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EAN : 9791090062382
216 pages
Editions iXe (01/06/2017)
4/5   5 notes
Résumé :
Près de vingt-cinq ans séparent la ruade punk féministe lancée par les riot grrrls aux États-Unis, à la fin du xxe siècle, de la « prière punk » prononcée à Moscou en 2012 par les Pussy Riot. Ce laps de temps aura suffi pour que la révolution grrrl style donne vie à une véritable contre-culture féministe underground, portée par des activistes qui font de la culture populaire un terrain privilégié de la lutte politique.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Des Riot Grrrls américaines du début des années 1990 aux Pussy Riot russes des années 2010, ce livre retrace l'histoire féministe et révoltée d'un mouvement punk et DIY qui aura connu, au fil des décennies, de multiples mutations et réappropriations par des femmes du monde entier.

« Revolution, Grrl Style, Now ! »

Début des années 1990, des groupes comme L7, Bikini Kill, Lunachicks et bien d'autres lancent un mouvement basé sur une idéologie punk, radicale, DIY et féministe. Ces chanteuses et musiciennes se révoltent contre le capitalisme et la société de consommation, contre le patriarcat qui règne aussi dans le milieu punk et la violence près des scènes de concert et contre les formes « classiques » de féminisme jugées trop austères et théoriques. Leur but : « rendre le punk plus féministe et le féminisme plus punk ».
Par le biais de la musique et des fanzines, elles découvrent d'autres femmes comme elles, elles promeuvent l'entraide et le soutien, elles crient le mal-être et les injustices et inciter les autres femmes à agir, à créer, à s'exprimer.

Les relations avec la presse mainstream sont conflictuelles : les Riot Grrrls protestent contre la récupération commerciale du mouvement et les définitions et limitations données par les médias d'une révolution qui se veut évolutive, mouvante et créative. de plus, le courant Riot Grrrls essuie des critiques internes et externes, notamment par rapport au manque de femmes de couleur et au terme « girl » jugé restrictif.

« Non seulement il est majoritairement blanc, non seulement la revendication valorisante du mot « fille » empêche de nombreuses personnes de le rejoindre et de le soutenir (pour des raisons d'identité sexuelle/de genre, d'âge, etc.), mais beaucoup trouvent qu'il recrute surtout parmi une population relativement aisée, favorisée par sa couleur de peau, son appartenance de classe et son niveau d'instruction. Aux yeux d'une partie des contemporain.es, le phénomène est élitiste, voire arrogant. »

Dans les années 2000, si les pionnières des années 1990 se sont éloignées, les Riot Grrrls sont toujours là et Internet et les blogs jouent un rôle important dans la diffusion du mouvement. Les Ladyfests (dont le premier est organisé en 2000) et les Girl Rock Camps visent à amplifier le phénomène, flouter les limites, le faire voyager, permettre aux femmes de se l'approprier de diverses manières et renouveler les pratiques, tout en promouvant les productions culturelles de femmes et en favorisant les échanges de savoir et les discussions.
Ce chemin nous conduit peu à peu aux Pussy Riot, opposées à la présidence de Poutine et à la censure imposée par le gouvernement.

« En février de cette année-là [2012], le « concert action » qu'elles performent dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou a en effet un énorme retentissement international. Inattendue, insoupçonnable, cette spectaculaire résurgence de la culture punk féministe frappe d'autant plus les esprits qu'elle signale une reterritorialisation non moins étonnante : nul n'avait prévu qu'elle se manifesterait avec autant de fracas dans un contexte aux antipodes de celui dans lequel le mouvement Riot Grrrl avait surgi vingt ans plus tôt. »

