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sur 1029 notes
Marre de la bouillotte ? Prenez donc un chat pour dormir près de vous.
Le chat refuse de rester sur votre lit ? Mettez-y une pucelle droguée.
Parce que les jeunes filles du titre, elles ne sont pas endormies, non : elles sont assommées par un puissant somnifère.
Est-ce pour se livrer à des actes scabreux qu'Eguchi le narrateur paie pour ces jeunes filles ?
Non non : il est averti dès l'incipit par la maquerelle. "N'essayez pas de mettre les doigts dans la bouche de la petite qui dort ! Ça ne serait pas convenable !"
Alors pourquoi, mais pourquoi ?
Pour être au lit avec une femme sans éprouver de honte à ne plus... hisser le pavillon. Voilà pourquoi cette maison existe, réservée aux "clients de tout repos".
Alors Eguchi les tripote tout de même, les demoiselles en question. Il décrit minutieusement leur odeur, le grain de leur peau, la forme de leurs dents.
Et chacune de ses observations l'amène à se souvenir de sa vie passée, des femmes rencontrées, d'une balade avec sa fille (on comprend qu'il a des trucs pas clairs à régler, ce père de trois filles), et de l'agonie de sa mère.
Bref, les nuits d'Eguchi sont davantage méditatives qu'érotiques.
Il y a sans doute un fantasme japonais avec les femmes endormies, évoqué aussi dans La confession impudique de Tanizaki (et on pense également aux "love dolls"): face à une énorme pression sociale, culturelle, à "être un homme", une femme inconsciente est, davantage qu'une proie, un objet. Et surtout : un objet qui ne vous juge pas.
C'est extrêmement triste, et en tout cas révélateur des injonctions que subissent les hommes. Voici un homme vieillissant, solitaire, qui a derrière lui une vie bien remplie mais qui voit devant lui la nuit qui approche.
C'est triste, c'est mélancolique, et c'est très bien écrit.
Toutefois, j'avoue que, comme chez Hemingway, la belle écriture ne compense pas le peu d'intérêt que je porte aux thèmes abordés. Moi qui approche l'âge d'Eguchi, m'imaginer payant pour avoir un "bel endormi" de 16 ans dans mon lit m'a même fait exploser de rire.
Traduit par R. Sieffert.
Challenge Nobel
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Eguchi est un homme âgé de 67 ans, qui a bien conscience que la majeure partie de sa vie est derrière lui et qu'il est aujourd'hui un homme fané.
Pour oublier provisoirement cette condition et l'inéluctable qui en découlera, Eguchi se rend dans une maison close un peu particulière : en effet, dans cet établissement, fréquenté principalement par des hommes âgés, les clients paient pour se coucher près de très jeunes filles qui ont été (vraisemblablement) droguées afin de rester endormies et ne pas perturber les "voyeurs" dans leur admiration de la beauté et la fraîcheur qui leur fait désormais défaut.

Dans cette oeuvre si connue Yasunari Kawabata décrit la frontière troublante qui existe entre le sommeil et la mort pour le corps humain. Dans le récit les personnages explorent d'ailleurs plusieurs de ces frontières qui définissent la condition humaine avec lesquelles ils flirtent allègrement et dangereusement : entre la vie et la mort, la jeunesse et la vieillesse, la contemplation et le voyeurisme, la conscience et l'inconscience, ce qui est visible et ce qui est caché, la moralité et l'immoralité. En cela, ce roman est parfois très perturbant, surtout pour un lecteur occidental. On voit souvent les spécialistes universitaires (et "Conaîîssêêêurhhs" pompeux) en tout genre qualifier ce roman de "méditation" et le terme me semble particulièrement approprié tant il se passe peu de choses car l'essentiel de l'oeuvre se situe dans l'esthétique et la contemplation qui ramènent Eguchi à ses souvenirs. En cela c'est une oeuvre classique japonaise très représentative.

