AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791097079871
224 pages
EDITIONS DU DETOUR (20/01/2022)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Racistes, sexistes, ennemis de la liberté : une société incivile exploite notre attention pour augmenter son influence politique, dans les médias, sur les réseaux et dans les urnes. Décryptons-les pour mieux protéger notre démocratie.

Il serait dangereux de réduire la désinformation aux fake news et aux flambées de commentaires haineux sur les « réseaux sociaux ». Stephanie Lamy nous incite à nous détacher des leurres pour regarder qui finance, organi... >Voir plus
Que lire après Agora toxica: La société incivile à l'ère d'internetVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Livre lu dans le cadre de l'opération Masse critique de février 2022. Merci à Babelio et aux Éditions du Détour.

Stéphanie Lamy est chercheuse, spécialiste des guerres de l'information. Son travail comme essayiste marche main dans la main avec son militantisme féministe, pour les droits de l'Homme et le respect de nos citoyennetés. Agora toxica n'est par conséquent pas totalement objectif, sans que les convictions de l'auteure n'altèrent la pertinence de ses arguments et exemples.

Après un rappel historique des prémices de ce qui allait devenir Internet, Stéphanie Lamy plonge au coeur de son sujet. Comme le signale le sous-titre du livre, il s'agit de révéler la société "incivile" à l'ère numérique.
Bien sûr, incivilités, harcèlements, violences et agressivité ne sont pas nés avec les ordinateurs et le réseau mondial. Cela doit se constater dès les débuts de l'Humanité. La grande différence, c'est qu'Internet et les réseaux sociaux offrent à ces États, associations, organismes, communautés et individus "incivils" une diffusion à l'échelle de la planète, un effet de masse et une rapidité de propagation proprement virale.

Grâce à divers exemples médiatisés ou tirés de ses activités, Stéphanie Lamy démontre les techniques et procédés auxquels recourrent ces entités et individus. Il peut s'agir d'attaques de hackers, de manipulation des opinions ou d'interférences lors d'élections de la part d'États autoritaires comme la Russie. Ou des campagnes de diffamation, de harcèlement ou de menaces. de détournement des façons d'agir d'ONG luttant pour la défense des droits pour diffuser une idéologie. Qu'il s'agisse de régimes autocratiques, d'organisations identitaires, masculinistes ou homophobes, racistes ou ultra-réactionnaires, simples individus isolés ou regroupés en communautés cimentées par la haine; que les actions soient financées ou directes, le but est de déstabiliser les démocraties, de rompre les équilibres du vivre-ensemble, imposer une vision, une idéologie.

Voilà autant de matière qui m'interpelle et me préoccupe depuis déjà un certain temps. D'où mon choix porté sur cet ouvrage lors de l'opération Masse critique. Cette lecture est à la fois enrichissante, instructive et extrêmement préoccupante. Un bémol tout à fait subjectif : l'emploi de termes techniques tels que "questing" ou "astroturfing" a rendu parfois ma progression plus ardue. Il n'en reste pas moins que ce livre, ainsi que le travail et les activités de son auteure, sont à diffuser le plus largement possible afin de mieux comprendre les mécanismes des sociétés "inciviles" et des réseaux asociaux. Pour les démonter. Ou, au moins, les contrecarrer.
Commenter  J’apprécie          340
Un documentaire sur un sujet un peu austère, mais qui se révèle être une agréable surprise !
L'autrice aborde la question des opérations sémantiques (en simplifiant grossièrement : désinformation) menées par des acteurs civils, ou plutôt apparemment civils, "dont le but est contraire aux principes émancipateurs et d'autonomie des peuples". Elle nous aide à décrypter, comprendre les différentes formes que cela peut prendre, les objectifs et les mécanismes de ces opérations.
Stéphanie Lamy s'appuie sur des travaux de chercheurs, cités : économistes, sociologues, philosophes,... de nombreux exemples égrènent des passages plus techniques ou théoriques, pour les rendre plus concrets, plus palpables et plus préhensibles (Mila, les masculinistes, la Lybie...).
La mise en page assez aérée, les chapitres relativement courts, la police assez claire permettent de rendre moins monolithique un essai de ce genre. Mon seul regret est que les notes soient toutes regroupées à la fin : peu pratique en cours de lecture.
Oui, l'autrice est une militante, féministe. Mais je n'ai pas trouvé que cela rendait son propos moins juste et pertinent. Il ne convaincra bien entendu pas les masculinistes, par exemple (qui useront certainement d'opérations sémantiques à son encontre). Mais il peut accompagner les personnes qui veulent comprendre la société dans laquelle ils vivent (avec un léger bagage tout de même, pour suivre au mieux, mais rien d'insurmontable).
Commenter  J’apprécie          122
Dans "Agora toxica", Stephanie Lamy propose une exploration de la désinformation en ligne, mais la simplification de la problématique à travers le prisme du racisme et du sexisme risque de laisser de côté des enjeux cruciaux.

L'auteure semble enfermée dans une vision étroite de la "société incivile", en la réduisant à des acteurs racistes, sexistes et hostiles à la liberté. Cette perspective limitée néglige d'autres forces potentiellement plus dévastatrices pour la démocratie, la liberté et les droits humains. En se concentrant uniquement sur ces aspects, Lamy semble passer à côté de problématiques plus subtiles et complexes qui menacent nos sociétés.

Le livre ne semble pas aborder de manière exhaustive les véritables ennemis de la liberté, comme les atteintes aux droits fondamentaux par des gouvernements autoritaires, la corruption systémique, ou les inégalités économiques criantes. En simplifiant le problème à des groupes identifiables par leurs positions sur le racisme et le sexisme, Lamy néglige de considérer les facteurs structurels qui sapent la démocratie de l'intérieur.

