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sur 282 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans un futur pas si lointain, le monde a vrillé en raison d'une pandémie. le climat est difficile et ne facilite pas le quotidien des populations épargnées. Chacun tente de sauver sa peau et il n'y a même plus de moyen de savoir comment se passent les choses à l'international. L'isolement est roi tout comme la débrouille. L'électricité saute régulièrement dans le pays, les hommes et les femmes tentent de survivre, que ce soit à la campagne en s'isolant ou dans les villes où les tensions sont exacerbées. Les forces de l'ordre deviennent une faction ennemie, la guerre guette, la famine aussi. Hervé le Corre dresse le tableau d'un monde dévasté dans lequel de petits groupes tentent de continuer à avancer. Une femme et son bébé. Un père et son fils. le monde de l'auteur fait ressurgir au grand jour les émotions, les tensions, les faces sombres de ses personnages. "Qui après nous vivrez" est d'une noirceur rare. Une fiction qui mêle le roman noir et la dystopie, le tout avec la très belle plume de l'auteur qui ne laisse rien au hasard dans le rythme de son livre, difficile à lâcher. L'auteur pousse les curseurs assez loin et s'attarde avec la justesse qu'on lui connait sur les réactions de ses personnages, sur le désir de vengeance, sur les enjeux autour du collectif lorsque plus rien ne va. Les pauvres étant les plus touchés. Les inégalités augmentent comme jamais dans le contexte qui se déploie sous les yeux du lecteur. C'est parfois violent, souvent tragique. Cela donne un roman noir qui brouille les pistes du genre et qui prolonge l'oeuvre d'un auteur à part.
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Il y a pour ma part deux critiques pour ce livre, une littéraire et l'autre politique. C'est un bon roman, le Corre est un excellent auteur, dont j'ai lu tous les ouvrages. Politiquement, cette "dystopie" qui d'ailleurs est plutôt une hypothèse crédible de ce qui nous attend, est remarquable. Tout y est :
- La transformation de l'État libéral en État autoritaire où la police tire à vue et sans avoir de compte à rendre.
- Les gardes frontière qui coulent les bateaux de migrants.
- le contrôle social des pauvres poussé à l'extrême (Pôlice Emploi)
- Les canicules 6 mois par an.
- Les fondamentalistes religieux et d'extrême-droite et leurs attentats.
- Les militant.es isolés, réprimés, et moqués.
- La multiplication des pandémies.
- La débandade finale catalysant le tout, sur fond d'individualisme, des smartphones et d'indifférence générales, tel exactement ce que nous vivons aujourd'hui. Tout le monde s'en fout, seules quelques minorités agissantes s'engagent dans la lutte, subissant la répression du pouvoir et l'indifférence des autres. le Corre projette cela dans le futur en s'appuyant sur une situation connue et parfaitement présentée par nombre de scientifiques. Cela lui permet de faire des hypothèses environnementales et politiquement valables. En ce sens, ce roman est à la limite de l'essai, le nucléaire en moins. Car à + 4° dans quelques décennies, il ne sera plus possible de refroidir les centrales et elles exploseront, tout se terminera donc beaucoup plus vite.

Finalement, c'est la première fois qu'un bon roman m'a été aussi pénible, j'ai eu beaucoup de mal à le terminer.
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Trois générations de femmes, qui vivent la fin de notre monde et le chaos de l'après. J'ai été absorbée par ce récit en trois époques, qui bien qu'un peu répétitif fourni de véritables héroïnes, des personnages épais qui se répondent à travers les chapitres par l'unique envie de protéger leur enfant. le dernier réflexe de ces femmes, assurer un avenir à leur progéniture : aucune n'y parviendra, en tout cas pas sans encombres.

J'aime l'écriture d'Hervé le Corre. Qui aurait cru que le déchirement du monde puisse être si doux à lire ?
Mon bémol se situe dans les intuitions et les pouvoirs de "magiciennes" d'Alice, de Nour et de Clara, qui sont citées à plusieurs reprises mais jamais assez exploitées. J'ai aimé le côté très suggestif du récit, qui passe des messages sans les nommer, mais j'aurai aimé plus de concret sur ce point.

Certains comparent ce récit avec La Route, je l'ai trouvé moins dépouillé, le style plus fluide. Les personnages ont plus de présence, les évènements qui jonchent le récit plus de fond. Je n'ai pas accroché avec la prose de Cormac McCarthy. Les fins par contre se ressemblent : trop évasives.

