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sur 716 notes
Le mérite de Frédéric Lenoir est de nous présenter avec clarté la vie et la philosophie de Spinoza, l'une et l'autre plutôt complexes. Homme libre, moderne, ce dernier reste cependant attaché à l'idée d'un Dieu, un Dieu Nature, Substance, qui englobe tout. Inspiré par la pensée de Descartes, précurseur des Lumières, il défend une vision déterministe de la vie : c'est en prenant conscience de ce qui motive nos actes, guidés par la raison, que nous pouvons devenir libres.

La philosophie de Spinoza est complète : c'est par la compréhension du monde que nous augmentons notre puissance vitale donc la joie, qui s'oppose à la tristesse liée à la passivité et à l'inaction, fuir ce qui nous nuit, aspirer à ce qui nous est bénéfique. le corps et l'esprit ne sont pas en opposition mais dépendent l'un de l'autre, le bien-être du corps ne devant pas être méprisé. L'amour de Dieu n'a rien à voir avec des prescriptions religieuses – même si elles peuvent avoir leur utilité – et si Spinoza n'est pas athée, du moins ouvre-t-il la voie à la laïcité.

En quelques chapitres l'auteur nous retrace à grands traits la pensée de Spinoza : sa conception de Dieu, de l'homme, de la politique, les grands thèmes qui traversent son oeuvre, le désir, la joie, la tristesse, la sagesse, la liberté et nous donne quelques clés pour aborder son ouvrage principal, l'Éthique. Après le Problème Spinoza, le Clan Spinoza, le Miracle Spinoza…le retour à la source s'impose : lire ou relire l'oeuvre du philosophe d'Amsterdam.
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Baruch Spinoza, grand philosophe du 17éme siècle, n'est pas le plus facile à lire, c'est pourquoi Frédéric Lenoir s'emploie dans son livre à proposer un chemin d'accès à sa pensée plus simple, pour en faire surgir l'essentiel.
Qu'est-ce que je retiens de cette lecture?
D'abord que Spinoza a eu un parcours personnel difficile. Tellement désireux de vivre selon son éthique très rationnelle, il est repoussé par sa congrégation religieuse, puis déçu par la vie sociale, il s'exile pour ne se consacrer qu'à sa philosophie.
Ensuite qu'à bien des égards, sa vision du monde, son interprétation de la Bible, son analyse de l'être humain, ressemblent assez à ce qu'on peut trouver dans le bouddhisme ou l'hindouisme.
Enfin, ce qui le caractérise, c'est la quête de la joie. A l'inverse de beaucoup, il pense qu'il ne faut pas renoncer à ses passions pour trouver le bonheur, mais qu'il faut les orienter par la raison. Selon lui il faut identifier sa vrai nature et la servir; se faire plaisir et éliminer tout ce qui nous cause de la tristesse. Ainsi nous renforçons notre être par la joie, et nous sommes en harmonie à l'intérieur comme à l'extérieur de nous-mêmes. L'idée est plus que séduisante!
Je relève quand même, en accord avec Frédéric Lenoir, deux points de divergence. Sa vision des femmes et des animaux.
Cette lecture m'a beaucoup plu, j'y ai rencontré un philosophe axé sur la joie et en avance sur son temps, dont la pensée pourrait être utile dans bien des circonstances d'aujourd'hui.
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Baruche Spinoza, issu d'une famille juive réfugiée aux Pays Bas pour fuir les persécutions espagnoles.
Dès l'adolescence il prend ses distances avec la Torah et se fait exclure de la communauté juive.

Peu féru en philosophie, je ne suis pas du genre à m'éclater une demi journée sur un concept du genre: 'Est-ce que je désire cette chose parce qu'elle est bonne ou bien c'est parce que je la désire qu'elle est bonne'
Bref, voici le peu que j'en ai retenu:

Risquant sa vie (on en a brûlé pour moins que ça), Spinoza se détache des textes bibliques, les considérant d'un point de vue historique sauf du nouveau testament vecteur d'amour et de pardon.

Sa vision d'un dieu omniprésent dans la nature se rapproche des conceptions hindoues.

Il prend également ses distances par rapport à Platon et Descartes, élaborant un cheminement vers la lumière, vers la joie non en supprimant nos désirs qui nous font grandir mais en les guidant par la raison.