Je me souviens que la première fois que je l'ai lu quand j'étais au lycée (il y a donc assez longtemps), j'avais été fascinée par ce récit et aujourd'hui... Si je ne dirai pas que j'ai détesté, je ne peux que constater que mes goûts littéraires se sont beaucoup affinés et en cela, je ne me suis plus aussi sensible au récit de Kawabata.
Certes, je comprends pourquoi il y a des aficionados du genre car ce que fait l'écrivain il le fait très bien, le tout sur un ton entre le conte et la poésie. Pour toutes ces raisons, on ne peut contester que d'un point de vue littéraire , le prix Nobel décerné est bel et bien mérité et parfaitement justifiable. Ce n'est juste pas (ou plus) en adéquation avec mes goûts.
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Vous allez être étonnés, si je vous dis que je mets cinq étoiles et que je ressors de cette lecture chamboulée et que j'ai du mal à " digérer "ce court roman.
La forme est très bonne ,mais le fond,et là est le hic!
Très surprise par cette histoire,pour moi un ovni ,inclassable,très déroutée par la plume de l'auteur.
Je m'explique:
Habituellement ,le concept de mort( cf: La mort avec précision de Kotaro Isaka) et celui de la vieillesse,ce qui est le cas ,ici,sont traités de telle façon par les romanciers japonais que la mort et la vieillesse peuvent nous sembler belles ,tout comme dans l'univers d'Haruki Murakami,c'est cette philosophie de vie ,cet onirisme ,cet imaginaire qui font que j'apprécie la littérature japonaise.
Alors la ,avec yasunari Kawabata,c'est d'une morbidité,c'en est presque macabre.
Je vous résume l'histoire:
Eguchi,homme de 67 ans ,encore "vert" ,par certains côtés, important pour la suite de l'histoire, a entendu parler par un de ses amis,d'une demeure où les hommes d'un certain âge, peuvent passer la nuit ,nus, aux côtés d'une jeune vierge ,nue, elle aussi ,mais à une seule et unique condition: Ne jamais déflorer cette jeune fille.
Ces jeunes filles ,en effet sont endormies ,je dirais plutôt droguées,car quoique vous fassiez ,elles sont profondément endormies.
Moyennant finance ,Eguchi ,par curiosité au début, va se rendre dans cette étrange demeure.
La matrone qui accueuillent ces " vieillards" et ne craint rien d'eux, physiquement,incapables d'honorer une femme,est d'une froideur abyssale.Eguchi s'en tiendra au règlement.
Il se rendra 4 fois à cette adresse.Déçu ,au début , car ce ne sera jamais la même jeune fille qui lui sera présentée. Il sera gêné aussi ,de ne pouvoir converser avec elles ,il essaiera à maintes reprises de les réveiller sans succès,
Et c'est par le toucher et l'odorat que lui reviendront comme des flashs ,des souvenirs de ses conquêtes féminines,des pages de sa vie ressurgiront sans qu'il ne s'y attende.
Eguchi craint avant tout la sénélité, la décrépitude des années à venir,et c'est comme si ,il prenait un bain de jouvence ,au contact de ces jeunes filles.
Ne vous y trompez pas ,il n'y a rien d'érotique dans ce roman ,c'est l'introspection, d'un vieil homme face au temps qui passe ,la réflexion aussi ,dû à la confrontation d 'un corps jeune d'une réelle beauté et de son corps .
Mais ,j'ai été choquée par le côté très morbide et la froideur de cette histoire,alors que dire lorsque deux événements tragiques vont venir se greffer à la fin?
C'est étrange,déstabilisant,un côté un peu malsain ,étonnant de la part d'un écrivain Japonais.
Je recommande ce roman afin de vous faire votre propre opinion,soit vous le lirez sous un aspect positif ou soit comme moi ,sous un aspect négatif ,c'est un roman que je n' oublierai pas!.
Je viens en regardant ma P.A.L.,de m'apercevoir que je possède un autre livre de cet ecrivain: Pays de neige ,pour le moment ,je le mets de côté a moins qu'il'soit ne totalement différent de celui-ci!
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Etrange, troublant, irais-je jusqu'à dire malsain... allez j'ose! : Une maison où des vieillards vont regarder dormir (voir plus selon la maitrise relative de certains ) des jeunes filles qui ont été droguées dans ce seul but.
Certes, c'est aussi un éloge de la contemplation, de la beauté des corps, de la jeunesse. Mais, il y a des pulsions de violence devant ses corps profondément endormis, à la merci des regards de ces hommes vieux. C'est pathétique et ça nous questionne sur le corps vieillissant, la décrépitude. Prix nobel en 1968... J'ai lu de très belles critiques Pour ma part, je ne sais pas trop quoi en penser...
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Je referme ce court roman avec un sentiment d'irréalité qui perdure et je me dis que décidément la littérature japonaise aime bousculer le lecteur par les thèmes choisis et surtout par la manière de les traiter. Dans ce roman, Kawabata nous parle de la vieillesse, de la solitude, du désir, des regrets et de la mort mais il aborde ces sujets d'une manière très particulière.
Eguchi, âgé de 67 ans, découvre la maison des “belles endormies” dans laquelle il peut passer la nuit avec un jeune fille vierge endormie d'un sommeil artificiel. Les clients sont tous de “tout repos” mais Eguchi se voit encore dans la force de l'âge et donc différent des autres clients. Cependant, à côté de ces jeunes filles, leurs odeurs, leur peau, leur visage vont faire resurgir chez le vieil homme des souvenirs enfouis d'autres femmes qu'il a connu.
Réticent, tout d'abord, Eguchi ne peut s'empêcher de revenir dans cette mystérieuse demeure.

