En une époque vouée, semble-t-il, à expliquer la différence, il peut en effet paraître une gageure de proposer une recherche portant sur l'identité. (...)
Une question de la différence parcourt en effet notre temps, et même le transit. La différence des sexes, la différence de la culture et de la nature, la différence entre les cultures et les codes nationaux ou régionaux se sont réaffirmées.
Une hantise traverse notre temps, saturé de communication, celle du repli de chacun sur son territoire, sur ce qui fait sa différence, c'est-à-dire son identité séparée, propre. Rêve de réenracinement dans l'espace insulaire d'une séparation. En même temps, l'insistance est vive dans de multiples cercles à proclamer l'urgence d'une unité de l'Homme, voire de retrouver la certitude sécurisante d'une nature humaine. C'est-à-dire d'une identité universelle de l'Homme à soi, sous la forme, au besoin, d'une subjectivité transcendantale.
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On voit déjà les deux bornes d'une problématique de l'identité s'énoncer ici comme oscillant entre le pôle d'une singularité déconnectée et celui d'une unité globalisante peu respectueuse des différences.
(Jean-Marie Benoist)
L'identité est une sorte de foyer virtuel auquel il nous est indispensable de nous référer pour expliquer un certain nombre de choses, mais sans qu'il ait jamais d'existence réelle.
L'exclusive fatalité, l'unique tare qui puissent affliger un groupe humain et l'empêcher de réaliser pleinement sa nature, c'est d'être seul.
(Jean-Marie Benoist, citant Claude Lévi-Strauss)
Lukas Bärfuss présente "Le carton de mon père – Réflexions sur l'héritage", en librairie dès le 2 février 2024.
À la mort de son père, il y a vingt-cinq ans, Lukas Bärfuss refuse l'héritage, constitué essentiellement de dettes. Il ne garde qu'un carton, rempli d'une triste paperasse. Quand, à la faveur d'un grand rangement, il l'ouvre et passe en revue ce qu'il contient, c'est toute son enfance précaire qui défile.
À la lumière de la Bible, Darwin, Claude Lévi-Strauss ou Martine Segalen, l'écrivain décortique les notions de famille et d'origine, ces obsessions dangereuses de notre civilisation. Il en profite pour évoquer les "biens jacents", ces biens sans propriétaires que sont les océans, les animaux sauvages, et surtout les déchets. Dans cet essai qui est sans doute son livre le plus personnel, Lukas Bärfuss démontre une fois encore son esprit critique acéré.
https://editionszoe.ch/livre/le-carton-de-mon-pere
Réalisation: Fran· Gremaud
Tournage réalisé dans les locaux de la HKB Berne
Avec le soutien de Pro Helvetia
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