En mauvaise santé, il meurt en 1677, à 45 ans.
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Évoquant son ouvrage majeur alors en préparation, L'Ethique, édité finalement à titre posthume, Spinoza écrivait lui-même, dans une lettre adressée à son ami Henry Oldenburg, qu'il avait délibérément choisi un mode d'exposition de ses pensées qui en rendrait la lecture aride. Le titre complet de son ouvrage se libelle d'ailleurs ainsi : L'Ethique démontrée selon la méthode géométrique.

Me voilà conforté dans mon intention de faire connaissance avec le personnage et sa philosophie avec l'aide d'un "traducteur". Quelqu'un qui me rendrait accessible la pensée du célèbre philosophe, lequel jouit en ce début de siècle d'un engouement nouveau auprès de la part de ses congénères contemporains, mais pas seulement.

D'aucuns expliquent cet engouement d'une part par le fait que Spinoza affichait des pensées très en avance sur son temps, au point de trouver de nos jours un écho singulier dans les milieux intellectuels et politiques. Il affichait un courant de pensée progressiste, tolérant, sachant se démarquer avec prudence, donc intelligence, des modèles imposés par un pouvoir politique autocratique, dont on sait qu'en son temps il était fermement contraint par le religieux.

L'autre aspect de ses textes qui le rend lisible aujourd'hui est plus inattendu. Le mode de raisonnement et de construction de ceux-ci, selon un principe interactif de renvois à de multiple références étayant la démonstration du philosophe, se prêterait particulièrement à la modélisation informatique. C'est le principe du lien hypertexte que l'on pratique abondamment et inconsciemment de nos jours en parcourant les pages web, lesquelles ont évidemment fleuri que lors de ces dernières décennies. Le Magazine littéraire de décembre 2017 publiait un article sur cette analogie constructive qui attendait le clic de souris pour naviguer de pages en volumes hébergés de par le monde, se substituant au contenant physique forcément plus lourd à manipuler.

C'est donc avec le Miracle Spinoza de Frédéric Lenoir que je me suis ouvert à celui qui a eu le cran de s'opposer à l'intelligentsia de son temps peu encline à la contradiction. Un temps où l'opposition de conscience pouvait avoir des conséquences pour le moins brûlantes. Du cran il fallait en avoir au XVIIème siècle pour fondre Dieu dans la Nature, laquelle pour le coup prend la majuscule. Prôner immanence contre transcendance. Du cran pour n'accepter que ce qui aura été démontré par le raisonnement, y compris s'il faut restreindre le champ de ses certitudes, mais surtout refuser de se faire dicter des croyances. Autre similitude avec notre époque contemporaine qui ne reconnaît plus d'autorité statutaire, réclamant à quiconque veut s'imposer de faire ses preuves.

Reconnaissons bien pourtant que, presque quatre siècles après que Spinoza nous a montré le chemin, la raison qui commande de ne pas écouter ses passions pour accéder au bonheur n'a pas encore gagné le combat. Loin s'en faut. Dans une société devenue consumériste, à l'intoxication commerciale agressive, le décodage algorithmique de la pensée du grand philosophe ne suffira pas à nous faire trouver la joie dans le dénuement, la béatitude dans la détermination intime. L'intelligence ne suffit donc pas au raisonnement. Il lui faut ce supplément d'âme pour faire comprendre à cette entité de matière spirituelle, qu'on ne peut appeler créature puisque Dieu est part d'elle comme de toute chose, théorie du monisme chère à Spinoza, qu'elle est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise.

