La peinture, je l'aime beaucoup.Et surtout l'Impressionnisme. Donc, j'apprécie la lecture d'ouvrages qui me permettent de découvrir ce monde fascinant. Après «
La tristesse des femmes en mousseline », j'ai eu envie d'en savoir plus sur
Berthe Morisot que je connaissais mal. J'ai fait des recherches afin de contempler les tableaux dont parle
Jean-Daniel Baltassat, puis, j'ai acheté catalogue et album des oeuvres que je voulais pouvoir admirer à mon aise et sur papier. En navigant sur le net, je constate qu'une bande dessinée donne vie à l'artiste. La couverture me plaît. Elle évoque pour moi une célèbre toile de Monet, dans laquelle des femmes descendent une colline couverte de coquelicots, des fleurs parmi mes préférées. Berthe et Manet sont à la place des promeneuses.
En 1884, Berthe a quarante-trois ans. Est-elle déjà cette femme aux cheveux blancs que décrit
Baltassat dans son roman ? Je ne sais pas, car d'elle ne se révèle qu'une main jetant au feu des feuillets. Ce sont des lettres adressées à sa soeur Edma. Désormais, tout au long du volume, apparaîtront, en haut des planches, les bords consumés de diverses missives, dont seules quelques lignes sont lisibles. Tandis que l'une d'elles se tord dans les flammes, l'oeil a le temps de saisir quelques mots : « mieux vaut brûler les lettres d'amour... »
Cette belle jeune femme énigmatique, modèle d'une grand nombre de chefs d'oeuvre de Manet, a-t-elle vraiment vécu avec ce dernier « une passion impressionniste » ? Les deux auteurs vont nous conter la rencontre au musée du Louvre, où les peintres s'exercent en copiant les grands maîtres. C'était un des seuls endroits où les femmes avaient l'autorisation de pratiquer leur art.
Berthe pose pour « le Balcon ». Édouard s'empare de ses pinceaux et, à la grande colère de la jeune fille, termine un portrait sur lequel elle travaillait. J'ai lu qu'il était coutumier du fait. Lorsque Bazille représente son atelier, c'est Manet qui trace la figure de son ami.
Édouard raconte son passé, conseille des couleurs, des techniques. Berthe surprend l'élégant dandy au bras d'une coquette, les deux jeunes gens se promènent en bord de Seine. Berthe jalouse Eva Gonzales, artiste et modèle qui fréquente l'atelier de Manet. Berthe console Édouard, conspué au Salon de 1869.
Ce sont des moments choisis dans la vie des deux peintres que
Marie Jaffredo nous offre dans un délicieux décor d'époque, aux couleurs tantôt pastel, tantôt vives (le champ de fleurs), aux tons sépia, lorsqu'on plonge dans le passé d'Édouard, écolier impertinent, pris en train de caricaturer le professeur, élève rebelle de Thomas Couture ou étudiant à « Navale », lorsqu'il découvre Rio de Janeiro.
Partout, partout, des chevalets, des toiles en train de s'élaborer ou couvrant les murs des expositions.
J'ai été enchantée pénétrer dans les tableaux du maître. Quant à savoir si Berthe et Édouard vécurent cette passion, à vous de lire l'album pour le découvrir.
En fin de volume, un beau dossier de Dimitri Yoannides résume la vie et l'oeuvre de Manet. Des reproductions de qualité y sont expliquées, mais parfois, dans des caractères aussi petits que ceux d'une notice pharmaceutique. Dommage.
J'ai adoré cette bande dessinée.