Après de longues années de fuite, le vaisseau dans lequel se sont réfugiés Alim et Bul s'est malheureusement écrasé. L'épave, découverte par hasard par des Aborigènes, est en piteux état. Personne ne semble s'en être sorti. Et pourtant, ces derniers s'en approchent lorsqu'ils entendent quelqu'un gémir et murmurer le prénom de Bul. Fait prisonnier, enchaîné et traité tel un animal, Alim est à la merci de ces hommes, des années durant.
Alors que Um'Guz, un sorcier charlatan, essaie de rentrer en contact avec les esprits de l'étang, il est interrompu par un convoi. L'un des caravaniers, Gumseh, l'informe que le royaume a été libéré de la tyrannie et que les frontières sont de nouveau ouvertes, tout cela grâce à des hommes à la peau pâle et aux yeux et cheveux sombres. Enfermé dans une cage à l'abri des regards, Alim fait entendre sa voix et clame qu'il connaît ces hommes. Aussitôt, Um'Guz le somme de se taire. Intrigué, Gumseh, ne croyant pas un seul instant qu'il s'agit d'un esprit qui parle, aux dires d'Um'Guz, soulève le drap qui cachait Alim et reconnaît en lui un libérateur. Aussitôt, il exige sa libération...
Dans l'empire Jésaméthan, les choses ont beaucoup changé. Khélob, devenu Grand Timonier, règne d'une main de fer sur les territoires qu'il ne cesse de conquérir...
Dix années séparent la fin du tome précédent avec celui-ci. Alim a vieilli et, malheureusement, on ne sait pas ce qu'est devenu la petite Bul. Tout semble se jouer désormais entre Alim et Khélob, toujours aussi avide de pouvoir et de richesse. L'on change ici de décor pour se retrouver sur les terres africaines où les coutumes et la langue diffèrent. La religion est toujours omniprésente. La série prend un nouveau virage mais cela reste passionnant de bout en bout et incroyablement scénarisé. le dessin se veut parfois imprécis sans gâcher pour autant le travail de Virginie Augustin. Les couleurs brillent de mille feux sous cette chaleur écrasante.
Alim, La terre du prophète pâle... à explorer...
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Les auteurs nous offrent un monde imaginaire avec sa flore (ah les cosses volantes d’Asphèle), sa faune (ah les jaguarondis géants !), sa géographie, sa mythologie… en mélangeant les équivalents fantasy des orients musulmans et hindouistes, de l’Empire du Milieu, du Pays du Soleil Levant, et des cultures africaines, méso-américaines et mélanésiennes. Ils s’amusent beaucoup à passer tout cela à la moulinette et c’est un grand plaisir que de retrouver tel ou tel détail des civilisations concernées (comme le palais du Potala ou les pyramides de Teotihuacan ^^). Pour ne rien gâcher c’est magnifique à contempler avec les dessins faussement enfantins de Virginie Augustin, surtout quand on passe des montagnes enneigées à la verdoyante canopée après avoir traversé déserts et marais, donc j’ai immanquablement pensé au vénérable "La Quête de l’oiseau du temps". Dommage que l’alchimie entre dessins, encrage et couleurs soit sensiblement moins réussis après le départ de Geneviève Penloup…
On nous raconte l’histoire d’Alim, l’hors-caste tanneur de peaux de sirènes tueuses, un père veuf qui veut protéger sa fille Bul de sa débordante imagination incompatible avec l’idéologie religieuse véhiculée par l’ordre établi de la Nef Iasoubine... Car le melting-pot réalisé par Wilfrid Lupano n’a d’autre but que se livrer à un réquisitoire contre l’intégrisme et du totalitarisme, le vocabulaire fondamentaliste se mariant décidément très bien avec la novlangue fasciste (c’est quand même autrement plus intelligent et plus subtil que de dessiner en boucles des figures religieuses à poil au nom du droit au blasphème…). Mais plus la fin du cycle approchait, plus j’ai eu l’impression qu’on s’intéressait davantage aux allégories qu’au récit, et quelque part là aussi c’est bien dommage !