Dans le genre développement personnel, Frédéric Lenoir m'a donc aidé à monter quelques marches depuis les sous-sols obscurs de mon ignorance. Son ouvrage salué par les plus éminents est à la portée de tous. Je l'en remercie d'autant plus que je me reconnais assez bien dans la traduction qu'il nous fait de la philosophie du grand penseur déterminé mais pacifique. de là à la décrypter dans le texte ? Persévérance et longueur de temps entretiennent bien des espérances. Je lis encore et toujours.
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Lecture qui a été un peu difficile pour moi mais je suis tout de même arrivée au bout .
J'ai découvert Spinoza comme la plupart d'entre vous par la lecture d'Irvin Yalom le problème Spinoza , à ce moment là j'ai un peu cherché sur le net et puis j'ai abandonné devant la difficulté et l'ampleur des informations, c'est pour ça que quand j'ai vu ce livre de Frédéric Lenoir , je me suis dit que c'était l'occasion de poursuivre un peu mes lectures sur Spinoza .
Le style de Frédéric Lenoir est très clair , très accessible malgré tout je me rends compte de mes limites , ce genre de livres est trop ardu pour moi .
J'ai particulièrement apprécié les premiers chapitres sur la vie de Spinoza , car même si je m'éloigne parfois de ma zone de confort par une lecture différente, ma préférence va à l'humain , à sa vie .
Une lecture que je ne regrette pas malgré cette petite réserve qui est toute personnelle.
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Connaître Spinoza à travers la lecture de ce livre est pour moi un grand bonheur, comme un printemps. Pourquoi ?
D'abord parce que l'auteur (on en dira ce qu'on en voudra, je sais qu'il a ses détracteurs), réussit à mon avis à vulgariser la pensée de Spinoza, à le faire vivre sous sa plume, je me suis plusieurs fois surprise à me dire ; "ah oui c'est vrai on est en 1650 ou 1660". L'auteur rend vivant ce penseur. Ensuite parce qu'il réussit à lier d'une manière simple, modeste, l'homme et sa réflexion, sa pensée et son cheminement. le livre est très lisible. La pensée de Spinoza très abordable. Et je ne peux pas m'empêcher, quand je lis la vie et le combat de cet homme contre les idéologies, religieuses ou autres, de penser aux Catalans, aux Hongkongais, aux Boliviens. Spinoza est très contemporain et la démarche de Frédéric Lenoir est intelligente.
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Quiconque connaît l'oeuvre de Frédéric Lenoir, sa pensée et son désir de sagesse ne sera pas surpris de voir combien Baruch Spinoza a influencé sa philosophie comme sa façon d'être, et il est on ne peut plus difficile, pour des novices, de rassembler en quelques mots la pensée spinoziste, tant elle mérite une étude approfondie, des mots justes et précis.
Baruch Spinoza recherche avant tout le "bien véritable", à savoir la quête de la sagesse, le bonheur profond et durable, totalement indépendant des événements extérieurs, quelle que soit leur influence positive ou négative. Pour cela, parvenir à un certain détachement est primordial, tant l'esprit est attiré par la richesse, les honneurs et les plaisirs sensuels. Il cherche donc à dresser un véritable profil des affects basé sur trois sentiments de base et d'où tous les autres découlent : le désir, la joie et la tristesse. Si les deux premiers s'avèrent de vraies émulations, le dernier diminue considérablement la puissance d'action. Désirer fait partie de la nature profonde de l'homme, c'est son étincelle de vie. Ne plus désirer, c'est se déshumaniser. Mais la raison doit pouvoir s'exprimer sans pour autant brimer l'élan vital. Bien au contraire. Désirer en se raisonnant permettra d'orienter la puissance du désir vers ce qu'il y a de meilleur pour chacun. du désir bien orienté dépendra la joie. du désir mal orienté dépendra la tristesse car nous serons désireux ou attachés à des choses ou des personnes qui nous diminueront au lieu de nous élever.
"La conduite juste, ce n'est donc rien d'autre que l'action de rechercher ce qui est bon et utile à l'augmentation de notre puissance vitale. Se mettre en quête de ce qui nous met en joie et fuir ce qui nous rend tristes. C'est favoriser les rencontres qui nous font grandir et éviter celles qui nous diminuent."
Spinoza maîtrisait admirablement bien ses passions, s'évertuant à demeurer dans la voie du milieu, dans la tristesse, dans la joie ou la colère. Ce précurseur des Lumières possédait une haute opinion de la force de la maîtrise de soi, de la raison:
"A l'état de la nature, il n'y a ni bien ni mal, ni juste ni injuste, les hommes cherchant uniquement à conserver ce qu'ils aiment et à détruire ce qu'ils haïssent. Si les hommes vivaient sous l'emprise de la meilleure partie d'eux-mêmes, la raison, ils ne causeraient jamais de tort à autrui. Mais comme ils vivent davantage sous l'emprise de leurs passions (les émotions, l'envie, la jalousie, le besoin de dominer, …), les êtres humains s'entre-déchirent."
Comment ne pas être émerveillés devant une telle pureté de langage, une telle limpidité dans le discours? Près de quatre siècles plus tard, cette pensée trouve encore un écho dans l'actualité, dans la politique. Car la pensée de Spinoza ne porte pas uniquement sur l'homme mais bien aussi sur le système politique et social. Alors que la France vit sous un régime monarchiste, Spinoza met en exergue les avantages d'une démocratie qui, selon lui, constituerait le meilleur régime politique possible. Pour cela, il s'appuie sur le fondement même de tout régime modéré, à savoir, la sécurité des individus qui le composent et la paix. Seule la démocratie semble pouvoir répondre aux aspirations fondamentales de tout individu : l'égalité et la liberté. Et même si la démocratie n'est pas nécessairement le régime le plus vertueux d'un point de vue moral, il est le plus à même d'assurer la cohésion des citoyens.
"Dans la démocratie en effet, nul individu humain ne transfère son droit naturel à un autre individu. Il le transfère à la totalité de la société dont il fait partie; les individus demeurent ainsi tous égaux, comme jadis dans l'état de nature."
Il est donc plus que nécessaire que l'Etat s'engage à apporter aux citoyens la liberté de croire, de penser même si certaines limites semblent indispensables à Spinoza. Concernant la liberté d'expression, le philosophe se permet d'y mettre un bémol, arguant le fait que l'accorder en n'importe quelle circonstance pourrait être pernicieux s'il s'avère qu'elle nuise à la paix sociale en faisant fî de toute raison et incitant par la-même à la ruse, à la colère ou à la haine. C'est pourquoi il rappelle l'importance cruciale de l'éducation des citoyens : vivre-ensemble, citoyenneté, connaissance de soi, développement de la raison, connaissance des droits et des devoirs, développement de l'argumentation. Sans cela, toute démocratie risquerait de s'affaiblir. C'est la raison pour laquelle Baruch Spinoza passera une quinzaine d'années à rédiger l'Ethique, oeuvre philosophique majeure parlant de connaissance des lois du monde et de l'homme, mais aussi de la transformation de soi afin de conduire tout homme vers la sagesse et le bonheur ultime.
"Spinoza nous enseigne qu'aucun régime politique, même démocratique, ne fonctionnera bien tant que les humains seront davantage mus par leurs passions que par leur raison. Tant que nous ne respecterons la loi de la cité que par peur de la punition et non par intime conviction, nos sociétés seront fragiles […]. Pour que les êtres humains soient le plus utiles les uns aux autres, il ne suffit pas qu'il souscrivent à la même loi extérieure, il faut aussi qu'ils apprennent à régler leurs sentiments par la raison, afin de devenir libres et responsables."
Un livre lumineux, une philosophie pour éclairer notre vie à lire, à relire, à n'importe quel moment, pour n'importe quelle raison. Car même si, une nouvelle fois, Frédéric Lenoir a magistralement relevé le défi de rendre accessible la philosophie au plus grand nombre, l'essence même de la pensée de Baruch Spinoza est si admirablement riche qu'elle ne peut s'enraciner durablement en une seule lecture.
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Avez-vous déjà essayé de lire Spinoza dans le texte ? Moi oui, et je n'ai rien compris.

