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sur 294 notes
Quand Christian invite Madeline pour un charmant dîner en tête à tête, c'est pour lui annoncer l'attribution d'un logement de fonction, rien moins qu'une maison de 180 m², et ce, rue de Charenton, à deux pas des écoles et de la caserne où Madeline est caporale cheffe sapeur-pompier. C'est la réalisation d'un rêve jusque-là rendu impossible par la réalité du marché parisien.
Christian attend néanmoins le dessert pour lui annoncer qu'il a obtenu le poste de conservateur du cimetière de Bercy et donc, qu'ils seront logés sur place, la maison étant dans le cimetière !
Qu'à cela ne tienne, La famille Mara avec ses trois enfants déménage et vient s'installer dans sa nouvelle demeure au début de l'été 2019, sans aucun regret pour le trois-pièces qu'ils ont quitté.
Et même si la plupart des pièces offrent une vue sur le cimetière et si de nouvelles règles s'imposent aux enfants, comme l'interdiction de faire du vélo et de la trottinette dans les allées ou d'inviter copains et copines pour l'anniversaire même en mettant la musique pas fort, « On ne fait pas n'importe quoi dans un cimetière, c'est un lieu de recueillement », les enfants s'adaptent.
Bien vite, cette maison va prendre une place importante dans le récit et devenir quasiment un personnage à part entière.
Le métier assez atypique des deux parents, l'une sauvant des vies et l'autre veillant les morts, cette ambivalence entre la vie et la mort aura une importance capitale dans la vie familiale.
La responsabilité qu'endosse Madeline en tant que caporale cheffe sapeur-pompier est immense et difficile à gérer avec son quotidien et elle souffre de plus en plus de ne pas être plus présente auprès de ses enfants, d'autant que Christian est moins disponible. Pour lui, passer d'agent d'entretien des espaces verts de la mairie du XIIe à gardien de cimetière, a de quoi le perturber. L'âpreté du métier va réveiller en lui le besoin d'extérioriser ses émotions par la peinture, peinture assez morbide qui le rend de plus en plus instable.
L'équilibre est donc fragile et l'atmosphère de plus en plus tendue. Petit à petit, insidieusement, une menace s'installe dont personne ne mesure l'ampleur. Une atmosphère anxiogène devient de plus en plus prégnante dans cette maison accentuée par le comportement du père complètement transformé. La tension va crescendo jusqu'à un véritable cyclone.
La combinaison de ces métiers singuliers et de ce lieu de vie également hors du commun va donner corps à un roman qui oscille entre le roman noir, le thriller psychologique et le roman fantastique.
De cendres et de larmes est également un roman ancré dans la réalité sociale et politique.
À l'histoire de cette famille, Sophie Loubière vient en effet entrecroiser la présence d'une enfant bosniaque arrachée à sa famille et balancée avec d'autres dans un camp à Paris où leur sont inculquées des techniques en bande pour, dans un premier temps, apprendre à voler.
Par le biais de Madeline et de ses interventions, celle-ci se gardant de ne porter aucun jugement, c'est aussi une véritable immersion dans la vie de familles touchées par la pauvreté, la violence conjugale, un aperçu de la misère sociale et parfois de la complète irresponsabilité de certains adultes. Ce sont aussi tous les risques encourus par ces sauveteurs au courage sans faille que l'auteure met magnifiquement en relief, rappelant dès le premier chapitre l'énergie et l'ardeur dont ils ont fait preuve lors de l'incendie de Notre Dame, au risque d'y laisser leur peau.
C'est aussi le ras-le-bol ressenti par les pompiers qui en ont marre de se faire caillasser ou d'être reçus avec le fusil rappelé avec cette manifestation à laquelle participe Madeline et qui se termine par le lancement de grenades lacrymogènes par la gendarmerie mobile puis par deux lances qui balayent les manifestants de leur flot, manière la plus déshonorante et avilissante qu'il soit pour un soldat du feu !
Psychologie avec des personnages auxquels le lecteur s'attache rapidement, mais aussi philosophie sur notre rapport à la mort, thème fondamental de l'histoire sont les principaux vecteurs de ce roman que j'ai bien apprécié même si je l'ai parfois trouvé un peu lugubre. Par chance, la lumière est au bout du tunnel.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Madeline , responsable dans une brigade parmi les très nombreux pompiers de Paris, doit faire face chaque jour à des drames, des risques. On la rencontre au début pendant la lutte de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame.
Christian, son mari est agent d'entretien des parcs de la ville.
Ils sont logés à l'étroit dans un appartement avec leurs trois enfants : un grand, Michaël que Madeline a eu avec un ex-compagnon et deux autres plus petits , Eliott et Anna, qui sont les deux enfants du couple.
Christian reçoit une proposition pour devenir le gardien conservateur du musée de Bercy avec en prime une maison vaste. Une aubaine, croit-il ! Il y a un os ! La maison est dans le cimetière. Ce n'est pas une mince affaire.
L'atmosphère va lentement se dégrader, transformer l'ambiance de la famille.
Madeline a besoin de vivre parmi les vivants après ces longues heures à la caserne. Christian va s'enfoncer dans l'ambiance des morts et du cimetière.
Les enfants seront entourés de sensations mystérieuses quasiment invivables, de rencontres car le cimetière sert de refuge à des êtres qui doivent se cacher.
L'ambiance devient de plus en plus lourde.
À quoi tout cela va-t-il aboutir alors qu'au départ, il s'agissait d'épargner un loyer pour enfin s'acheter un logement décent.
Le roman est bien mené. L'écriture est très fine, presque poétique à certains moments. Dans une ambiance pareille, c'est un exploit.
Un beau roman, un peu lourd pour moi.


