King, ici, nous parle d'histoires. Comment elles nous construisent et construisent aussi notre perception de la réalité, de ce qui est perçu comme vrai. Histoires personnelles, histoires politiques inscrites dans la grande Histoire, histoires des Blancs très différentes des histoires autochtones, histoires imaginées par les écrivains, histoires racontées oralement ou par écrit.
Sujet idéal pour King, qui n'aime rien autant que laisser son esprit papillonner librement dans les thèmes qui lui sont chers : l'appropriation par les Blancs des cultures indiennes, l'identité (authenticité) indienne, la spoliation des terres indiennes, l'éthique politique...
Mais, surtout, il y a la manière King, toute d'ironie, où se mêle parfois une pointe de sarcasme. Ironie comme mécanisme de défense d'un homme qui doit survivre aux histoires qu'il raconte à ses lecteurs blancs, et dans lesquelles il est émotionnellement impliqué. Manière imprégnée de cette oralité si chère aux Indiens, où le « privé » se mélange au « public », pour reprendre les catégories de l'auteur.
Et, toujours, l'intelligence de King, sa très grande culture, son humanité... Bref, son charme. Un essai moins percutant que son Indien malcommode, mais tout de même stimulant, et touchant.
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Je connais une histoire. À propos de la Terre qui flotte dans l'espace, sur le dos d'une tortue. Je l'ai entendue très souvent et chaque fois que quelqu'un la raconte, elle est différente. Parfois, seule la voix du conteur change. Parfois, ce sont des détails. Parfois, la séquence des événements. Parfois, ce sont les dialogues ou la réaction du public. Peu importe les récits ou les conteurs, la Terre ne se détache jamais de la carapace de la tortue. Et la tortue ne part jamais.
Un jour…
Le Huffington Post interviewe Thomas King sur son livre sur la liste restreinte du prix RBC Taylor 2014 pour la non-fiction littéraire. Il parle du livre et de la façon dont il a été écrit, en s'inspirant de son propre héritage autochtone.
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