Je salue l'écriture très poétique de Kawabata pour traiter du thème de la fin de vie, du rapport au corps et à la sexualité. Il réussit à mettre en éveil nos cinq sens par ses descriptions à la fois réalistes, subtiles et érotiques mais jamais vulgaires du corps des jeunes femmes et des sensations ressenties par Eguchi. Il en ressort un texte d'une grande beauté et d'une grande délicatesse.

Ecrit dans les années 60, ce texte n'expose que le point de vue de l'homme qui vieillit face aux corps de jeunes femmes. J'imagine très bien qu'aujourd'hui on pourrait écrire le pendant de ce roman avec une femme âgée allant dans une maison du même type pour dormir aux côtés de jeunes hommes.

Il s'agit du premier roman de Kawabata que je lis et je sais déjà que ce ne sera pas le dernier car il m'a donné envie de me plonger dans la bibliographie de cet écrivain hors du commun.
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La maison "Les Belles Endormies" propose à de vieux messieurs nantis des services un peu particuliers: elle met à leur disposition de jeunes filles nues et endormies par de puissants somnifères, afin qu'ils puissent dormir à leurs côtés.
Eguchi, 67 ans et se sentant toujours assez gaillard, s'y rend par curiosité libertine, sur le conseil d'un ami. S'ensuivront plusieurs visites, où les sensations éprouvées se mêlent aux réminiscences. Les souvenirs affluent, souvenirs des femmes qui ont marqué sa vie.

Peu de dialogues dans ce roman mais de nombreuses descriptions et réflexions. Ces expériences auprès de très jeunes filles le renvoient à sa situation d'homme âgé. Même s'il ne se sent pas aussi décrépit que les autres clients, il a conscience que le temps passe inexorablement et qu'il s'avance peu à peu vers la vieillesse et ses déchéances, pour finir par mourir. Dormir avec de telles jeunesses insufflent un vent juvénile dans les vieilles veines, ou procure une sorte de rédemption, comme la quête d'un retour à l'innocence avant la mort.

On retrouve dans ce récit les thèmes récurrents chez Kawabata: la quête et la contemplation de la beauté, la solitude, la vieillesse, la mort.
Le style de l'auteur est très poétique. La nature y est beaucoup présente et a une valeur symbolique forte.
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Ce roman se découvre d'un seul mouvement comme une longue nouvelle au style très fluide et nous emporte dans un univers troublant et dérangeant aux allures de conte fantastique avec un final inquiétant et énigmatique.

L'argument de départ pourrait paraître scabreux mais il est surtout prétexte à l'exploration des différents états d'esprit qui animent Eguchi face au mystère des ces «belles endormies » qui seront tour à tour investies comme des êtres charnels désirables et source de frustration, des corps à profaner ou à détruire pour peu qu'on s'approprie le pouvoir de transgresser les interdits de cette sorte de maison close, des figures de projection, au sens psychanalytique, favorisant des réminiscences de toutes les femmes qui ont compté pour lui (sa femme, ses maîtresses, ses filles et bien évidemment sa propre mère), des entités pouvant évoquer des divinités et comparées à des Bouddhas, puis des spectres potentiellement maléfiques à partir du moment où il envisage la possibilité qu'elles puissent se réveiller durant son sommeil.

