AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782227501096
256 pages
Bayard Récits (18/10/2023)
4.67/5   9 notes
Résumé :
L'auteure retrace le parcours de sa grand-mère disparue, qui rêvait de faire les Beaux-Arts et a été mère de cinq enfants, et revisite la figure de la femme au foyer pendant les Trente Glorieuses. Entre souvenirs personnels et approche documentaire, elle montre comment elle a joué, presque malgré elle, un rôle dans le destin collectif des femmes au XXe siècle et jusqu'à aujourd'hui.
Que lire après Une femme de son tempsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je continue avec bonheur à explorer la collection Bayard Récits, cette toute nouvelle collection qui explore l'intime avec beaucoup de talent. J'ai été attirée ici par le début de la quatrième de couverture : « Elle rêvait de faire les Beaux-Arts, elle a été mère de famille de sept enfants » et cette promesse d'explorer avec l'autrice, à la fois le parcours de vie de sa grand-mère mais également celui de toutes les femmes au foyer des Trente Glorieuses. Et je n'ai pas été déçue. Je suis rentrée dans un récit riche, touchant, documenté et qui met en perspective… L'autrice décide donc d'écrire sur cette grand-mère qui a disparu, qui était loin d'être la plus affectueuse des ses deux grand-mères, mais dont la vie soudain l'intrigue. Pourquoi, cette femme, qui a eu son bac, n'a pas continué ses études ? Pourquoi, a-t-elle peint toute sa vie, à la sauvette dans la cuisine, et a-t-elle arrêté au moment où l'espace et le temps lui étaient enfin donné ? Pourquoi n'a-t-elle jamais travaillé ? C'était une femme qui se plaignait constamment, qui était rarement contente, qui dépensait beaucoup, était hypocondriaque. Mais n'a-t-elle pas tout de même transmis quelque chose d'indicible à ses nombreuses filles et petites filles ? … L'autrice part alors de ce qu'elle sait, et mène l'enquête sur cette femme, née à Dieppe en 1933. Elle consulte les archives scolaires. Elle consulte les journaux de l'époque. Elle réfléchit et s'étonne. Et j'ai beaucoup aimé suivre Joséphine Lebard dans sa quête qui remet en contexte les obstacles dressés contre les femmes à toutes les époques, et notamment dans les années cinquante. Un livre, vraiment très intéressant, qui aide à comprendre ses propres parents et grands parents.
Lien : https://leslecturesdantigone..
Commenter  J’apprécie          60
Une femme de son temps de Joséphine Lebard est en train de devenir un succès de librairie au sein de ma famille! Lu d'une traite, je l'ai immédiatement prêté à ma belle-mère, qui l'a fini en deux jours et commandé pour sa fille et ses soeurs, tant ce récit mi-témoignage intime, mi-enquête journalistique fouillée sur la condition des femmes des Trente glorieuses, vise juste et touche au coeur toutes celles (et ceux?) qui ont cotoyé, aimé et perdu une mère ou une grand-mère née autour de 1930.

Pour éclairer le portrait sensible qu'elle brosse de Mamé, l'autrice convoque archives d'époques, analyses historiques, mais aussi poèmes et parcours d'artistes de la même génération. On découvre des facettes insoupçonnées de nos aînées, et si on avait en tête les difficultés auxquelleselles ont pu se heurter et à quel point certaines ont été empêchées, on mesure mieux les chemins qu'elles ont inventé pour exister, et ce qu'elles ont transmis aux générations d'après. En effet, si, en femmes de leur temps justement, beaucoup sont passées à côté des révolutions féministes, mais on aurait tort de sous-estimer ce qu'elles sont semé clandestinement comme graines de révolte, comme vision du beau, et comme manière d'être au monde et de se tenir face à lui.