L'analyse de l'auteure se révèle également limitée dans sa compréhension des dynamiques complexes à l'oeuvre sur internet. En se concentrant sur les commentaires haineux et les actions de groupes spécifiques, le livre passe à côté de l'impact des plateformes technologiques elles-mêmes, de la surveillance de masse, et de la manipulation algorithmique qui peuvent contribuer de manière significative à la désinformation.

En fin de compte, "Agora toxica" pourrait être critiqué pour sa vision restreinte et simpliste des problèmes sociétaux. Une analyse plus nuancée, intégrant une variété de menaces contre la liberté et la démocratie, aurait pu fournir une perspective plus complète et éclairante sur les défis auxquels nous sommes confrontés à l'ère d'internet.
Commenter  J’apprécie          20
Cet essai on ne peut plus d'actualité tombe vraiment à pic. de manière pédagogique et documentée l'autrice, chercheuse spécialiste des guerres d'information et militante féministe, décrypte et analyse un certain nombre de pratiques de propagande moderne à l'oeuvre dans la sphère informationnelle internationale.

Stéphanie Lamy introduit le sujet en déroulant son cheminement personnel et professionnel, notamment son expérience de gestion de l'information en tant que membre d'une ONG lors de la guerre, également numérique, en Libye. Quoiqu'un poil universitaire, la lecture est, selon moi, fluide et les termes sont la plupart du temps définis.

La chercheuse s'appuie sur 4 études de cas précis pour illustrer une technique sémantique particulière permettant de contourner les règles du jeu de la sphère informationnelle internationale, constituées de normes et de droit(s). le but de ces techniques ? Imposer son mode de pensée sur la scène internationale.
L'autrice montre en outre qu'internet n'est pas si égalitaire et démocratique qu'on pourrait le croire.
Enfin, sont mis en perspective les conséquences de chacune des techniques analysées sur le recul de la démocratie.

Que l'on adopte ou non les arguments de l'autrice, ce qu'elle amène permet d'affûter notre esprit critique.

Un ouvrage passionnant dont la lecture est nécessaire à l'heure où l'information nous parvient en flux continu.

Commenter  J’apprécie          10
Agora Toxica
Avec Agora Toxica Stéphanie Lamy nous emmène avec elle sur le terrain des opérations sémantiques, terme qu elle utilise pour parler des désinformations que l'on trouve dans les médias, réseaux sociaux ou autre. Après un rappel de l historique de la création d'internet, elle pose les fondements de l'infosphere. Elle démontre que si les messages étaient à la main d autorités fortes auparavant aujourd'hui tout le monde peut faire passer des messages. En seconde partie elle développe les opérations sémantiques notamment de la Russie. Puis enfin elle termine avec des exemples.
J ai appris de nombreuses choses avec un ouvrage très documenté. Je l'ai trouvé assez universitaire et donc un peu difficile à lire pour tout un chacun. Les notes de bas de pages toutes regroupées en fin d ouvrage et non en bas des pages sont pour ma part dommageables à la lecture car je ne m'y suis pas vraiment reportées car moins facile d accès.
Certains partis pris font que je suis pas toujours d accord avec l'auteur mais je reconnais qu'elle insiste sur la véracité des informations et le fait de toujours les vérifier avant de les annoncer. Cela parait fort juste, tellement de personnes relayant des informations sur les réseaux sociaux.
Cet ouvrage m'a été très utile sur la compréhension de certains termes et sur les moyens utilisés pour manipuler dont je n'avais pas toujours conscience.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Informer et façonner les perceptions, les attitudes, les comportements et la compréhension par la circulation de l'information a toujours été un objectif central du pouvoir. Avant la démocratisation des moyens de communication et de mobilisation, le coût de cet effort était exclusivement "assumable" par des acteurs dotés de ressources considérables, souvent étatiques, et ce uniquement sur un territoire restreint. Depuis l'arrivée des médias sociaux, le coût des opérations de propagande est dérisoire, certains acteurs tirant même profit d'une économie de la désinformation à l'échelle mondiale. (15)
Commenter  J’apprécie          40
J'insiste sur le mot "liberté", car il ne s'agit pas d'un "droit" qu'il convient d'exercer mais d'une non-interdiction. Nous sommes libres, à titre individuel, de blasphémer ou de refuser de le faire. En imposant la dichotomie pour/contre, sous peine de cyberharcèlement ou de mise au ban en cas de mauvaise réponse, les majorités politiques transforment une liberté en une obligation.
Commenter  J’apprécie          60
Une société incivile intoxique notre agora commune de ses valeurs antidémocratiques.
Ce qui est nouveau, c'est le concours des sociétés de médiation, qui accroît le degré d'interconnectivité entre la technologie et nos vies de tous les jours, c'est-à-dire l'ampleur et le degré de pénétration de son influence, jusqu'au plus intime.
Commenter  J’apprécie          50
L'idée reçue qu'il suffit de troquer certains de nos droits fondamentaux à titre individuel afin d'assurer la sécurité de tous et fermement ancrée dans l'opinion collective. C'est sur cette même fausse piste que se font l'exploitation de nos données privées par des sociétés capitalistes : il suffirait de céder un peu de notre liberté de notre libre arbitre et de notre vie privée pour assurer des services performants pour toutes et tous.
Commenter  J’apprécie          10
Cette justification de la souffrance des pères est le fondement des stratégies discursives des associations de la cause des pères, et des mouvances masculinistes en général. Cela permet de délester l'auteur des violences de sa responsabilité légale, en se focalisant sur sa souffrance à lui.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : désinformationVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (17) Voir plus




{* *}