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EAN : 9780259597254
378 pages
Forgotten Books (25/12/2018)
4.75/5   2 notes
Résumé :
[Réédition de 1900, (première édition publiée en 1895]
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
Chap I Route d'aller
II Premières impressions
III Vues de Moscou
IV En province
V La famine
VI Le choléra
DEUXIÈME PARTIE
AU VILLAGE
TROISIÈME PARTIE
QUELQUES VILLES
Chap I Varsovie
II Odessa
III Kief
IV Arkhangel
V Saint-Pétersbourg
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Passé Nijni Novgorod au sud-est de Moscou, en 1891 s'étendaient 17 provinces qui furent gagnées par la famine. Les secours s'organisaient de divers ordres, mais tout était insuffisant pour cet immense territoire : les paysans étaient en fait presque livrés à eux-mêmes. Les récoltes étaient tout simplement mauvaises à cause de la sécheresse. Il a suffi d'un hiver sec et d'un été sec. Les paysans avaient beau semer, ils ne récoltaient pas grand chose, et dans certaines régions : rien ! C'est dans ces conditions de désastre qu'il se trouve que Jules Legras, notre fin lettré, spécialiste russe tint à se rendre compte de la situation avec une fièvre autrement palpable que la mienne dans mon confort douillet à me tenir informé dans les nombreux chapitres de son livre de celui consacré à la famine parce que tout simplement le Comte Tolstoï avec Sophie étaient restés par là près de deux ans à se dépenser sans compter pour le peuple russe en train de crever la bouche ouverte, leurs frères. Cette famine fit 2 millions de morts dans les années 1891-1892. Il s'est trouvé aussi que la mir n'était plus adaptée pour faire face aux changements économiques du pays tournés vers l'industrialisation et les exportations, un retard considérable pénalisait les paysans libérés certes du joug féodal, mais les propriétaires terriens se prêtaient de mauvaise grâce aux mutations rurales. de cette époque de désordre total, jaillirent le typhus, la corruption au niveau des chefs de district. On ne peut pas dire que l'administration tsariste était inerte face au problème posé, elle était loin, et les secours financiers étaient très mal contrôlés.

Jules Legras tint à se rendre compte et à aider si possible, on pense bien qu'il ne venait pas en touriste.

Il nous raconte donc ce qu'il voit avec une curiosité éclairée dans cette Russie profonde, oubliée, éloignée des préoccupations tsaristes, mais aussi avec une objectivité sans failles. Pas question pour lui de faire de la politique . Ce n'était ni son but, ni son objet.

"Une troïka n'est pas, comme le croyait Théophile Gautier, "un traîneau" ; c'est un groupe de trois choses semblables ; le mot, il est vrai, s'applique à un attelage...
A propos des 17 provinces touchées par le fléau, celui-ci ne les avait pas frappées tous en bloc, on dirait, au contraire, qu'il a choisi certains territoires pour s'y installer plus à l'aise, en épargnant les autres.; Les secours étaient de trois sources : du gouvernement, de la charité privée russe, et de la charité privée étrangère..
(...) le bétail faisait peine à voir : il ne trouvait rien à se mettre sous la dent et maigrissait affreusement; le soir, les animaux rentraient des champs avec le museau plein de terre, à force d'avoir cherché les racines, à défaut d'herbe .."

Un des premiers écrivains parmi les romanciers russes de la jeune école à avoir très bien raconté cette famine fut Vladimir Korolenko, nous renseigne Jules Legras ..

"Parmi la nuée d'infirmières, poursuit Jules Legras visitant les hôpitaux cholériques ou "champ de mort", je reconnais plusieurs de celles que j'ai vues au village où sévit le typhus. Celle qui m'avait, il y a huit jours, donné rendez-vous ici, est morte hier .. Les privations sans doute, l'avaient épuisée. La pauvre fille souriante et bonne, et la contagion nouvelle a mis le sceau à sa vie obscure du sacrifice.."

Quand Jules Legras quitta ce peuple russe dans la misère et la souffrance à grand regret, il savait qu'il ne repasserait pas par là, il évoqua encore cette résignation avec laquelle ce peuple supporte sa misère, si propre à l'âme russe qui restera pour lui un perpétuel étonnement !.. Il trouvait beau, édifiant, de voir toute une jeunesse charitable assister les paysans affamés ou malades, ils étaient mus par quoi , pas la religion, la plupart ne croyaient pas ; ils étaient là dans un élan commun étant sûrs d'une chose : qu'ils s'accomplissaient d'un amour donné à leur prochain, élan commun qu'on appelle le destin d'un peuple incroyable. "Les créateurs de civilisation", dit-il. Si Jules Legras ne l'avait pas vu de ses propres yeux, il est fort probable que lui le français ne l'eût jamais appris dans les journaux, car à part lui, les journaux ne relayaient pas ce lot au quotidien de tout un peuple dans le chaos doté d'une invincibilité semi-orientale.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Chapitre : Au village

Jules Legras avait rendu visite à Léon Tolstoï plusieurs fois à Moscou. Là, il venait de passer quelques jours à Iasnaïa Poliana.

"Je l'ai abordé avec le recueillement d'admiration qu'impose son oeuvre littéraire, mais aussi avec une secrète impatience contre la doctrine qui à présent l'immobilise. Peu à peu, cependant, je l'ai mieux compris : je l'ai écouté longuement, j'ai causé de lui avec ceux de son entourage, et surtout avec la comtesse sa femme, dont l'intelligence supérieure et la rare pénétration m'ont captivé.."

Oui, Jules Legras a raison, Sophie Tolstoî est une grande dame, et j'ai du mal à la dissocier de son génie de mari
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Avant-propos : J'ai fait en Russie, depuis 1892, trois séjours prolongés ; j'ai parcouru cette immense terre dans tous les sens, et j'ai appris sa langue. Le hasard m'y a mis en contact avce les plus terribles fléaux qui la ravagent périodiquement, et avec quelques hommes dont la pensée était noble et l'attitude généreuse. L'impression que j'en ai reçue a été profonde et douce : je ne crois pas pouvoir l'oublier jamais. J'ai essayé d'en fixer quelque chose dans ces pages, sans me piquer, toutefois, de mettre dans mes souvenirs une belle ordonnance artificielle. On me pardonnera, je l'espère, d'avoir livré mes sensations à peu près comme elles s'étaient juxtaposées dans mon souvenir : intervenant le moins possible dans la composition de ces notes, j'ai pensé que l'image totale, pour être un peu floue, un peu grossie ça et là, et surtout incomplète, comme mon expérience même , n'en aurait que plus sûrement le caractère auquel je tiens le plus : la sincérité. Aux enthousiastes qui ne rêvent que des splendeurs moscovites, ce livre, je le crains, causera quelque dépit. Pourtant, il en est assez, à cette heure, qui célèbrent la Russie dans ce qu'elle a de plus extérieur et de plus vain, pour qu'on permette à un voyageur modeste d'avouer qu'il aime d'amour tendre ce pays russe sans forme et sans couleur, uniquement parce qu'il y a vu des hommes qui souffrent, qui travaillent, qui espèrent, et dont le cœur est simple et bon. Ce livre ne contient pas une ligne d'appréciation politique. Les trois ou quatre Français qui connaissent à fond la Russie comprendront aisément les motifs de mon abstention ; pour les autres je juge honnête de les en avertir dès la première page, sans croire, toutefois, le moment opportun de m'en expliquer avec eux tout au long."
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