Citant de nombreuses autrices - Annie Ernaux, Marie Cardinal, Betty Friedan, Virginia Woolf, Sylvia Plath, chercheuses et essayistes - Christiane Bard, Michelle Perrot, Manon Garcia, Lucille Quillet, Joséphine Lebard célèbre la "littérature de bonnes femmes" avec talent, on sourit, on pleure, et on en sort transformée pour le meilleur. Une grande expérience de lecture.
Commenter  J’apprécie          00
Ce récit se lit comme un roman, l'auteur dresse un portrait de sa grand-mère "Mamé" qui voulait devenir peintre. À travers ce portrait l'on prend conscience des difficultés des femmes d'exister autre part que dans leur foyer pendant les trente glorieuses.
On s'attache immédiatement à cette grand-mère dont on va saisir les nuances au fil des pages.
Un bel hommage à toutes ces femmes au foyer oubliées de l'histoire et qui à travers ce récit retrouve enfin une place de choix.
Un livre magnifiquement écrit, empreint de nostalgie.
Commenter  J’apprécie          00
La grand-mère de Joséphine Lebard est décédée pendant la pandémie, aussi celle-ci n'a pas pu assister à l'inhumation. Quelques mois après l'enterrement, le nom de la défunte n'est encore pas gravé sur sa sépulture. Sa petite-fille ressent le besoin de la raconter. Elle n'était pas une grand-mère très présente, pourtant, c'est sur elle qu'elle a décidé d'écrire, sur la « grand-mère à éclipses ».

Elle veut rendre justice à ces femmes de qui l'Histoire ne parle pas. Sa mamé n'a jamais manifesté, n'a pas mené de combat ; elle était femme au foyer sans se rebeller. Ce sont des féministes que la société retient, pas « la majorité silencieuse » (p. 21). Pourtant, les cinq filles et les petites filles de Mamé ont travaillé. L'auteure est persuadée qu'une transmission s'est effectuée : peut-être par le contre-exemple, justement.

Aussi, elle convoque ses souvenirs, explore le passé de son aïeule, analyse ses paroles et ses attitudes et étend ses recherches à la sociographie des Trente Glorieuses. Elle se documente énormément, puis confie ses réflexions, ses questionnements et ses conclusions. A travers les dossiers scolaires des rares bachelières de l'époque, les publicités, les articles de magazines, les émissions et séries télévisées, elle comprend combien il était difficile pour les femmes de prendre leur place. Certains passages sont édifiants. Ses découvertes modifient le regard qu'elle porte sur sa grand-mère. C'est à elle qu'elle s'adresse, le récit est à la deuxième personne du singulier. Mais aussi à elle-même : elle perçoit que l'héritage est plus grand qu'elle ne le pensait.

J'ai eu la chance de connaître mes grands-mères (et même deux de mes arrière-grands-mères). Toutes deux avaient des personnalités et des destins différents, cependant, j'ai retrouvé des parts de chacune dans ce récit. J'ai pris, encore plus conscience, de ce que m'a transmis celle de qui j'étais proche. de nombreuses discussions sont remontées à ma mémoire, j'ai repensé à des phrases et à des tranches de vie partagées. En rendant justice à sa mamé, Joséphine Lebard rend hommage à toutes les femmes de cette génération, de manière individuelle et collective.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          10
Avec ce livre, Joséphine Lebard esquisse un magnifique portrait de Mamé, sa grand-mère. Cela prend la forme d'une véritable enquête pour essayer de comprendre la femme d'intérieur pendant les 30 glorieuses. L'intime devient politique. Elle consulte les archives, contacte d'anciennes camarades de classe, visionne des publicités, convoque différents ouvrages, partage avec nous ses souvenirs...

J'ai été très touchée par ce témoignage, j'ai totalement retrouvé ma grand-mère chez Mamé. Jusqu'à maintenant, je ne comprenais pas pourquoi ma grand-mère tenait tant à vendre certains de ses tableaux. Je me disais que pour nous, sa famille, ses toiles avaient une valeur immense, tandis qu'elle les aurait vendues à des inconnus à un prix dérisoire au regard de leur valeur sentimentale.

Ce livre m'a aidée à mieux comprendre son intention. Comme la vente est vue comme une consécration dans une société capitaliste, avoir vendu permet d'être traitée comme une égale par les autres professionnel•le•s.

J'ai particulièrement aimé la façon dont l'autrice analyse le tricot comme espace non marchand où le don et le beau prévalent. Elle cite Dominique Cabrera : « la broderie est sans prix parce qu'on y passe énormément d'heures. Avec ce temps, on fait pour soi quelque chose de luxueux, sans avoir d'argent et sans être dans la consommation. C'est une reconquête de la beauté sans avoir à acheter. »

Et enfin j'ai beaucoup aimé cet hommage aux soins et à tout l'amour donné par les femmes au foyer à leurs proches. Comme le dit très bien l'autrice, c'est une piste de lancement pour l'indépendance de leur progéniture. Les accomplissements des enfants sont aussi nés des impossibilités de ces mères. de leur travail et de leur investissement. Ça mérite de la reconnaissance.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10


autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}