Tome 3 :
Le récit continue 10 ans après la fin du tome 2 : ellipse, puis juste après flashback racontant ce qu’il s’est passé… Un truc narratif alambiqué auquel je n’accroche d’autant plus pas que Wilfrid Lupano va l’utiliser à 3 reprises en 4 tomes !
Khélob a purgé la Nef Iasoubine, l’armée et la société des empêcheurs de dictatorer en rond (sans parler du génocide des hors-caste censé mettre fin à la légende d’Alim le hors-caste), avant de se lancer dans les conquêtes tous azimuts. Et les conquérants sont accueillis en libérateur par les indigènes du continent occidental nouvellement découvert, sans savoir qu’il troque une dictature religieuse pour une autre puisque que les intégristes de Setlipcoa sont remplacés par les intégristes de Jésameth… La peste et le choléra quoi ! (et l’allégorie de la conquête du Nouveau Monde par l’Espagne catholique)
Khélob décide de renommer Birrmo sa nouvelle acquisition en Khélobas et d’en faire la deuxième capitale de son empire, mais les prêtres conservateurs (pléonasme) grognent sur le fait qu’il a passé l’océan saint et sacré en construisant 4 ponts géants et ils refusent de consacrer sa nouvelle conquête… Il lui reste donc du travail pour faire table rase du passé !
Alors que la plupart des personnages précédents ont disparu du récit (pépé, Bul, Cléolia, Soubyr), on introduit beaucoup de nouveau personnages :
- le jeune général Kubil
- le maître caravanier Gumseh
- le shaman animiste Um’Guz, comic relief ethnique des deux derniers tomes
- Siara, la sœur de Khélob (empire + albinos + relation crypto incestueuse : clin d’œil à Elric de Melniboné ?)
Alim qui a passé des années enfermé dans une fosse avant d’être asservi par Um’Guz, est délivré par Gumseh et tente d’avertir qui veut bien l’entendre des mensonges de Jésameth… Mais Khébob découvre une statue du prophète dans le trésor de Setlipoca (censée clouer le bec aux conservateurs mené par Torq Djihid le boucher) : et voilà tout le monde parti vers une île sacrée et ses mystères !
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Un tome un peu moins intéressant que les précédents mais qui donne envie de connaître le dénouement du dernier tome car il ne nous apporte pas les réponses aux questions qu'on se pose sur les personnages et l'histoire.
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C'est un peu la même histoire que le tome 2. Un nouveau pays, des nouvelles croyances, un nouveau bestiaire.
C'est jusqu'à la place d'une fuite, c'est plutôt une quête.
Les méchants sont toujours méchants et les gentils toujours aussi faibles.
C'est toujours aussi plaisant à lire.
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[Kubil] Je m’étonne encore de la façon dont cette ville s’est livrée à nous sans combattre. Et quelle misère dans les rues, malgré toutes ces richesses.
[Khélob] Les maîtres des lieux étaient des fanatiques à l’esprit malade ! Voilà pourquoi le peuple nous a accueillis à bras ouverts. C’est une leçon qu’il ne faut pas oublier, jeune commandeur.
- Je t’avais conseillé de le faire exécuter en campagne…
- Et je t’ai obéi chère sœur. Mais Torq Djihid n’est pas facile à tuer ! J’y ai laissé mes meilleurs assassins. Cela dit, j’ai une autre idée pour régler le problème.
- Ah oui ? Et laquelle ?
- Quelque chose qui lui sera bien pire que la mort. La retraite.
- Ton roi Khélob veut m’envoyer là-bas une expédition. Mais j’ai dit que je refuserais d’y retourner même si on me donnait mon poids en pierres précieuses !
- Et qu’ont-ils dit ?
- Ils m’ont donné trois fois mon poids ! Et ils m’ont appelé « Grâând Sâââge » !!
9 auteurs de BD pour des masterclass d'exception - GLÉNAT MASTERS