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Dernier roman de Sophie Loubière, de cendres et de Larmes nous entraine dans les régions inconnues du coeur et de l'âme humaine.
Des personnages atypiques.
Madeline, Caporal Cheffe dans une brigade des pompiers de Paris, côtoie chaque jour le danger lorsqu'elle intervient dans la lutte contre les incendies, dont notamment celui de Notre Dame, mais plus dure est sa confrontation quotidienne avec la misère du monde, familles fracassées au sens propre et au figuré, enfants non désirés abandonnés ou maltraités, couples en déliquescence qui pour ultime preuve d'amour se détestent jusqu'à commettre l'irréparable.
Madeline est une femme forte. Côtoyer ce danger et cette misère, met sa famille à l'abri pense-t-elle. Est-ce bien sûr ?
Mère d'un ado qu'elle a eu avec Eric, un bipolaire dont elle a divorcée, elle est aussi mère de deux enfants plus jeunes, Anna et Eliot dont le père est Christian, un employé de la ville de Paris chargé de l'entretien des Parcs et Jardins, qui se retrouve propulsé Gardien (conservateur dit le titre officiel) du cimetière de Charenton dans le 12ème arrondissement de Paris.
L'occupation gratuite d'une maison immense sise dans l'emprise du cimetière est le principal intérêt du poste que Christian accepte non sans avoir consulté sa famille auparavant. Une visite de la maison permet de mesurer l'enthousiasme de tous ses membres. En effet, qui n'a jamais rêvé d'habiter dans un cimetière…
La famille se retrouve dans la situation des héros de Shining le roman de Stephen King. Il semblerait que la maison du cimetière ait sa propre vie et que ses anciens occupants, notamment ceux qui sont disparus de façon violente, se manifestent.
Dit comme cela la chose parait triviale. Sophie Loubière parvient à renouveler la façon de traiter ce sujet. le couple et ses enfants, autrefois soudés et organisés pour faire face aux absences de Madeline, souvent d'astreinte et parfois sollicité en urgence, connait ses premières avaries. Soit que la maison vive réellement, soit que l'atmosphère du lieu révèle les dimensions cachées de chacun des personnages, la machine familiale jusqu'alors bien huilée, se grippe…
« — Je ne veux pas que tu t'angoisses… On va s'adapter à la situation.
— S'adapter à la situation ? Il faudrait déjà que les plombs arrêtent de sauter dès qu'on branche le grille-pain et que les radiateurs se décident à chauffer ! »
Madeline est partagée maintenant entre ses nouvelles contraintes familiales et son travail qui lui laisse de moins en moins de temps :
« Les sapeurs-pompiers prenaient en charge une épouse au nez brisé couverte d'ecchymoses, ou un nouveau-né dont le comportement évoquait le syndrome du bébé secoué. »
« Car le feu prenait aussi la rue, nourri par la détermination des Gilets jaunes, quadruplant les sorties du FPT1 pour des incendies de barricades. »
« Un chariot brûlé à Pyramides, des palettes incendiées à la ZAC Chalon, un scooter calciné Cité Grise, un Abribus aux vitres éclatées square Contenot, une voiture cramée à Bercy… Et des mortiers lancés sur ses hommes pris pour cible à la Passerelle – la vidéo circulait déjà sur les réseaux sociaux. »
Les enfants sont livrés à eux-mêmes et ne peuvent plus compter sur les parents disponibles qu'ils avaient autrefois :
« Il (Eliot) courait lâchement, sans s'arrêter, avec la crainte de se faire coincer dans les toilettes par Yacine et sa bande, comme le pauvre Yliès, et s'imaginait déjà la tête dans la cuvette, sous les ricanements de ses tortionnaires :
— C'est bon, t'as plus soif, le croque-mort ? »
« — Au fait, Michael, c'est quoi, cette heure de colle sur ton carnet ?
— C'est juste un exo que j'ai oublié de rendre à la prof de SVT. Vous allez pas me soûler avec ça ! »
La petite Anna, la plus fantasque explore le cimetière malgré l'interdiction formelle de son père :
« Anna avala sa salive. Mentir était parfois nécessaire pour protéger ses amis et gagner quelques minutes d'attention.
— Bah, c'est elle.
— Qui ça, « elle » ?
— La petite fille qui habitait ici et qui est morte.
— Anna, mais qu'est-ce que tu racontes ? Il n'y a jamais eu de petite fille dans cette maison. »
Le roman prend son temps pour décoller, bien qu'il ne fasse que 200 pages. La première partie se traîne un peu jusqu'à l'arrivée de nouveaux personnages.
« On les amena dans un camp, à Paris. Dans des cabanes, adossées à un pont sur une voie de chemin de fer désaffectée, harcelées par le vent, là où aucun rêve n'a jamais germé. »
Un roman qui flirte avec le surnaturel sans jamais y tomber vraiment. La fin est inattendue.
J'ai trouvé à ce récit un côté expérimental qui peut parfois dérouter, mais l'envie de lire le récit jusqu'à son épilogue l'emporte.
Sophie Loubière propose de consulter le blog qu'elle a spécialement réalisé pour expliquer ses motivations dans l'écriture de son dernier roman.
Comme toujours, la description des personnages, de leur métier, des situations qu'ils vivent est extrêmement bien documenté et rend le récit crédible et jamais ennuyeux à lire.
Après 5 cartes brûlées et Black Coffee, j'ai trouvé le même plaisir à la lecture de de cendres et de larmes.


