Comment est-ce possible de si bien écrire une histoire d'amour (réelle) entre deux femmes sans une seule fois inscrire le mot « lesbienne » ? Que l'autrice et son ancienne compagne ne s'identifient pas au terme, soit. Mais factuellement, c'est ce qu'a été leur amour si long et mouvementé : lesbien.
Lacroix parle du fait que ni E., ni elle, ne se pensaient possiblement attirées par les femmes avant le début de leur amour. Elle aurait pu explorer leur homophobie intériorisée et en parler explicitement, il est bien dommage qu'elle ne l'ait pas fait. On en perçoit des bribes, sans qu'un chapitre ou deux y soient consacrés.
Bref, déception sur ces points et raison pour laquelle je ne peux pas mettre 5/5. Alors que l'on perçoit les valeurs féministes d'
Aurélie Lacroix tout le long de ces 176 pages, il est bien dommage qu'elle ne parvienne pas à nommer son histoire…
Sinon, beaucoup de passages touchants mais durs. Comme avec le livre de
Panayotis Pascot,
La prochaine fois que tu mordras la poussière, c'est captivant et d'une certaine manière agréable de voir dans les dernières sorties littéraires de brillant·e·s auteur·e·s parler de santé mentale et de dépression aussi frontalement. Ils parviennent à nous faire sentir concerné·e·s, quand bien même nos souffrances seraient largement différentes.
Beaucoup de beaux passages aussi, pareillement poignants. Les pages sur sa merveilleuse tante, sur son incroyable collègue et sur ses attendrissant·e·s neveux étaient poétiques et j'en ai été mélancolique de choses que je n'ai jamais vécues.
Malgré les charmantes descriptions et les pages fun-fact encyclopédiques ponctuées de références à l'art contemporain, le fait que cette histoire lesbienne soit ENCORE passionnelle et surtout toxique, même s'il s'agit d'autofiction et que l'autrice a vécu des choses terribles… Purée, on souffle…
L'image des lesbiennes violentes psychologiquement, verbalement et physiquement… le fait que son amante ne semble trouver de l'apaisement que lorsqu'elle fréquente des hommes (tous minables)…
Bon, c'est usant que ce soit ce genre de récit qui soit toujours mis en avant MAIS c'est un livre prenant dont les pages se tournent toutes seules et qui a le bénéfice d'être sacrément bien rédigé. Chouette lecture (qui fait assez relativiser).