Ne t'inquiète pas pour moi, c'est une jolie surprise littéraire. Une collègue m'a recommandé ce bouquin, je l'ai emprunté à la bibliothèque sans grande conviction puis je l'ai dévoré en une soirée. C'est que, malgré ses quelques deux cent pages, il se lit rapidement et pour cause : il est constitué exclusivement de notes apposées sur un frigo (si on excepte la lettre à la fin). Je me suis prêté au jeu, plutôt perplexe devant ce procédé inusité. Ce n'est pas un coup de coeur mais je l'ai trouvé assez original mais surtout touchant.
L'histoire ? Y en a-t-il vraiement une ? Si oui, c'est la vie, tout simplement. Une mère et sa fille Claire n'arrivent pas à se voir. La première travaille dans un hôpital avec des horaires compliquée, la deuxième est… adolescente, par défaut, cela signifie qu'elle a peu de temps à consacrer à sa mère. L'école et les ami(e)s passent en premier dorénavant. Elles en sont donc réduites à ces échanges de notes. le début est assez convenu, il y est question de détails du quotidien, s'occuper du chien, faire des courses à l'épicerie, ce genre de trucs. Puis, quelques irritations font surface, puis des récriminations. Heureusement, la plupart se règlent rapidement.
Évidemment, une mère et sa fille ne peuvent s'éviter éternellement, des rencontres ont bel et bien lieu mais en dehors des notes. le lecteur n'y ayant pas accès, il doit en déduire le contenu qu'à travers les Post-it échangés sur le frigo. J'aime bien ces romans qui font appel à l'intelligence, qui obligent à faire des liens, à reconstituer de pans de l'intrigue. Surtout pour les jeunes auxquels se destinent beaucoup de ces ouvrages.
Ceci dit, à la longue, ça aurait pu devenir ennuyeux mais l'auteure Alice Kuipers réserve toute un retournement de situation à ses lecteurs : la maman tombe malade. Cet événement est relégué rapidement, après tout, la vie continue. Eh bien non, il s'avère qu'il s'agit d'un cancer. Traitement, opération, guérison, rechute, etc. Cette maladie apporte une dimension nouvelle aux échanges de notes entre les deux femmes.
Et, puisque le lecteur n'a toujours pas accès aux rencontres « en personne », il doit continuer à déduire ce qu'elles se sont dites, ce qu'elles ont fait entre chacun des Post-it apposé sur le frigo. L'émotion, l'espoir puis désespoir, la désillusion, la peine, la colère… Par-dessus tout, la maman qui essaie de protéger sa fille, d'éviter de la faire souffrir. J'ai trouvé cette lecture bouleversante, émouvante, mais dans le bon sens.
Ne t'inquiète pas pour moi est une façon originale de traiter de la relation mère/fille et de la maladie. Deux sujets difficiles, de nombreuses fois évoqués dans la littérature (et au cinéma) mais, cette fois-ci, sans l'interférence d'un narrateur. Que des échanges, c'est-à-dire des mots et, à travers eux, des émotions à l'état brut. Et la lettre de la fille, à la fin, qui ramasse tout. Malgré sa peine, elle lance un message d'espoir. Ouf ! C'était touchant. Selon moi, l'auteure Alice Kuipers a réussi son pari.
Commenter  J’apprécie         581
Ce premier roman est déroutant par sa forme : il traite d'un sujet grave et poignant sur le ton anodin de post-it collés sur un réfrigérateur.
J'avoue avoir été surprise au début par ce texte laconique à trou qui ne parle que des petites choses de la vie... Mais petit à petit, tous ces vides se sont remplis et sont devenus d'une incroyable densité...
Nous imaginons bien à quelles situations les petits mots font référence et nous suivons pas à pas les émotions contrastées d'une mère en train de mourir d'un cancer et de son adolescente de fille qui l'accompagne comme elle peut.
Ce livre sonne juste.
Ce curieux procédé stylistique met en évidence le manque, le silence, l'absence, la difficulté d'être ensemble, de se parler et de communiquer... En même temps, il montre que ce peut-être un moyen de continuer à tisser des liens quand se parler devient trop difficile.
