La couverture sépia, la photo d'époque m'ont fait croire que le livre avait été écrit dans les années 40. Erreur. Il a été publié en 2001. Et c'est bien normal car l'auteur est né en 1947.
En 40, c'est la débandade. Les soldats, sans chefs, sans armes, fuient, à pied. Les gradés, morts de peur, fuient, avec un véhicule, peu importe lequel.
Cependant un groupe, formé de bric et de broc, décide de défendre, au risque de leur vie un pont sur la Loire : « Il était bien étrange de former une communauté si soudée autour d'un pont tellement banal »
Les habitants du village voisins ne voient pas cette décision d'un bon oeil et vont tout faire pour empêcher ces soldats de réussir. Même des choses pas très belles.
Des Sénégalais font partie de ce groupe. Ils m'ont semblé beaucoup mieux organisés et efficaces que leurs homologues de Métropole : « Aussitôt les Sénégalais se mirent au travail et une fois encore, Valadon admira leurs remarquables qualités militaires ».
Ils font preuve d'honneur, de courage, de dignité et ne méritent vraiment pas le sort qui leur est réservé par les nazis alors qu'il combattent, contraints et forcés, pour un pays qui n'est pas le leur. Ils méritent notre admiration et l'auteur a su leur rendre l'hommage qu'ils méritent.
L'histoire d'amour montre que la vie est plus forte que la mort... dans certains cas.
C'est un livre très instructif, presque un reportage.
J'ai aimé.
Chessy sur Loire, juin 1940. Deux chefs militaires, dont l'un, Henri Dragance, est aussi écrivain, et peu habitué à entrer dans le rang, vont unir leurs efforts, parfois contre les élus et les notables des lieux, afin d'empêcher l'armée allemande, en pleine progression, de franchir ce dernier pont près d'Orléans. On assiste entre autre à la résistance héroïque d'un détachement de tirailleurs sénégalais et à la naissance d'une belle histoire d'amour entre l'écrivain militaire et une jeune femme d'origine polonaise installée dans le village. C'est une poignée d'hommes sous les ordres de Dragance et Rollet qui va réussir l'incroyable exploit, mais au prix de combien de vies humaines !
1940 : la débacle française face à l'avancée allemande.
Quelques hommes pour tenir un pont (dont une compagnie de tirailleurs sénégalais). Un village qui préfère traiter avec l'ennemi (pour être préservé) et qui complote contre les français. Une histoire d'amour. L'affrontement des forces allemandes. Un très beau roman de Frédéric Fajardie. (Lisez Fajardie avant qu'il ne disparaisse de nos librairies)
Un beau roman, une belle histoire d'amour sur fond de débâcle lors de la 2e guerre mondiale.
Qui révèle le meilleur (l'amitié entre les hommes) et le pire (les notables d'un village prêts à tuer les français qui les défendent) de chacun. Certainement ce qui m'a le plus marqué dans ce roman...plus que la romance elle-même.
Zieutez ça les gars, et dites-moi pourquoi on devrait se faire tuer ici. Ce zèbre-là, médecin général d'armée, laisse derrière lui des dizaines de milliers de blessés et n'en a que foutre mais il est vrai que l'idée de se faire agrafer par les Chleuhs comme tout un chacun ne l'a sans doute jamais effleuré... Quant à l'autre pégriot, le colonel trésorier-payeur, je parie qu'il décroche avec la caisse, c'est-à-dire la solde de pauvres cons comme nous.
P95
Les nazis ne nous feront pas de cadeaux, mon p'tit pote. Ce pays est tout ce qu'ils détestent : la grâce, la beauté, une certaine façon de vivre, le rire, la pensée, l'art, l'esprit critique...
P45
Et, dans cet esprit en vérité si peu subtil, sans finesse ni ouverture, si gothiquement nationaliste, si colossalement national-socialiste, une vérité d'évidence se faisait jour : la suprématie de la race allemande mise à mal par les « nègres français » devenait problématique, au moins sur le plan militaire sur lequel, pour Kapler, un homme était vraiment un homme.
P185
Dans une tenue impeccable le sergent Toko Samboura, vingt-sept ans, se tenait toujours au garde-à-vous. Malgré les circonstances, Valadon éprouva une grande fierté à commander de tels hommes. Eux, les Africains, savaient se tenir quand tant de soldats français de métropole, démoralisés, allaient débraillés, parfois sans armes.
P12
Pourquoi ce sens du devoir chez des gens simples, des civils hâtivement transformés en militaires, quand des polytechniciens, des saint-cyriens, des officiers de carrière très gradés se débinaient la queue basse ?
P202
Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu