Au Pays russe (1890) suivi de Voyage en Sibérie.
Jules LegrasJules Legras auteur français éminent spécialiste du monde slave fin 19e, début 20 e siècle, s'est intéressé dans son livre notamment à la personnalité de S.T. Aksakov. Il dit ceci de ce chantre de la nature, l'auteur des Mémoires d'un pêcheur, des Mémoires d'un chasseur du gouvernement d'Orenbourg, des Chroniques de famille .. " Plus rien qui rappelle la phrase pomponnée de
Gogol : Aksakov écrit une langue soignée, mais d'une transparente simplicité, et qu'il agrémente d'une foule de jolies expressions populaires. Lorsqu'on a fermé un de ces volumes et qu'on se demande où en réside le principal attrait, on a l'impression que l'élément capital du charme éprouvé, ce ne sont pas seulement la nouveauté du sujet et le savoir-faire de l'auteur, mais une extraordinaire franchise reposant sur un admirable équilibre mental. Dans cette Russie où, tant de fois, nous nous heurtons à des désespérés, à des violents, à des détraqués même, en tout cas à des écrivains qui ont souffert, Aksakov nous offre l'image d'un homme heureux, qui a beaucoup de talent, une grande modestie, un charme inépuisable et un parfait équilibre mental. C'est un repos que de passer avec lui quelques heures".
Gogol lui adressa ce compliment : Vos oiseaux (dans la netteté de ses tableaux) sont plus vivants que les hommes que je peins.
Ah, j'aime quand
Jules Legras dit d'Aksakov qu'il est "d'une extraordinaire franchise ou d'une transparente simplicité.." J'ai le sentiment que cela devrait prévaloir tout le temps chez un écrivain !
Oui on peut comprendre que le charme d'Aksakov ait opéré sur
Jules Legras notre essayiste brillant qui était attiré par la Russie profonde, sa nature immense , le pouls réel du pays, bien loin des cercles aristocratiques dont la plupart des écrivains de voyage se font les choux gras ..
Jules Legras esthète n'a pas fait les choses à moitié quand il s'est entiché pour les belles lettres slaves après celles du germanisme : il a appris le russe, a sillonné le pays de Moscou à Vladivostok, sans oublier les steppes de l'Oural, a tenu avant d'écrire à s'inspirer de choses authentiques jusqu' à temps qu'il en découvre les secrets. Ce n'est rien d'autre que l'expression du savoir et la chasse aux superficialités qui caressent l'épiderme. Sa démarche intellectuelle n'est pas sans me rappeler celle du spécialiste contemporain français de tolstoï et Pasternak,
Michel Aucouturier