Tombée du ciel "prend aux tripes", au sens propre du terme. le récit de l'accident d'avion s'entremêle aux souvenirs qui le précèdent, à ceux qui le suivent, c'est la vie, c'est la réalité d'une vie.
Ce qui m'a touchée le plus, c'est d'une part cette volonté de l'adolescente de faire comme si tout allait bien, pour se préserver et préserver les autres et d'autre part, cet acharnement du public à vouloir savoir mieux qu'elle ce qui lui est arrivé et comment elle a vécu les événements. Toute personne ayant vécu une expérience sortant de l'ordinaire se trouve exposée à l'incompréhension, pour ne pas dire à l'autisme de l'entourage, proche ou éloigné. Surtout à une époque où l'accompagnement psychologique des personnes victimes d'événements traumatisants n'était pas un concept familier.
Le livre ne mentionne pas le terme de résilience, mais c'est bien cette capacité à réorganiser son psychisme qui court au fil des pages. L'attachement indéfectible à la figure maternelle, l'exemple extraordinaire du père lors de son parcours, accompli essentiellement à pied, de l'Europe à l'Amérique du Sud, l'enfance peu ordinaire passée avec les parents dans la jungle amazonienne, puis la rencontre exceptionnelle avec
Werner Herzog, cinéaste génial qui aurait dû prendre le même avion que l'adolescente, autant de points d'ancrage. C'est
Werner Herzog qui proposera à
Juliane Koepcke de revenir sur les lieux du drame pour réaliser un documentaire, qui sera pour elle une thérapie.
Relaté avec une infinie sensibilité par
Beate Rygiert, ce témoignage tout en retenue filtre une émotion profonde et un attachement sans faille à la nature dite sauvage.