Les éditions Organic, c'est une entreprise étonnante et enthousiasmante, celle de proposer aux lecteurs des Petites Bulles d'Univers où chaque nouvelle est agrémentée d'un habillage graphique complet par des artistes singuliers, le tout dans un écrin cartonné soigné qui fait plaisir autant aux yeux qu'aux mains du lecteur.
Pour exemple, voici Boboth, la Machine à rêver, suite de
la petite Bébeth (mais parfaitement lisible de façon indépendante) et huitième bulle à enrichir la collection.
Le texte, on le doit à
Li-Cam (
Cyberland) tandis que la partie graphique résulte quant à elle d'une conjugaison de talents : les sculptures de
Laura Vicédo, les dessins de
Marion Aureille et l'assemblage graphique de
Philippe Aureille. Résultat ? Une plongé étrange mais enivrante dans l'imaginaire de Bébeth, une adolescente par comme les autres.
TED, un ami difficile
Bébeth nous parle à la première personne, entre deux planches où cohabitent des machines farfelues et des dessins en guise de mode d'emplois.
L'adolescente peine en cours, elle n'est Personne et ses camarades de classe la trouvent bizarre. En tentant de survivre, Bébéth s'interroge sur l'attitude de ces autres enfants qu'elle ne comprend pas bien. Bébéth n'est pas idiote, loin de là, elle est juste socialement et émotionnellement diminuée. Ce qui, pour les autres, parait aller de soi devient pour elle une somme d'énigmes parfois terrifiantes et insurmontables. Ces double-sens que l'on donne aux mots et aux sentiments, ces manières de faire et de dire, tout cela revêt un caractère quasi-fantastique pour Bébéth jusqu'à ce qu'elle rentre et je plonge dans Star Trek où Spok lui parle tout particulièrement, personnage perdu dans sa propre logique qui persiste à vouloir comprendre les autres.
Li-Cam donne la parole à une enfant-TED (Troubles Envahissants du Développement ou plus familièrement, autiste). Elle explique avec des mots simples et fragiles la difficulté de vivre dans un monde où rien ne semble conçu pour soi et où les règles n'ont aucun sens. Heureusement, Bébéth peut compter sur un atout que les autres n'ont pas : son imaginaire.
Le multivers des frères de rêves
Entre les lignes et grâce aux dessins et sculptures qui entourent le texte, le lecteur comprend que si Bébéth n'as pas les capacités émotionnelles et sociales de ses camarades, elle possède en elle une infinité de rêves et d'imaginaires, une machine à rêver nommée Boboth. Dans son univers à elle, les monstres sont monnaie courante et la comprennent mieux que les humains de tous les jours. Ce qui effraie Bébéth, ce sont ces choses qui ressemblent trop aux hommes sans en être.
Cet ode à la différence et à l'acceptation des enfants qui ne sont pas nés avec les mêmes capacités ou du moins avec des capacités différentes,
Li-Cam la compare aux épreuves des adolescents ordinaires et leurs parents qui divorcent, ou leur paraître qui fait d'eux des autres.
Triste et poignante, Bébéth explique ce qu'elle est en mots et en musique, à moins que ne surgissent une machine à rêver d'un coin inattendu de la page.
Bulle d'univers aussi sensible que sublime, Boboth donne voix aux enfants qui rêvent et qui survivent dans un monde qui semble trop étriqué pour eux.
Li-Cam met en mots les curieuses créations graphiques qui gravitent autour de son personnage et nous offre une échappée dans un univers plein de beauté et de tristesses fanées.
Lien :
https://justaword.fr/boboth-..