Petit bonus pour la morphologie du livre, à laquelle je suis inlassablement sensible : il est confortable à tenir, souple, le titre percutant. J'ai de suite flashé en le voyant.
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2048 un soir, tout s'éteint dans un monde qui ne connaît plus que des pénuries, des crises, des pandémies. Les pannes de courant arrivent fréquemment mais cette fois-ci ça ne redémarre pas et le chaos s'installe. Rebecca et Martin vivent ce black-out avec leur bébé Alice.
2121, Nour, fille d'Alice et petite-fille de Rebecca, survit en ce monde. Elle aussi a eu une fille, Clara. Elles font route avec Marceau et Léo, père et fils.

Le roman s'ouvre sur Léo, 12 ans, vivant dans un futur post apocalyptique. Il est hanté par la mort de sa mère dont il est témoin à 6 ans. Chaque chapitre alterne au niveau chronologique avec des retours en arrière sur différentes temporalités. Cette particularité demande une certaine exigence pour suivre le fil de l'intrigue et s'imprégner du parcours de chaque personnage. Une fois que j'ai accepté de ne pas tout maîtriser et savoir le pourquoi du comment j'ai pu me plonger totalement dans ce roman d'une extrême noirceur.

L'auteur nous décrit un monde de désolation. Les ruines et les carcasses de voitures font parties du paysage. Les forêts et bois renferment des animaux cruels au sens propre comme au figuré. On ressent la crasse, la chaleur et la peur qui est le quotidien de nos protagonistes.
Le mot survie trouve ici tout son sens. Il est le fait d'un être vivant de se maintenir en vie malgré un risque accrue de mort. Chaque jour qui se lève est un combat pour sa vie, penser à "demain" est inconcevable.

Malgré la mort et les nombreux espoirs brisés qui traversent les générations, il y a de fugaces moments de contentement. Ce qui pourrait s'apparenter comme une errance sans fin ni but pour les 3 générations de femmes que l'on suit est en réalité une quête d'humanité à offrir à ses enfants, à ceux qui après eux vivront. Après avoir vécu tant de choses horribles, ces femmes ne se font pas d'illusions. Mais malgré tout elles n'ont jamais été totalement seules. L'humain a besoin de sociabilité pour rester sain et vivre.

Je me suis tout de suite attachée à Léo. Ce jeune adolescent est contemplatif. Il a un lien particulier et tendre avec la nature et les animaux. J'ai eu plus de mal avec les autres personnages au début. Puis au fur et à mesure et surtout dans la deuxième partie du roman on en apprend un peu plus sur eux, leur émotions.
Ce que j'ai aussi apprécié, c'est que ce ne sont pas des surhommes qui connaissent toutes les techniques de survie, d'agriculture, de médecine ou autres. Ils ont également leurs failles et ont dû puiser dans le pire en eux pour sauver leur vie et celles des siens. La force des femmes et leur détermination font plaisir à lire.

La fin ouverte m'a un peu frustré même si elle reste cohérente avec l'esprit du roman. L'auteur évoque plus qu'il ne décrit avec précision. Bon après je suis quasi certaine de l'interprétation à donner au dénouement au vue des mots employés.

