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EAN : 9782702448939
414 pages
Le Masque (30/05/2018)
3.52/5   22 notes
Résumé :

Dan Mitlov est la personnalité préférée des Français. Présentateur charismatique du jeu télévisé Prize Money, il n'a pourtant pas toujours été au sommet de la richesse et de la gloire, loin s'en faut. Un jour, à la fin de l'enregistrement d'une émission, une jeune femme lui lance : « Je sais ce que tu as fait. Je sais qui tu es réellement. » Mais Dan Mitlov est la personnalité préférée des Français et compte bien le rester. Quitte à s'attaquer à tout ce qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Excellente surprise ! A priori, le genre de petit polar prêté par une amie, oublié sur une table pendant un bon mois et que vous vous décidez à lire parce qu'il va falloir penser à le rendre. Cyrille Legendre, un nom qui ne fait pas rêver, aucune consonance nordique, ou américaine, ou espagnole, voire italienne. Ca s'aggrave lorsque vous apprenez que l'auteur est journaliste sportif, spécialisé dans le football qui plus est. Ca devient rédhibitoire en consultant la quatrième de couverture où j'apprends que ça va tourner autour des aventures d'un animateur télé du nom (ridicule, je trouve) de Dan Mitlov. Il y a déjà un bon moment que je ne confie plus mon « temps de cerveau disponible » aux bateleurs de l'étrange lucarne.
Rien à faire, faut que je rende ce bouquin en étant capable d'en dire trois mots, alors allons-y !
Première surprise dès les trois premières pages décrivant les derniers instants de ce tétraplégique qui regarde la télé en mourant. L'attention est retenue, c'était l'objectif, il est atteint. Au chapitre suivant intervient le narrateur, animateur de télé, peut-être Dan lui-même ou un autre, je ne sais pas encore, mais ce que je sais c'est ce qu'il se dit avant de pénétrer sur le plateau : « j'aime que vous m'aimiez, mais moi je ne vous aime pas ». Je suis page 20 et déjà fasciné. Quatre ou cinq heures plus tard (approximativement, car quand on aime, on ne compte pas) je referme cet étrange bouquin, ravi mais aussi honteux de mes ridicules à priori. Je ne dirai pas un mot du scénario, un peu tiré par les cheveux sur la fin, mais qui réussit parfaitement à balader le lecteur qui aurait l'impudence de vouloir découvrir le fin mot de l'histoire avant la fin. C'est bien fait avec une intrigue soigneusement construite. Mais c'est beaucoup mieux qu'un polar bien écrit grâce à la peinture, sans concession, de cet univers de « carton-pâte » et des personnalités qui le nourrissent ou s'en repaissent.
« La télé rend fou mais j'me soigne » avait écrit jadis un ex-présentateur du « vingt heures ». Ici, on a l'impression que ce n'est pas la télé qui rend fou mais plutôt qu'elle n'attire et ne conduit au succès que des fous. Psychopathes, asociaux, dissimulateurs, névrosés, manipulateurs, ils sont très crédibles et il est difficile de penser que l'auteur ait tout inventé. En résumé une intrigue solide avec un personnage central monstrueusement réussi dans une étude de moeurs qui sent le vécu. le tout dans une tonalité dominée par le mépris, ce mépris qu'on sent aujourd'hui suinter de tous les lieux de pouvoir en direction du bas, téléspectateurs, consommateurs, électeurs.
En présentant mes excuses à Cyrille Legendre pour l'avoir un peu snobé, je ne peux que chaudement recommander la lecture de cet excellent polar (Prix du Masque 2018). On passe un bon moment à découvrir ce qui se cache Derrière La Lumière et cet « animateur normal ».
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Derrière la lumière est un polar qui se passe dans le milieu des jeux télévisés (question pour un champion pour situer)

Il y a bien quelques clichés attendus (sur le show-business....) mais malgré ce petit bémol, c'est un livre qui a su m'accrocher : le « héros » est très perturbé et très perturbant. Il est à la fois glaçant (genre sociopathe) et profondément meurtri par une enfance qu'il dit « difficile » car il a été abandonné, adopté puis à nouveau abandonné...où est la vérité ? où est l'affabulation ? quelle est la place des médicaments qu'il surconsomme dans ses « presque » délires...?

