Caresses sur la peau du vent
paysages dépouillés de l'homme
habités de regards
douces la pente
et l'herbe
caresses sur la peau du vent
marais mouillères grises
mouillures à nos âmes prégnantes
matières vives
soleil froid des dunes
oyats toison sur la peau
lisse aussi au-dedans
derrière l'horizon, le vide
d'où surgit le jour
à Gustavo Montes,
sur les pétroglyphes de San Rafael (Mexique)
pierres brisées
pierres qui crient dans le désert
enfances du trait
rendues au chaos sigillé de l’origine
veillant au seuil du monde
pierres patientes
méprisées, oubliées
lentes à parler
mots signes obstinés
pierres obscures sous le jour
comme des crânes
mémoire muette d’un peuple
pierres dont on ne bâtit rien
parce qu’elles sont pierres opprimées
pierres accroupies, prêtes à bondir
pierres sources, polies parmi les plantes
douces à la pluie et aux cœurs brûlants
pierres de long espoir, de toute fondation
pierres qui chantent aux quatre vents
elles disent la roue, le disque
le soleil, la lune et l’étoile
comptes de troupeaux et d’astres paisibles
la ronde des hommes dans le cycle des temps
et nous lisons aveugles notre faute
notre honte
et la souffrance d’avoir trahi nos frères
et nous serions ainsi
indifférents à toute perte
hors la nôtre
prudents penseurs de paroles
partageant parcimonieusement nos ventrées
soucieux du désordre de la misère
jusqu’à farder la face
du pauvre
émus pourtant des clameurs du stade et de l’arène
prompts à la vindicte
et à l’oubli
ah, le froid m’en glace le dos
absence
la roche bise luit sous
la langue lisse de l’eau
lente en allée
que boit le sable
et ton regard en moi
mousses gorgées
de larmes douces
et dans le ciel
ton souffle
caresse à mon cou
soleil aux éclats
présence à vif
dans la vague qui revient
ourlée de la dentelle
de ton rire