Le miracle Spinoza

J'ai été agréablement surpris par ce livre, qui en termes simples et accessibles à tous, rend communicatif l'intérêt de l'auteur pour Spinoza. Ses réflexions personnelles, dépoussiérées de tout langage érudit, sont autant d'ouvertures à la discussion et à l'approfondissement, dont l'échange avec Robert Misrahi dans la postface, ou le parallèle avec l'Advaïta-Vedanta sont des exemples. Un excellent travail de vulgarisation d'une oeuvre dont la lecture demande motivation et investissement personnel.

Frédéric Lenoir parle de Spinoza pour nous amener vers une meilleur vie, épanoui.
"Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre."
C'est bien là une phrase de Spinoza à retenir.
Il écrit aussi :
"La véritable révolution est intérieure et que c'est en se transformant soi-même qu'on changera la monde."
Tout un programme avec des commentaires, réflexions, de l'auteur.

N'ayant pas eu l'occasion d'aborder la philosophie au cours de mon bref parcours scolaire, j'ai cherché très tôt à combler cette lacune. Un jour de flânerie, alors que je passais devant une librairie, un livre attira mon attention, il portait un titre énigmatique : "Principes de la philosophie du droit", son auteur m'était parfaitement inconnu : Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Allez savoir pourquoi, je fis l'acquisition de ce livre et aussitôt après être rentré chez moi, j'en commençai la lecture. Après trois pages, je fus forcé d'admettre que je n'y comprenais rien. Personne ne m'avait préparé à une telle lecture, dans ma naïveté juvénile, je n'avais pas encore compris qu'avant d'escalader un sommet, il fallait s'équiper et s'entraîner. Depuis, avant d'aborder un auteur difficile, je commence par sa biographie, c'est une manière très agréable et efficace de pénétrer progressivement dans l'univers d'un auteur. C'est pour cette raison que l'ouvrage de Frédéric Lenoir "Le miracle Spinoza", a attiré mon attention, car il s'agit à la fois d'une biographie, mais aussi d'une introduction à la pensée de ce philosophe.

 Je suis émerveillé par la prodigieuse capacité de certains hommes à faire face à l'adversité. Pourvu qu'on laisse filtrer un rayon de soleil, la vie peut se déployer, quelle que soit l'hostilité de l'environnement. Comme le brin d'herbe qui trouve un chemin dans le béton des villes. Il en est de même pour l'épanouissement de l'intelligence et de la volonté. Songez à un homme vivant au 17e siècle issu d'une famille de modestes négociants juifs d'origine espagnole, frappé par sa communauté, dès l'âge de 23 ans, d'un herem (bannissement) pour idées subversives. À cette époque le taux d'alphabétisation était très faible, de l'ordre de 20% de la population totale, les livres étaient très rares et extrêmement coûteux, les moyens de communication étaient rudimentaires, il fallait en moyenne, plusieurs semaines pour recevoir une réponse après l'envoi d'un courrier. Alors comment certains hommes pouvaient-ils émerger de la masse et acquérir un savoir que beaucoup de nos contemporains, parmi les plus cultivés, ne peuvent égaler malgré les formidables moyens de diffusion des connaissances dont nous disposons aujourd'hui ? Spinoza est l'exemple même de ce prodige, au même titre que Léonard de Vinci ou Pic de la Mirandole plus d'un siècle auparavant.

 Héritier de Descartes, Baruch Spinoza (1632-1677 ) est un philosophe hollandais qui a marqué son siècle et exercé une influence déterminante sur la pensée de ses successeurs jusqu'à nos jours. Gilles Deleuze le surnommait le « Prince des philosophes ».

 Il fait partie des auteurs à système, proposant un ensemble d'idées susceptibles d'expliquer le monde dans sa globalité. Le livre de Frédéric Lenoir, lecteur passionné de Spinoza mais non spécialiste, permet une approche synthétique et simplifiée des idées de ce philosophe réputé difficile à comprendre.

 Ce livre, qui porte en sous-titre : " Une philosophie pour éclairer notre vie", a rencontré un grand succès à sa sortie en 2017. Il a le mérite d'être accessible à tous sans être simpliste. L'auteur ne tombe pas dans l'excès d'une schématisation extrême, qui peut parfois réduire les idées à une épure finalement très éloignée du modèle. C'est un bon ouvrage de vulgarisation.

"Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre."

Cette citation, inscrite en tête de l'ouvrage, résume assez bien la pensée de Spinoza. Plutôt que de réagir face aux événements avec nos émotions, essayons de les comprendre. Pour Spinoza, tout événement et toute action humaine ont une cause que nous devons identifier afin de ne pas porter systématiquement un jugement moral ou tomber dans la plainte ou la colère à propos de toute situation.

