«Comme ces faits fictifs, ainsi que les cartes de royaumes imaginaires, fascinent certains lecteurs, j'inclus ladite description après les récits. J'ai, de même, redessiné les cartes de ce livre pour son édition originale et, ce faisant, j'en ai découvert une autre, très ancienne, dans les Archives d'Havnor.» – Ursula le Guin, préface
Ursula le Guin possède une plume talentueuse et elle est également polyvalente. Dans le cycle de Terremer, on rencontre des histoires et un recueil de nouvelles. Dans le «Conte de Terremer», je suis conquise à nouveau par ses nouvelles différentes et le coeur des personnages qu'elle fait battre sous sa plume.
«Il y a longtemps que nous habitons des royaumes réels et imaginaires. Mais nous ne ressentons plus ces lieux comme le faisaient nos parents, nos ancêtres. Les enchantements s'altèrent avec l'âge, avec les âges.» - Ursula le Guin, préface
Dans ce recueil-ci, elle nous offre cinq nouvelles : le trouvier, Rosenoir et Diamant, Les os de la terre, Dans le Grand marais, Libellule.
Quand j'ouvre mon livre, je prends conscience que c'est des nouvelles, je ne sais donc pas à quoi m'attendre. Je crois que c'est différent, d'une nouvelle à un roman. J'avoue que je prends un plaisir à le lire. le recueil de nouvelles contient 441 pages et je confirme que je ne vois pas le temps passer.
Je constate pour vraiment apprécier la lecture, il faut suivre les livres en ordre d'Ursula le Guin. Effectivement, on retrouve les thèmes qui lui tiennent à coeur et on croise des personnages familiers. Dans les «Contes de Terremer», son écriture est riche, puissante et mélodieuse. C'est un peu comme une musique, qui murmure à ton oreille.
Au cours de ma lecture, je retiens des notions qui reviennent et je remarque évidemment : la quête, l'identité, le nom de la personne. Elle amène toujours ses personnages à s'interroger et à se dépasser dans chaque situation. Au travers de chaque récit, c'est comme si le lecteur peut faire sa propre prise de conscience. «Être ici la satisfaisait. Pourtant sans éprouver de sentiment d'urgence ni de mécontentement, elle avait conscience de patienter.» - Libellule
«Ce sont là des illusions, des trompe-l'oeil. Mais il existe de vrais changements, de vrais appels. Vives tentation pour le magicien. C'est merveille, que de voler sur les ailes du faucon, de voir la terre avec le regard du faucon. Et appeler, qui revient à nommer, est un formidable pouvoir.» - Dans le grand marais
Je me considère encore comme une débutante face au monde de la fantasy et j'avoue que lire ce recueil de nouvelles m'apporte du bonheur. C'est comme lire des contes, où on accompagne des héros qui détiennent leur magie. On voit s'ouvrir devant soi, tout un univers où on chemine soit sur la terre, soit en mer, soit en forêt ou soit en monture.
Chaque récit, on fait la connaissance d'un personnage où il nous transporte dans d'autres contrées de Terremer. Il s'y dégage toujours une atmosphère chaleureuse peu importe les défis ou les obstacles à surmonter. Ce qui retient également mon attention, c'est leur demeure, on y retrouve un foyer des fois accueillant ou hostile. On est littéralement subjuguée par l'âme des personnages, ses endroits uniques où ils font de Terremer, un monde enchanté à découvrir.
«C'est un talent rare, que de savoir où l'on doit être alors qu'on n'est pas encore allé partout où l'on n'a rien à faire. Bon, envoie-moi un étudiant de temps à autre. Roke a besoin de magie de Gont. Je pense qu'on néglige certaines choses, ici, on savoir valable…» - Les os de la terre
J'en viens finalement à la question : «Qu'est-ce que j'ai pensé vraiment des nouvelles ? »Je crois que je les ai aimées différemment, elles se lisent goulument, comme lorsqu'on boit un breuvage délicieux. Je peux faire un petit résumé :
- le trouvier : On voit que ça ressemble un peu : «Aux Tombeaux d'Athuan», ça se passe au début sous la terre. C'est intéressant à lire, on voit un autre aspect dans sa nouvelle. Les femmes et les sorcières prennent un peu plus de la place. «Trouvier», le titre prend tout son sens, lorsqu'on lit la nouvelle.
