Au préalable, je remercie
Jérémy Kole de m'avoir permis, en échange d'une critique, de me régaler de cette lecture annonciatrice d'autres succès.
« Très bon roman », « « Un polar excellent », « Génial », « Époustouflant » « Très belle découverte ». Voilà quelques un des qualificatifs dithyrambiques trouvés, çà et là, à propos de «
Présomptions brumeuses ». Comme vous pouvez le constater, ce second livre est bien accueilli par la critique littéraire depuis son auto-publication le 19 mai 2019. J'admets qu'avant de m'inscrire en tant que chroniqueuse sur simplement.pro et de solliciter ce premier service presse, je n'avais jamais entendu parler de cet auteur et par conséquent de cette oeuvre. Faute à présent réparée puisque je vous retrouve aujourd'hui pour vous en parler en espérant être objective, intelligible et vous aider dans vos choix futurs.
Depuis de très nombreuses années, je lis encore et encore, découvre sans cesse de nouveaux écrivains, navigue selon mes envies ou les circonstances entre différents genres (autobiographies, faits réels, sujets d'actualité, romances, fictions...) mais, à un moment donné, j'en reviens toujours aux polars et autres romans noirs qui suscitent incontestablement mon intérêt.
Début août, en parcourant le catalogue des SP mis à disposition, je découvrais inopinément son synopsis. Intéressée par les quelques lignes qui m'étaient offertes, je m'empressai d'en faire la demande. Motivée à l'idée de rencontrer un nouveau style, une nouvelle prose.
Deux ou trois jours plus tard, il trônait fièrement sur ma table de chevet…
L'ayant fini il y a peu, je concède que je ne regrette pas mon choix. Si tout n'est pas parfait dans cet écrit, force est de constater que globalement il m'a convaincue. Il mérite que l'on s'y attarde.
Nous pénétrons, à travers l'histoire proposée, dans l'antre d'une brigade de gendarmerie spécialisée dans la résolution de crimes complexes.
Kloos Mehrchles et son équipe qui composent donc cette cellule, stationnée à Amiens, Capitale historique de la Picardie, sont saisis suite au meurtre d'Emilie Arles, jeune fille de presque dix-sept ans.
Cet Adjudant-Chef, vieux briscard dans la police judiciaire, et ses subordonnés vont tout mettre en oeuvre pour mettre au jour la vérité et tenter de démasquer le ou les coupables.
Après plusieurs heures d'enquête, d'analyse des diverses preuves, d'étude d'éléments en sa possession, le militaire déjà en proie à des doutes sur son métier, place en garde à vue un suspect. Un face à face haletant va alors s'opérer entre les deux individus, mais le mis en cause est-il le coupable ? Notre héros principal va puiser dans ses ressources pour résoudre cette énigme. Cependant, n'est-ce pas l'affaire de trop pour cet homme usé...
Comment va réellement se passer cet affrontement ? le chemin conduisant au vrai sera-t-il clairsemé d'écueils ou au contraire semé d'embûches ? A quoi va-t-il être confronté ? Arrivera-t-il à résister à la pression inhérente à la lourdeur de la mission ? Que dénichera-t-il ? Cet homicide sera-t-il finalement solutionné ? Vous souhaitez des réponses ? Rejoignez cette escouade de professionnels, ainsi vous saurez…
Trame divisée en deux parties dans laquelle au-delà de la mesure de privation de liberté, nous assistons aux diverses vérifications, aux diverses recherches. Nous sommes embarqués concomitamment dans des histoires parallèles qui rendent ce polar extrêmement vivant, trépidant. Nous ne nous ennuyons pas. Nous lisons avec avidité.
Sachez que la chronologie temporelle (assez courte) basée sur des périodes faisant inversement référence au passé et au présent est déstabilisante à suivre au début. Adaptation nécessaire.
Sous couvert d'une investigation criminelle, l'écrivain nous confronte au dur métier des agents, sous-officiers et officiers de gendarmerie. Nous voyageons au coeur même d'une brigade chargée de résoudre les meurtres les plus sordides. Nous nous familiarisons au fil des pages et de notre avancée avec un monde régi par des codes, des rites.