 Au fil des chapitres, Frédéric Lenoir expose les événements marquants de la vie de Spinoza, ce qui rend le texte plus vivant tout en permettant de mieux comprendre l'homme et sa pensée. La vie de Spinoza a été celle d'un sage épicurien "Satisfaire ses besoins nécessaires et non-superflus, préférer la qualité des mets et des boissons à leur quantité, fréquenter quelques bons amis pour échanger des idées profondes dans un beau jardin..." (page 64).

 Ce livre est écrit dans un style agréable et simple même lorsque l'auteur aborde des thèmes plus épineux concernant l'existence de Dieu, la liberté, le libre-arbitre, la démocratie, le désir, le renoncement. Frédéric Lenoir nous présente Spinoza comme un philosophe du bonheur, en quête permanente des secrets d'une sagesse susceptible de profiter à tous. J'ai découvert, grâce à ce livre, un précurseur des lumières, un pionnier à bien des égards, un penseur en avance de plusieurs siècles sur ses contemporains (1) et un homme humble et bon auquel il est très facile de s'attacher. Cet essai donne envie d'en savoir encore plus sur la vie et l'œuvre de ce grand philosophe qui nous propose des réponses à de nombreuses questions existentielles.

 Spinoza est mort à 44 ans, simple artisan polisseur de verre il n'a laissé aucune fortune autre que sa bibliothèque et ses manuscrits. Il a accumulé au cours de son existence un immense savoir, il parlait plusieurs langues vivantes dont le français, le portugais, l'allemand, le néerlandais et le latin, mais aussi des langues anciennes, l'hébreu, l'araméen et le grec. Après le décès, son ami Lodewijk Meyerar emporte ses manuscrits et les fera publier à titre posthume.

(1) à l'exception toutefois de son jugement négatif sur les femmes et sur les animaux fortement imprégné des préjugés de son époque.

Ses œuvres les plus connues sont :

"Traité de la réforme de l'entendement"

"Traité Théologico-politique"

"Ethique"

"Le miracle Spinoza, une philosophie pour éclairer notre vie", Frédéric Lenoir, Le livre de poche (2019), 277 pages.

Spinoza est indiscutablement un auteur difficile et on ne peut que souligner le grand mérite de Lenoir de nous présenter sa pensée de façon claire.
Parmi les nombreux passages remarquables de cette biographie, je relèverai celui où Lenoir montre ce que Freud doit à Spinoza. Comme l'écrit Sigmund " J'admets tout à fait ma dépendance à l'égard de la doctrine de Spinoza. Il n'y avait pas de raison pour que je mentionne explicitement son nom, puisque j'ai construit mes hypothèses à partir du climat qu'il a créé plutôt qu'à partir d'une étude de son oeuvre."
Je relève aussi les excellents développements sur la critique de Spinoza par Levinas. Critique elle-même critiquée par Lenoir.
On sait aussi que la thèse de la survie de l'esprit (la part de l'esprit qui survit après la mort, c'est la part active de l'entendement qui a formé des idées justes)' cette thèse a longtemps gêné les marxistes dont certains, comme Althusser, ont purement nié qu'elle ait été développée par Spinoza.
Le portrait de Baruch que nous présente Lenoir est lumineux ; et très convaincant. Spinoza, homme courageux et libre, trouve le bonheur dans l'application de son esprit à comprendre le monde.

Spinoza, un philosophe dont je connaissais à peine le nom mais auquel ma curiosité faisait sans cesse appel depuis fort longtemps. Frédéric Lenoir m'offre ici une merveilleuse introduction à l'un des philosophes les plus illustres de son époque, de par ses idées et concepts innovateurs. Spinoza continue d'inspirer et d'influencer de nombreux courants philosophiques contemporains. Sa philosophie est pratique, utilitaire. Je découvre à quel point Barush est le dépositaire d'une philosophie moderne fondée sur une réécriture conceptuelle de Dieu et de la laïcité. Il révolutionne le récit philosophique à partir de quelques sujets clés tels le désir; la joie de vivre et la liberté, avec une clarté déconcertante. Spinoza est à contre courant de l'idéologie du moment, il s'attaque à la vision dogmatique de l'église à une époque où ça prenait pas grand chose pour passer au bûcher. D'un courage et droiture qui inspire le respect, il cultive l'art d'être diffèrent dans un environnement ou tout invite à la ressemblance, et non sans risques.

Cette introduction de Lenoir vient de me déshydraté le corp, et aussi longtemps que je n'est pas lu l'oeuvre complète de Spinoza, en particulier, l'Ethique et le Traité théologico-politique, je cours un grand danger et la soif persistera, il devient donc urgent pour ma santé de me procurer l'oeuvre et d'en connaitre davantage sur Spinoza, merci Frédéric.