- Rosenoir et Diamant : Diamant est partagé entre sa voie et le désir de son père. Je suis sensible aux deux êtres qui sont liés. J'aime le côté romanesque et tendre de la nouvelle.
- Les os de la terre : On retrouve un personnage connu, qui vient aider le personnage principal. Elle aborde bien le sujet et on voit l'interaction entre l'énergie de la terre et les personnes concernées. C'est bien écrit, c'est triste à la fois émouvant.
- Dans le Grand marais : On fait la connaissance d'un personnage qui veut trouver sa voie. Elle mentionne l'accueil des étrangers et la chaleur d'un foyer. Elle aborde l‘importance du nom, et du respect qui y véhicule. C'est une de mes préférées car elle dégage quelque chose de spéciale. On ressent de la magie, il émane de la bienveillance et de la chaleur humaine. Un petit plus, pour le personnage Émer, elle m'a touchée par sa manière d'être.
- Libellule : Je crois que c'est une nouvelle que j'ai eue de la difficulté à entrer au début. Je ne sais pas pourquoi. C'est un endroit froid, où l'héroïne vit au début et elle ne sait pas qui elle est. L'importance de la quête revient et la place des femmes aussi. Et au fur à mesure qu'on lit, on se laisse imprégner des personnages et du lieu où elle s'installe. J'aime l'évolution et la mise en place des éléments. J'avoue que la finale me surprend.
«On m'a envoyé ici en disant : «Tous les étrangers dans le même panier» - Dans le grand marais
Je peux alors confirmer qu'en 2016 : Ursula le Guin devient une de mes auteures préférées. C'est une auteure que je ne connaissais pas du tout. Grâce à Bernacho, mon compagnon de lecture, il m'a permis de la découvrir avec le cycle de Terremer. Ursula le Guin sait construire autant un roman qu'une nouvelle. Elle transmet à sa façon à elle, sa fine psychologie, elle fait bien passer les émotions. Dans ce recueil-ci, elle laisse la place aux femmes et aux sorcières, c'est différent, c'est un autre langage.
Pour terminer, je réfère cette écrivaine, c'est des nouvelles qui se lisent avec entrain, elle met du baume au coeur. Il n'y a pas d'horreur, ni de gore, ni d'épouvante, c'est comme des contes où on retrouve la magie, et les histoires se passent dans les contrées de Terremer. Je me rends compte que j'aime beaucoup Tenar mais Ged est également un personnage qui marque. Après tout, c'est avec lui, qu'on débute le cycle. Quel plaisir que je ressens, lorsque je le retrouve.
C'est difficile d'expliquer, ce qu'est Terremer, il suffit de lire le cycle. Lorsqu'on avance, ce qui est merveilleux, c'est qu'on peut faire des liens, avec les autres livres. Elle approche beaucoup de sujets qui peuvent toucher le lecteur.
Lorsqu'on embarque à bord de Terremer, on ne sait jamais sur quel rivage, on va atterrir. Qu'est-ce qu'on va affronter contre climat, qui va être nos alliés et c'est quel ennemi qu'on va avoir sur notre route.
«Il fermait les yeux et voyait sa chérie si proche, si nette, qu'il tendait la main pour la toucher. S'il ne le faisait pas qu'en pensée, comme pour jouer de sa harpe mentale, alors il y parvenait. Il sentait sa main dans la sienne. En pensée, il lui parlait, et en pensée elle lui répondait et elle prononçait, de sa voix rauque, son nom : Diamant.» - Rosenoir et Diamant
Je ne sais pas, si j'aurais lu par moi-même le cycle de Terremer. J'avoue à deux, c'est beaucoup mieux. Je te remercie Bernacho, c'est une belle découverte pour moi Ursula le Guin. À chaque nouvelle, elle nous donne une qualité dans son écriture, elle sait nous faire rêver, n'est-ce pas là le rôle avant tout d'une écrivaine ? Sur cette dernière citation, je vous laisse, est-ce que vous y croyez au pouvoir de la magie et des pensées ? Alors, allez voguer aussi, sur la belle critique écrite à la manière de Bernacho.
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