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Michel Niqueux (Traducteur)
EAN : 9782859409548
176 pages
Phébus (14/01/2004)
3.82/5   41 notes
Résumé :
Vera (double évident de l’auteur), élevée dans le meilleur monde, « monte » à Saint-Pétersbourg non point pour faire un beau mariage mais pour s’engager comme tant d’autres jeunes filles nobles de sa génération (nous sommes dans les années 1860) auprès des révolutionnaires d’alors, qui ne rêvent que d’ « aller au peuple ». Déçue par la médiocrité de leur contestation, elle se destine en songe à une mission plus haute, mystique presque… que la réalité finit par lui o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le nihilisme suggéré par le titre de ce roman “Une nihiliste” n'a rien à voir avec le nihilisme philosophique de Schopenhauer ou de Nietzsche, négation du sens et du sujet. le nihilisme ici, se réfère à la contestation, et déclare la guerre à tout ce que on peut appeler «  les mensonges conventionnels de la société civilisée »,parlant de la Russie des années 1860 et quelques...., tout aussi valable aujourd'hui bien que dans un tout autre contexte, puisque nous les hommes, tout au fond de nous mêmes, nous ne changeons pas, quelque soit l'époque, le continent, le pays, la race...... L'écrivaine elle-même, mathématicienne, féministe et nihiliste dans le sens révolutionnaire que je viens d'expliquer, m'a intriguée tant et si bien qu'avant même d'entamer la lecture de ce livre, j'ai acheté deux de ses biographies ( une écrit par elle-même, l'autre par Ann Hoblitz, professeur d'université américaine ). Donc partie avec trois livres, en commençant par la fiction....qui ne serait pas curieux d'une telle personnalité, en l'occurrence une femme dans la Russie des années 1860 et plus ???

Vera, l'héroïne du roman est l'idéal de l'écrivaine. «  “Une nihiliste” est l'enfance , encore pleine d'idéaux et d'illusions, du mouvement démocratique russe, avec ce mélange caractéristique de révolte anarchique, de féminisme et d'héroïsme, cette aspiration à l'unité, à l'intégrité de la pensée et de l'action..... ». En faites dans le récit, le temps de la fiction et celui de l'autobiographie sont mêlés. Comme l'écrivaine, au début de l'histoire , la narratrice qui vient de rentrer d'Allemagne en Russie, après avoir terminé ses études universitaires, son doctorat en poche, reçoit la visite de Vera Barantsov, notre héroïne ( dans la réalité Vera Gontcharova son prototype, rencontrée par Sophie en 1876 ), dont le désir passionné, ardent, est d'être utile à la « cause ». Vera, une jeune fille issue de la noblesse, dont la vie est à jamais bouleversée suite à l'abolition du servage ( mars 1861) qui changera les conditions de vie de sa famille, et à la rencontre d'un voisin particulier, un professeur d'université aux idées libérales. Pour « cette cause », elle commettra l'impensable.........

Un livre émouvant, je dirais même dans la lignée des grands romans russes, bien que court, vu l'époque, le sujet et la prose. Tout les faits plus ou moins, comme l'indiquent les notes en bas de page, sont inspirés de la réalité. Un livre qui nous fait amèrement penser que, que ce soit sous les tsars, ou sous le communisme ou après 89 sous le joug de dictateurs «nouvelles générations », issus de nul part, ce pays ne croisera jamais le chemin de la démocratie, de la justice.
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Le site “La bibliotheque russe et slave” est une mine d'or pour ceux comme moi qui ne dedaignent pas les ecrans. J'y ai trouve ce livre dans une belle traduction parue en 1893 dans “La societe nouvelle, vol.1”.

L'auteure, Sofia Kovalevskaia, n'est pas “un” des grands ecrivains russes du 19e. siecle, c'est “un” des plus grands mathematiciens russes, hommes et femmes confondus, c'est la premiere femme a avoir obtenu un doctorat en mathematiques, c'est, dans son vecu, une grande revolutionnaire, en fait une grande feministe, qui aurait pu peut-etre compter parmi les grands ecrivains russes si elle n'etait morte jeune, a l'age de 41 ans.