Au niveau de la forme, on alterne le « je », les époques (entre l'enfance de Dan et le présent), il y a du suspense : une excellente surprise pour un livre sur lequel je n'avais pas d'attente ... juste un moment de détente bienvenu...saupoudré de quelques meurtres bien décrits....(oui en ce moment j'arrive à mettre détente et meurtre dans le même paragraphe, ce qui me rapproche du héros sociopathe ?)
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Legendre Cyrille – "Derrière la lumière" – Ed. du masque, 2018 (ISBN 978-2-7024-4893-9)

Ce roman policier évoque le monde très particulier des chaînes de télévision commerciale grand public, et plus spécialement la faune des "présentateurs animateurs" qui produisent ces jeux à base de questions de culture générale en opposant les candidat-e-s avec une férocité doucereuse bien emballée et un cynisme délibérément assumé pour capter la plus grande audience possible, le tout visant à attirer le plus possible d'annonceurs publicitaires juteux.

Pour ma part, je ne suis pas bien placé pour juger du degré d'authenticité du témoignage ici fournit par un auteur qui travaille lui-même dans ces milieux-là : en effet, j'appartiens à l'infime minorité des gens n'ayant jamais eu de téléviseur chez eux (si, si, ça existe, et "on" ne les pas encore enfermés).
C'est que, dans mes jeunes années, lorsque la télévision (encore en noir et blanc et limitée à une puis deux puis trois chaînes publiques) s'était répandue comme une traînée de poudre aux yeux, mes parents avaient décidé un total embargo tant que leurs trois enfants n'auraient pas terminé leurs études jusqu'au bac. La "petite lucarne" à intoxiquer et faire perdre du temps n'entra donc pas chez nous, et cela ne m'a personnellement jamais manqué par la suite, de telle sorte qu'aujourd'hui encore, je m'en passe sans problème.

A contrario, je dois préciser qu'il m'arrive tout de même de voir quelques unes de ces émissions calamiteuses d'une repoussante vulgarité, car – et c'est de plus en plus fréquent – la plupart des gens ne prennent même plus la peine d'éteindre cette saleté-là lorsqu'ils reçoivent de la visite, même pendant un repas ! Cela m'est encore arrivé juste avant Noël, avec, pendant le repas du soir, des pubs d'un romantisme échevelé pour des serviettes hygiéniques, des rouleaux de p-q, et des mac-do dégoulinants à vomir, bravo l'ambiance, j'ai vite pris la fuite...
C'est dire les ravages causés par ce "petit écran", outil d'endoctrinement et de manipulation comme on a pu encore le constater lors des dernières élections présidentielles de 2017, et spécialement par ces jeux pseudo-intellectuels qui ne visent qu'à dégager le fameux "temps de cerveau humain disponible" (Patrick le Lay, 2004) pour balancer des publicités oscillant entre une infecte sottise et un ignoble mauvais goût. Ceci étant, cette télévision paraît aujourd'hui bien gentillette face aux jeux vidéo ultra-violents et à la pornographie débridées, massivement distribués via Internet et le Web...

Pour en revenir à ce roman, l'auteur expose les moeurs de ce milieu peu reluisant, en s'attardant parfois longuement dans des anecdotes illustratives un peu tirées par les cheveux, ce qui casse le rythme de l'intrigue, mais bon...
Dans le même genre, voir le roman de Cahné Charlotte – "Fatale descente" – Lattès / Masque, 2018 (ISBN 978-2-7024-4888-5) consacré au milieu de la publicité (cf recension).
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"Badi lui tapota le bras.
- Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas aussi cinglé que j'en ai l'air. Je ne suis pas non plus un psychopathe qui vous veut du mal, conclut-il dans un grand éclat de rire.
Daniel ne s'inquiétait pas. du moins pas pour lui."