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Vu le nombre élevé de critiques je ferai court.

Madeline Mara, caporal cheffe- sapeur pompier de Paris, assurait régulièrement vingt- quatre heures de présence les jours d'astreintes, son métier était de sauver les gens—— Faire face à des situations difficiles —- déposer des gens démunis , traumatisés: violences conjugales ou graves dépressions ——- à la porte des hôpitaux sans savoir ce qu'il leur arrivait par la suite .
Christian, son mari avait pour mission de lui faciliter la vie , il alignait ses RT T de jardinier aux espaces verts , afin de faire de ces journées sans maman des moments de plaisir qui chasseraient de la tête de leurs trois enfants Michael ,Eliot et Anna, l'anxiété engendrée par le métier de Madeleine , à très haut risque …

Cette famille rêve depuis longtemps d'un appartement plus grand : un rêve impossible dans la région parisienne ….
Lorsque le poste de conservateur au cimetière de Bercy se présente pour Christian , avec un pavillon de 180 m2 la famille Mara s'y installe sans hésiter .

Peu à peu les enfants acceptent , pendant que Madeline enchaîne les gardes pour sauver les vivants , Christian se met à veiller les morts ..
La lourdeur et l'âpreté de ce nouveau métier réveille en Christian le besoin impérieux d'extérioriser ses émotions , ses peurs diffuses par la peinture et quelle peinture !
Il qualifiait ses toiles d''«  OeUVRES ORGANIQUES ÉPHÉMÈRES » .
Tout ça lui «  hameçonnait » le cerveau ….
Au coeur de ce très fragile équilibre où les métiers de l'un et de l'autre pèsent lourd , la maison , humide , détériorée ,,vieille de deux siècles, , endommagée suite à la tempête de 2008, en proie à certaines moisissures , était condamnée à une très lente dégradation ….Elle n'était pas saine ….Elle révélait ses chagrins , cela ne datait pas d'hier, car le cimetière était construit sur d'anciennes carrières situées à une vingtaine de mètres de profondeur d'où un terrain argileux très humide ….
Christian sombre dans un état d'épuisement et d'angoisse , abattu et migraineux , il ne se contrôle plus et ce n'est pas l'ancien gardien qui va le rassurer …

