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José Carlos Llop (Autre)Jean-Marie Saint-Lu (Traducteur)
EAN : 9791095434320
152 pages
Do Editions (07/04/2021)
2.75/5   2 notes
Résumé :
Le délire d'un espion convaincu que son travail refusé aurait changé le sens de l'Histoire ; l'occasion trahie d'une seconde vie dans une colonie africaine ; les équivoques relations de pouvoir dans le sexe ; les malédictions de l'Europe ; le remplacement de l'amour par la botanique exotique ; une restauratrice d'oeuvres d'art qui évoque sa passion lesbienne ; l'art comme métaphore de l'échec amoureux ; Dickens et Jivago dans un nouveau conte de Noël ; une nouvelle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« le Roman du Siècle » de José Carlos Llop est un recueil de dix nouvelles, traduites (la novela del siglo) par Jean Marie Saint-Lu (2021, Editions Do, 154p.). le tout sur environ 100 pages, auxquelles il faut ajouter « le Chant des baleines » sur la quarantaine de pages qui restent et qui forme une suite de 33 récits indépendants.
On rappelle que José Carlos Llop est né à Palma de Majorque en 1956, où il vit, et dirige des fonds consacrés aux patrimoines des îles Baléares. Ces récits sont donc centrés sur l'ile, en tant qu'illustration de ce qu'il veut définir comme étant une littérature insulaire. Il n'est donc pas étonnant de retrouver dans cette dizaine de nouvelles des similitudes, en particulier d'observateurs qui, comme leur nom l'indique, observent, voire même servent d'indics. Milieu fermé, population plutôt touristique ou de passage, qui ne travaille pas sur place, qui s'ennuie plus ou moins, donc propice à l'observation. Parmi eux, un certain nombre d'allemands. Ce n'est pas pour rien que Mallorca a été surnommée le 17. Bundesland. Ah ces allemands en short, qui boivent la sangria dans des seaux, à la paille. Quoique cela vaille largement le « Camping des Flots Bleus », les odeurs de sardines grillées en moins.

Le premier texte qui donne le titre à la suite commence par « Notre maison était située à l‘orée du monde » et de plus c'est une maison « exposée aux quatre vents et aux orages, d'où on voyait la vie comme un cirque délabré et impossible ».
Et il insiste « Ma vie tout entière a été un cirque. Toutes mes vies ont été un cirque, devrais-je dire. Parce que j'en ai eu beaucoup ». Un peu plus, et on va se mettre à pleurer devant l'Auguste qui reçoit des coups de pieds au derrière. Il faut dire que sa vie n'a pas toujours été facile. Mariage, par procuration, entre un père dans une église de Montevideo, et une mère dans une église de Tolède. On ne pose pas la question de savoir qui tenait la traine de la mariée. Et pour lui. « Quand mes parents se marièrent, je vivais dans un bordel de Singapour et j'écrivais la mathématique des corps dans le livre de comptes d'un entrepreneur chinois aussi obèse qu'un lion de mer ». Bel exemple de souvenir de festivités familiales. Mais il excuse la chose en invoquant l'Europe et l'Histoire. Les deux avec des majuscules, cela fait tout de suite plus riche. « L'Europe a un sens de l'humour trop macabre pour qu'on ne la prenne pas à la rigolade ».
En vérité, arrivé à ce stade de la narration, je ne sais déjà plus si le narrateur est « un garçon » ou une « vieille pute », quoique il y ait des mélanges de genre inhérents à ces métiers. Et tout cela, bien entendu c'est du bruit. « Ce bruit est le bruit de l'Histoire, cette vieille putain, qui s'obstine à passer devant chez nous ». Cela me fait penser à la chanson « le Chien » de Léo Ferré. « Nous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiens / particuliers aussi / Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses Littéromanes »
Et l'auteur embraye sur « Suite 501 » de ce grand hôtel où il a côtoyé toutes sortes d'individus, dits des grands de ce monde. « J'ai connu le grand monde sous les lampes et sur la cuvette de ses toilettes, j'ai vu que tous les hommes sont égaux au lit et dans leur salle de bain […] J'ai connu des ministres, des princes et des magnats. J'ai parlé avec le roi Farouk d'Égypte, avec El Gallo et avec Ava Gardner ». Ce furent sûrement des expériences assez particulières. » J‘y ai été heureux ». Tant mieux pour lui. « Mais j'ai vécu dans un mirage et cela m'a plu ». Sic transit gloria mundi. Mais surtout cela change avec le texte précédent dans lequel il est dit « car est macabre la vie de celui qui a eu beaucoup de vies et qui sait que sa vie est un spectacle de cirque ». Retour au clown triste, désabusé. « J'ai vu que le mépris est une monnaie dont la circulation est plus forte que celle du dollar et que la vanité est plus difficile à perdre qu'une paire de bas retenus par un porte-jarretelles ». C'est bien un clown triste, mais plutôt du genre drag queen.
