Jack London imagine les États-Unis pris en étau entre le pouvoir capitaliste oligarchique et le prolétariat.
Il décrit une révolution socialiste face à un régime devenant de plus en plus déterminé et violent.
> Une ombre colossale et menaçante plane sur la société, prenant corps dans ce pays. On pourrait l'appeler le spectre de l'Oligarchie.
Les masses sont opprimées, réduites à l'esclavage.
Les corps intermédiaires sont manipulés pour renforcer le pouvoir de riches de plus en plus éloignés.
Il y a des ghettos des privilégiés (des “cités radieuses”) et des ghettos de pauvres. Les médias et la justice sont sous l'emprise de l'Oligarchie.
Effectivement, ce roman a été publié en 1908.
Il anticipe l'émergence de régimes totalitaires.
Il prévoit également la montée d'une conscience de classe, d'un conflit de classes de plus en plus marqué.
Ce roman offre une perspective intéressante. Lors de sa lecture, on ne peut s'empêcher de comparer cette Amérique dystopique à notre monde néolibéral actuel.
Voici quelques citations illustrant la justesse troublante du livre :
> le pouvoir sera l'arbitre, comme il l'a toujours été.
> La presse américaine, parasite du capital, sert à modeler l'opinion publique en faveur de l'ordre établi, une tâche qu'elle accomplit avec zèle.
> Lorsqu'il évoque la « liberté de réussir, pour tous », il entend : « liberté d'accumuler des bénéfices, pour nous ».
> Les agriculteurs, enchevêtrés dans les rets de la finance, attendent que leurs filets soient retirés de l'eau.
> L'Oligarchie tire sa force de sa conviction absolue d'agir pour le bien de tous et d'être dans le vrai.
Terriblement juste et actuel, n'est-ce pas ?
Jack London situe son récit avant une guerre évitée grâce à la révolte populaire.
Écrit en 1908, le roman démontre une perspicacité remarquable concernant les tensions et conflits à venir.
D'autres thèmes sont abordés dans le roman, notamment l'idée d'un retour à une vie simple et proche de la nature.
Il s'agit d'un récit de lutte sans merci, d'émancipation et de révolte face à l'injustice, empreint de violence.
Le roman est enrichi par les expériences directes de l'auteur. Parfois, la vie du personnage central se confond avec celle de
Jack London.
Bémols
L'histoire est racontée par Avis Everhard, d'abord subjuguée, puis amoureuse et enfin épouse d'Ernest.
Ernest, un des leaders de la révolution, est dépeint comme un personnage doté de toutes les qualités physiques et morales.
Ceci affaiblit la portée du récit. Nul besoin d'un héros aussi idéalisé pour le récit.
Le récit est parfois trop descriptif et donc trop long.
Cette édition
Est publiée par les éditions Libertalia
Est une nouvelle traduction de
Philippe Mortimer.
Sans pouvoir comparer, le ton semble juste et précis.
Elle inclut les préfaces des éditions précédentes.
Chacune offre un éclairage intéressant, apportant des perspectives sur l'oeuvre, l'époque, et le préfacier.
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