Ce roman noir pétri de tensions sous- jacentes , de menaces , de quotidien pas facile à gérer , nous immerge dans le quotidien de vies de familles touchées par la violence ,la pauvreté , la misère sociale , vu le métier de Madeline , le rapport à la mort ,le vécu de ces pompiers courageux confrontés à une société parfois irresponsable …..
L'atmosphère se dégrade , lentement, insidieusement, un brin de fantastique ,fêlures du passé , hallucinations , expériences paranormales , tension extrême , pimentent le tout .

L'auteure mène ce roman noir à la touche sociale et politique avec un talent indéniable , une plume soignée , mais il ne faut pas trop en dire.

Un excellent récit à la frontière du surnaturel ——-ce qui m'a un peu gênée ——-et du thriller angoissant .
Le final est réussi.
Pas un livre de l'été ….

Ce n'est que mon avis , bien sûr ….
J'ai encore fait trop long ….
J'avais lu en 2014 avec grand plaisir «  L'enfant aux cailloux » …
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Grâce à Fleuve Editions, via net galley, j'ai eu le plaisir de découvrir la plume de Sophie Loubière en lisant son dernier roman : de cendres et de larmes.
Madeline, Christian et leurs enfants rêvent depuis longtemps d'un appartement plus grand où chacun aurait son espace. Un rêve rendu impossible par la réalité du marché parisien.
Quand l'occasion se présente pour Christian d'obtenir le poste de conservateur au cimetière de Bercy, avec un pavillon de fonction de 180 m2, la famille Mara n'hésite pas et s'y installe au début de l'été 2019.
Peu à peu, les enfants se font au panorama.
Tandis que Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, sauve les vivants, Christian veille les morts. L'âpreté de son métier réveille bientôt en lui le besoin d'extérioriser ses émotions par la peinture. Au coeur de ce fragile équilibre où les métiers de l'un et de l'autre pèsent lourds, la maison révèle ses fêlures. Lentement. Insidieusement.
Quelque chose menace cette famille recluse au milieu des tombes. Une menace dont personne ne mesure encore l'ampleur.
De cendres et de larmes est un très bon roman noir, qui parle de la famille, de la difficulté d'avoir un métier prenant (sapeur-pompier) et un métier « étrange » (gardien de cimetière).
C'est un roman très axé sur la famille, sur son bien-être, sur comment les choses peuvent déraper rapidement.
Peu à peu, on sent que la menace décrite dans le résumé est là, tapie dans l'ombre. Présente mais on ne sait pas trop ce qu'est cette menace.
J'ai imaginé plusieurs pistes, élaboré plusieurs scénarios dans ma tête et j'avais tout faux :)
L'autrice nous balade au fil des pages, pour un final surprenant, auquel je ne m'attendais pas. Quand à l'épilogue, il clos parfaitement ce roman.
Je trouve difficile de chroniquer de cendres et de larmes car j'ai peur de spoiler sans le vouloir.
J'ai adoré l'histoire, les personnages, le cadre très particulier dans lequel ce roman se déroule en partie (un cimetière et sa maison de gardien).
Bref, tout m'a plu y compris l'écriture de Sophie Loubière. Je suis ravie de ma lecture et je la relirais sans aucune hésitation.
Ma note : cinq étoiles.
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Je ne connaissais pas la plume de Sophie Loubière, j'étais donc curieuse de la découvrir et intriguée par ce couple dont l'un sauve les vivants et l'autre veille les morts.

L'auteure décortique ses personnages, leur donne corps et j'ai aimé Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, son mari Christian, conservateur au cimetière de Bercy. Michael, ado rebelle, né d'un premier mariage, un peu geek qui va se découvrir un talent pour le paranormal. Eliot CM2 harcelé à l'école, un brin froussard et Anna rêveuse mais au caractère affirmé. Sans compter des personnages secondaires qui gravitent autour de cette famille et qui vont apporter leur lot d'interrogation et d'angoisse.

La famille maintient un semblant d'unité malgré un fragile équilibre dû aux métiers bien particuliers des parents. La maison révèle ses fêlures, à l'image de celles de la famille. Lentement. Insidieusement.