Avant cela, on avait certainement du vaguement me parler de lui en terminale, en cours de philo. J'avais un super prof, et pourtant je n'avais aucun souvenir de Spinoza.

Et là j'ouvre ce livre, et Frédéric Lenoir, grâce à son talent incroyable, parvient à tout me faire comprendre, et me transmet sa passion, son admiration pour Spinoza, renié par sa communauté et même sa propre famille pour être allé au bout de ses idées, et quelles idées !

Encore une fois, Frédéric Lenoir réussit un tour de force pédagogique, tout en écrivant un essai inspirant supplémentaire. Chapeau l'artiste !
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Spinoza, grand philosophe du 17éme siècle, n'est pas le plus facile à lire.Frédéric Lenoir nous propose un très beau livre de vulgarisation.
Qu'en retenir?
D'abord, ce qui le caractérise, c'est la quête de la joie. A l'inverse de beaucoup, il pense qu'il ne faut pas renoncer à ses désirs (qui sont l'essence de l'homme) pour trouver le bonheur, mais qu'il faut les orienter par la raison. Selon lui il faut identifier sa vrai nature et la servir; se faire plaisir et éliminer tout ce qui nous cause de la tristesse. Ainsi nous renforçons notre être par la joie, et nous sommes en harmonie à l'intérieur comme à l'extérieur de nous-mêmes.
Enfin et surtout ses textes ont été écrits au 17e siècle alors que les religions sont très puissantes! Quel courage lui a t-il fallu pour écrire ses pensées et surtout vivre en adéquation avec celles-ci..
une lecture plaisante et accessible mais surtout qui devrait me poursuivre dans mon quotidien à la quête de cette "béatitude "...
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Une tentative de vulgarisation de la pensée – assez complexe mais tellement belle – de Spinoza. Moi qui ne m'était plus frottée à la philosophie depuis longtemps, cet essai m'a permis d'apprécier à nouveau cette discipline de la pensée et m'a donné envie d'en lire davantage. Pari réussi donc !
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