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EAN : 9791022610438
224 pages
Editions Métailié (01/04/2022)
4.17/5   6 notes
Résumé :
David Le Breton poursuit son anthropologie du corps de façon plus affinée, plus littéraire aussi au regard de ses précédents ouvrages, il ouvre des voies de réflexion au lecteur. Ici pas d’interviews, que du vécu et des citations d’écrivains, de cinéastes ou des peintures qui décrivent sur le vif des sourires, des centaines de sourires plus ou moins célèbres où se voilent des significations contradictoires.

Le sourire se devine, il gagne les yeux, tra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
David le Breton est un ami cher. Il ne le sait pas, bien sûr mais il est de ces amis dont la découverte illumine votre vie. C'est avec Les Passions ordinaires, Anthropologie des émotions que je l'ai rencontré la première fois et on peut parler de déniaisement au sujet de cette lecture. Avant lui, je n'avais en effet jamais interrogé le caractère culturel de nos réactions. Dans un impensé aussi flou que peu satisfaisant, j'avais imaginé une forme d'universalité à l'expression de nos émotions et joyeusement mélangé sensations et sentiments, ressentis et expressions. Par la suite, d'autres de ses ouvrages m'ont aidée à réfléchir sur le corps, la perception de soi, l'identité. Quels que soient les thèmes abordés dans ses livres, c'est d'ailleurs très souvent sur cela que l'on retombe : qu'est-ce qui fait que l'on est soi ? Comment s'entremêlent les regards des autres et la perception de soi afin que soit circonscrit l'espace d'un je, souvent précaire et en refondation perpétuelle ? Précieuse et essentielle question.
Sourire, une anthropologie de l'énigmatique continue d'arpenter ces terres du je à travers la thématique du sourire. Dans de courts chapitres aux titres agréablement limpides sont abordés les différents spectres du sourire : celui que l'on ne destine qu'à soi dans un émerveillement au monde, celui sardonique des assassins qui ne célèbre alors que leur toute-puissance sur autrui, celui de l'enfant, d'abord réflexe puis, encouragé par ceux qu'il reçoit en miroir, signe d'intercommunication heureuse... Les ambiguïtés du sourire, les situations dans lesquelles on s'y prête, ce qu'il dissimule ou révèle, la réflexion de David le Breton découvre joliment tout de ce rictus socialement sursignifiant.
Comme une enfant que l'on emmène visiter une exposition, j'ai aimé la promenade à travers ces différentes incarnations du sourire. J'ai aimé être surprise par celles auxquelles je n'avais pas pensé, retrouver la familiarité de celles qui m'étaient déjà connues. Et bien sûr, j'ai aimé que ce seul thème convoque nécessairement tout l'appareil social nécessaire à son utilisation et à son décryptage. La subtilité des situations où point un sourire impose une méticulosité dans l'analyse afin d'en rendre tous les enjeux et toutes les significations. En ayant recours à des exemples tirés de fictions ou à des comptes-rendus d'expériences scientifiques, David le Breton parvient toujours à restituer l'épaisseur des significations, la richesse de leurs retentissements. Sourire est un de ces livres riche d'enseignements mais aussi du plaisir simple à déambuler dans une heureuse complicité d'analyse avec son propos. Un livre ami.
Je remercie donc chaleureusement Babelio et les éditions du Métailié de m'avoir offert cette anthropologie de l'énigmatique dans le cadre d'une masse critique non fiction.
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David le Breton, professeur de sociologie, a écrit un grand nombre d'ouvrages sur la thématique du corps. Je l'ai découvert dans une émission radiophonique quelques jours à peine avant de recevoir Sourire dans le cadre d'une Masse critique (merci à Babelio et aux Editions Métailié). Je ne le connaissais donc pas au moment de mon choix, seul le titre de son livre avait attiré mon attention. Encore une fois, le "hasard" avait frappé!
Pourquoi cette envie de lire Sourire? Parce que ce qui m'attire chez les autres, ce sont leurs yeux et leur sourire, avant même qu'ils n'ouvrent la bouche. Ils reflètent leur âme et me transmettent des ondes auxquelles je suis très sensible.
Autre argument: le caractère mystérieux du sous-titre (Une anthropologie de l'énigmatique) a achevé de me convaincre que ce livre était pour moi. Quelque soit leur physique, je trouve que les gens qui sourient sont beaux et lumineux. La première phrase qui m'a marquée dans ce livre se situe page 12: "Certaines personnes ont plus de sourire que de visage"; je n'aurais pas su le formuler ainsi, bien que ce soit exactement ce que je pense.
Ce texte est tellement dense que je ne saurais vous le résumer et vous incite à le découvrir par vous-mêmes. Je vous donne seulement quelques pistes.
