beau roman qui perce le mystère de l'âge.
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Nuit après nuit, des vieillards impuissants se rendent à la maison des "belles endormies". Cet endroit d'un genre spécial permet à ces hommes de retrouver une illusion de jeunesse et de paradis perdu en leur donnant l'occasion de passer la nuit auprès de très jeunes femmes, droguées par de puissants narcotiques et "programmées" pour ne pas se réveiller avant le petit matin.

Plaisir pervers, sentiment de toute puissance, voyeurisme, chacun y trouve son compte. Mais, pour le vieil Eguchi qui, malgré ses 67 ans, peut encore dresser son membre, la tentation est toute autre... Passé le sentiment de honte et de pudeur de la première nuit, le vieillard s'enhardit et s'interroge sur le désir puissant qui le pousse à revenir, de plus en plus rapidement, dans cette chambre aux tentures rouges...

Finalement, ces nuits passées aux côtés de ces jeunes vierges, différentes à chaque fois, sont l'occasion pour lui de se plonger dans de longues méditations sur la beauté, le désir, la vieillesse et la mort. Chaque rencontre déclenche chez lui des réminiscences liées à ses relations passées aux femmes, que ce soient des conquêtes ou ses propres filles.

La lecture des "Belles endormies" me laisse un profond sentiment de malaise. Je suis partagée entre le plaisir que j'ai eu à découvrir la plume riche, élégante et très poétique de Kawabata et le sujet même du roman. L'écrivain japonais, prix Nobel de littérature en 1968, enchante et séduit par l'esthétisme de sa plume et de son univers, propices à l'érotisme et à l'onirisme. le fait que l'action se déroule toujours de nuit contribue à créer cette atmosphère particulière, empreinte de mystère et de magie. Ces belles endormies, aux allures de Shéhérazade inconscientes, sont prétexte à louer la magnificence du corps féminin, en opposition à la décrépitude de l'homme vieillissant. Les sens (odorat, vue, toucher) quant à eux, sont exacerbés et provoquent inévitablement chez le protagoniste de longues réminiscences.

Ce qui m'a gênée en revanche et réellement mis mal à l'aise, c'est le moyen mis en place par Kawabata pour atteindre cet état méditatif et cette conscience douloureuse de la mort prochaine et du temps qui passe. le fait de mettre à la merci de vieillards lubriques de jeunes vierges droguées et inconscientes des attouchements qu'elles subissent me paraît tout sauf érotique (peut être parce que je suis moi-même une femme...). Au contraire, je trouve terriblement pathétiques, glauques et dérangeants ces vieux vicelards impuissants qui vampirisent une jeunesse qu'ils n'ont plus en profitant du sommeil forcé de leur victime ( on ignore par ailleurs si elles sont réellement consentantes puisque rien n'est dit de leur histoire ni de comment elles en sont arrivées là...).

Alors, même si j'ai pu apprécier toute la réflexion de Kawabata autour de la pureté, la vie, le désir et la beauté en opposition à l'impureté, la violence, la mort et la décrépitude, je n'ai pas réussi à mettre assez de distance avec l'aspect immoral du texte et son ambiance malsaine, à la limite du viol, d'où une note en demi-teinte...

Challenge des 7 familles
Challenge Jeu de l'oie
Challenge ABC
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Kawabata a du style, c'est indéniable. Ses longues phrases souples et travaillées m'entraînent sur les pas du vieil Eguchi, dans l'antre des Belles Endormies. Et je me surprends à le suivre volontiers dans cette masure exposée aux vents et au bruit des vagues, dans cette délicate aventure entre sensualité et souvenir de jeunesse. Tour à tour, il rencontre six jeunes filles dans la chambre aux rideaux cramoisis, toutes particulières et chacune différente dans son sommeil. Je ne peux vous en dire beaucoup plus au risque de briser cette étrangeté propre au récit – et peut-être à son auteur…
Les Belles Endormies est le premier roman que je lis de Yasunari Kawabata et je suis maintenant très curieuse de découvrir les autres.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Soleil levant, Soleil couchant, les Belles Endormies et le vieillard décrépit, couchant ensemble.

L'impuissance en puissance du vieillard, méditant sur sa jeunesse passée et sur les femmes de sa vie, en compagnie des femmes du sommeil, préfiguratrice de la mort.

Petite mort, jouissance, bonheur indicible du vieillard.

Sensualité exacerbée, sensibilité, sens de la vue troublé par la presbytie, souvenirs lointains du passés, sens de l'odorat, odeurs fortes, tenaces, douces, veloutées comme du lait, douces comme le velours de la peau.

L'honneur des vierges qu'on ne peut qu'effleurer de la main, la pudeur ou l'impudeur de ces gestes, l'honneur du vieillard qui respecte ses engagements, ses devoirs, vis à vis des femmes, vis à vis des codes qui régissent la société japonaise ou qui succombe.

Sphère intime, secrets rigoureusement gardés, au sein de la maison close. Ancienne geisha du toko-no-ma accueillant l'invité, présidant la cérémonie du thé, s'effaçant devant la chambre tapissée de velours rouge, pour laisser la place aux Belles Endormies, poupées droguées, plongées dans un sommeil de mort, poupées articulées, dociles, qui se laissent manipuler, qu'on respecte ou qu'on profane dans la chambre, au coeur de la nuit, comme on profanerait une tombe.

Des fleurs blanches, rouges, des feuilles qui s'apprêtent à tomber, dès l'aube, à l'automne d'une vie, jusqu'à ce que la neige tombe, un soir d'hiver, qu'elle disparaisse et qu'elle se transforme en pluie.
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Je n'ai pas envie d'écrire une critique trop longue. J'ai juste aimé ce livre plus complexe qu'il n'y paraît.
Des vieillards dorment à côté de belles vierges adolescentes. le narrateur a 67 ans et se rend dans cette maison de rendez-vous. Il ne peut que dormir auprès de jeunes filles mais si un certain érotisme est présent il n'y a aucune pornographie. Comment vivre pour un homme sa dégradation sexuelle et juste aimer le contact avec un beau corps sans faire l'amour. Ce livre est plus complexe qu'il n'en a l'air mais je l'ai beaucoup aimé
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Une étrange expérience de lecture que ce roman dans lequel une maison, située au bord de la mer, propose à des vieillards de venir dormir dans le même lit que des jeunes filles nues, endormies par de puissants narcotiques.
Eguchi, sur les conseils d'un ami, se rend dans cette maison, d'abord réticent puis attiré inexorablement par ces jeunes filles avec lesquelles il n'est pas question de sexe, d'ailleurs le règlement intérieur de cette maison l'interdit formellement. A chacune de ces visites il sera confronté à des jeunes filles différentes qui par la position d'un bras, une odeur, la forme d'un sein ou la chaleur d'un corps lui rappelleront les souvenirs enfouis des femmes qui ont marqué sa vie.
Le sujet aurait pu être scabreux, mais ici il s'agit de petits tableaux oniriques dans laquelle la poésie de l'éphémère plonge Eguchi dans des méditations sur la vieillesse et la mort.
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