Il est vrai que les choses vraiment belles sont toujours bienfaisantes. Elles communiquent leur noblesse à l'âme qui les sent. Elles l'arrachent à la servitude des soucis individuels, elles lui ouvrent de vastes et hauts horizons. Dans les épreuves, comme on l'a dit tant de fois et de tant de manières, elles sont ses plus sûres consolatrices. Adversis refugium et solatium praebent. Mistral est, à mon sens, au premier rang des génies qui répandent en abondance cette consolation et ce charme et je trouverais dans le souvenir de ce que je lui dois un motif suffisant pour rappeler l'attention du public sur ses poèmes, aussi célèbres que peu connus.
Peut-être ignorez-vous le nom d'Adolphe Dumas. C'était un écrivain romantique de la génération de Hugo et de l'autre Dumas, qui, comme poète, dramaturge, romancier, journaliste, a beaucoup produit. Ses ouvrages, dont personne ne connaît plus les litres, lui ont nettement refusé l'immortalité. Mais il l'a conquise par une autre voie. On ne pourra parler de Mistral sans parler de lui et sans rendre hommage à sa brave et généreuse et sensible nature.