Je viens de terminer "
Brouhaha' de Gorges Knaebel.
Je l'ai lu parce que les sujets sur le handicap m'intéressent et que je suis en général très admirative des personnes qui dépassent ces difficultés qui paraissent insurmontables à nombre d'entre nous.Sur un sujet analogue j'avais beaucoup apprécié "
le cri de la mouette" d'
Emmanuelle Laborit, biographie de cette jeune comédienne sourde ou le roman de
David Lodge "
La vie en sourdine" drôle, fin et subtil.Ici rien de tel: L'ouvrage est très froid, très clinique, l'auteur n'est jamais vraiment sympathique.
Et si on compatit à la réalité qu'il décrit en parlant, soit à la première personne, soit en se donnant le rôle d' Auguste, le compagnon bête et maladroit du clown blanc,(Belle figure de style d'ailleurs) on est rarement dans l'empathie.
La 4ème de couverture est d'ailleurs assez trompeuse. Cet écrivain a réussi , apparemment, à réaliser une belle vie"Étudiant, en sociologie, doctorat en urbanisme. Voyages en Afrique et en Amérique latine, trilingue, féru de traduction, séjours de recherche(..) au Brésil, Enseignant(....)Mais comment a t il pu accomplir tout cela avec un handicap aussi sévère que le sien?
Georges Knaebel n'est pas appareillé. En fait, il multiplie intelligemment toutes les stratégies qui lui permettent de contourner son handicap.Je pense donc qu'il aurait pu nous expliquer comment il a réussi vraiment à tout mener de front. Mais il n'y a rien dans le livre qui nous explique ce magnifique parcours,rien de significatif non plus sur son épouse, son fils ( qui ont dû quand même apaiser un peu son chemin de croix ?) A peine quelques mots sur ses copains - avec qui il arrive enfin à oublier plus ou moins son handicap, pourtant -)
Tout le livre (touffu : 331 pages) est concentré sur la "surdité de perception" qui occulte toute sa vie. Toutes ses difficultés sont très bien décrites. le plus intéressant pour moi a été la prise de conscience de notre indifférence au mal être de la personne sourde à laquelle nous ne prêtons - c'est certain- pas la même qualité d'attention qu'à une personne aveugle ou paralysée, car la surdité est un handicap moins perceptible.
Ce livre n'est que souffrance et mal être.C'est le cri de toute une vie de douleur d'un écorché vif.
Il est intéressant par ce côté très analytique du ressenti et nous percevons vraiment la souffrance de la personne en situation de handicap.Je souhaite seulement à
Georges Knaebel d'écrire un second livre où il pourrait nous parler des bonheurs qu'il a vécus dans sa vie de travail, de voyages et d'études. J'espère qu'il aura su les apprécier.