Voilà pour les grandes lignes, mais à part ça, qu'est-ce que j'en ai pensé ?
Je souligne d'ordinaire toujours l'accessibilité des essais des éditions iXe… mais pas cette fois. Dire qu'il n'est pas très facile à lire est une manière édulcorée de dire que j'ai un peu galéré. Contrairement à Women's Lands ou Femmes et esclaves que j'avais dévorés, cet essai m'a résisté.
Non pas qu'il n'est pas intéressant, il l'est totalement, mais il y a beaucoup de noms, de références à des groupes, de dates et je m'y suis parfois un peu perdue. Surtout, je me suis sentie pénalisée par un manque de connaissance en musique et histoire musicale. Certains passages se sont révélés un peu laborieux pour moi qui n'y connais rien en musique et ne m'y intéresse pas plus que ça. (Par exemple, quand un titre me dit « le virage électroclash/électropunk », je reste interdite car c'est à peu près du chinois pour moi.)
Je plaide donc coupable et je pense que ce livre sera beaucoup plus agréable à lire pour quelqu'un intéressé à la fois par le féminisme et par la musique.

Il y a toutefois des chapitres plus lisibles que d'autres : les premiers présentant les idées des Riot Grrrls et ceux sur les Layfests ou les Pussy Riot, par exemple, sont à la fois passionnants et fluides. J'ai trouvé parfaitement fascinante la capacité du mouvement de se réinventer, de se régénérer et, finalement, de n'avoir jamais disparu même lorsque certain.es le pensaient éteint.

Pussy Riot Grrrls est un livre riche, foisonnant, un peu ardu certes, mais qui m'a fait découvrir une nouvelle forme de féminisme. En racontant cette histoire toujours forte et vivace, Manon Labry nous incite, nous lectrices, à agir comme les premières Riot Grrrls et toutes celles qui leur ont succédées, à déconstruire les idées patriarcales insidieusement intégrées, à repousser la consommation bête et méchante, à s'exprimer et à créer afin de construire sa propre identité.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Les Riot Grrrls ont émergé dans les années 90. Il s'agit alors de groupes de nanas qui en ont assez de se taire, de féministes militantes qui puisent dans l'énergie et l'audace du punk et du DIY (fais-le toi-même) pour fonder un mouvement qui s'est étoffé au fil du temps et perdure encore.
La démarche est au départ essentiellement musicale, s'inspirant de groupes des années 70-80 tels que The Au Pairs, The Slits ou The Runaways (je cite volontairement les groupes même si vous ne les connaissez pas pour sournoisement y insérer les liens qui permettront d'aller les découvrir). Les années 90 ont donc vu émerger notamment les Bikini Kill, Bratmobile, The Butchies et bien d'autres parmi d'autres groupes plus connus comme L7 ou Hole. L'idée c'est de prendre la place et de le revendiquer, en dénonçant les violences domestiques ou sociétales, sexuelles, politiques, en abordant les questions de patriarcat, de pouvoir, d'éducation, de racisme, et en les repensant fondamentalement.

Les Riot Grrrl ont pris racine au départ de façon assez localisée aux Etats-Unis avant de se répandre, et géographiquement, et culturellement avec des fanzines et des démarches artistiques qui se sont diversifiées. Manon Labry a décidé de se pencher sur la question en consacrant notamment sa thèse à la sous-culture punk féministe.
Ici, après un topo historique sur mouvement initial (si vous voulez en savoir plus, lisez son autre bouquin Riot Grrrl, chronique d'une révolution punk féministe, éditions Zones), elle dresse un panorama de ce qui en a découlé, l'intérêt des journalistes, l'augmentation de leur visibilité et les tentatives de récupération, le revival dans les années 2000 avec l'émergence de nouveaux styles musicaux comme l'électroclash et l'électropunk (Miss Kittin, le Tigre…), l'organisation de ladyfests (festivals féministes pluridisciplinaires regroupant concerts, débats avec prise de parole facilitée, réunions non-mixtes, échanges, expos, projections, performances, lectures, ateliers…), l'apport du courant queer et ses liens de plus en plus forts avec le riot (l'orientation féministe s'est naturellement portée vers les questions d'homosexualité et la cause LGBT), ainsi que d'autres déclinaisons du mouvement riot comme les Girls Rock Camps ou plus récemment les Pussy Riot.