J'avoue avoir eu le moral plombé par cette lecture. le principe du roman post apocalyptique est de pousser à l'extrême ce qu'il pourrait arriver de pire. Mais c'est tellement réaliste par rapport à ce qu'on vit aujourd'hui que ça m'a bien fait cogiter et que j'ai eu parfois du mal à dormir sereinement. Un roman noir à découvrir.
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Les romans d'anticipation sont rarement optimistes. Mais autant vous prévenir tout de suite, celui-ci est désespérément noir. Très noir.
Nous sommes au milieu du XXIIe siècle et tout s'est effondré. Dans un dramatique enchaînement, catastrophes climatiques, famines, pandémies et guerres se sont succédées, ne laissant place qu'à la misère et à la barbarie. Dans ce nouveau monde on ne vit plus. On survit. Dans le dénuement, la violence et surtout l'absence terrible d'espoir.
Tout a commencé un soir de 2051, un soir où le courant est parti pour ne jamais revenir, laissant Rebecca et sa fille Alice dans l'effroi et l'angoisse. Une angoisse quotidienne qui vivent à leur tour Alice, devenue adulte, et sa fille Nour, puis Nour et sa fille Clara. Une lignée de femmes cheminant sans fin vers un avenir qu'elles espèrent meilleur, nourrissant en leur sein une infime lueur d'espoir.
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« Fuir le passé. Redouter le lendemain ». Cette phrase résume à elle seule l'avenir que nous décrit Hervé le Corre, dans ce roman crépusculaire et terriblement angoissant. En le lisant, on pense forcément à « la route », ou à « et toujours les forêts », mais ici les héroïnes sont des femmes, ce qui donne aux propos plus de désespoir encore tant leur sort est terrible, pire encore que celui des hommes dans cette société en déclin. Parce qu'au-delà du dénuement matériel dans lequel tous vivent c'est clairement la perte de toute humanité qui rend la vie insoutenable. Et pourtant, dans cette noirceur abyssale, seules les femmes semblent porter en elles un peu de lumière. Ces femmes devenues des proies, des enjeux de pouvoir. Ces femmes lucides qui « depuis longtemps n'espéraient plus rien pour leurs enfants, sinon leur éviter le pire ». Ces femmes admirables pour leur résistance, leur courage, leur ténacité, pour la solidarité qui les lie entre elles. Pour leur décision ou pas de donner la vie, ce pouvoir ultime de faire se perpétuer l'espèce. Ou de la faire s'éteindre.romans
Au delà de sa noirceur, ce roman est aussi exigeant dans sa construction.
On se perd un peu dans cette temporalité déconstruite, on cherche des repères, des indices temporels, on hésite , et cette opacité contribue à renforcer l'immersion, à accroître la tension, omniprésente. Quant à la plume d'Herve le Corre, je le découvre et elle est magnifique. Très dense et puissamment évocatrice, elle appuie le propos et enferme le lecteur dans une ambiance glaçante et démoralisante. Et même si on est dans un dystopie, impossible de ne pas faire le lien avec notre époque actuelle, avec notre inaction, notre aveuglement. Elle éveille une prise de conscience redoutable et sans appel devant la course folle vers un avenir que l'auteur imagine inéluctable, « devant ce temps perdu où les maîtres de ce monde conduisaient à pleine vitesse vers le bord de la falaise, et nous demandaient à nous, pauvres cons, de retenir le bolide pour l'empêcher de basculer. »
Un roman éprouvant, à éviter aux âmes sensibles, aux pessimistes ou aux éco-anxieux. Un cri d'alerte pour réagir vite, mais est il encore temps?

Le mot de la fin à Francois Villon à qui l'on doit le titre:
«  Frères humains qui après nous vivrez
N'ayez les coeurs contre nous endurcis »
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J'ai eu un coup de foudre pour Hervé LeCorre quand j'ai lu Après la guerre.Ainsi je n'ai pas hésité à me lancer dans ce nouveau roman.
Il s'agit d'un récit post-apocalyptique.
L'idée était très originale de dérouler le fil de l'histoire sur une généalogie de femmes,qui donne la vie et de se concentrer sur les couples mère/fille, Rebecca/Alice,Alice/Nour,Nour/Clara dans un tempo non chronologique.
C'est le seul espoir qui tient le lecteur malheureusement. le monde entre 2050 et 2150 est en proie au chaos après une coupure d'électricité mondiale, la barbarie va prendre le dessus. Tout au long du livre, elle est palpable à chaque coin de rue,chaque futaie ,la chaleur est écrasante et la nature est sauvage ou calcinée.
Le style de l'écriture est riche et très agréable mais il ne parvient pas à alléger la redondance des menaces et de la violence qui pèsent partout et sans cesse. C'est sans doute le message que veut nous transmettre l'auteur sur ce qui pourrait nous attendre. Mais dans une dimension si noire, j'ai besoin de croire un peu en l'humanité de l'homme ou bien de retrouver une dimension philosophique ,comme dans La Route de Corman Mc Carthy.
Ça ne m'empêchera de lire les polars d'Hervé le Corre que je n'ai pas encore découverts.
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Imaginons un monde dans lequel, à force d'égoïsme, l'humain aurait détruit la Terre… Un monde dans lequel le réseau électrique s'effondre et n'est jamais rétabli. Un monde dans lequel survivre devient une lutte, l'entraide une notion de plus en plus abstraite… Un monde effrayant, violent, où tout ce qui a fait de nous une civilisation s'est effondré, au profit d'une terre désolée, peuplée d'êtres soit sanguinaires, soit tapis dans l'ombre pour survivre à l'abri des prédateurs, pourtant leurs semblables.

Hervé le Corre, dans ce roman sombre et étouffant, nous emmène dans ce monde-là au travers plusieurs générations de femmes, où tout commence par un black-out dans une époque qui était déjà frappée par une épidémie meurtrière et une baisse alarmante de la natalité.

