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Morgane Saysana (Traducteur)Guillaume Contré (Traducteur)
EAN : 9782021480528
432 pages
Seuil (03/06/2021)
3.69/5   16 notes
Résumé :
On peut dire que le grand gagnant de la crise du coronavirus est Amazon. Tandis qu’à la mi-avril 2020, la pandémie approchait de son moment le plus critique, la valeur des actions de la firme augmentait de 30 % par rapport à l’année précédente ; et en l’espace de seulement deux mois, la fortune nette du PDG Jeff Bezos augmentait de 24 milliards de dollars. Comme le résume un analyste de l’industrie numérique : “Le Covid-19 a été comme une injection d’hormones de cro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Si vous cherchez un bouquin qui détaille par le menu les processus et les conditions de travail dans une entreprise où le personnel a taggé "bienvenue en enfer" à l'intérieur des remorques des camions, passez votre chemin.

Le choix d'Alec MacGillis fut de se pencher sur l'impact du géant Amazon sur l'Amérique. le bandeau de l'éditeur annonçant "Comment Amazon a ravagé l'Amérique et s'apprête à détruire notre monde" donne le ton.

Le focus est porté sur certaines villes: Seattle, bien sûr, où se situe le premier quartier général de l'entreprise, mais aussi Baltimore, El Paso, Dayton....

L'auteur ne se contente pas de décrire et de porter un jugement sur la situation actuelle mais remonte bien souvent au début du 20e siècle. le point commun de toutes ces villes impactées en premier rang par le géant du numérique est que leur économie s'est peu à peu délitée au cours du siècle dernier pour totalement s'effondrer fin 90 début 2000. le terreau était donc bien là pour permettre à un entrepreneur ambitieux et visionnaire de faire main mise aussi bien sur des terres, que sur des gens en recherche cruelle de moyen de subsistance et donc de revenus ou sur des politiques désireux de redorer leur ville.

Cela, on ne peut le reprocher à Jeff Bezos; comme on ne peut lui reprocher d'avoir voulu profiter de tout ce que le système mettait à sa portée pour limiter ses coûts et ses dépenses. Là, où la machine s'emballe c'est quand l'hyperprospérité d'un seul finit par faire des ravages tels que la fracture sociale ne fait que s'agrandir et s'agrandir encore. C'est aussi quand une entreprise seule prend la main sur quasi tous les maillons qui créent la société. le commerce de détail organisé par des indépendants? En voie de disparition. La presse libre et indépendante? Terminé au moment où Amazon rachète le Washington Post pour orienter son contenu en sa faveur. le partage de richesse? La bonne blague ! Amazon ne cesse de bénéficier de subsides et de crédit d'impôts. Pire, à El Paso il est parvenu à ce que la ville crée une taxe pour que les habitants du coin prennent en charge une partie du coût de l'électricité nécessaire au fonctionnement d'un de ses Data Centers.

Finalement, l'Amérique est prisonnière d'un cercle vicieux dont on se demande comment elle peut se dépêtrer. Tout le monde veut qu'Amazon s'installe sur son territoire espérant que ce sera signe de prospérité. Quand Amazon est là, il attire un certain type d'américains (blancs et diplômés pour faire court) qui finissent par jeter hors de la cité les couches moyennes et les plus défavorisées, faisant flamber le marché de l'immobilier. Et par ailleurs, comme le chantage semble être une des armes préférées de Bezos, la ville accepte tant d'aménagements de la législation que finalement elle ne récupère pas ou très peu d'impôt et finit par ne plus être maître chez elle.
Pour reprendre l'exemple de Seattle dont la gentrification s'intensifie de plus en plus, moins de 20% de la population a des enfants car la ville est devenue inaccessible à une vie de famille, le niveau de vie y étant devenu trop élevé. En parallèle, le nombre de sans-abris augmente de manière exponentielle, la "classe moyenne" fuit la ville qui devient, petit à petit, Amazonland.

En posant les bases de son propos sur l'histoire de l'industrialisation des régions concernées, Alec McGillis nous montre que l'on est occupé à revenir aux conditions de travail d'il y a cent ans, avec des salaires parfois, voire régulièrement, moins élevés qu'à l'époque (en tenant compte de l'inflation ou pas). En nous racontant le parcours de l'un ou l'autre employé, commerçant, noir-africain... l'auteur confronte magistralement les deux volets de la société américaine; deux parce qu'il n'y a plus vraiment de classe moyenne dans les villes principales de la côte est. Soit, vous avez un million de dollars pour acheter un petit appartement, soit vous tentez de survivre de petits boulots, payés une misère, en travaillant 12 heures par jour (18h d'affilé si vous êtes pilote pour la flotte d'avions privés d'Amazon !).