Si Frédéric Lenoir avoue qu'il a découvert Spinoza en 2005, je peux bien dire que je ne l'ai jamais étudié pendant mes études et largement oublié ensuite. Réputé trop ardu à la lecture et trop à l'ombre de Descartes, il est passé sous les radars de mes intérêts sans doute. Grâce à cet ouvrage clair qui remet de la lumière sur cet incroyable philosophe mort trop jeune pour avoir pu déployer toutes ses pensées trop en avance sur son temps, je découvre un homme en butte aux malfaisances de ses contemporains dogmatiques et encore peu connu aujourd'hui.
Merci donc à Frédéric Lenoir de cet ouvrage qui apporte réparation à un manque certain au paradis des grands philosophes. Oui Spinoza est précurseur des Lumières, il avait révolutionné toutes les conceptions admises et nous parle encore aujourd'hui de sagesse et de joie à conquérir pour vivre tous en harmonie.

N'ayant jamais réussi à lire l'Ethique, je pensais découvrir à travers ce document un peu plus de la philosophie de Spinoza. Mais, la majeure partie de l'ouvrage sont des récits de sa vie et le peu qui est exposé de sa pensée est extrêmement réduit par des exemples de bas niveau. Je comprends bien qu'il s'agit de vulgariser au maximum mais, il m'a semblé que c'était trop et donc très réducteur. (simple opinion)

Dès que j'ai entendu parler de Spinoza et de ses idées, j'ai eu envie d'en savoir plus. Malheureusement, j'ai vite déchanté en me rendant compte que ses écrits sont un peu plus compliqué que ce que j'avais imaginé... Et puis un jour, ma mère m'a parlé de ce livre, l'a acheté, et je lui ai de suite piquée pour le dévorer ! J'ai été très heureuse d'en apprendre plus sur ce philosophe que j'affectionne encore plus maintenant ! Frédéric Lenoir explique parfaitement les phrases du philosophe qui nous semblent sombres, et tout est beaucoup plus simple à comprendre. On apprend et notre vie s'éclaire, parce que, tout à coup, on a l'impression de voir mieux, on a l'impression que le bonheur est juste là, à portée de main. J'ai été totalement embarqué dans ma lecture, tournant les pages, avec l'envie d'en savoir toujours plus, de me dire "ah mais oui bien sûr !". Tout est très intéressant, et Lenoir réussit à rendre compréhensible pour tous cette philosophie si complexe au départ.

L'auteur nous donne la possibilité d'entrer plus facilement dans le message philosophique de Spinoza. Il ouvre une fenêtre sur cette philosophie assez difficile à aborder, alors qu'elle peut nous éclairer dans notre vie quotidienne me semble-t-il. Certes l'auteur a choisi quelques passages mais ceux-ci, déjà, peuvent nous aider à notre réflexion. Il nous permet, si nous le désirons, de nous plonger dans les écrits de Spinoza.
L'écriture, ici, est abordable et agréable. Aucune idée moralisante. Spinoza nous ouvre les yeux sur le message des différentes religions et ce que les hommes en ont fait.
A nous maintenant de prendre le chemin de la réflexion.

Lors de mon cours de philo à l'université, le chapitre consacré à Spinoza me fit comprendre que je ne dépasserais jamais le niveau de nain de jardin dans cette discipline. Si j'avais eu Frédéric Lenoir comme prof à l'époque, j'aurais au moins été passionné par la matière et sans nullement ambitionner quoique ce soit, cela m'aurait permis de grandir plus rapidement en humanité.

Le talent de pédagogue inspirant de F Lenoir a à nouveau frappé fort pour mettre en évidence un penseur exceptionnel, en avance de 150 ans sur son temps et dont la pertinence des idées reste actuelle.

Eloge de la liberté, de la raison, de la sobriété, maitrise des émotions (bien utile en considérant les dérives des réseaux sociaux), tolérance politique et religieuse, les bienfaits de Spinoza à notre humanité sont innombrables.

Le discours de Spinoza sur le Christ éclaire d'un jour rafraichi le message de l'Evangile.

Sur le plan du développement personnel, F.Lenoir montre à quel point Spinoza a compris l'essence de l'âme humaine et bien avant les recherches scientifiques des XXe et XXIe, combien il a compris les mécanismes de la motivation et de l'engagement par sa théorie des affects.

Admirateur ébloui de Spinoza, F. Lenoir reste cependant critique et lucide. Il explique en cours et en fin d'ouvrage ses divergences, avec celle du rationalisme absolu de Spinoza notamment. Tout le réel n'est pas réductible - aujourd'hui en tout - à notre raison en son état de développement. Il reste heureusement une place pour une mystique joyeuse.