Oui parce que contrairement à Badi, Daniel n'a pas du tout l'air cinglé, lui, mais c'est bien un psychopathe de la pire espèce. Pourtant, si vous lui demandez son avis, il vous répondra que non, il n'est pas un psychopathe. Daniel vous répondra qu'il tue par nécessité, par pragmatisme. Avec un objectif bien en tête: ne plus jamais, au grand jamais, retourner dans l'ombre, derrière la lumière. Daniel veut y rester dans la lumière, à n'importe quel prix, et le prix sera très élevé, surtout pour ses ennemis !

Car Daniel vient de loin, de très loin, il n'était pas destiné à devenir l'un des animateurs les plus populaires du Paysage Audiovisuel Français, le PAF. Daniel est réservé, taciturne, voire même carrément asocial. La société le considère d'ailleurs comme un handicapé. Mais ce personnage insolite, déroutant, possède une mémoire et une culture phénoménales. Des atouts qui vont lui permettre de devenir un candidat hors normes dans un jeu télévisé populaire. Daniel restera le champion pendant des semaines et des semaines. Une célébrité inattendue. Et Daniel aime ça, la célébrité, Daniel adore ça, alors pas question de retourner dans l'anonymat. Tous les coups sont permis, la fin justifie complètement les moyens. Et vous allez voir que, dans ce roman, cette dernière expression prend tout son sens !

Derrière la lumière est à ce jour le roman le plus noir, le plus cynique, le plus cruel de cet auteur français talentueux qu'est Cyrille Legendre. Celui-ci dresse, à travers l'histoire immorale de Daniel, un portrait au vitriol du PAF. Cyrille Legendre dévoile les coulisses souvent peu reluisantes du monde des jeux télévisés. Bon, au début du roman, il est bien évidemment stipulé que toute ressemblance avec des personnages ayant existé ne peut être que le fruit d'une coïncidence fortuite. Certes, l'auteur ne donne pas de vrais noms, mais, à mon humble avis, certains animateurs décrits dans ce polar se reconnaîtraient facilement, et cela ne leur ferait pas plaisir, bien au contraire !