Le Cimetière de Bercy théâtre de toutes les peurs et croisement de toutes les angoisses avec la maison de fonction de 180m2 mal entretenue, aux murs qui suintent, aux craquements assourdissants, qui semble avoir absorbé toutes les horreurs passées…

Je dois dire que dès le prologue Sophie Loubière réussi à éveiller mon intérêt, en débutant son intrigue sur l'incendie qui ravage Notre-Dame de Paris en avril 2019 et donne ainsi le ton à une intrigue qui se révélera noire et dramatique. le déménagement semblait idyllique pourtant, on assiste à la lente descente aux enfers d'une famille apparemment unie. Côtoyer les morts, ne va pas être de tout repos.

La tension monte crescendo au point que l'auteure joue avec nos nerfs avec une intrigue sur le fil du rasoir entre fantastique et thriller. Pourtant, il n'y a rien de fantastique dans l'imagination des personnages dont les peurs surgissent au gré des bruits, grattements d'animaux ou intrusions au sein de ce cimetière vecteur des peurs les plus primaires. Ajoutez à cela une maison qui semble prendre vie avec des bruits inquiétants et dont l'humidité suite par tous les pores de ses murs, où le moindre craquement prend aux tripes et fait galoper l'imagination de nos chers personnages.

Cette maison représentant le siège familial révèle peu à peu ses failles, à l'image de cette famille dont les relations se délitent au gré des absences de la mère, héroïne des temps modernes, du mal-être de Christian qui sombre peu à peu dans une mélancolie qui l'entraine aux portes de la folie. Une famille à la dérive dont le sort semble inexorablement la mener vers une fin catastrophique.

L'auteure brouille les pistes en maintenant une tension palpable tout le long du récit, jusqu'au final que l'on croit deviner. Un thriller psychologique qui décortique l'âme humaine et aborde en filigrane des questions de société. A travers le personnage de Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, Sophie Loubière rend un bel hommage aux pompiers et leur dévouement, tout en leur donnant un visage humain, à travers leur famille.

Une excellente lecture teintée d'angoisse, grâce à la plume descriptive, immersive, des personnages attachants, aux fêlures palpables. Une tension oppressante qui maintient le lecteur à la frontière du thriller et du surnaturel grâce à une intrigue qui réveille l'imagination.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Sophie Loubière a l'immense qualité et le grand talent de ne jamais proposer le même roman. Autres ambiances, autres rythmes, autres thématiques, mais avec comme point commun une plume soignée au plus près des émotions.

De cendres et de larmes est un roman noir, bien sûr, mais j'aurais vraiment tendance à insister sur le « pas que ». Voilà surtout l'histoire d'une famille, dans laquelle on s'immerge, qui a de quoi attirer un large panel de lecteurs.

Une famille un peu comme les autres. A une différence près, les parents ont des métiers atypiques qui ont une réelle influence sur leur environnement direct. A la différence aussi de l'endroit où ils vivent (et ce n'est pas rien…).

A lire le résumé de la quatrième de couverture, on pourrait croire à un livre d'horreur. On en est bien loin, c'est au contraire un récit tout en nuances d'émotions. La tension en fait partie, l'autrice travaillant particulièrement son ambiance dans la deuxième partie. Cette atmosphère est l'ADN du livre, qui n'est pas du genre à proposer des rebondissements continuels.

Je dois avouer avoir trouvé la première moitié du livre un peu longue à se mettre en place. Un choix dont je ne doute pas qu'il soit clairement assumé par l'écrivaine, qui a pris l'option de raconter le quotidien de cette famille. Durant cette partie du livre, point de suspense, les éléments s'organisent autour du quotidien familial.

Mais, je ne me suis ennuyé à aucun moment, preuve que ce démarrage fonctionne. Et la seconde moitié donne tout son sens au roman, avec davantage d'intensité. Un livre se juge dans son entièreté.

Sophie Loubière montre combien un boulot peut être dévorant et a une influence directe sur le couple. On ne gère pas un rôle de caporale cheffe sapeur-pompier sans enflammer son quotidien (sans mauvais jeu de mot).

Et on ne devient pas gardien de cimetière, en y faisant loger sa famille, sans que ça ne déteigne sur ses proches. Voilà le fait qui va tout chambouler.