L'idée majeure est qu'il n'y a pas UN mais DES sourires, avec des significations variables car se produisant dans d'innombrables contextes différents. Un sourire n'est pas transparent et peut exprimer des émotions très variées; il peut être ambivalent et renvoie toujours à un contexte précis.
Ensuite, le sourire n'est pas, selon l'auteur, un sous-rire, contrairement à ce que d'autres penseurs ont pu dire. Il possède sa signification propre... Il ajoute qu'on a des éclats de rire alors que le sourire a un éclat, est éclatant. En effet, David le Breton dit souvent que le sourire est plus discret, plus pudique, alors que le rire est plus bruyant, plus grossier, inconvenant même, et déforme le visage voire le corps.
Troisième point: le sourire est un fait de communication, il s'adresse à l'autre, même si ailleurs sur la planète, au Japon par exemple, il est de rigueur, c'est une loi de civilité depuis très longtemps.
Non seulement le sourire invite-t-il à l'échange, mais il peut même parfois remplacer les mots quand les choses sont difficiles à dire.
Le rire et le sourire naissent d'une relation à l'autre, ils ne sont pas des réflexes, ils sont une forme de complicité.
Un sujet intéressant mais qui, en ce qui me concerne, a été un peu desservi tout d'abord par une mise en page dense, touffue . Si le texte avait été plus aéré, cela lui aurait conféré une meilleure lisibilité et m'aurait permis de prendre du recul.
Cet essai complexe, voire philosophique, est truffé de références culturelles et artistiques, de points de vue aussi divers que variés, ce qui fait qu'il m'a été un peu difficile de me forger une opinion.
Le vocabulaire utilisé est élaboré, assez technique à l'occasion, ce qui ne facilite pas l'accès à la pensée de l'auteur. Par ailleurs, certaines phrases d'un tout autre style s'égarent dans cet essai, comme pour créer un peu de détente. Exemple, page 147: "Autant sortir un poisson hors de l'eau pour étudier la façon dont il nage en comptant le nombre de ses écailles". Car David le Breton a parfois la dent dure et un ton moqueur en parlant de ses prédécesseurs qui ont étudié le même sujet. Cela m'a gênée car cela n'ajoute rien. de plus, il ne faut pas oublier que la connaissance de ce sujet, comme de tant d'autres, a évolué avec le temps et que toute avancée de la connaissance se construit bien souvent sur le limon déposé par les anciens. Alors n'aurait-il pas pu se contenter ... d'un sourire?
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Aujourd'hui je vais évoquer Sourire le nouvel essai de David le Breton sous-titré Une anthropologie de l'énigmatique. Cet ouvrage s'inscrit dans les travaux menés depuis plusieurs décennies par Le Breton. Il a exploré la thématique du corps dans une acception large (tatouages, ordalies, douleur, marche, comportements à risque, etc.). Il y a quatre ans il avait publié Rire qui se complète avec le présent essai, sorte de contrepoint indispensable.
Explorer le Sourire est une gageure, les méthodes habituelles de l'anthropologie ne sont pas pleinement efficaces. David le Breton ne mène pas d'enquête de terrain, il ne conduit pas d'entretiens thématiques, il explore son objet à travers la médiation de la littérature, de la peinture, du cinéma ou de la sculpture. Sourire est un texte plus littéraire que certains essais précédents. le sourire est une caractéristique humaine, il est discret et silencieux (à l'opposé du rire qui est sonore et bruyant). En cette période démasquée après le covid-19 l'anthropologue part à la recherche de sourires disparus, mis entre parenthèses provisoirement. Il montre combien le sourire est important, il expose sa genèse et son sens. Les parents cherchent chez leur nourrisson le premier sourire tellement signifiant. L'auteur explore les travaux princeps de Darwin sur les émotions. le sourire sur un visage illumine et rayonne, il est la marque d'une joie, d'une quiétude ou d'une tranquillité. Un visage sans sourire est triste et affligeant. le sourire est le marqueur de l'âme, c'est un langage corporel universel, le médiateur de la joie et du plaisir. Avec cet ouvrage le lecteur qui n'en aurait pas déjà été sûr comprend l'importance du sourire dans les relations humaines, son rôle apaisant et modérateur en cas de conflit par exemple.
Sourire n'est pas l'essai de David le Breton le plus novateur ni le plus convaincant. Pourtant en tant que fidèle lecteur de l'anthropologue je suis persuadé que c'est un sujet pour lui, qui rentre dans le spectre des champs sociologiques qu'il explore avec talent. D'ailleurs en interview il est très pertinent.
Voilà, je vous ai donc parlé de Sourire de David le Breton paru aux éditions Métailié.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Ce livre s'inscrit dans la thématique de recherche de David le Breton. Plusieurs livres s'occupant de l'anthropologie du corps depuis les débuts de ses travaux de recherche. Je les ai presque tous.