Ce roman lui sert a ventiler ses idees, progressistes diront les uns, revolutionnaires diront d'autres. Il met en scene Vera, une jeune russe de petite noblesse, juste apres l'abolition du servage. Elevee dans la peur de l'avenir, ses parents delaissent son apprentissage mais elle a la chance de rencontrer un intellectuel banni de Saint Petersbourg et exile dans son coin de campagne. Amuse par elle, charme en fait, il lui donne a lire d'autres livres que “La vie des martyrs", son seul livre jusque la, et lui inculque des idees progressistes et une comprehension plus aiguisee de la societe russe, au grand dam de ses parents. Sous son influence elle finira par fuir vers la capitale, chercher sa voie, pour finir s'affilier a un groupe de jeunes contestataires, marier l'un d'eux pour le sauver d'une peine de mort, et le suivre dans sa deportation en Siberie.

Si la premiere partie du roman est un peu bucolique, l'arrivee de Vera a Saint Petersbourg plonge de suite le lecteur dans les convulsions politiques russes de la fin du 19e. siecle. La description du proces de jeunes revolutionnaires est saisissante, l'auteure reussissant, comme si elle le placait dans une caisse de resonnance, a en extraire un cri. “L'image de douze vieillards caducs prononçant un verdict impitoyable et fauchant à la racine le bonheur et l'avenir de soixante-quinze jeunes vies, cette image se perdait dans le brouillard et laissait à chacun l'impression d'une amère ironie”.

Ce n'est pas etonnant que le livre ait ete interdit en Russie a l'epoque. Et je me demande s'il n'a pas eu le meme sort plus tard, en des temps staliniens, parce qu'en fait c'est un roman sur le reveil des consciences contre toute oppression, un roman soutenant que l'opposition a un regime pervers est la seule possibilite morale, la seule voie a suivre, quel qu'en soit le prix. Un roman historique dont les conclusions peuvent voyager, au bon vouloir du lecteur, dans differentes epoques, en differentes regions du monde. Un roman emouvant, bien servi par l'ancienne traduction qu'en propose la Bibliotheque russe et slave, de Nadine Kontchewsky. Cherchez-le, et pas seulement parce que c'est gratuit.
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Une nihiliste est un court roman de Sophie Kovalevskaïa qui permet de pénétrer dans l'intimité d'une famille de province, aristocrate russe où les idées révolutionnaires vont trouver un écho chez la plus jeune des trois filles, Véra, mystique - sa première vocation étant de devenir martyre pour vivre l'idée de sacrifice pour un idéal - qui va par la suite, affûter sa formation avec l'arrivée d'un voisin plus âgé, un intellectuel qui lui ouvre l'esprit et partage son adhésion aux idées égalitaires. C'est l'époque charnière d'un affranchissement des serfs par Alexandre II, proclamé par la lecture dans les églises du manifeste de l'émancipation de 1861, rédigé en termes tellement compliqués qu'il n'a pas été compris par les premiers intéressés.
La jeune Véra après son amour malheureux va se trouver une nouvelle cause - à Saint Petersbourg, auprès d'un révolutionnaire condamné à l'exil sibérien - par le biais d'un mariage fictif qui présentait des avantages multiples : s'émanciper d'une tutelle familiale, obtenir un passeport pour pouvoir étudier en tant que femme, à l'étranger ou possibilité de rejoindre son époux en Sibérie pour y partager sa souffrance.
Une nihiliste renvoie à la première acception du terme c'est à dire "une révolte individualiste contre le despotisme moral" et constitue surtout un roman d'apprentissage, sociologique, psychologique et politique, écrit par
Sophie Kovalevskaïa, une jeune femme volontaire qui sera la première femme docteur en mathématiques, aussi importante dans ce domaine que le fût Marie Curie pour les sciences physiques.
Un manifeste sous forme romancée qui fait le constat d'une société russe à la frontière d'une modernité qui se fait par la douleur, la souffrance mais également sous-tendue par des idéaux altruistes pas toujours bien perçus.
Une nihiliste est une pépite à lire absolument pour les idées féministes et surtout pour comprendre les ressorts des mouvements politiques qui agiteront la Russie et seront les principes de base de l'URSS et pour la personnalité forte de Sophie Kovalevskaïa.
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Une nihiliste dépeint le destin de Vera, jeune femme, qui souhaite trouver un but à sa vie, une cause à servir. C'est ainsi qu'elle se présente, tout du moins, à la narratrice.

Une présentation qui rend nécessaire un retour en arrière, à l'enfance de Vera, son adolescence pour comprendre son besoin d'absolu si contraire à ce qui était attendu d'une jeune femme noble russe au 19ème siècle.

D'ailleurs, ce roman, inspirée de l'expérience de l'autrice aurait pu aussi s'intituler "une vie".