Les deux femmes se croisent, toutes deux prises par des emplois du temps "over-bookés".
C'est le métier de sage-femme de la mère et les tours de garde qu'il implique qui installe l'habitude des petits mots quotidiens collés sur le frigo dans cette famille monoparentale.
A l'arrivée de la maladie, c'est par le biais de cette écriture concise et précise comme la liste des courses que se diront les craintes et les angoisses, que s'expliqueront les silences et que se dira l'amour qui unit la mère et la fille.
Confronté directement à ces traces de rien qui finissent par devenir des concentrés d'essentiel, le lecteur est happé par l'émotion.
Ce livre marque par sa force et son originalité.
des liens sur http://sylvie-lectures.blogspot.com/2008/07/ne-tinquire-pas-pour-moi-alice-kuipers.html
Commenter  J’apprécie         440
J'ai reçu une grosse claque dans la gueule. J'avais très envie de lire ce bouquin, et il m'attendait bien gentiment dans ma bibliothèque. Je le feuillette, et je réalise qu'il est... super court à lire. En effet, ce ne sont que des post-it collés sur le frigo qui alimenteront ma lecture tant convoitée. Ce système me plait, il est très original. C'est pourquoi j'ai décidé d'apporter ce livre à la plage. Grosse erreur. Se retrouver à la plage avec les larmes aux yeux, c'est pas top du tout.
Ce livre est poignant, il est d'une vérité profonde qui m'a fait sourire car j'ai retrouvé les relations que j'ai avec ma mère ; pleine de douceur, d'amour, mais aussi de craintes, de doutes et d'agacement.
Je conseille ce livre à toutes les mères et à toutes les filles, il nous apprend à quel point la relation mère/fille est importante et essentielle.
La lecture est tellement rapide qu'on a du mal à réellement s'attacher aux personnages, et c'est peut-être le seul défaut de ce roman : j'aurai voulu qu'il ne se termine jamais, car c'est un véritable coup de coeur.
Commenter  J’apprécie         391
Lecture jeune, n°127 - Claire et sa mère ne communiquent que par petits messages sur le frigo. Entre le travail à l’hôpital de l’une, le lycée, les copines et les week-ends chez son père de l’autre, ce mode d’échange leur apparaît comme étant le plus simple. Lorsque la maman multiplie les analyses, les visites à l’hôpital, et qu’elle entame une radiothérapie, leurs messages rendent compte peu à peu de la maladie.
Le procédé d’écriture est original, tant il révèle le mode de vie hyperactif de notre société. Entre les mots, on devine les conflits, le besoin d’indépendance de la jeune fille mais aussi ses angoisses face à la maladie de sa mère. Cette dernière dissimule le plus possible son inquiétude et conserve un optimisme de façade. Toute la réussite de ce « roman » réside dans la brièveté des messages échangés par les deux femmes et la pudeur dont elles font preuve. Si le texte ne pose aucune difficulté de lecture, le sujet, quant à lui, ne rend pas forcément l’ouvrage accessible aux plus jeunes.
Laurence Guillaume
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Salut maman, suis partie courir.
J'ai laissé la porte de derrière ouverte.
bisous
Claire,
Il faut qu'on parle.
Je suis dans ma chambre.
Je t'aime,
Maman
C'est gentil de me dire que je suis belle. Je ne me sens vraiment pas belle. C'est comme si j'étais sous l'eau et que je ne trouvais plus comment remonter à la surface. Je suis un peu perdue, c'est tout. Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi."
Le pire en entrant ici, c'est quand j'ai cherché un mot de toi sur la porte du frigo et qu'il n'y en avait pas. La porte était toute blanche et vide. j'ai pleuré pendant une éternité.
je t'ai eue, ma fille chérie _ t'avoir à donné un sens à ma vie te m'a apporté des joies incomparables. Mais tout le reste de ce que je voulais faire ? je ne suis jamais allée en Afrique. Je n'ai jamais lu Proust. Je n'ai jamais appris à jouer du piano ni même à lire la musique : ces tâches noires sur une page que d'autres savent traduire en sons merveilleux sont un mystère pour moi. Je n'ai jamais sauté en parachute, je n'ai jamais vu le desert, je ne suis jamais allée à la pêche.