Samedi 4 mars 1933
Je considère pour ma part comme des forbans ces agitateurs politiques: Mussolini, Hitler, qui chauffent à blanc tout un peuple et le transforment en une foule d’énergumènes prêts pour la tuerie. Que ceux-ci se fassent tuer, puisqu'ils sont assez bêtes pour se laisser monter le coup, il n'y a pas grand mal, mais c'est qu'ils peuvent amener à se faire tuer d'autres qui n'en ont aucune envie. On peut ajouter à Hitler et Mussolini l'odieux reître Pilsudski, le sabreur polonais, qui n'attend qu'une occasion pour ouvrir la danse. On ne sait pas ce que les hommes sont le plus: ou bêtes, ou fous. On se rappelle le mot de Renan constatant l'impuissance des esprits de paix et de conciliation: il n'y a plus qu'à se croiser les bras avec désespoir.
Une femme est toujours plus ou moins une putain, quelque dehors qu’elle ait, si beaux sentiments qu’elle étale. Une putain, je le répète, et toujours guidée par un calcul. L’homme qui a confiance dans une femme, quelle qu’elle soit, est le dernier des imbéciles. (6 février 1929)
Paul Léautaud - Entretiens (Partie 1).