Celle d'une jeune fille dont le destin semblait toute tracé mais qui, au hasard des circonstances, a pris une autre tournure.

Car l'affranchissement des serfs, va changer ses conditions matérielles. Sa rencontre avec un homme soucieux et conscient de la tyrannie exercée sur les pauvres sera une révélation pour celle qui rêve de martyre.

Il y a chez elle une volonté de trouver un sens à sa vie, une utilité pratique sans qu'elle ne parvienne à savoir que faire jusqu'à des procès politiques qui seront une révélation.

Ce court roman se dévore d'une traite. Cette plume simple et efficace retranscrit les émotions de la jeune Vera mais également la société de son époque.

Un très bon récit de Sophie Kovalevskaïa que je vous conseille. 
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Vera Barantsov qui appartient à l'artistocratie russe, habite avec ses parents et ses deux soeurs (Lena et Liza) une belle demeure, dans une campagne éloignée de Petersbourg. Cette benjamine grandit alors même qu'Alexandre II fait proclamer la liberté des serfs au grand désespoir de toute la famille en âge de comprendre les conséquences de cette déclaration. La fortune de la famille décroit alors et il devient donc impossible à Vera d'être instruite comme le furent ses aînées. Ses parents accordent donc à Vassiltsev, leur voisin et professeur, le droit d'instruire Vera. Un événement malheureux contraint la jeune fille à partir pour Petersbourg et elle découvre les arrestations, les déportations et le nihilisme. La voilà donc qui décide de s'engager corps et âme auprès d'un condamné.

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J'ai beaucoup aimé ce court roman qui traite du nihilisme russe, du don de soi, de l'affranchissement d'un modèle de société. Les descriptions des paysages et des sentiments sont très belles (comme souvent avec les auteurs russes). L'héroine reste fraîche et sincère jusqu'à la fin et le récit a une belle part d'émotion.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Beaucoup de gens voyaient en lui un conspirateur dangereux, ce qui lui constituait une auréole mystérieuse, terrible et en même temps attrayante, car en Russie, à moins d’appartenir à la police secrète, on éprouve toujours un instinctif sentiment de respect pour tout criminel politique.
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Vassilltsev lui avait, de son côté, peint un tableau frappant de tous les malheurs dont souffre l’humanité, en plaçant la source de tous ces malheurs dans le fait que la vie moderne est construite sur l’oppression et la concurrence, au lieu de l’être sur la liberté et l’union. (Page 110)
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Vera éprouvait une sensation quasi physique du temps qui suintait comme un liquide d'un vase fêlé, goutte après goutte, et il restait de moins en moins de ces précieuses gouttes.
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— Tromper un pauvre vieux ! répéta-t-elle ironiquement. Il y a bien de quoi ! Et lui, le « pauvre vieux » qui pourrait faire tant de bien dans sa position et par son influence, que fait-il ? Il se frappe le front contre terre dans l’espoir de conquérir aux cieux une petite place aussi bonne que celle qu’il a ici-bas. Pense-t-il à autre chose ? Pourquoi m’a-t-il traitée avec bonté ? Parce que mon visage lui a plu, parce que j’ai réveillé en lui le souvenir d’anciens péchés et que cela a remué son vieux sang. Cela mérite-t-il quelque reconnaissance ? Et les jeunes qui meurent en Sibérie, comment les traite-t-il ? Combien de condamnations a-t-il signées dans sa vie !... Est-ce que j’aurais eu l’idée de le tromper si j’avais pu lui parler comme à un homme ! Mais ce n’était pas possible. Si je lui avais demandé de sauver Pavlenkow, il m’aurait renvoyée en me disant de ne pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je ne pouvais que le tromper !...
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C'est vraiment étonnant ! Comme le son des grelots de la chaise de poste est émouvant, la nuit ! On sait pourtant que personne d'intéressant n'est attendu. Le plus probable est que c'est l'arbitre de paix ou le commissaire de police qui vient au village enquêter sur quelque divagation de bétail. Et cependant, en entendant ce son argentin et ténu sur la grand-route, le cœur se met à battre plus fort. Soudain l'envie vous prend de partir au loin, dans quelque pays inconnu.

---Qu'y a-t-il ? s'écria Vera, en se redressant d'un bond sur son lit.
Elle ne sait pas encore de quoi il s'agit, mais son cœur pressent un désastre imminent.
- La police est descendue cette nuit chez notre voisin, annonce Anissia.
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