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EAN : 9782894486849
Les Éditions du Septentrion (06/02/2012)
4/5   5 notes
Résumé :
«Moumbala, je suis dans un café pour oiseaux de nuit, pas trop loin du marché bigarré. Oui j'ai survécu, mais rien n'est gagné. Le sein manque à l'amoureuse, à la trapéziste, le sein de la mère manquera à l'enfant s'il advient. Le sein du chirurgien restera de glace sous les caresses. Je ne sais hurler que dans les déserts, je ne sais parler de ces choses enfouies qu'à toi.»

Toulouse, à vingt-huit ans, combat un cancer. Elle vient de subir l'ablation ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un titre superbe, et un livre absolument magnifique ! Ce n'est pas un roman, c'est un poème, un hymne à la vie ! Mais attention, en cours de lecture, il y a de la tristesse et beaucoup d'émotion ( contenue, ce n'est pas un mélo ). Souvent les écrivains québecois, en allant vite au coeur de leur sujet, en visant parfaitement leur cible, font des écrits forts et sensibles, mais aussi durs et sombres. Ici l'écriture, très originale, contribue au poids de l'histoire : une femme de vingt-huit ans, prénommée Toulouse, écrit des lettres à un jeune africain, Moumbala "Moumbala, je ne te connais pas, tu es un nom qui m'est resté d'un rêve. Je t'imagine là-bas, au Sénégal" ; elle est soignée pour un cancer du sein; elle était trapéziste dans un cirque et son conjoint était celui qui la récupérait après ses voltiges. Fini tout cela, le trapèze n'est plus accessible et le partenaire récupère quelqu'un d'autre ... Alors, pendant cette chimio qui suit l'opération et doit la guérir, elle essaie de se retrouver dans sa famille, de regagner la "maison de l'enfance" dite la normande, sur l'île d'Orléans ; mais là aussi, il y a des soucis : les quatre enfants du couple parental presque toujours absent (Louise la mère et Jean le père) portent les noms des villes où ils sont nés; il y a Coaticook, le petit frère fragile de la tête, Paris l'aîné, Louvaine la demi-soeur, Oslo, Dehli ... C'est plutôt violent entre les frères et soeurs et Toulouse peine à retrouver son équilibre. Il y a eu tout de même une adorable grand-mère "Lili rapaillait alors ses petits-enfants dans le grand lit de nos parents absents et elle allait tirer le trésor familial d'un rayon de la bibliothèque. Les carnets de François-Marie Jullien, l'ancêtre. Elle en lisait des extraits ...". Reconstruction du corps, reconstruction de sa vie, une année passe ...

Un livre très beau sur l'acceptation et le désir de renaissance.
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« Toulouse born to lose », voilà comment on appelait Toulouse dans sa famille, et ce prénom, symbole des humeurs vagabondes et peu attachées de ses parents (comme ceux de ses frères et soeurs, Oslo, Delhi, Paris, Louvaine, Coaticook), cette expression déprimante lui reviennent en pleine face alors qu'elle lutte contre le cancer du sein, « l'écureuil noir » qui la ronge de l'intérieur. Son compagnon Odilon l'a lâchée, le cancer est difficile à vaincre, elle ne peut plus voler sur son trapèze : le sentiment de vide, d'impuissance, d'insignifiance est profond. Elle est revenue dans la maison familiale mais n'y trouve que la solitude, la violence rentrée, la folie plus ou moins avouée de Louvaine et Coaticook… C'est dans les carnets de voyage que son aïeul a écrits, dans le dialogue secret avec Moumbala, personnage imaginaire de Casamance, qu'elle trouve un léger goût pour remonter la pente.

Les mots sont difficiles. Mais aussi salvateurs. Dans les dialogues avec Blanche, elle aussi en chimio. Dans les affrontements avec Louvaine qui expulse sa rage en dansant sur du Prokofiev. Dans les voix qui hantent la tête de Coaticook. Dans les attentions bourrues de Théo. Dans l'approche discrète et tendre d'Ulysse. Ce sont tous ces mots (parfois exprimés à demi-mot…) qui vont tracer pour Toulouse le chemin de la reconstruction de soi, d'une renaissance étonnée. le temps d'une année, le temps de se glacer au froid de l'hiver au Québbec, et de laisser le printemps dégeler lentement le coeur endormi…

Ce roman assez court (160 pages) est plein de douleur, d'incompréhension, de vide. Il raconte la difficulté à apprivoiser son corps malade, diminué, par une femme qui croit trouver du côté de l'enfance, de la régression une issue à sa souffrance, à sa solitude. « … l'histoire d'une fille sans attraits qui trouverait peut-être la façon de se réconcilier avec ses pics, ses craintes, ses désirs. »(p. 142) Il y a aussi une grâce, oui, celle de l'écriture, lumineuse malgré tout, celle qui ose accueillir la vie qui veut bien renaître.

Un roman juste et fantasque. Un peu douloureux à lire. Mais beau. (Et j'adore la couverture.)
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Toulouse a 28 ans. Trapéziste, elle participe à des tournées avec Odilon, son partenaire de scène et de vie. Jusqu'à ce qu'elle reçoive un diagnostic de cancer, y laisse un sein. Incapable de la soutenir dans ce combat, d'accepter la nouvelle topographie de son corps, ses limites, il quitte alors l'amazone, la laissant seule, face à l'envahisseur, à la solitude, au doute, à la douleur.

Le propos aurait pu tomber dans le misérabilisme, mais Hélène Lépine a su avec Un léger désir de rouge éviter tout écueil.
Lien : http://lucierenaud.blogspot...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Une étourdie prise au piège. Une ignorante qu’on houspille. Avoir honte de ce que je suis, c’est ce qu’il m’a montré. Comme les parents savants. Je me suis rabattue sur le corps. Je suis devenue trapéziste. Il n’a jamais su ce que je savais. Ca n’aurait sans doute pas compté à ses yeux. Pas plus que pour Jean le Père et Louise la Mère. Mais voilà, le corps m’a trahie, la trapéziste s’est écrasée. Je ne sais plus rien. » (p. 75)
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« Je te parle sur papier, Moumbala, Coaticook parle au fleuve, Louvaine s’adresse à son public, Oslo, à ses esseulés, Delhi, à ses isolés, Paris, à ses démons. Imagine la maison autrefois, chaque enfant à une fenêtre livrant au seul vent les mots de sa façon. Encore maintenant, les courants d’air s’engouffrent dans ces trouées. » (p. 39)
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Le silence ne m’a jamais gênée. Cette fois, oui. Un silence comme un pain trop sec, difficile à rompre.
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Rien, sinon les mots. Sans les mots que je t’écris, Moumbala, sans ceux de François-Marie, je m’embourberais dans l’ornière des manques. Les mots, un socle.
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Vidéo de Hélène Lépine
Pleine Lune Hélène Lépine présente son recueil de poésie LE CŒUR EN JOUE.
Un livre très émouvant et empreint d’une grande humanité, qui évoque les voix oubliées de ces femmes syriennes, nos sœurs, victimes d'une guerre atroce et fratricide.
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