Transgression toujours, l'épisode de « La joueuse de tennis ». Pour camoufler le personnage, l'auteur se réfère à sa mère. « Ma mère avait joué au tennis jusqu'à son mariage avec mon père ». Jusque-là, rien d'anormal, ni d'extraordinaire. Sauf que « Mon père aimait le corps de ma mère ». Encore heureux qu'il y trouve du plaisir. Mais, la mère avoue que c'est elle qui l'a amené à aimer son corps. « Je voulais qu'il soit obligé d'admirer mon corps jusqu'à ce que mon corps ne soit plus qu'un épouvantail risible ».
Puis « L'esprit de Noël », histoire qui se passe à un moment où « il y a longtemps que les gens ne souriaient plus dans la rue ». Est-ce si loin de nous ? Ou était-ce du temps où l'auteur vivait dans un bordel de Singapour.
Dans « Passeport diplomatique » « il pleuvait des cordes ». C'est jour d'enterrement. Celui de Jean Montague Hazard. Fosse commune. Ce n'était donc qu'un très lointain parent des Montaigu. « Il a repris la libairie du baron Gustav von Brunswick- un Prussien compassé célèbre à Sintra pour sa collection d'épées et son amour désuet de la théosophie ».
Il pleuvait. « le deuil humide des parapluies donnait à la cérémonie impersonnelle dont ces circonstances ont besoin ».
Une grande pensée dans « Villa Krundtz » : « l'alcool est l'aiguillon de l'intelligence, mais aussi de sa brutalité ».
« Ils souriaient en regardant l'écran de leur mobile. Jamais il n'avait vu autant d'expressions de tendresse ou d'affection ou de désir ou d'amour ou de reconnaissance ». Les réseaux sociaux érigés en psychiatres permanents.
Et une seule note tirée de « le Chant des Baleines » ou est-ce le chant du cygne ?. « le temps est un bon chirurgien et je suis un homme que la peur a transformé en ombre. J'ai baissé les yeux et posé le couteau de cuisine dans l'évier. » « J'ai cherché le pistolet de mon père mais je n'ai trouvé que quelques albums de photos, des pages desquelles me regardaient les yeux de tout un siècle.
Je préfère encore au chant de la baleine, celui que décrit Witi Ihimaera, écrivain maori d'expression anglaise. L'original s'appelle « Paï » (1987) traduit en « The Whale Rider », et actuellement traduit par Mireille Vignol en « La Baleine tatouée » (2022, Au Vent des Iles, 164 p.).
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J’ai connu le grand monde sous les lampes et sur la cuvette de ses toilettes, j’ai vu que tous les hommes sont égaux au lit et dans leur salle de bain […] J’ai connu des ministres, des princes et des magnats. J’ai parlé avec le roi Farouk d’Égypte, avec El Gallo et avec Ava Gardner
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Il a repris la librairie du baron Gustav von Brunswick- un Prussien compassé célèbre à Sintra pour sa collection d’épées et son amour désuet de la théosophie
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Ma vie tout entière a été un cirque. Toutes mes vies ont été un cirque, devrais-je dire. Parce que j’en ai eu beaucoup
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Le deuil humide des parapluies donnait à la cérémonie impersonnelle dont ces circonstances ont besoin
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Quand mes parents se marièrent, je vivais dans un bordel de Singapour et j’écrivais la mathématique des corps dans le livre de comptes d’un entrepreneur chinois aussi obèse qu’un lion de mer
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