Non, nous ne sommes pas chez Stephen King, (même si l'une des thématiques sur les affres de la création artistique n'est pas sans rappeler le Maître). Mais au fil des chapitres, on sent l'angoisse sourdre, imprégner les lieux comme les âmes. Mais toujours au plus près du réalisme et des émotions familiales.

Outre que le livre met en valeur deux métiers singuliers, avec force détails, cette intrigue marque aussi le travail fait sur le deuil.

L'autrice joue de cette ambivalence entre vie et mort, dans un couple où l'un sauve les vies et l'autre veille les morts. Dans ce contexte, la terre est meuble, certains trébuchent au risque d'emporter les autres avec.

Après le prologue très noir, il fallait s'attendre à ce que le récit dérive vers davantage de noirceur à un moment. Rien de surjoué, juste une tension qui devient prégnante. Avant un final réussi, surprenant, bien joué, bien mené.

Sophie Loubière sait développer des personnages qui sonnent vrai, leur insuffler vie, creuser leur psychologie et créer une ambiance. de cendres et de larmes est un roman tout en nuances, humain, jusqu'au bout.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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On aurait pu imaginer en commençant ce roman, nonobstant le prologue, que cette histoire allait concerner une famille comme tant d'autres, des parents avec le fils ainé, un ado , né d'un premier mariage de la mère, un garçon de 10 ans, un peu froussard, et une petite dernière plutôt effrontée .

Mais d'emblée, le lecteur est propulsé au coeur de l'incendie de Notre Dame à la suite de la cheffe sapeur pompier, Madeline , pas ordinaire comme profession pour la Maman .
Pour quitter un appartement trop petit pour la famille , le père accepte de devenir gardien d'un cimetière avec sa maison de fonction , une opportunité pour eux .
Chacun compose à sa façon avec la proximité des tombes et de l'idée de la mort y trouvant même un terrain de jeux ou d'expériences .
En fait, c'est surtout la maison qui se révèle insalubre et inquiétante et qui va entrainer peu à peu la dislocation familiale.

Sophie Loubière explore de nombreux thèmes : la compatibilité entre la passion pour son métier et sa vie familiale, le harcèlement à l'école, la création artistique, les remords et le glissement vers la folie, l'exploitation de jeunes étrangers par des bandes mafieuses , etc ...

Sans doute un peu trop de sujets à la fois pour un roman assez court , qui a un peu de mal à démarrer et qui laisse finalement un certain nombre d'interrogations en suspens .
Mais Sophie Loubière sait créer les ambiances sans verser dans le morbide ou le surnaturel , elle insère à chaque début de chapitre un petit texte explicatif sur les symboles des ornements funéraires et le lecteur chemine gravement avec les personnages dans les allées du cimetière , entre tombes et mausolées en s'inquiétant pour le devenir de cette famille.

Je remercie NetGalley et Fleuve éditions

#Decendresetdelarmes #NetGalleyFrance
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J'avais très envie de découvrir cette auteure et surtout ce roman qui a d'excellentes critiques. Il commence fort, nous suivons Madeline, cheffe pompier lors de l'incendie de Notre Dame. Elle est mariée depuis dix ans à Christian, jardinier municipal, ils ont deux enfants, plus Michael, un adolescent né du premier mariage de Madeline avec un bipolaire. Ils forment une famille très unie et heureuse, leur seul problème est la petite taille de leur appartement, trop exigu pour y vivre à cinq. Christian se voit proposer une promotion avec à la clé une grande maison de fonction, il est prêt à accepter, mais Madeline hésite vraiment. Il faut dire que la demeure sera située dans le cimetière de Bercy dont Christian va devenir le gardien. Finalement il convainc sa femme que la situation sera seulement provisoire, économiser le loyer leur permettra d'acheter leur propre maison plus rapidement.

Elle accepte après quelques hésitations et toute la famille s'installe dans le cimetière en juin 2019. Rapidement la maison semble vivre sa propre vie, avec des craquements, des grincements, des ombres menaçantes. Michael se prend de passion pour le surnaturel, tourne des vidéos dans sa chambre, Eliott, dix ans, se fait harceler à l'école et Anna, cinq ans adopte un vieil ours en peluche trouvé dans la maison et parle avec les morts, quant aux parents, Madeline doit assumer de plus en plus de gardes tandis que Christian se passionne pour la peinture et s'enferme dans son atelier s'éloignant de plus en plus de ses proches. Evidemment le point de basculement sera la nuit d'Halloween.