Ce livre est le pendant de "Rires", publié en 2018. Et fait référence aussi à "Visages" dont la première édition date de 1992, une deuxième dans les années 2000 et la prochaine, revue et actualisée, prévue pour le mois de novembre 2022. Des références fréquentes sont faites à cette dernière édition.

Il s'agit de montrer les différences avec les "Rires" et aussi présenter les différentes nuances du "Sourire". Difficile de parler de tout - ce sont 23 chapitres et donc, 23 cas particuliers, tels les sourires des nouveaux nés, des assassins, des comédiens, des handicapés visuels, des autistes, des masqués du COVID, des nuances culturels, ...

On ne peut que s'étonner de découvrir la complexité de toute la sémiotique du sourire. Par ailleurs, David le Breton n'hésite pas à reprendre ceux qui par le passé ont voulu caractériser le lien entre le sourire, les émotions et la biologie ou anatomie des mouvements musculaires (Duchenne de Boulogne, Herbert Spencer, Darwin, Ekman et autres).

Les livres de David le Breton sont très denses mais agréables à lire et intéressants. Ce sont des livres à déguster et surtout pas chercher à le lire d'un seul coup. Celui-ci n'est pas une exception.

A lire avec "Rires" et "Visages", puis tous les autres de David le Breton.

Je remercie chaleureusement Babelio Masse Critique et surtout l'éditeur Métaillé qui m'a envoyé ce livre avec un petit mot souhaitant "bonne lecture".

Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(p. 62)
Pour rompre l'indifférence polie qui est de mise dans les rues des villes, Pierre Sansot aime à sourire aux passants inconnus déconcertés, semant ainsi le trouble. Dès lors, "l'avenue cesse d'être un parcours muet ou hostile. Je sais que mes sourires risquent d'être ensevelis par d'autres promeneurs : je n'en continue pas moins de les distribuer et si les autres passants agissaient de cette sorte, une ville se composerait d'innombrables chemins". Telle est par ailleurs la sociabilité des marcheurs qui échangent volontiers sourires et salutations en se croisant sur les sentiers.
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(p. 73)
Que cette tâche de maintenir en permanence une figuration souriante soit parfois malaisée, Hochscild en donne un exemple resté dans les annales ou la légende du métier d'hôtesse de l'air. Un jour un jeune homme d'affaires demande à l'une d'elles pourquoi elle ne sourit pas. Alors elle lui demande de sourire le premier et lui promet de sourire à son tour. Le jeune homme s'exécute. "Bien, lui dit-elle, maintenant restez comme ça pendant quinze heures", avant de s'éloigner sans se retourner.
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Contrairement au rire qui n'a pas de pudeur, le sourire est discret et flotte sur le visage comme une heureuse négligence de la tenue.
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De manière générale, le sourire est un adoucisseur de contact.
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Certaines personnes ont plus de sourire que de visage.
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Videos de David Le Breton (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Le Breton
Emois et résonances de la première toilette des élèves aides-soignants
Avec la participation de Éric FIAT, David LE BRETON, Pascale MOLINIER, Patricia PAPERMAN Voir plus [+]
La combinaison de récits de toilettes par des apprenants aides-soignants et d'articles réflexifs par des universitaires reconnus rend cet ouvrage innovant et incontournable pour comprendre les enjeux du respect de la pudeur dans le soin de la toilette aussi bien du côté du patient que de celui du soignant.

La première toilette constitue un rite initiatique à l'issue duquel on devient soignant. Si le respect de la pudeur des patients représente un enjeu majeur de l'enseignement du soin, qu'en est-il de la pudeur des soignants ? Cette thématique inédite est au coeur de cet ouvrage où, grâce au travail du récit, chaque fois unique et singulier, des élèves engagent leurs mots et représentations dans la confrontation de leur propre pudeur avec celle de l'autre. Ils et elles participent à l'émergence d'une voix, d'une culture, d'un discours sur le soin qui contribue à la reconnaissance de leur métier et de sa complexité psychique.
Ces savoirs expérientiels combinés à des savoirs d'experts reconnus en sciences humaines révèlent les dimensions aussi bien éthiques qu'existentielles présentes dans la pratique du soin de la toilette. Loin d'être une tâche simple aux techniques vite apprises et acquises, celle-ci participe à ce geste éthique majeur : le respect de la dignité humaine.
Avec la participation des élèves de l'IFAS.
Dans la collection
Trames
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