L'auteur a sous-titré son livre: "une histoire de notre futur". Et ça fait peur, parce qu'il démontre que les pouvoirs publics sont gangrenés par la corruption, que ce sont les 5 plus grosses entreprises privées qui tiennent la baguette du chef d'orchestre dans tous les recoins de la société et que l'empathie est un mot qui risque bientôt de sortir du dictionnaire. La richesse et le profit pour certains, à peine des miettes pour les autres; des conditions de travail inacceptables, qui rendent juste visibles le peu d'importance accordé aux individus (dissimulation d'accident de travail mortels, licenciements pour avoir été aux toilettes au-delà du temps de pause autorisé, absence de chaise dans les bâtiments pour empêcher les travailleurs de s'asseoir durant leurs 12h de travail...). Une mainmise par ces mêmes entreprises sur les lobbies, sur le commerce de détail, sur le cloud,... bref, ils sont incontournables, à leur seul profit. Et une classe politique pas à la hauteur de l'attente des citoyens qui ne sont en fait pas sa préoccupation. C'est cela l'Amérique d'aujourd'hui, et l'Europe n'est pas très loin d'en prendre le chemin.
Alors une histoire de notre futur ou on relève la tête?

Merci à Babelio et aux éditions du Sous-Sol (Seuil) pour la confiance lors de la dernière masse critique.
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L'enquête réalisée par Alec MacGillis est simple et efficace : c'est par une mosaïque d'approches et de vies que l'on comprend le mieux un système, comment ce dernier affecte ceux qui entrent en contact avec sa trajectoire.
Alec MacGillis nous propose ici un texte effarant sur le pouvoir acquis par Amazon aux Etats-Unis où il est considéré comme commerce essentiel, où il vampirise les appels d'offres de l'État fédéral afin de devenir le seul et unique fournisseur.
Un livre passionnant sur Amazon qui montre et démontre l'emprise de cette entreprise "monde" sur nos vies, à travers l'histoire de l'Amérique et les histoires individuelles ou collectives de simples citoyens.
Un texte très documenté, qui ne vous laissera pas indifférent ..
Plus qu'un énième pamphlet sur l'impact destructeur du géant jaune au large sourire, ce livre, fruit d'années d'enquête, offre à lire le récit édifiant d'une société sous emprise.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les essais et les documentaires sur Amazon sont rarement flatteurs pour l'entreprise au sourire et le système Amazon d'Alec MacGillis ne fait pas exception.

L'essai s'attache à montrer par de multiples exemples ce que fait Amazon aux collectivités américaines, aux villes américaines, à la gestion des services publiques, à la démocratie et surtout aux américains. Il montre surtout la mentalité de prédateurs qui prévaut dans l'entreprise envers toutes les parties prenantes : gouvernement, mairie, entreprises concurrentes (y compris celles qui vendent sur la plateforme du site Amazon), salariés… et comment elle a tiré parti de chaque faiblesse des situations locales ou fédérales pour s'implanter sur tout le territoire et supplanter toute concurrence. Ses contradicteurs sont traités avec cynisme et mauvaise foi, et s'ils obtiennent gains de cause, le retour de bâtons est décuplé.
Bref, le portrait au vitriol d'Amazon est fait intelligemment, par petites touches, et avec une certaine nuance car l'auteur n'oublie jamais de rappeler que la situation antérieure à l'arrivée d'Amazon localement n'était jamais idyllique.

Pourtant, si l'essai est abordable, documenté, argumenté, il a quand même quelques défauts. La fragmentation des récits, des exemples, des localités est déroutante. Ainsi, le début de l'essai est assez frustrante car tous les récits commencés ne semblent pas être terminés – ils le sont 100 ou 200 pages plus loin mais depuis l'intérêt pour chacun est dilué par tous les autres exemples. Enfin en voulant montrer la fracture entre les territoires aux Etats-Unis, l'auteur doit multiplier les exemples qui mériteraient pourtant d'être approfondis, mais peut-être grâce à d'autres essais ou documentaires plus spécialisés ?