Comme souvent, dans un récit post-apocalyptique, le sort des femmes est peu enviable, mais elles ont aussi en elles une force insoupçonnable que l'instinct maternel décuple. C'est sur cet axe que l'auteur a développé son intrigue. La narration est particulière, à première vue, elle peut même paraître décousue ! On passe d'une période à l'autre, avec parfois un peu de difficultés à raccrocher les wagons. Pour autant, on s'habitue assez vite et, abasourdis, nous nous posons en observateurs d'un monde dévasté. Alors que, pour survivre, l'union devrait faire la force, l'humain prouve encore qu'il est une race particulièrement vile et égoïste.

L'espoir, dans ces lignes, est désespérément absent, sauf à lire entre les lignes, à comprendre, enfin, avant qu'il ne soit vraiment trop tard, que le bonheur réside dans un sourire, une émotion. de son écriture poétique, l'auteur nous plonge dans les tourments de nos descendants, avec un rappel lancinant de ce cri désespéré que nous a, depuis si longtemps, lancé notre Terre et auquel nous restons tout aussi désespérément sourds. Il faut être prêts à recevoir ces mots, il faut être prêts à être enseveli par ces émotions. Personnellement, bien que subjuguée par une écriture littéralement sublime, je n'ai pu adhérer complètement à ces lignes, parce que ça signifierait cesser de croire en notre capacité à inverser la tendance, à sauver, à défaut de notre planète, au moins notre humanité…
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Trois étoiles et demi pour Hervé le Corre, ce n'est pas beaucoup car c'est vraiment un de mes auteurs français préférés. En plus, il a pris le risque de sortir de ses genres de prédilection ( romans noirs, polars ) pour s'aventurer dans la dystopie post-apocalyptique, et je trouve toujours réjouissant qu'un auteur cherche à se renouveler.

De la dystopie donc, avec une intrigue qui démarre en 2050 avec un grand effondrement planétaire qui plonge les hommes dans un monde impitoyable : catastrophe climatique, épidémies, totalitarisme, fanatisme religieux, exodes, famines, milices armés. Comment survivre dans un tel monde ? A quoi se raccrocher ? Qu'est-ce qui reste et fait notre humanité envers et contre tout ?

Les questions sont fortes, les enjeux tout autant. On est rapidement sidérés par la violence et la sauvagerie décrites sur quatre générations, de 2050 à 2150, en suivant le destin d'une lignée de femmes, Rebecca, Alice, Nour, Clara, de mères en filles.

Le Corre est un de nos meilleurs stylistes, chaque phrase est admirable. Mais si sa force évocatrice est incontestable, j'ai trouvé qu'elle s'essoufflait pour différentes raisons. D'abord, parce que les péripéties et épreuves qui attendent ces femmes semblent former un catalogue décrivant tous les sombres possibles qui nous attendent si on ne redresse pas vite la barre, aujourd'hui. Ce pessimisme radical clignote de façon un peu trop insistante, et la puissance narrative initiale s'effrite sous la redondance et la surcouche d'ultra-noir.

D'autant qu'on est sur un terrain très familier, peut-être trop. Durant ma lecture, je me suis souvent dit que j'avais déjà lu ça ( et en meilleur ) : La Route de Cormac McCarthy, Et toujours les forêts de Sandrine Collette, La Constellation du chien de Peter Heller, ou encore La Servante écarlate de Margaret Atwood ( pour les passages sur la colonie pénitentiaire ). Ce n'est pas gênant en soi car le Corre ne s'érige pas en prophète, il énonce juste des possibilités anxiogènes dont il pousse juste très loin les curseurs. Il sonne le glas sans donner de leçons.

Sans doute faut-il lire ce roman comme un continuum littéraire, un relais avec d'autres auteurs, comme s'il utilisait les briques des autres qui vivent dans la tête des lecteurs ( selon leurs acquis livresques et leurs références cinématographiques ) pour construire son propre récit.

Même si je ne suis pas aussi convaincue que j'aurais aimé l'être, j'ai apprécié de nombreux passages du roman, notamment une scène, somptueuse et bouleversante, lorsque deux de ses héroïnes rencontrent une vieille femme vivant complètement isolée avec son fils lourdement handicapée à la beauté fulgurante.

