Encore une bande-dessinée sur la Première Guerre Mondiale, en deux volumes. Amère patrie suit en parallèle un garçon de la campagne française et un garçon sénégalais. le lecteur va suivre leur évolution, de leur enfance jusqu'à leur mobilisation en 1914. Ousmane est un jeune garçon qui préfère allait pêcher avec son pélican plutôt que d'aller à l'école que les colons blancs ont ouvert. Ceux-ci dirigent le pays et les sénégalais n'ont plus vraiment leur mot à dire. Mais les lois tribales sont encore tenaces et Ousmane sera prêt à lutter contre tous pour protéger sa soeur et ses enfants le moment venu. Jean est un jeune garçon, fils de paysan. Il aimerait aller un peu plus à l'école (même s'il préfère avant tout braconner) mais il doit aider aux travaux de la ferme. Il faut aider à nourrir sa mère et ses soeurs. Mais lorsqu'il rencontre Hubertine, la fille du responsable de la mine, et qu'il tombe amoureux, cette situation lui pèse de plus en plus.
album_cover_large_13191La mobilisation, c'est en quelque sorte une façon d'échapper au quotidien. Ousmane a appris à sa soeur à se défendre, elle peut se débrouiller seule. Jean est nécessaire à sa famille mais sa soeur s'est fait embaucher à la mine et elle gagne assez d'argent pour que sa famille survive et ils sont assez pour s'occuper du père, devenu infirme. Quand à Hubertine, elle est d'une famille bourgeoise et doit continuer ses études de médecine pendant la guerre. Alors Ousmane et Jean vont tête baissée au front et vont d'ailleurs bientôt se rejoindre. Mais la guerre ne va pas être tendre avec eux : Jean sera accusé à tord de désertion, tandis qu'Ousmane devra subir les remarques racistes.
Cette histoire est très intéressante. On suit les deux personnages et quelques membres de leur famille pendant de longues années et on s'attache à eux, on est révolté avec eux. Par contre j'ai trouvé que les personnages secondaires (du côté de Jean) étaient parfois un peu vagues, je n'ai pas toujours compris qui était qui. Il est plus rare que l'on parle des Sénégalais, et encore moins que l'on parle de leur vie avant et après la guerre, j'ai donc beaucoup aimé cette partie-là du récit. On voit qu'après la guerre rien n'est facile pour Ousmane qui est toujours traité à la limite de l'esclavage. Et effectivement, comme le dit la quatrième de couverture, il y a également toute une réflexion sur la condition féminine au début du XXème siècle. Mais pas non plus de dénonciation radicale, plutôt une constatation, des faits : les paysannes ne sont pas considérées comme utiles à la ferme, lorsqu'elles s'engagent à la mine, elles sont beaucoup moins payées que les hommes pour le même travail. En Afrique, la femme est encore considérée comme un meuble appartenant à l'homme, lors de son décès la femme est donnée à son héritier. Si Hubertine fait des études de médecine, c'est très rare et parce qu'elle est la fille d'un bourgeois. Et lorsqu'elle s'engage pour aider au front, personne n'est d'accord car c'est trop dangereux pour une femme puis on la laisse finalement travailler comme infirmière alors que ses compétences sont sans aucun doute supérieures.
Bref, une bande-dessinée vraiment bien faite qui aborde différents thème de l'époque !
Lien :
http://blogonoisettes.canalb..