Si le livre commence fort avec l'incendie de Notre Dame, ça ne dure malheureusement pas. Il est classé comme thriller psychologique, mais il n'y a ni suspense ni sentiment d'angoisse, de plus la mise en place du décor prend une bonne moitié du roman, c'est vraiment très lent, il ne se passe à peu près rien. On frise le surnaturel sans jamais y tomber, ce qui n'est pas un problème. Avec ce cadre, l'auteure aurait pu nous faire frissonner davantage, elle n'en tire pas vraiment profit et son histoire pourrait se dérouler dans n'importe quelle maison, finalement celle-ci n'est pas hantée, juste vieille et insalubre, pleine d'humidité et de moisissure, et cette famille a surtout un problème sanitaire. Les deux parents ont des métiers très inhabituels et c'est finalement une chronique familiale de personnes qui vivent de grosses contraintes professionnelles. La maison délabrée met en évidence les failles de chacun, ce qui fait courir un grand danger aux personnages, danger non pas d'être attaqués par des morts-vivants, mais de voir leurs liens se défaire.

Le métier de pompier est bien décrit avec toutes les contraintes que ça peut représenter pour une femme, qui doit en faire autant, voire plus que les hommes. La charge émotionnelle est encore plus lourde que le travail lui-même, Madeline est très éprouvée par la non reconnaissance, la surcharge de travail et les situations sociales dramatiques dans lesquelles elle intervient, les drames familiaux et autres détresses, ce qui fait le quotidien de nombreux travailleurs sociaux, secouristes ou soignants. On sait bien que cela génère un épuisement qui met à mal les familles, et c'est surtout de cela que souffre celle-ci. Heureusement, Madeline verra le danger assez tôt.

Il y a un peu de suspense à la fin et le final est bien réussi, mais dans l'ensemble, ce livre est assez ennuyant, je n'y ai pas trouvé l'adrénaline que j'attendais. Beaucoup de thèmes sont abordés, des contraintes professionnelles aux jeunes migrants exploités, c'est intéressant, mais traité trop superficiellement. Ce livre n'est pas mauvais, mais sera vite oublié. Par contre j'ai prévu d'en lire un autre de cette auteure très bientôt pour voir si cette impression mitigée disparaît ou non. le style est fluide et agréable.

Un grand merci à Netgalley et Fleuve Editions pour leur confiance.
#Decendresetdelarmes #NetGalleyFrance
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Je découvre Sophie LOUBIERE, et je peux dire que les derniers chapitres de ce livre m'ont mise mal à l'aise.
Madeline est Caporal-chef aux Pompiers de Paris, elle a épousé en deuxièmes noces Christian, jardinier, petit fonctionnaire sans ambition. Elle a trois enfants : Michaël, l'aîné, né d'un premier mariage et Eliot et Anna les enfants de son union avec Christian. Ils vivent à l'étroit dans un petit appartement parisien.
Le récit débute par l'incendie de Notre-Dame de Paris, Madeline fait partie des pompiers qui luttent contre ce gigantesque sinistre. Tout au long du roman on vit de temps en temps des interventions de son équipe.
Dans le but de rendre plus agréable la vie de sa famille, Christian accepte un poste de conservateur au cimetière de Bercy. Ils seront logés sur place dans un vaste pavillon, chacun y aura sa chambre. Il veut leur en faire la surprise mais lors de la visite des lieux, le fait de vivre dans un cimetière n'est pas du goût de tous.
Si on peut croire que tout est paisible dans ce lieu particulier, ce n'est pas la réalité. Leur vie tourne vite au vinaigre (je ne voudrais pas dire drame … un peu trop fort) ; je dirais même que ça frise le paranormal ! Et ………non je ne voudrais pas révéler la suite c'est là que ça devient intéressant et passionnant pour le lecteur.
J'ai aimé ce livre, Sophie Loubière, avec une très belle écriture, nous plonge dans un univers particulier qui parfois donne des frissons. Sur fond d'actualité (incendie de Notre-Dame, irrespect des sapeurs-pompiers, gilets jaunes) elle nous fait vivre la vie d'une famille qui, petit à petit, se détruit, des personnages dont la personnalité se transforme. Des devises comme : Peur. Menace. Pluie. Couple. Suicide. Amour. Mort., se répètent plusieurs fois, de même que : Cendres et larmes.
Un bon livre, une belle écriture, de l'actualité, des frissons, font de ce roman un très bon moment de lecture.
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