« Ils parlèrent aussi du temps d'avant, de ce qui les avait menées là, les unes et les autres, des épreuves, de la terreur, de la barbarie, des mains tendues qu'ils avaient saisies, secourables ou secourues, des nuits sans fin au fond d'un trou, des journées sous le feu des armes, délogés, traqués, perdus. On sentit passer entre eux quelques fantômes mais on ne les invoqua pas, peut-être parce qu'ils savaient s'inviter sans prévenir.
Ils dirent plutôt les bonheurs minuscules et les petits matins, la vie opiniâtre, l'entêtement du jour, le courage d'y croire, de se lever, de rester debout, de tenir peut-être parce que les femmes et les hommes sont aussi faits comme ça, pour ça. Tenir. Penser au lendemain en remettant le futur à plus tard. »

Et puis, il y a tout de même quelques trouées de lumière dans cette désespérance quasi absolue. C'est très puissant d'ériger cette lignée de femmes en gardienne de l'humanité et de l'espoir à transmettre à leurs enfants. L'espoir , même ténu, naît du collectif et des rencontres.

« A huit ans, elle a traversé des misères insondables, des nuits de terreur sans fin, des flammes, des rivières glacées, des ponts effondrés. Des charniers. A huit ans, elle a parlé à des enfants morts comme elle parle aux oiseaux, dans sa langue bizarre, leur disant tout bas des prières peut-être, des suppliques, et Rebecca a dû l'arracher de ses agenouillements auprès des corps recroquevillés dans des fossés, ou renversés dans un talus, indifférente à la pestilence qui montait des cadavres.
Alice a fait ces choses, a vu tout cela, à huit ans, alors ça vaut la peine de lui dire à quel point un océan est beau jusque dans ses innocentes fureurs et d'essayer de lui faire comprendre que le flux et le reflux des vagues sont un mouvement perpétuel, le rythme battant de l'éternité. »

Oui, la lumière vient de ces enfants, de leur énergie, leur courage à jouer et rire au coeur des tragédies, de leur instinct de survie, force animale obstinée qui pousse à se relever.
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Le post apocalyptique est très tendance. de nombreux romans s'emparent de nos angoisses, sans doute légitimes, pour ce qui s'annonce dans un futur plus ou moins proche. C'est bien le propos d‘Hervé le Corre dans ce roman qui se situe à la fin de notre siècle, alors que tout part en vrille. Effondrement de la natalité, épuisement des ressources, mettant à la rue des millions d'humains en quête de survie, au prix le plus souvent d'une violence désespérée.

De mère en fille, elles se racontent, Rebecca, Nour et Alice, qui jouent aussi le rôle de repère temporel dans le brouillard de ce chaos permanent.

Car il faut être clair, le propos est désespérant : le comportement des humains a fait un bond en arrière de plusieurs centaines d'années « un nouveau moyen-âge », la lutte pour la survie est le seul leitmotiv, et génère de multiples scènes de guerre, avec son cortège de viols, tortures, et meurtres odieux. Seul le microcosme des personnages que l'on suit tente de garder un cap où la résilience, l'empathie et l'entr'aide auraient encore un sens. Même les expérimentations de reconstruction d'une société organisée sont l'occasion pour de petits chefs de régner en despote sur une communauté aliénée de tous ses droits (je n'ose même pas aborder le statut des femmes…)

Roman noir, sombre, désespérant, qu'il vaut mieux aborder entre deux feel-goods, même si on n'est pas aficionado du genre.
Malgré tout -, pour les plus aguerris, on peut reconnaitre la qualité de l'écriture et la puissance d'évocation de ce texte glaçant.

400 pages Payot et Rivages 10 janvier 2024

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Une dystopie de plus où l'angoisse est présente à chaque page.
Cette histoire qui s'étend sur presque 400 pages, couvre tout un siècle de désastres et de récession. L'originalité, c'est qu'on suit quatre générations de femmes, de Rebecca à Clara en passant par Alice et Nour, héroïnes résistantes et qui s'accrochent à leurs valeurs humaines, chose rare en ces temps troublés. On ne peut que les admirer et trembler pour elle.
Les évènements qu'elles traversent se répètent souvent : elles doivent affronter des hommes prédateurs, protéger leur enfant, s'allier à de bonnes personnes et apprendre à se battre, voire chasser pour se nourrir.
Dans un pays, qui n'est pas nommé, où les épidémies, les incendies et l'effondrement de la société créent un désastre, elles doivent survivre. Leur vie se trouve parfois confronté à des coïncidences et j'ai trouvé qu'il y avait quelques grosses ficelles, mais bon….
J'aime le style d'Hervé le Corre qui sait nous conter l'apocalypse et ses conséquences comme si on le voyait sur grand écran.
Malgré quelques longueurs et des situations qui se répètent un peu trop à mon goût, j'ai apprécié ce roman d'anticipation.
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