Au final, un mélange corrosif, féroce de roman noir et de suspense psychologique. Une alliance réussie entre polar et critique acerbe du milieu impitoyable, implacable de la télévision. L'envers du décor revisité à la sauve Cyrille Legendre !
Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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Daniel a un parcours atypique : il a ses entrées dans le centre d'insertion sociale pour déficients mentaux légers, il a été adopté puis abandonné « légalement », il est noir avec les yeux bleus, il ne parle pas beaucoup mais ce qu'il aime le plus au monde c'est être reconnu, plaire à un public et il est prêts à tout pour cela.
Le début est un peu perturbant car sans transition on passe du passé au présent sans le savoir et il faut quelques chapitres et un peu de concentration pour s'en rendre compte. Passé ce détail, on passe un bon moment dans les coulisses d'un autre monde : les jeux télévisuels.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Cindy était anéantie. Une larme coula sur sa joue. Le réalisateur réagit encore plus vite que moi. Dix millions de téléspectateurs purent la voir rouler jusqu'à la commissure de ses lèvres. C'était désormais à moi de jouer. Je me hâtai de combler la dizaine de mètres qui séparait mon pupitre de celui de la malheureuse. Je la pris dans mes bras et l'étreignis longuement. Vague d'émotion dans le public et chez les téléspectateurs. Cindy s'était légèrement désaxée. La caméra mobile, portée à l'épaule par un cadreur, entra en jeu et s'approcha de nous. J'avais la tête dans ses cheveux laqués et permanentés. C'était juste ignoble. Je me concentrai, fermai les yeux. En deux ou trois clignements je parvins à les humidifier. Ca n'échappa pas à la mobile. Ca n'échappa à personne. Après un baiser très appuyé, je décidai qu'il était temps de se séparer. Je lui tins la main jusqu'au sas qui symbolisait la sortie. J'effectuai deux pas de côté et la fis applaudir par le public sans oublier de lui rappeler qu'elle ne partait pas les mains vides. La chaîne lui offrait un séjour d'une semaine dans un club de vacances bas de gamme que je décrivis comme un véritable palace. Un dernier adieu et il était temps de passer aux choses sérieuses.
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Il me laissa passer et me présenta formellement le président du CSA. Une caricature d'énarque. Vous savez, ces gens qui s'appellent entre eux et en toute simplicité les "beautiful people". Distingué, hautain, suffisant, il m'assura qu'il aimait beaucoup ce que je faisais. C'était tout juste s'il ne s'était pas pincé le nez en le disant. Après tout j'étais populaire. Il fit comme si mes deux compagnons n'existaient pas. Il ne fallait pas trop lui en demander. De chef de cabinet du ministre de l'Intérieur, il était passé président d'un organe de contrôle dont tout le monde se fichait. Il n'allait tout de même pas s'abaisser jusqu'à saluer ce qui était pour lui la lie de l'humanité. Il s'éclipsa donc, non pas discrètement, car il n'avait jamais appris à le faire, mais sans un mot, car la grossièreté, en revanche, lui était naturelle.
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Le casting était draconien. Je voulais des pauvres. C'était mon premier critère. Pas par morale. j'aurais pu tout autant balancer cet argent à un grand patron du CAC 40. Mais par pragmatisme. Les couches populaires étaient les dernières à regarder encore assidûment la télévision traditionnelle. C'était gratuit. Il fallait donc leur mettre à l'écran des gens qui leur ressemblaient. Phénomène d'identification. Restait à trouver des pauvres qui aient de la culture. Si l'on s'exonérait des a priori stupides, pourtant très en vogue dans le milieu de l'audiovisuel, qui voulaient que les défavorisés soient des imbéciles, ce n'était pas si difficile. Les questions du jeu étaient sélectives. Je ne transigeais pas. Il avait toutefois fallu convaincre la chaîne, plus encline à flatter le téléspectateur en lui proposant des questions faciles dont il pourrait s'enorgueillir de connaître la réponse. Elle avait cédé. On ne me refusait rien.
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Assis dans son transat il semblait léviter. Il était hors sol, brillant de mille feux des diamants de la marque hôte qu'il avait fichés dans ses oreilles, son nez, ses arcades sourcilières, autour de son cou et de ses poignets. Comme un automate et sans jamais se lever, il ne fallait pas qu'il se blesse, il attrapait les chanceux sélectionnés par les épaules pour le cliché souvenir. Sans grande originalité, tous lui demandaient en aparté ce que cela lui faisait d'être le joueur le plus cher de la planète. Question à laquelle il répondait invariablement, dans un laïus appris par coeur, que ce n 'était pas lui qui avait fixé le prix de son transfert et que l'important c'était de s'amuser sur un terrain, de prendre du plaisir, et patati et patata...Comme si à ces prix indécents la notion de jeu existait encore. Balivernes. La vérité, c'est que ce jeune homme ne s'appartenait plus. Il était ailleurs, dans une autre dimension, différente de celle du commun des mortels. Il n'avait pas pété les plombs, comme on disait vulgairement, ils avaient littéralement fondu et le métal avait envahi chaque interstice de son cerveau. Comment pouvait-il d'ailleurs en être autrement tant le contraste entre sa vie de nabab et son enfance dans une cité miséreuse de la région parisienne était violent ? Il n'était plus désormais pour son entourage qu'une cash machine.
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_ Vous vous rendez compte que cela fait vingt-cinq ans que, quoi qu'il arrive, attentats, catastrophes naturelles ou je ne sais quel autre bordel, j'ai tous les jours que Dieu fait ma gueule à la télévision ? Depuis vingt-cinq ans. Rien que ça. Vous n'imaginez pas la pression que c'est d'être une vedette de la télé. Toujours scruté, harcelé. Le public, les médias, ils ne vous laissent jamais de répit. Non franchement si c'était à refaire...
Il marqua une pause.
_ Et bien, je le referais ! ajouta-t-il en s'esclaffant. Faut être honnête, c'est quand même bon d'être dans le camp des privilégiés. Je ne suis pas beaucoup au contact des vraies gens mais j'en ai un échantillon chaque jour sur mon plateau. Eh bien, croyez-moi, je n'ai pas envie de leur ressembler.
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Video de Cyrille Legendre (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cyrille Legendre
Interview de Cyrille Legendre auteur du livre "Quitte ou double"premier prix du roman policier au festival du film policier de Beaune 2013.
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