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Jean Arnaud (II) (Préfacier, etc.)Jean Malaurie (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782266088138
487 pages
Pocket (18/08/1998)
3.68/5   14 notes
Résumé :
"À cette époque-là, n'étais-je pas déjà mort ? Et si oui, depuis quand errais-je dans cet univers parallèle si semblable à l'autre ?"

Telles sont les premières lignes de ce braqueur de banque, détenu de longue durée...

Dans sa cellule, il s'est découvert écrivain. Philosophe, il s'est attaché à la pensée d'Emmanuel Levinas qui, en quelques lignes de préface, peu de jours avant sa mort, s'est adressé à tous les détenus.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est la contradiction évidente entre le titre et le sous-titre de ce livre qui m'a d'abord attirée, puis ce regard en couverture. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais j'ai été destabilisée en trouvant un roman (certes très autobiographique), ce à quoi la collection Terre Humaine ne m'avait pas habitué. Je pensais aussi trouver plus une réflexion personnelle sur cette « exclusion volontaire » de la société, mais celle-ci se transforme vite en une réflexion sur le système carcéral et sur la récidive.
Cette lecture m'a donc déroutée et, même après avoir laissé passer quelques jours depuis que j'ai refermé ce livre, je ne sais toujours trop qu'en dire. le style certes ne m'a pas plu, un style haché avec des jeux de mots qui se veulent lacaniens, très peu pour moi. Mais le contenu, sur un sujet que je connais peu, demeure intéressant et m'a amenée à me poser des questions sur le sens de la justice et de l'emprisonnement. La difficulté de concilier le mandat punitif de la privation de liberté et la nécessité de réinsertion implicite dans la disparition de fait des enfermements à vie. Je n'ai toujours pas d'opinion sur comment la prison devrait remplir sa mission, mais je pense que ce livre m'en fait mieux saisir la complexité.
Au fond, ce livre n'est guère positif, j'ai l'impression que la récidive est presque obligatoire, seules des conditions très particulières (et indépendantes des conditions de séjour en prison) peuvent l'éviter : avoir une famille et des contacts solides au-dehors, avoir une formation pré-existante. Au final, il semble que les truands arrêtent les braquages plus parce qu'ils vieillissent et ne veulent plus prendre trop de risques, plutôt que suite à l'influence d'un séjour de dix ans en prison… Est-ce cette position fataliste qui est la plus réaliste ? Ce livre m'en a presque convaincue.
Enfin, je reste marquée par l'attitude du personnage de ce livre, Christian Lhorme, double presque parfait de Claude Lucas, qui semble, dans ses jeunes années, avoir voulu sciemment gâcher sa vie. « Gâcher sa vie » est un jugement extérieur et socialement convenu, mais ne reflète pas la philosophie du personnage. C'est plus une constatation de l'absurdité de la vie et d'une incapacité à, ou une volonté de ne pas dépasser cette constatation. Puisque la vie n'a aucun sens, je n'en ferai rien, sciemment rien, et je laisserai le temps s'écouler, se perdre dans les sables stériles des jours vides qui se succèdent. Bien vite on voit que cette position philosophique est difficile à tenir et que le personnage n'est pas exempt de contradictions, mais, laissant mon esprit vagabonder plus loin que le livre, j'ai été prise de vertige en contemplant cette posture vis-à-vis de la vie et de notre société. Ce n'est pas mon choix, mais que dire de personnes qui décident ainsi de s'exclure volontairement ? Leur dire « Suerte », à la fois figure de tauromachie des toreros les plus hardis et salut en forme d'ironie aux prisonniers sur le point de quitter la vacuité de leur cellule pour retrouver un monde qui leur est encore plus étranger que lorsqu'ils l'ont quitté ?
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Fiction autobiographique publiée en 1995, ce livre est exceptionnel à plus d'un titre. Exceptionnel par sa qualité littéraire, exceptionnel par sa force du témoignage, exceptionnel par son analyse du système carcéral, exceptionnel en raison de son auteur dont les propos non complaisants sont tout à la fois lucides, cyniques et d'une intelligence d'une rare acuité.

Son éditeur ne s'y est pas trompé en publiant ce récit dont il reconnait lui-même en post face qu'ils sont nombreux tout ceux qui ne parviennent pas à s'intégrer dans notre système prétendument démocratique, rejetés pour ne pas correspondre au bon profil social. L'exclusion volontaire est d'abord celle de ne pas vouloir se plier aux règles d'un ordre qui n'est pas reconnu, une rébellion contre une société méprisée et jugée absurde, un rejet de nos lois, de nos faux-semblants, de nos injustices, de notre fausse morale à géométrie variable.

Claude Lucas ne se considérait pas de ce monde. Admirable aurait-il pu être ailleurs, il a choisi d'en être ici le pire représentant, non comme une excuse qui justifierait ses crimes ou délits, mais une conséquence inévitable d'une vie qui lui semble si absurde dans toutes ses dimensions qu'en déborder lui semble le seul moyen de pouvoir la rendre plus vivante.
Lien : http://alarecherchedutempspr..
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