Ce récit fait écho au travail et à la vie de ces hommes et femmes. Sont abordés sans faux-semblants ou langue de bois les difficultés de la profession, la pénibilité de la tâche, les répercussions sur la vie familiale, les interférences politico-judiciaires. Cette partie a grandement suscité mon intérêt.
Jérémy nous soumet, par ailleurs, à une réflexion sur un thème peu abordé dans la littérature contemporaine : la loi du talion. Une des lois les plus anciennes qui repose sur une réciprocité entre un crime et sa peine. Instructif de gamberger sur ce principe symbolisé par l'expression « oeil pour oeil, dent pour dent ».
En étant lui-même gendarme, M. Kole ne pouvait que s'appuyer sur ses connaissances, son expérience pour accoucher d'un écrit qui transpire de vérités, de justesse. Il s'est efforcé de mettre en scène une intrigue qui colle au mieux de la réalité des enquêtes criminelles menées par des professionnels dans le respect des modalités habituelles des procédures d'investigation. C'est bluffant d'exactitude, de crédibilité. A tel point que je crois que rien ou quasiment rien n'est inventé. Simplement mis en forme pour en faire un roman policier.
Texte travaillé, documenté. En dépit de surprises, de twists convenablement dosés, j'ai trouvé l'identité du coupable et compris la chute finale rapidement. Petite désillusion.
Plume tranchante, sans fioritures, allant à l'essentiel. Sert parfaitement le rythme effréné de l'ensemble. Agréable à parcourir.
Autre bémol : L'épilogue, qui en se transformant en scène de science-fiction, m'a laissée pantoise. Pourquoi un tel changement ???
Les personnages, qu'en ai-je pensé ?
Le premier contact est positif. J'ai aimé les accompagner au quotidien. Je suis tombée sur des protagonistes professionnels, consciencieux, déterminés. Ils ne sont pas parfaits mais très attachants. Ce sont avant tout des êtres humains avec leurs qualités, leurs défauts, leurs faiblesses. Chacun son caractère, chacun son passé mais ensemble ils forment un vrai clan capable de résister à n'importe quelle tempête.
J'ai été charmée par Kloos. Ce sous-officier supérieur expérimenté cache, sous un fort caractère, une importante fragilité psychologique. Il est usé par de nombreuses années au service de la Nation. Il doute sans cesse, se complet, malgré lui, dans la solitude. N'ose demander de l'aide. Très attachant, J'ai été impressionnée par son abnégation, son savoir-faire, son charisme. Cette âme perdue est incontestablement la force essentielle de cet opus.
Jean-Yves Gouyard, son coéquipier, est tellement imbu de lui-même qu'il ne doute pas un seul instant de son succès, de son avancée dans la hiérarchie. Il est peu empathique. Il ne m'a pas conquise. Comme les autres intervenants secondaires, peut-être aurait-il dû être plus développé, plus utilisé ?
En résumé, j'ai eu dans les mains un bouquin de bonne facture. Sans approcher le coup de coeur, il se lit sans problème. L'intrigue assez classique sur le fond est bien amenée, bien construite. Les ingrédients indispensables à un bon policier sont réunis : un crime des plus abjects, du suspense (même s'il n'est pas assez élevé), des indices convenablement dosés, un soupçon de fausses pistes, un enquêteur de choc.
Je conseille ? : Oui, sans aucun souci. Malgré les légers défauts évoqués plus haut, ce premier polar est une réussite qui demande à être confirmée. Certes, «
Présomptions brumeuses » manque d'originalité, ne brille pas par son excellence, mais, outre le fait qu'il trouvera facilement son public, il est digne de figurer dans la catégorie du genre. de l'efficacité, du réalisme, de l'angoisse, de la cadence vous attendent. Des heures de détente vous sont promises. Qu'exiger de plus pour un jeune romancier ?
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