Les rapports de force s'inversent et se déplacent psychologiquement dans ce qui ressemble à une sorte de régression fantasmagorique dont la fonction pourrait être de préparer Eguchi mentalement à l'éventualité de sa propre mort. Ces belles endormies sont effectivement des miroirs inversés qui lui font prendre conscience de son vieillissement et de sa jeunesse à jamais perdue. Il tente d'apprivoiser la peur de cette déchéance attendue puis de la dépasser après avoir exploré tous les possibles, de la révolte à la résignation. Et cette acceptation passe par une sorte de séance d'auto-analyse qui fait surgir des figures poétiques ou monstrueuses, des joies ou des frustrations, de la colère ou de la violence, et finalement une sorte d'apaisement dans le retour à une figure maternelle protectrice. Il est alors prêt à accepter tout ce qui pourrait survenir de potentiellement menaçant et les dernières lignes nous laissent devant une énigme d'allure policière dont on ne connaîtra pas le dénouement. En tout cas Eguchi semble prêt à accepter ce qui se passera.

Un texte mystérieux et envoûtant aux multiples interprétations.
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Dans une mystérieuse demeure, des vieillards viennent passer une nuit aux côtés d'adolescentes endormies sous l'effet de puissants narcotiques. le vieil Eguchi atteindra-il , au seuil de la mort, à la douceur de l'enfance et au pardon de ces fautes
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Comme l'indique le titre, elles sont belles et endormies. Ce ne sont ni Blanche-Neige, ni La Belle au Bois dormant, ni la jolie Fiona de Shrek, et aucun prince ne vient les réveiller. Il s'agit de très jeunes prostituées (vierges ?), droguées pour un long sommeil de plomb, et destinées à être "consommées" de manière très particulière. Des vieillards viennent s'allonger à leurs côtés, pour les regarder dormir, éventuellement les caresser (chastement ?), les embrasser, s'imprégner de leur odeur - comme bain de jouvence ou parce qu'ils sont devenus impuissants (en 1960, pas de Viagra). Pas d'acte sexuel sur ces jeunes filles, en principe, mais des fantasmes à volonté, oui. le lecteur assiste à chacune des visites d'Eguchi (soixante-sept ans), et prend connaissance des pensées et souvenirs qui le traversent lorsqu'il contemple ces corps juvéniles.

L'histoire m'a rappelé 'La clef', de Jun'ichirō Tanizaki, petit roman troublant dans lequel une femme artificiellement endormie stimule la libido des hommes. Thème dérangeant puisqu'il évoque la nécrophilie. Autres points gênants : les fantasmes de meurtre, la pédophilie - et un zeste d'inceste en pensée ?

La plume est minutieuse, le récit lent et répétitif, les allusions aux fleurs sont fréquentes - caractéristiques que j'ai souvent rencontrées dans la littérature japonaise et qui ont une fâcheuse tendance à m'ennuyer, a fortiori si l'intrigue ne me captive pas.
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Il est des écrivains qu'on oublie pas , ceux qui nous troublent à la première lecture par la splendeur et la puissance des mots , par la sensualité et la poésie qui laissent un sillage à tout jamais , par la délicatesse et la fragilité qui envahissent les esprits ; Yasunari Kawabata est de cette trempe.
Bien plus qu'un écrivain , il est un illusionniste que sa magie met en lumière , la clarté de la pureté des sens qu'il met en éveil auprès des jeunes endormies est un hymne à la beauté. Les réminiscences des femmes qui ont marqué la vie d'un homme qui n'en n'est plus un sont un flot de volupté et d'érotisme. de l'amour des femmes c'est l'ivresse des sensations qui inonde ces pages entreprenant le parcours autrefois viril d'un vieil homme qui revient s'abreuver à la source du désir.
Une grâce qui rayonne dans cet exil du vieillissement.
Une ode à la féminité.
Magistral.
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