Livre lu grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux éditions du sous-sol, Seuil.
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Le système Amazon. Un titre accrocheur mais trompeur…
A travers l'histoire de quelques personnages et de quelques villes américaines, c'est le système économique américain que le livre dépeint. Amazon a su pleinement profiter de ce système pour devenir le monstre qu'il est aujourd'hui mais qu'il n'a pas créé.
Le livre est articulé en 10 chapitres. Chacun présente l'histoire d'une ville américaine et d'un ou deux personnages lambdas, et se termine par l'arrivée d'Amazon dans la ville et le recrutement de ce personnage dans la société. A chaque fois, au préjudice final de l'un et de l'autre.
Le livre est intéressant. Il nous montre l'opportunisme de Beats, sa grande capacité à profiter d'un mauvais système jusqu'à le vampiriser. Mais le livre est ardu. le sujet est ardu. Les chapitres ne sont pas très bien construits: l'histoire des personnages, des villes, d'Amazon s'enchevêtrent de manière confuse. Tout cela crée une redondance de noms, de dates, de lieux qui donnent une impression de fouillis. Livre intéressant donc mais pour lecteurs avertis.
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Je rejoins d'autres critiques de l'ouvrage sur Babelio : cet ouvrage n'est pas concernant Amazon en premier lieu, c'est davantage une collection d'histoires d'hommes et de femmes nord-américains, entre le début du 19ème siècle et nos jours.

Au travers de 10 chapitres, ces témoignages permettent de tracer l'histoire industrielle des États-Unis et de celle du commerce de gros (marchés publics) et de détail. À la fin de chacun d'entre-eux, on retrouve un parallèle avec Amazon.

Les principaux enseignements de cet ouvrage sont comment Amazon s'est fait financer par le gouvernement des États-Unis, au travers de lobbies, que ce soit pour le e-commerce (marketplaces) ou bien les activités de datacenter (AWS Cloud).

L'ouvrage est particulièrement dense avec trop de détails (on peut avoir une description détaillée de la composition d'une glace mangée par un des protagonistes). Les témoignages, bien qu'ils apportent une touche humaine à l'ouvrage, n'apportent pas de véritable plus value et seront oubliés sitôt être lus.

On y découvre le cynisme d'Amazon; ce n'est pas une surprise hélas, ainsi que son importance aux États-Unis (plus de 50% de parts de marché pour le commerce de détail électronique).

Ouvrage lu en 12 heures. Pour adultes.
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critiques presse (1)
LesInrocks
28 juin 2021
Le reporter Alec MacGillis nous plonge dans cette Amérique fracturée que redessine aujourd’hui Jeff Bezos avec son entreprise de distribution en ligne.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Redresser un tort social? Vous blaguez ou quoi? Jeff Bezos est un pur libertarien. Ces gens-là croient que la seule chose importante au monde est le bien-être d'Amazon, à l'exclusion de tout le reste. Ils iront là où cela conviendra le mieux à Amazon. Quel impact cela aura sur l'endroit? La seule chose qui les intéresse, c'est l'impact qu'aura l'endroit sur Amazon. Ils ne penseront pas au reste. La perspective de Jeff, le seul but des actionnaires, c'est de s'enrichir, à l'exclusion de tout le reste. C'est la seule et unique responsabilité. Maximalisez la valeur des actions et cela créera comme par enchantement le bien commun. Puisque la seule putain de chose qui compte, c'est le cours de l'action, à quoi bon faire quoi que ce soit d'autre?
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[En 2019] environ la moitié de tous les détaillants à avoir ouvert au cours des six mois précédents étaient soit des bazars à prix unique, soit des supérettes discount. C'était en quelque sorte l'inverse de la philosophie prônée par Henry Ford, qui tenait à ce que la rémunération de ses salariés leur permette de se payer un Model T: de nos jours, les employés gagnaient si peu qu'ils ne pouvaient plus se payer que les choses les moins chères.
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En à peine quatre mois, l'année 2019 avait vu 6105 détaillants mettre la clé sous la porte depuis le 1er janvier, chiffre déjà supérieur au nombre total de faillites sur toute l'année 2018. [...] Scott Galloway, le professeur d'économie, situait le nombre d'emplois dans la vente au détail détruits par Amazon à environ 76000 par an. L'entreprise répliquait qu'en contrepartie, elle recrutait en masse [...]. Certes, en règle générale, ces emplois étaient plus pénibles et désocialisants que ceux supplantés dans la vente au détail. Mais c'étaient tout de même des emplois.
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En 1960, plus de 95% des chaussures vendues en Amérique étaient fabriquées en Amérique; en 2002, c'était l'inverse: plus de 95% des chaussures vendues en Amérique étaient fabriquées ailleurs, en Chine, principalement.
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Videos de Alec MacGillis (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alec MacGillis
#Amazon #culture #CulturePrime
Regarder un film depuis son canapé, acheter un livre sans sortir de chez soi : des pratiques rendues banales par Amazon, mais qui mettent en péril l'écosystème culturel.
Le journaliste américain Alec MacGillis explique comment le géant du numérique a infiltré l'industrie du livre, du film, des séries, de la musique, des jeux vidéo, jusqu'à obtenir un dangereux monopole dans le monde de la culture.
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