Le féminisme actuel est ce qu'il est par son histoire, dont celle des Riot Grrls, et Manon Labry en fait ici une belle restitution, de ce courant féministe encore trop méconnu et qui a pourtant inspiré des tas de mouvements contemporains. Bien que la majeure partie des exemples cités soient américains, l'auteure élargit davantage son propos dans la seconde partie du livre, avec notamment les Girl Rock Camp et les Pussy Riot qui ont, pour le coup, crevé l'écran en 2012, la boucle étant bouclée, l'exemple démontrant bien que le mouvement des Riot Grrrls n'est plus si récent et surtout loin d'être mort.
Un essai très documenté et truffé de références qui seront peut-être un peu indigestes pour des néophytes qui ne voudraient pas en rater une miette, un portrait très instructif qui fait plaisir à lire et qui donne un éclairage différent sur l'évolution du féminisme depuis 30 ans.
Lien : http://casentlebook.fr/pussy..
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Du mouvement initial "Riot Grrrl" du début des années 90, à la "prière punk" des Pussy Riots qui défraya la chronique en 2012, en passant par les Ladyfests et les Girls rock camps, cet ouvrage très complet retrace les mouvements et les sous-cultures féministes, majoritairement punk (mais pas que !) qui ont pour vocation un activisme créatif, culturel et anticapitaliste dont les enjeux sont la notion de communauté, le refus des tabous, des censures et des diktats.
Le livre fait la part belle aux courants musicaux liés à ce mouvement et l'on y retrouve des noms d'artistes, plus ou moins connus puisque tantôt underground, tantôt davantage mainstream.
Le livre se termine par une importante bibliographie pour aller plus loin. Très bien explicité, documenté, compréhensible et abordable, cet essai s'avère très enrichissant.
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J'ai reçu ce livre grâce à l'opération Masse Critique de Babelio, et je les en remercie vivement. Il retrace l'histoire des mouvements féministes Riot grrrls, de leur début DIY aux Etats Unis jusqu'à nos jours. Entre scènes musicales, courants punk et mouvements libertaires, il nous amène au coeur de la réflexion féministe et anticapitaliste, pendant un peu plus d'une vingtaine d'années.

C'est un livre très instructif, qui retrace avec pointillisme chaque étape de ce mouvement. Des scènes underground aux conflits avec la presse mainstream, on suit l'évolution du courant et de ses influences, du fanzine artisanal du début des années 1990 aux blogs des années 2000. C'est précis, argumenté, documenté. Et je pense que c'est sans doute un véritable mine d'informations et de documentation pour une personne passionnée par ce thème.

Pour une pauvre néophyte telle que moi, par contre, le livre est très difficile d'accès. On se perd vite dans les différents mouvements, les dates, les courants... Malgré les redites, j'ai souvent été obligée de revenir en arrière. le style est universitaire, précis et factuel, et j'avoue avoir eu un peu de mal à terminer ces pages.

Néanmoins, je dois admettre que j'ai beaucoup appris en le lisant. En résumé, c'est un essai très complet, qui mérite que l'on s'y attarde (et s'y accroche!)
Lien : http://mademoisellemalenia.o..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans la culture occidentale, il y a tout ce truc qui oppose l’individu à la communauté. Dès qu’il y a un mouvement politique, les gens ont peur parce qu’ils ont la trouille de perdre leur individualité. Alors que l’autokeonomy c’est ce qui permet à ton individualité de renforcer ton sentiment de communauté, et à ton sentiment de communauté de renforcer ton individualité.
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Pour reprendre la formule par laquelle Allison Wolfe (Bratmobile) résume le projet des riot grrrls, l’idée est de « rendre le punk plus féministe et le féminisme plus punk », et cela suppose « de prendre pied à l’intersection entre punk rock et féminisme, et d’exister pile là.
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